Je me dirigeais vers la porte d'entrée pour répondre moi-même. La sonnette avait retenti cinq fois car la wedding planner ne faisait pas son travail.
J'avais suggéré qu'un majordome accueille les invités, mais la planificatrice avait assuré au téléphone que son équipe s'en chargerait. Sauf qu'ils brillaient par leur absence.
On aurait dit qu'elle se moquait éperdument de ses responsabilités. Si ça ne tenait qu'à moi, elle pouvait faire une croix sur son bonus.
Les dernières factures que j'avais vues depuis que cette femme avait pris les rênes étaient astronomiques.
Mais Arya semblait apprécier son travail jusqu'ici. Elle avait l'air de bien s'entendre avec la plupart des gens qu'elle avait invités.
Je me disais quand même que je finirais par payer une petite fortune à cette planificatrice aux abonnés absents pour ce mariage hors de prix.
Tout cela me tapait sur les nerfs. J'aimais qu'Arya soit aimable avec mon personnel, mais là c'était une inconnue. D'après ce que je constatais, elle était paresseuse et dépensière.
J'étais presque à la porte quand je pris une décision. Après le mariage, il faudrait peut-être que j'explique à ma sœur ce qu'on attendait d'elle. Elle devait savoir quel comportement méritait des éloges.
Je secouai la tête en soupirant. Arya était trop gentille, comme notre défunte mère. Je doutais de pouvoir vraiment lui dire de ne pas être si bienveillante. Et si elle m'écoutait ?
Je me redressai et me préparai à accueillir l'invité. Je ressemblais davantage à notre père. Il était fort et taciturne. Pour lui, l'honnêteté et le courage primaient.
Sur le papier, il pouvait paraître intimidant, mais il avait un côté plus doux dont notre mère nous rappelait toujours l'existence.
J'allais entrer dans le vestibule quand j'entendis ce qui ressemblait à un appel à l'aide dans le couloir adjacent.
Je n'hésitai pas une seconde. Je me tournai pour voir ce qui se passait et mon cœur s'emballa.
Je ne m'attendais pas à trouver quoi que ce soit en allant vérifier, mais je ne pouvais pas l'ignorer. C'était ma maison - qui d'autre irait voir s'il y avait un problème ?
Dès que j'entrai dans le couloir, tous mes sens furent en alerte et mon loup s'éveilla en moi comme s'il avait dormi pendant une éternité.
Tout ce que je pouvais sentir était l'herbe fraîchement coupée et la pluie d'été, et je sus à cet instant que j'avais enfin trouvé ma compagne.
Mais la joie fut de courte durée tandis que j'avançais. Je sentis rapidement l'odeur du futur mari de ma sœur. Évidemment, il allait gâcher un moment si important pour moi.
Cette fois, il avait fait quelque chose d'encore pire.
Je finis par les voir. Ils étaient plaqués contre les murs construits par mes ancêtres. Ils s'étreignaient.
Mes poings se serrèrent. Je sentis une colère brûlante monter en moi, comme de la lave en fusion. Je l'avais enfin trouvée, et elle était avec lui ?
Je sentis un grondement monter dans ma poitrine, venant à la fois de moi et de mon loup.
La rage de mon loup me poussait à rugir davantage, mais quand je pris une profonde inspiration pour le laisser sortir, je m'arrêtai net. Je l'entendis crier de douleur.
C'est alors que je remarquai sa robe déchirée, sa peau meurtrie et la poigne de Mark autour de son cou. Il avait essayé de la forcer à faire quelque chose contre son gré. Ma compagne. Dans ma propre maison !
Je laissai alors mon loup prendre le contrôle.
Quand il prit les commandes, mon loup n'eut pas besoin de se transformer pour s'occuper de ce salaud. Nous attrapâmes Mike par le col de sa veste et le projetâmes loin d'elle comme un vulgaire sac de pommes de terre.
J'avais envie de le tuer, de lui arracher la tête et de lui briser tous les os, mais je me retins.
Il me fallut toute ma volonté pour m'arrêter, mais ma sœur n'aurait pas voulu ça.
Ce salopard était son compagnon, et même si je ne les laisserais plus jamais être ensemble à partir de maintenant, le tuer lui ferait trop de mal.
La même douleur qu'il avait failli me causer en blessant ma compagne. Ma compagne - je l'avais trouvée !
J'ordonnai mentalement à mes gardes de venir ramasser les ordures avant de me tourner vers la personne la plus importante au monde pour moi désormais.
Ses yeux papillonnaient, luttant pour rester ouverts. Une fois de plus, il me fallut toute ma volonté pour ne pas me retourner et tuer Mike.
Son cou semblait intact, tandis que celui de ma compagne virait au violet à vue d'œil. Pourquoi ne guérissait-elle pas déjà ?
« Ça va ? » demandai-je précipitamment en tendant la main vers elle.
Elle recula.
Je m'arrêtai. Ce n'était pas la réaction que j'avais imaginée de la part de ma compagne lors de notre première rencontre, mais c'était compréhensible après ce qui venait de se passer.
Une raison de plus de punir Mark le moment venu pour ce qu'il avait fait.
« Je-je crois. Vous êtes arrivé juste à temps », dit-elle d'une voix rauque en portant la main à sa gorge. Ce son faillit me briser le cœur.
Je l'observais attentivement, notant ses yeux bruns effrayés et ses cheveux sombres en désordre.
Mon loup voulait la réconforter et la serrer contre lui, mais il savait qu'elle avait besoin d'espace pour le moment.
À la place, il essaya de communiquer avec sa louve intérieure pour l'apaiser, mais sa louve ne voulait pas non plus parler.
Sans réfléchir, je tendis la main vers elle. « Vous n'avez pas idée depuis combien de temps je... » commençai-je à dire avant d'être interrompu par les cris de ma sœur. Mon appel à l'aide n'avait pas été discret.
« Toi », gronda Arya, ses yeux assombris par sa louve qui affleurait à la surface. Je ne l'avais jamais vue aussi en colère qu'en découvrant la scène.
Au début, j'ai presque trouvé ça drôle, pensant que Mike allait enfin avoir ce qu'il méritait, mais ensuite elle regarda ma compagne. Je vis le visage parfait de ma compagne devenir livide.
