DIMANCHE
Je me suis réveillée au son de voix étouffées, puis j'ai senti le matelas s'affaisser légèrement de chaque côté de moi.
D'un bond, je me suis redressée en serrant les draps contre ma poitrine. Mais je les ai vite relâchés en voyant les visages rayonnants de Levi et Mason. Chacun tenait un plateau garni de mets pour le petit-déjeuner.
J'ai poussé un soupir, toute trace de sommeil envolée, remplacée par un brin d'agacement.
« Qu'est-ce que vous faites là, tous les deux ? » ai-je demandé en les regardant tour à tour.
Levi a haussé les épaules. « On avait envie de prendre le petit-déjeuner. » Il a posé son plateau sur le lit, imité par Mason.
J'ai cligné des yeux. Une fois. Deux fois. « Mais pourquoi ici ? »
Mason a tourné la tête. « Tu n'as pas faim ? » Il a croqué dans une fraise. « Nous, on meurt de faim. » Ses yeux ont parcouru mon corps.
J'ai regardé Levi qui observait Mason me détailler, puis il s'est passé la langue sur les lèvres. J'avais vu juste, ai-je pensé. Ils me désirent. J'ai senti l'excitation monter en moi, soudain consciente que je ne portais qu'un t-shirt et une culotte.
La veille, j'avais envisagé de faire évoluer notre amitié et j'étais étonnée de peut-être vouloir tenter quelque chose de physique. Ces hommes étaient mes meilleurs amis, ils étaient très séduisants, et ils me désiraient plus qu'en simple amie.
Pourquoi ne pas tenter le coup ? Voir où ça nous mène ?
J'ai remonté le drap autour de ma taille et me suis adossée à la tête de lit. Je savais que mes seins bougeaient sous mon t-shirt, et j'ai senti mes joues s'empourprer et mes tétons se durcir.
J'ai pris une fraise du plateau de Mason et ai souri. « J'ai toujours faim. » Je l'ai trempée dans la crème fouettée sur une crêpe avant de la déguster. J'ai tourné la tête et fermé les yeux. J'ai laissé échapper un gémissement de plaisir.
Comment faisaient-ils pour toujours avoir des fruits aussi délicieux ? J'ai ouvert les yeux pour leur demander, mais quand je l'ai fait, ils me regardaient tous les deux, avec de grands sourires et des yeux affamés. Des yeux qui fixaient mes lèvres, ai-je remarqué.
Mon ventre s'est noué et je me suis redressée. J'ai toussé pour m'éclaircir la gorge, et ils ont détourné le regard. Nous avons tous reporté notre attention sur la nourriture et pris quelque chose. J'ai coupé un morceau de la crêpe au chocolat de Levi et l'ai savouré.
Nous avons mangé en silence pendant un moment, et j'étais surprise de me sentir à l'aise. Ces hommes me mettaient en confiance, même si seuls deux fins morceaux de tissu et un drap me séparaient de la nudité devant eux.
« Tu sais, une fille pourrait vraiment apprécier de se réveiller avec un petit-déjeuner au lit », dit-elle en riant, prenant une autre bouchée de pancake. « Mais sérieusement, les gars. Qu'est-ce que tout ça veut dire ? »
Je jetai un coup d'œil à Levi qui hocha la tête. C'était le moment de lui dire, mais quand je reportai mon attention sur elle, je ne pus m'empêcher de fixer la trace de chocolat sur sa lèvre inférieure. J'avais envie de la lécher.
Levi prit la parole : « Tu pourrais avoir le petit-déjeuner tous les matins si tu restais avec nous. »
Elle s'arrêta de manger et le regarda. « Ha ha, très drôle. » Elle croqua dans une fraise. « Je sais que vous n'aimez pas l'idée que je sorte avec Théo. Mais j'ai déjà dit oui. Donc c'est plié. »
« On est tristes, Mi, dit Levi, les yeux rivés sur son assiette. Tu choisis Théo plutôt que nous. »
Elle soupira. « Je ne choisis personne plutôt que personne. Vous deux êtes mes meilleurs amis, Théo c'est juste... juste... »
« Un coup d'un soir ? » lançai-je, alors qu'elle léchait le chocolat.
Elle me regarda vivement, les yeux écarquillés, mais sourit en disant : « Ce n'est pas comme ça que je l'aurais dit, mais oui. »
« Puis-je te demander, tu ne voudrais pas quelque chose de plus ? » Levi bougea sur le lit. « Tu sais, une vraie relation ? » Levi prit ma main.
Je le regardai et souris. J'aimais sa façon d'être toujours si posé, alors que moi j'étais plus impulsif. C'était une bonne façon d'aborder le sujet, quand moi j'aurais juste balancé ça sans finesse. Nous étions très différents mais nous nous aimions.
Elle posa sa fourchette et pencha la tête. Puis elle nous dévisagea tour à tour plusieurs fois. Elle comprit ce que nous voulions vraiment dire, et mon cœur s'emballa tandis que nous attendions sa réponse. Elle resta muette pendant ce qui me parut une éternité. Et j'avais peur qu'elle dise non.
Je ne tenais plus. Mes émotions prirent le dessus. « Pourquoi tu ne veux pas simplement être avec nous ? » Je lâchai la main de Levi et tendis les miennes, paumes vers le haut.
« Mason ! dit Levi sèchement. Laisse-la parler ! »
Ses joues s'empourprèrent. Elle secoua la tête. « Je... D'où ça sort tout d'un coup ? »
Je laissai échapper un rire incrédule. « Tout d'un coup ? Essaie plutôt depuis au moins quatre ans, Amiah. »
« Quatre ans ? s'exclama-t-elle, les sourcils froncés.
— Allez, Mi, dit Levi. On flirte avec toi tout le temps. »
Elle eut un petit rire et leva les mains. « Je croyais que c'était juste des blagues entre potes. Je n'ai jamais pensé que c'était sérieux ! Je veux dire, vous deux vous êtes ensemble. »
« Eh bien maintenant tu sais que ce n'était pas des blagues. C'était sérieux. » Je sonnais plus énervé que je ne le voulais. « Alors, qu'est-ce que tu en dis ? » Je parlai plus doucement cette fois, puis pris la main de Levi et souris.
Elle prit une grande inspiration et expira lentement. « Qu'est-ce que vous me demandez exactement ? » Elle nous regarda tour à tour.
Levi et moi échangeâmes un regard, et il me fit signe de parler. Mais je savais que je ne trouverais pas les bons mots, alors je secouai la tête. Il fronça les sourcils mais acquiesça et se retourna vers Amiah.
« On aimerait t'inviter à sortir avec nous », dit-il, serrant ma main.
Ma bouche parla avant que je ne puisse m'en empêcher : « Et faire l'amour avec toi après. Si tu en as envie aussi. »
Mes yeux semblaient vouloir sortir de leurs orbites, et mon visage était en feu. Mason me dévorait du regard comme s'il voulait me sauter dessus sur-le-champ, tandis que Levi le fixait avec un mélange d'incrédulité et de colère.
Levi s'éclaircit la gorge et se tourna vers moi. « Ce que Mason essaie de dire, c'est que si tout se passe bien, nous aimerions que tu fasses partie de cette relation. »
Je m'adossai à la tête de lit pour réfléchir. La veille, je pensais simplement qu'ils voulaient coucher avec moi. Mais c'était bien plus que ça.
L'est-ce vraiment ? Tu as décidé hier soir que tu étais prête à passer à l'acte avec eux, me souffla une petite voix intérieure. Vous êtes déjà les meilleurs amis du monde. Vous passez votre temps ensemble et discutez sans arrêt. Ajouter le sexe ne serait-il pas simplement la cerise sur le gâteau pour créer une relation « sérieuse » ?
J'avais raison, mais maintenant que je connaissais leurs intentions, les doutes m'assaillaient. Le plus important étant : et si tout partait en vrille ? Qu'adviendrait-il alors ?
« Je... Je ne sais vraiment pas, dis-je. Que se passerait-il après si ça ne marchait pas ? » Je les regardai tour à tour. « Resterions-nous amis ? Le pourrions-nous ? » Je pris ma décision sur-le-champ. Je secouai la tête. « Non. Je ne peux pas faire ça. »
Ils baissèrent tous deux les épaules et échangèrent un regard. Mason semblait plus en colère que triste, et Levi avait juste l'air abattu. Mon cœur me poussa à leur expliquer pourquoi.
Je me penchai et saisis leurs mains. « Votre amitié compte énormément pour moi. » Je serrai leurs mains. « Je ne peux pas risquer de la perdre. » Mes yeux les suppliaient de comprendre.
Mason retira sa main et les posa sur ses genoux. Il regarda Levi, puis baissa les yeux sur ses mains. « Dans ce cas, moi non plus. Je ne peux plus être ton ami. »
La peur m'envahit et je me tournai vers Levi pour qu'il m'éclaire.
Il posa son autre main sur la mienne. « Nous avons eu plus de quatre ans pour y réfléchir, Mi. Nous t'apprécions beaucoup, et nous voulons plus que de l'amitié. » Il sourit doucement.
Je savais que c'était le moment de vérité, que notre amitié était à un tournant quoi qu'il arrive. Mais elle pouvait soit s'éteindre, soit devenir quelque chose de bien plus grand. Peut-être même quelque chose d'extraordinaire.
Je pris à nouveau ma décision sans tergiverser.
« D'accord, oui. »
Ces mots me firent lever les yeux vers elle rapidement.
« Vraiment ? » Mon sourire était si large qu'il me faisait mal aux joues.
Elle rit doucement et retira sa main de celle de Levi.
« À une condition. » Elle leva un doigt. « Si nous sommes tous d'accord pour dire que si le rendez-vous ne se passe pas bien et que nous ne sommes pas faits pour être plus que des amis, on en reste là. »
Je regardai Levi et il acquiesça.
« Marché conclu, dis-je. On t'emmènera dîner, et après, si ça ne colle pas, on laisse tomber. »
Elle rit et se détendit, et toute la tension s'envola. L'ambiance redevint normale entre nous. Comme d'habitude.
« Ça va être bizarre, non ? » demanda-t-elle.
Je ris et coupai un morceau de pancake, me rappelant qu'on était là pour le petit-déjeuner. Levi prit un bout de bacon et haussa les épaules.
« Pas si on ne le rend pas bizarre, dit-il en croquant dedans. On attendait ça depuis un bail. »
Comme elle ne disait rien, j'ajoutai :
« J'ai hâte de voir. Et vous savez, dis-je en regardant Levi et Amiah, c'est gagnant-gagnant. Si ça ne marche pas, on reste potes. Si ça marche... » Je laissai ma phrase en suspens et continuai à les regarder.
On s'est mis à se dévisager tour à tour, et le sourire grandissant d'Amiah nous contamina.
« D'accord. On aura un rendez-vous, dit-elle en hochant la tête. Maintenant filez. Faut que je me lève et que je m'habille. J'ai du boulot pour demain. »
« Oh, allez. Tu ne fais jamais de grasse mat' le dimanche ? » demandai-je tandis que Levi mettait sa vaisselle sur mon plateau, puis glissait le sien vide en dessous.
Amiah haussa un sourcil vers moi.
« Les grasses mat' du dimanche, c'est pour ceux qui peuvent aussi en faire le lundi. » Elle me poussa avec son pied. « Allez, ouste. On se voit tous les deux pour déjeuner demain, ok ? »
« Bien sûr », souris-je, et avant qu'elle ne puisse retirer son pied, je l'attrapai et la chatouillai à travers la couverture, la faisant éclater de rire.
« Arrête ça ! » dit-elle. Elle essaya de se dégager et la couverture glissa, révélant sa culotte rouge en dentelle.
Elle hoqueta, ramenant son pied et remontant la couverture sur ses hanches.
« Bon sang, Amiah, grogna Levi. T'es restée assise là tout ce temps en petite tenue ? »
« Quoi ? Vous savez bien que je dors comme ça. » Son visage vira au rouge, puis à la colère. « Je croyais vous avoir dit de déguerpir. »
Mes yeux étaient toujours rivés sur sa taille, espérant revoir le petit bout de tissu.
« Eh bien, je suis ravi qu'on ne soit pas partis, pas vrai, Levi ? » Je me tournai vers lui, et il se leva, prenant les plateaux.
Il acquiesça. « Ouais. On n'aurait jamais su que notre Mi avait de si jolis dessous. »
Elle releva le menton. « J'ai un excellent goût en matière de lingerie, merci bien. »
Levi fit le tour du lit et tira sur mon bras pour me faire lever.
Je m'exécutai, puis dis : « Avec un peu de chance, on en verra plus la prochaine fois. » Je gardai un air sérieux et regardai à nouveau son corps avant que Levi ne m'entraîne hors de la chambre et dans la cuisine.
Une porte claqua dans la chambre d'Amiah, et après que Levi eut posé les plateaux, il me serra dans ses bras. Je me détendis contre lui, me sentant aux anges.
« On a réussi, dit-il en me berçant doucement. Elle a dit oui. »
Je m'écartai de lui, et en plongeant dans ses yeux bruns, je réalisai ce que ses mots signifiaient.
« Putain, dis-je. C'est vraiment en train d'arriver, hein ? »
Il rit et me donna un doux baiser sur les lèvres.
« Et on ferait mieux de s'assurer que ça se reproduise, encore et encore. »
Nous marchâmes jusqu'à la porte et la fermâmes doucement derrière nous. Dans l'ascenseur, je repensai aux mots de Levi. « Encore et encore », avait-il dit.
Un grand sourire illumina mon visage. J'avais vraiment hâte d'essayer.
