Revendiquée par les Alphas - Couverture du livre

Revendiquée par les Alphas

Jen Cooper

La Provocation

DERIK

Je devais rester concentré, diriger la meute, être l'alpha.

Tout ce que je voulais, c'était me lier à Lorelai comme le faisait Kai et m'assurer que nous allions arriver à temps.

Le fait de ne pas pouvoir me connecter comme lui me rendait fou, me donnait l'impression de perdre le contrôle, et c'était la dernière chose que je voulais.

Mais j'avais mon rôle à jouer. Nous en avions tous un. Et nous devions agir ensemble.

C’était Kai qui avait le lien mental le plus fort avec elle, ce dont elle avait besoin pour tenir un peu plus longtemps. Brax pouvait utiliser ses ombres pour lui donner des forces et l’aider à garder notre enfant en vie.

Mon rôle était d’assurer pour la meute. Je devais être celui qui gardait les idées claires, celui qui savait où envoyer les autres, celui qui pouvait maintenir tout le monde dans le droit chemin.

Ils m'écoutaient et j'en étais heureux, mais je ne pouvais m'empêcher de me demander si je n’étais pas lésé.

Ils pouvaient la sentir, être avec elle en quelque sorte, et il était difficile pour moi de ne pas pouvoir profiter de ce luxe.

Mais je le faisais parce que je le devais. Elle n’était pas en sécurité, mais si je faisais ce que je devais faire pour la meute, nous allions pouvoir la retrouver plus rapidement.

Je devais m'accrocher à cela.

Nous avons couru vers le village des humains dans le secteur de la Prairie, en suivant l'exemple de Caïn. Brax a couru à côté de moi pendant que la meute se mettait en position et Kai nous a rejoints en revenant de chez Tabitha.

Je détestais ne pas avoir écouté mon instinct. Je savais qu'il se passait quelque chose au village des hommes. Nos échanges n'étaient plus sincères depuis des mois.

J'avais supposé que cet humain était simplement un imbécile, mais j'avais été naïf. Je ne l'étais pas d'habitude, mais je vivais dans une sorte d'ignorance béate depuis que Lorelai était dans notre vie.

J'avais voulu croire que tout allait bien, pour ne pas avoir à m'en occuper et passer plus de temps avec elle, mais je n'aurais pas dû me montrer aussi irresponsable.

Maintenant, elle n’était plus là, et c'était ma faute.

« Ce n'est pas vrai. Nous savions tous que les chiffres étaient trafiqués. Nous aurions tous dû réagir à ça. Et je n'aurais pas dû la laisser avec les humains », a grogné Kai à travers notre lien mental.

Je l'ai chassé de ma tête et j'ai couru plus vite, la brûlure dans mes muscles et le vent sur ma fourrure me déstressaient peu à peu. Mais la tension qui s'était installée dans mes tripes pour retrouver Lorelai était toujours là.

Je n'avais aucune idée de l'état dans lequel elle se trouvait, et c'était pire que tout.

J'espérais que le fait d'être la fille de son père lui assurerait une certaine protection, mais j'avais perdu ma foi en l'humanité depuis longtemps et j'étais terrifié en pensant à ce qui pouvait lui arriver.

Le village des hommes est apparu. Nous nous sommes approchés tous les trois plus vite que jamais, à une vitesse que les humains n'imaginaient même pas pouvoir atteindre.

Cela signifiait que nous avions une chance d'arriver avant qu'ils ne fassent quelque chose pour nous en empêcher.

« Taylor, vous êtes en position ? » ai-je demandé, et un hurlement retentissant a rompu le silence. Ils étaient prêts.

Je me suis arrêté, pour me retransformer en humain avec Kai et Brax, puis enfiler les pantalons que d'autres membres de notre meute nous ont donnés, avant qu'ils se transforment à leur tour et partent aider le reste des loups à encercler le village des hommes.

Je me suis avancé, les yeux rivés sur Kai et Brax qui m'encadraient.

Nous étions toujours sur un pied d'égalité, mais ils m'encadraient toujours. J'étais le diplomate, notre visage public, et cela avait un tel poids que je me demandais parfois si cela en valait la peine.

Puis je me suis souvenu que Kai était un psychopathe, et que Brax n'appréciait pas le rôle de meneur à cause de ses ombres et de son histoire en tant que métamorphe.

Il ne restait plus que moi, et je devais assumer ce fardeau pour mes frères. Frères non par le sang, mais par notre lien. C'était encore plus fort.

Je me suis avancé dans la boue collante qui formait le sol, en reniflant, les sens à l’affût. C'était étrangement silencieux, ce qui me donnait des fourmis dans les jambes.

Kai a grogné tout bas, et je savais pourquoi. Nous ne pouvions pas la sentir.

« Qu'est-ce qu'elle dit ? » a demandé Brax, et Kai a soufflé.

« Elle est faible, elle essaie de ne pas trop parler par le lien mental, mais elle est sous terre. Nous devons juste trouver l'entrée. Elle n'est pas la seule humaine là-dessous, mais je ne peux rien savoir de plus. »

Kai a grogné, sa colère a semblé faire gronder le ciel. Des nuages gris s'amoncelaient, sombres et insondables, avec des roulements de tonnerre et des éclairs menaçants.

« Je vais les déchiqueter avec mes dents », a-t-il rugi, puis il s'est avancé, le corps tremblant à mesure qu'il se rapprochait de la hutte du père de Lorelai, les poings serrés, les yeux rouges.

J'ai attrapé un de ses bras, et il a pivoté vers moi.

« Lâche-moi. »

« Les lois l'interdisent, Kai. Nous devons faire ça correctement ou ils auront tous les droits sur elle. »

« J'emmerde les lois. Elle n'est pas à eux, et je vais m'amuser à le leur prouver », a-t-il craché en retirant son bras de ma prise.

J'ai regardé Brax, qui était plus pâle que d'habitude, les ombres avaient fait des ravages sur lui. Il n'allait pas pouvoir m’aider à retenir Kai. S'il le faisait, il enlèverait de la force à Lorelai.

« Laisse-moi m'en occuper, Kai. Je sais que tu veux aller là-bas et les tuer tous, mais on ne peut pas faire ça.

« Nous avons un pacte avec eux. Nous ne pouvons pas les attaquer ou leur faire du mal à moins qu'ils n'attaquent. Si nous le faisons, l’accord sera rompu et tout ce que nous avons construit avec eux ne signifiera plus rien.

« Nous ne pouvons pas prendre ce risque, Kai », ai-je expliqué en espérant le convaincre.

« Je veux sa tête. Je veux sentir la vie quitter son corps quand je vais la lui arracher. » Kai a lancé un regard noir sur la hutte que nous étions en train d’entourer.

« Et tu l’auras. Tu sais que ce n’est pas pour rien qu’il a caché ces humains. Ce n’est pas pour rien non plus qu’il l'a enlevée.

« S'ils attaquent, nous aussi. En attendant, nous allons la retrouver de la bonne manière. S'ils refusent, il y aura des conséquences. Nous pouvons invoquer la provocation », ai-je affirmé, avec déjà une échappatoire dans ma manche en cas de besoin.

Je détestais que nous dépendions autant des humains pour notre magie. Leurs âmes nourrissaient notre magie. Cela ne leur coûtait rien, mais nous sentions la différence.

Et nous en avions besoin. Sinon, nous n'étions que des loups-garous, capables de rien d'autre que de la sauvagerie. La magie nous permettait de rester un peu humains.

Je ne pouvais pas risquer qu'on retire cela à notre meute. La descente dans la folie était rapide, et il serait trop tard quand nous aurions trouvé comment l'arrêter.

Kai a reculé, les lèvres pincées, en reniflant à nouveau l'air.

« Il est là. Son arrogance imprègne tout », a marmonné Kai en haussant les épaules.

J’ai froncé les sourcils. Il n’aurait pas dû pas être arrogant. Je m'attendais à un peu d'anxiété ou à quelque chose qui se rapprocherait de la peur, mais s'il était arrogant, cela signifiait qu'il pensait avoir une bonne chance de nous battre.

J’ai reniflé plus fort, pour froncer les sourcils lorsqu'une odeur nauséabonde m’a piqué le nez. J’ai toussé et craché pour me débarrasser de ce goût en me tournant vers les autres.

« De l’aconit tue-loup. Ils en cultivent », ai-je dit entre mes dents alors que la colère m'envahissait.

C'était un acte de guerre. J’ai encore reniflé avec méfiance en m'approchant de la hutte, refusant de la toucher avec cette odeur d’aconit dans l'air.

« Et des gardénias. Ça neutralise les odeurs. C'est pour ça qu'on ne peut rien sentir venant d’elle », est intervenu Brax.

J'ai froncé les sourcils, essayant de comprendre quelle serait la prochaine étape. J'ai ordonné aux loups de reculer un peu et de faire attention à ces deux plantes.

L'anxiété qui venait de la meute était profonde et j'essayais de les apaiser, mais j'étais nerveux moi aussi. Les humains n'avaient jamais été aussi audacieux.

La porte de la hutte s'est ouverte en grinçant et nous avons grogné tous les trois, en dominant de toute notre hauteur l'humain qui souriait, une main sur la garde de son épée et l'autre dans une poche, comme s'il s'agissait d'une rencontre comme les autres.

Kai rugissait, et je savais à quel point il lui fallait du contrôle pour ne pas le détruire aussitôt. Je devais exercer le même contrôle, une chose que je n'avais jamais eu à craindre de perdre autant qu'à ce moment-là.

« Où est-elle ? » ai-je demandé, et monsieur Valarian a haussé les épaules.

« Dans le coin. »

« Tu vas nous la rendre tout de suite. »

Il a ricané, et j'ai failli me transformer. Ma colonne vertébrale me picotait, comme si elle me suppliait de laisser mon loup prendre le dessus.

Je sentais que mes yeux avaient déjà changé de couleur, et je n'ai pas manqué la façon dont Valarian l'a remarqué avant de redevenir un connard suffisant.

« Je ne crois pas, loup. »

« Ce sera considéré comme une provocation. Soit tu la fais sortir, soit nous partons à la chasse », ai-je grogné, sans plus me soucier de l'existence de ce pacte.

J'avais cru qu'il allait nous raconter des conneries sur le fait de protéger sa fille, mais son comportement exprimait tout sauf cela. Il n'avait rien pour justifier ce qu'il avait fait.

Je n’allais pas me retenir, et je ne partirais pas sans elle.

« En fait, ce n'est pas une provocation, et non, vous ne le ferez pas. J’ai repris ma fille, ce que, selon notre accord, j'ai tout à fait le droit de faire si je retire mon exigence de dédommagement dans cette histoire.

« Sans cela, vous n'avez aucune raison de la retenir chez vous », a déclaré monsieur Valarian avec la plus grande certitude, le corps bien droit, les yeux fichés dans les miens.

J'ai rugi face au défi lancé, avant de m'avancer plus prêt de lui sans cesser de le fixer.

Il n'a pas bronché, et j'ai grogné en faisant claquer mes dents. Peut-être qu'il y avait plus de Kai en moi que je ne le pensais, parce qu'il suffirait d’un seul faux mouvement de sa part et j'allais tuer cet humain.

« Arrête de me défier. Ta domination n'a aucune importance lorsqu'il s'agit de nous. Tu es peut-être l'alpha de tes humains, mais sur ces terres, tu n'es rien d'autre qu'un serviteur », lui ai-je craché de ma voix d’alpha, grave et dominante.

Je sentais ma meute s'incliner devant moi, se soumettre à mon pouvoir. Même Kai me laissait le canaliser. C'était rare, surtout depuis que j'étais connecté à la meute.

Mais c'est Brax qui m’a décontenancé. Il a toussé en tombant à genoux, les yeux baissés, la respiration difficile.

« Je n'ai pas pu tenir. Elle s'est à nouveau évanouie », a soufflé Brax, et Kai a rugi en se précipitant en avant pour me dépasser, pour plaquer Valarian contre la porte.

Elle s’est brisée en deux, et Kai a enjambé l’humain tombé au sol en appuyant sa botte sur sa poitrine. Valarian s’est redressé en s’emparant de son épée et l’a tendue vers Kai en plissant les yeux.

Kai a ri, et j'ai reculé. D'accord, le psychopathe pouvait gagner. Ils n'allaient pas nous la rendre, et si elle était si faible que ça, on n'avait plus le temps de faire les choses gentiment.

J'ai fait un pas en avant et j'ai frappé le bras de Valarian avec ma botte, l’épée s’est plantée dans le sol et je l’ai prise.

Je l’ai attrapé par la gorge tandis que Kai souriait, d’un sourire mauvais et menaçant qui intimidait la plupart des gens, même moi parfois.

Il a promené une longue griffe noire le long de la joue de Valarian en souriant.

« J'ai de l'aconit partout. J'ai des pointes de flèches et des lances qui en sont enduites. J'ai un arsenal que vous ne pouvez même pas imaginer. Si vous me tuez maintenant, je vous promets que je serai vengé », a assuré l'humain, et Kai a éclaté de rire.

Il a soulevé Valarian et l’a balancé vers Brax, qui l'a attrapé avant qu’il touche le sol et l’a maintenu en l’air.

Je me suis avancé, en plongeant directement mes yeux dans son regard obstiné. « Nous savons qu'elle est ici. Nous sommes liés magiquement, ce que ton stupide cerveau d’humain ne pourra jamais comprendre.

« Te mettre en travers de notre chemin rendra les choses bien plus difficiles pour ton espèce », l’ai-je mis en garde, sachant qu'ils n'avaient aucune idée de l'ampleur de la magie qui contrôlait le royaume dans lequel ils vivaient.

Mettre les sorcières en colère, perturber l'équilibre, se retourner contre les loups, tout cela allait conduire à l'élimination d'un grand nombre d'humains, et je pouvais parier que les loups ne seraient même pas à l'origine de cette élimination. Il y aurait des forces bien plus importantes que nous à l’œuvre.

Mais ils pourraient s'en rendre compte par eux-mêmes. Je voulais seulement que Lorelai revienne avec nous.

« Nous ne sommes pas vos esclaves, et nous en avons assez de nous incliner devant vous. Nous ne le ferons plus », a craché Valarian, et j’ai haussé les épaules, peu intéressé par les paroles d'un homme déjà mort.

« Nous l’avoir enlevée condamne ton statut dans notre royaume. La garder loin de nous contre sa volonté signe ton arrêt de mort. C'est à toi de choisir », ai-je proposé, mais je savais déjà ce qu'il allait répondre.

C'est pourquoi j'allais bien m'amuser à le mettre en pièces avec mes frères.

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