
J'ai été réveillée d'un autre moment de faiblesse par le gentil gardien qui m'avait nourrie. Vaughn m'a souri alors que je me redressais, étourdie par la nausée et la fébrilité que je devais combattre pour retrouver le lien avec mes loups.
Mais je ne pouvais plus le sentir. J'étais trop épuisée, la connexion était trop éloignée, et pourtant je sentais qu’ils étaient plus proches, plus que jamais.
« Vaughn ? » ai-je demandé, et il m'a aidée à me lever.
« Allez. Il faut qu'on y aille », a-t-il annoncé, et j'ai froncé les sourcils en plantant fermement mes pieds dans le sol pour qu'il ne puisse pas me faire bouger, tout en regardant la porte ouverte de ma cellule d'un œil méfiant.
Je n'avais aucune idée si c'était un piège ou non, et j'étais trop épuisée pour affronter une autre difficulté.
« Pourquoi ? Où allons-nous ? » ai-je demandé en retirant mon bras de sa prise. Il a regardé le tunnel dégagé par-dessus son épaule, puis il m'a regardée avec des yeux écarquillés.
« Parce que tes loups sont ici, et je suis presque sûr qu'ils sont sur le point de déclencher une folie meurtrière pour te trouver, alors je t'emmène vers eux à la place », a-t-il répondu, et mon cœur a fait un bond dans ma poitrine.
Mes loups étaient là ? Alors il avait raison, ils étaient certainement sur le point de massacrer tout le monde jusqu'à me retrouver. Bien.
Peut-être que ces humains le méritaient. Mais qu'ils le méritent ou non, je tenais plus à mes alphas qu'à la disparition de ces humains, j'ai donc rapidement quitté la cellule. Vaughn m'a aidée à traverser le tunnel et m'a pratiquement soulevée dans les escaliers pour que je ne m'effondre pas.
Nous sommes entrés dans une hutte qui était celle de mon père auparavant, mais qui était maintenant remplie de chaises, avec une table évoquant un conseil de guerre en plein milieu.
Cela ne m’inspirait rien de bon. J'ai essayé de jeter un coup d'œil dessus, et j'en ai eu un bref aperçu lorsque j'ai repris des forces.
Je me sentais plus légère, la sensation était moins étouffante dans mes veines à mesure que je sortais du sous-sol.
Il se passait vraiment quelque chose d’important ici, et j'allais aider mes alphas à le découvrir, mais pour l'instant, je voulais juste les revoir.
Le lien s’est alors reconnecté, puissant et stable, comme si ce qui l'avait étouffé avait disparu, et j'ai aspiré une grande bouffée d'air, souriant à mesure que leur essence m'emplissait.
Ils étaient là dehors.
J'ai pris la direction de la porte, suivi par Vaughn, et j'ai ouvert la porte de la hutte, les larmes aux yeux, alors que je voyais mes trois alphas à travers la pluie brumeuse.
Kai. Derik. Brax.
Tous avaient des regards foudroyants et des corps énormes et intimidants. Les griffes de Kai étaient sorties, ils avaient tous les yeux rouges, et je voyais que j’étais sortie juste à temps. J'ai croisé leurs regards en ignorant la présence de mon père, dont j’allais m'occuper dans une minute.
Et alors Kai était là, devant moi, me prenant dans ses bras, humant mon odeur qui était probablement fétide maintenant, mais je m'en moquais.
Je voulais aussi sentir son odeur. J'ai enfoui mon visage dans son cou alors qu'il me soulevait du sol en enroulant ses bras autour de ma taille, une main serrant ma tête contre lui.
Je l'ai serré très fort, je me suis blottie contre sa peau aussi fort que possible avant qu'il tire ma tête en arrière et couvre ma bouche avec la sienne.
Je l'ai embrassé aussi, sa présence envahissait mon corps rapidement, comme si nous n'avions jamais été séparés.
J'ai soupiré contre lui, j'ai pris sa nuque dans mes mains et mon corps s'est réveillé avec le désir dormant qui s'était caché profondément pendant que j'étais captive.
Il a grogné contre moi avant de me relâcher, puis Derik m'a attirée à lui, pour me serrer aussi fort que Kai. Il m'a embrassée doucement, pas aussi désespérément que Kai, mais tout aussi passionnément.
Ses yeux ont soutenu les miens tandis que je caressais son visage avec mon pouce, j’avais tellement besoin de le sentir, de le savourer. Je n'étais pas sûre de le revoir, et cette douleur était encore bien vive. Comme elle l'était dans ses yeux.
« Est-ce qu'ils t'ont fait du mal ? Est-ce que toi et notre enfant allez bien ? »
J'ai acquiescé et je l'ai serré à nouveau dans mes bras. « Nous sommes en vie. »
Je lui ai fait un résumé général, parce que les détails sur la façon dont j'avais été traitée auraient pu le pousser à bout. Mais j'avais oublié notre lien. Son corps s'est mis à trembler et il m'a tirée en arrière, en prenant mon menton entre ses doigts.
« À quel point c'était grave ? » a-t-il demandé, et j'ai secoué la tête.
« Ça n'a pas d'importance. Je suis sortie maintenant », ai-je soufflé, puis je l'ai serré à nouveau dans mes bras avant de me tourner vers Brax.
Il a souri et s'est avancé, m'attirant dans un baiser brûlant qui a rapproché nos ombres.
C'était intense et beau, la façon dont elles s’entremêlaient aux miennes, à l'intérieur de moi, en s'enroulant autour de notre enfant, inspectant chaque aspect de ma grossesse avant d'approfondir notre baiser.
Je m'y suis laissée emportée, son goût me rendait folle comme toujours, notre connexion rendait tout plus clair.
Je me suis finalement éloignée en respirant profondément, puis je me suis tournée vers mon père, qui était renfrogné, rigide, mais toujours aussi lâche, refusant de bouger et d'interrompre quelque chose qu'il détestait parce qu'il savait que cela le ferait tuer.
« Magnifique », a dit Derik, et j'ai jeté un coup d'œil dans sa direction. Il m’a tendu une potion que j’ai prise et avalée rapidement, un soulagement instantané dans mon corps m’a fait fermer les yeux.
En rouvrant les yeux, j'ai croisé le regard de mon père et j'ai rendu le flacon à Derik.
« Tu m’as kidnappée. Tu m’as gardée en otage. Et tu m’as traitée plus mal que les loups ne l'ont jamais fait. Pourquoi ? Je suis ta fille », ai-je dit sèchement. Il a pâli à ces mots.
Ses lèvres se sont pincées. « Tu n'es pas ma fille. Tu es une traîtresse à ta propre espèce. »
« Alors pourquoi me garder ? » ai-je demandé en m'avançant.
La potion me donnait l'impression d'être forte, mais je sentais aussi la fragilité de son effet. J'avais besoin de la morsure, et vite, mais je voulais d'abord m'occuper de mon père, car je ne le laisserais pas s'en tirer après ce qu'il m'avait fait.
« Parce que tu as du pouvoir, et que nous en avons besoin si nous voulons sortir de l'emprise de tes chers loups », a-t-il craché. Je me suis moquée de lui, enfin face à face.
Je lui ai balancé un coup de poing. D'un coup sec. Sa mâchoire a craqué et mon poing m'a fait mal, mais la façon dont sa tête a basculé sur le côté, et sa main qui est venue la soutenir, son gémissement sous l'effet du coup de poing, ont fait que cette douleur en valait la peine.
J'ai ensuite envoyé mon poing dans son ventre pour qu'il tombe à genoux.
Il ne s'est pas défendu, mais ce n'était pas surprenant. Malgré tout ce qu'il disait, il avait encore peur des alphas qui m'encadraient et me laissaient prendre le contrôle de cet affrontement bien mérité.
« Je n'utiliserai jamais mon pouvoir contre eux. »
« C'est pour ça que je n'ai pas tué ce bâtard que tu portes. Il devait être un moyen de pression », a-t-il grogné avant de me cracher dessus.
Je l'ai giflé, l'empreinte de ma main a marqué sa joue, mais cela n’a pas suffi à soulager la douleur que je ressentais à l'intérieur de moi.
Le fait que mon propre père soit si froid et si haineux à mon égard et à l'égard de son petit-fils a percé une carapace dont je ne me rendais pas compte qu'elle existait. Je refusais de pleurer devant lui, mais des larmes me piquaient quand même les yeux à ses paroles.
J'ai saisi sa gorge en puisant dans le lien, empruntant la force de mes alphas pour serrer. Ses yeux sont devenus vitreux et il a griffé mon bras, mais je n'en avais pas fini.
« Menace-moi encore une fois, moi ou mon enfant, et je ne te laisserai pas survivre plus de temps qu'il te faudra pour le dire », ai-je dit entre mes dents serrées, avant de le jeter au sol.
J’ai reculé en le laissant se remettre debout, la main sur la poignée de son épée. J’ai plissé les yeux face à ce mouvement tandis que Kai grognait, le défiant de passer à l'acte.
Il a lancé un regard à Kai, puis a lâché l'épée.
« J'étais avec maman quand tu m’as enlevée. Qu'est-ce que tu lui as fait ? » ai-je demandé, et il a souri.
« Une simple plante la garde endormie. Je ne ferais jamais de mal à ta mère, Lorelai. Elle est humaine, et contrairement à toi, je ne suis pas un traître à ma propre espèce », a-t-il répliqué en ricanant.
J'ai ignoré cette remarque, j'étais soulagée que ma mère soit saine et sauve. Je me suis tournée vers mes alphas en m'adressant surtout à Derik, car je savais que c'était lui qui prendrait la décision finale.
« Je veux voir ma mère », lui ai-je dit, et Derik a acquiescé. Il s'est avancé et a embrassé le sommet de ma tête en m'attirant contre lui.
« Bien sûr, ma belle. Je vais surveiller ton père pendant que Brax et la meute enquêtent sur l'endroit où tu étais gardée et sur la raison pour laquelle nous n'avons pas pu sentir ton odeur. Kai t'accompagnera. Reste avec lui », a-t-il ordonné, et j’ai acquiescé.
Kai s'est approché et m'a prise dans ses bras. Je l’ai laissé faire, en enroulant mes bras autour de son cou avant de regarder Brax et Derik.
« Il y a tout un réseau de tunnels et de salles, là-dessous. Ils cultivent aussi de l'aconit tue-loup et du gardénia, c'est pour ça que tout était masqué », ai-je dit, puis je me suis tournée vers mon père.
« Détruis ces plantes », ai-je ordonné, et mon père m’a lancé un regard noir, le torse bombé.
« Non. Tu n’as pas à me dire ce que je dois faire. »
Cela m'a fait rire. Il n'en avait aucune idée. J'allais lui donner une chance de comprendre.
« Oui, je le peux, mon cher père. Tu as passé un accord avec les alphas, et ces alphas sont miens.
« Tu vas faire ce que je te dis si tu tiens à la vie, parce que pour l'instant, je suis la seule chose qui empêche mes alphas de mettre un terme à ta vie », l’ai-je prévenu.
Ses yeux se sont plissés. Je m'en moquais. Il pouvait s'énerver autant qu'il voulait, j'étais à deux doigts de dire « Eh puis merde, tuez-le. » Derik hésiterait peut-être à cause de leur accord, mais pas Kai.
« Juste une visite rapide, petite humaine. Ensuite, je veux que tu rentres à la maison où je pourrai planter mes dents, et ma bite, en toi », a-t-il murmuré à mon oreille, et j'ai frissonné, me mordillant la lèvre alors que la chaleur m'envahissait.
Une chaleur liquide et brûlante qui m'avait tant manqué, putain.
« Excusez-moi, Alpha, Lorelai. Puis-je me joindre à vous jusqu’au village des femmes ? Je dois aussi aller voir si quelqu'un va bien, après avoir agi à l'encontre de ses ordres », est intervenu Vaughn d'un air penaud.
J'ai souri et hoché la tête, ce qui a fait grogner Kai, et je suis passée devant lui pour me diriger vers les villages.
« Kai, il peut venir. Il m'a aidée. »
« Il est humain. »
« Et moi aussi. S'il te plaît ? » ai-je demandé, et Kai a levé les yeux au ciel, puis s'est blotti dans mon cou pour embrasser ma peau, et j'ai su que c'était un oui.
« Vaughn, tu viens ? » ai-je lancé, et Vaughn a un peu souri d'un air méfiant avant de me suivre vers la hutte de ma mère. Je devais juste vérifier qu'elle allait vraiment bien. Je n'avais pas confiance en mon père et je devais lui dire ce qui se passait, peut-être la convaincre de quitter le village.
Peut-être qu'elle n'était pas en danger immédiat puisqu'elle était humaine, mais je doutais que mes alphas me laisseraient revenir lui rendre visite de sitôt, voire jamais, alors je devais au moins lui dire au revoir.
Ensuite, j’allais rentrer chez moi avec mes alphas et j’allais me laisser aller avec chacun des trois.