
Après le deuxième baiser non désiré, Colette boudait Sorin. La cabane lui appartenait en réalité, mais il resta muet sur l'absence de meubles, hormis dans la chambre du fond.
Il lui fit visiter le sous-sol, où il entreposait des provisions et des bidons d'eau en quantité.
Il mit en route le générateur, qui éclaira vivement la cabane, tout en précisant qu'il ne tiendrait pas éternellement. « Si tu as froid, tu devras te rapprocher du feu. Le générateur ne sert qu'à la cuisine », expliqua-t-il.
Têtu comme une mule, il refusait toujours de lui rendre ses vêtements, prétextant qu'elle les récupérerait quand il serait certain qu'elle ne filerait pas à l'anglaise. L'ingrat ne la remercia même pas d'avoir soigné ses blessures.
Il sortit chercher du bois et de la viande fraîche. Elle le regarda s'éloigner et, alors qu'il était presque hors de vue, elle le vit commencer à se déshabiller mais détourna le regard avant qu'il ne soit nu comme un ver.
Elle resta seule un bon moment avant de tenter sa chance avec son téléphone. Elle se maudit de ne pas avoir de radio d'urgence, sa sœur s'étant moquée de cette idée. Maintenant, elle en avait bien besoin.
Elle était persuadée que Sorin essaierait d'avoir des relations intimes avec elle avant qu'elle ne quitte cette cabane. Il l'avait déjà embrassée fougueusement à deux reprises. Son intimité s'éveillait rien qu'à cette pensée.
Elle entendit des pas lourds sur le porche et cacha prestement son téléphone dans le sac à dos. Il pourrait le lui confisquer. Ou pire, le casser s'il savait qu'elle cherchait à partir. Et c'était sûrement son intention. Elle avait passé un temps fou à chercher ses vêtements pendant son absence.
Il entra, habillé. C'était étrange, car ses vêtements étaient plutôt secs pour quelqu'un censé avoir bravé la neige. D'une main, il tenait un lapin ensanglanté. De l'autre, une petite pile de bois.
Il la regarda d'un air soupçonneux. « Qu'est-ce que tu fabriquais ? »
« Rien », mentit-elle, se détournant pour cacher ses joues rouges. Elle détestait rougir quand elle mentait.
Il laissa tomber l'animal mort et claqua la porte. « Je n'aime pas les mensonges », dit-il en enlevant les bottes qu'elle savait qu'il n'avait pas vraiment portées dehors. « Dis-moi la vérité ou gare à toi. »
Elle frissonna à ces mots. « Toi d'abord, menteur. »
Ses sourcils se froncèrent de colère. « Qu'est-ce que j'aurais à avouer ? »
« Je t'ai vu te déshabiller. C'est mentir de prétendre les avoir portées », répliqua-t-elle en croisant les bras.
« Tu m'as regardé me déshabiller ? » demanda-t-il prudemment. « Qu'as-tu vu d'autre ? » exigea-t-il.
Son visage s'empourpra à nouveau. « Rien. Je n'essayais pas de te voir nu. J'ai détourné le regard », promit-elle.
Il se calma. Heureusement, elle ne l'avait pas vu se changer en forme de loup. Il aurait dû la ramener aux anciens, ce qui aurait signifié traverser le territoire de la meute ennemie. Il ne voulait pas non plus qu'elle rencontre son Alpha. Cela blesserait sa fierté de ne pas avoir trouvé sa compagne en premier.
Très bien. Elle pouvait garder son mensonge, puisqu'il lui cachait son secret de loup-garou. Il posa le bois à côté de la pile près de la cheminée. Il devait sécher avant de pouvoir l'utiliser.
Il se retourna pour voir Colette l'observer de ses yeux bleu glacier. « Quoi ? » demanda-t-il.
Elle secoua la tête et se détourna, toujours muette comme une carpe.
« Tu as faim ? » demanda-t-il, s'agenouillant devant elle.
Elle refusa de le regarder ou de répondre.
Soit. Sorin vaqua à ses occupations comme si elle n'était pas là, ce qui était bien plus difficile qu'il n'y paraissait. L'odeur de Colette s'était répandue dans toute la cabane, l'excitant fortement.
Pour aider à augmenter le nombre de loups-garous, Mère Luna avait fait en sorte que les compagnons ne puissent pas garder leurs mains loin l'un de l'autre. Sorin le sentait, un besoin de revendiquer Colette, mais visiblement la femme ne ressentait pas la même chose.
Il se retrouva à dépecer et cuire la viande de lapin, alors qu'habituellement il l'aurait mangée crue. Mais Colette ne disait mot. Elle restait plantée devant la cheminée. Les heures s'écoulèrent, et il resta dans sa chambre, ne sachant que dire.
Quand il s'était réveillé à côté de son corps nu, il avait été aux anges. Il avait su au plus profond de son âme qu'il était destiné à être avec elle. Mais elle semblait ne pas ressentir l'appel de sa louve. Si elle en avait une. Il n'en était plus sûr maintenant.
Quand il lui proposa de la nourriture, elle resta silencieuse et ne bougea pas de devant le feu. Il mangea seul dans sa chambre.
Il ne savait pas vraiment quoi faire. S'il avait été seul, il serait sorti courir. Cela calmait son loup.
Mais sa poitrine, bien que guérissant rapidement, lui faisait encore mal. De plus, la neige tombait à nouveau dru. Il risquait de perdre sa piste olfactive pour revenir à la cabane, laissant Colette se débrouiller seule pendant qui sait combien de temps.
Peu après qu'elle serait passée, il devrait retourner dans sa meute. On lui permettait de posséder la cabane et de la visiter parfois, mais son devoir envers la meute était d'être là en cas d'urgence. Sa loyauté allait à l'Alpha, sauf si sa compagne était enceinte, auquel cas la loi de la meute était plus souple.
Il finit de manger, et bien qu'il ait proposé de la nourriture à Colette et qu'elle ait refusé, il avait encore le ventre creux. Un lapin de trois livres ne suffirait pas à calmer sa faim.
Colette était, bien sûr, assise devant le feu. Elle avait demandé pourquoi il manquait des meubles partout sauf dans sa chambre, et il ne savait pas quoi répondre. Il n'était pas souvent là et n'avait pas besoin de s'asseoir sur des meubles.