Mon cœur s'emballe tandis que je m'éloigne doucement du loup. « Tout va bien », je murmure. « Tout va bien. » Je me maudis intérieurement d'avoir laissé entrer un loup sauvage chez moi. Quelle mouche m'a piquée ?
Je me dirige vers le centre du salon, m'écartant de la porte et du loup. Je scrute la pièce, cherchant un abri potentiel. J'observe l'animal pour évaluer son comportement. Il ne montre plus les crocs, mais son poil est toujours hérissé.
« Qu'est-ce qui ne va pas ? Je voulais juste sortir me promener. »
Il émet un grognement sourd et menaçant.
« Tu ne veux pas que je sorte ? »
Il aboie et s'assoit, bloquant l'accès à la porte.
« Mais tu m'as laissée aller en cours tout à l'heure. Pourquoi je ne peux pas sortir maintenant ? »
Il me fixe de ses yeux dorés sans broncher. Évidemment qu'il ne répond pas. Je secoue la tête et soupire, puis j'enlève mon manteau.
« Voilà. Tu es content ? »
Il aboie une fois et baisse la tête, mais ne bouge pas d'un poil. Il s'allonge devant la porte comme pour monter la garde.
Je secoue la tête. Mon cœur bat encore la chamade et mes mains tremblent, mais j'accroche mon manteau et le loup ne montre plus d'agressivité.
« Je suppose que je vais faire mes devoirs puisque je suis prisonnière chez moi », dis-je, agacée.
Le loup émet un son ressemblant à un soupir.
Après avoir lu un de mes manuels scolaires et pris des notes sur ce que j'étais censée lire en classe aujourd'hui, je m'étire et regarde l'heure.
« Déjà si tard ? »
Je jette un œil par la fenêtre et vois le soleil se coucher. La nuit tombe toujours trop tôt à cette période de l'année. Je soupire. Je suppose que je vais rester à la maison ce soir et passer du temps avec mon invité à quatre pattes. Je me sens déjà coupable de devoir le laisser demain.
Je me lève et m'étire. Je décide de prendre une douche avant de préparer le dîner. En me dirigeant vers la salle de bain, je réfléchis au menu. Le loup ne semble pas apprécier la nourriture pour chiens, ce qui est étrange... Peut-être à cause de la sauce, mais c'est quand même de la viande.
Mes vêtements sentent l'écurie que j'ai nettoyée plus tôt, alors je les enlève avant d'ouvrir l'eau et d'entrer dans la douche. Ça fait un bien fou sur ma peau. Je reste là, laissant l'eau couler sur moi en pensant au loup.
Si j'avais deux sous de jugeote, je le mettrais dans une cage dehors. Non, si j'étais maligne, je ne me serais jamais approchée de lui ! J'aurais appelé quelqu'un à la place.
Mais je ne pouvais pas m'en empêcher, même si je savais que c'était risqué. Est-ce que j'aurais voulu qu'on m'abandonne si j'étais dans la même situation ?
De plus, son comportement ici a été exemplaire, jusqu'à cet après-midi. En y repensant, on aurait presque dit qu'il essayait de me protéger...
J'aimerais presque qu'il reste. C'est agréable d'avoir quelqu'un qui m'attend à la maison.
Je coupe l'eau, sors de la douche et m'enroule dans une serviette avant d'aller voir mon invité. Quand j'entre, il lève la tête du sol. Il est retourné dans le salon, loin de la porte.
Ses yeux dorés s'assombrissent en me regardant, et son regard descend. Est-ce qu'il regarde... Je baisse les yeux sur moi-même et le regarde à nouveau. Est-ce qu'il regarde mon corps ?
Je secoue la tête et me tourne vers la cuisine, ne voulant pas qu'il voie mes joues légèrement rosies. Qu'est-ce qui me prend ? Ce n'est qu'un loup. Pourquoi suis-je si gênée ?
Il y a des lasagnes surgelées dans le congélateur, je les sors pour les réchauffer. Pendant que le plat est au four, je vais dans ma chambre pour m'habiller. J'ai un vertige et manque de tomber, mais je secoue la tête et respire profondément avant de ressortir. Après avoir eu la grippe la semaine dernière, j'en ai ras-le-bol de ne pas être en forme.
Quand le repas est prêt, je ne sais pas trop quoi donner à manger à un loup, mais je mets les lasagnes dans deux assiettes et prends une bouteille d'eau.
« Tiens. Tu aurais fini par piocher dans mon assiette de toute façon. »
Je pose son assiette devant lui et lui verse de l'eau. Il me regarde avec ses doux yeux dorés et commence à manger. Je souris et mange aussi.
Je ne peux m'empêcher de le regarder pendant que je mange. Il y a quelque chose chez lui qui me donne envie de continuer à l'observer. J'essaie de comprendre exactement ce que je ressens, mais c'est à ce moment-là qu'il lève les yeux vers moi et arrête de manger. Son museau est couvert de sauce tomate.
J'éclate de rire et me lève pour prendre mon téléphone. « Désolée, dis-je. Mais je dois immortaliser ça ! » Je prends quelques clichés et il grogne en baissant la tête comme s'il était gêné.
« Je suis désolée, je répète en regardant les photos et en riant de plus belle. Tiens, regarde. » Je tends le téléphone vers le loup, sans vraiment penser qu'il va regarder, mais il le fait. Il grogne encore une fois, puis aboie.
« D'accord, d'accord. » Je prends un mouchoir. « Laisse-moi t'aider avec ça. »
Je nettoie son museau, riant encore un peu. « Je devrais peut-être encadrer cette photo pour me souvenir de toi quand tu seras parti. »
Il grogne, ses yeux s'assombrissant. Je l'ignore et regarde son assiette vide avec un sourire.
« Je suis vraiment contente que tu manges, tu sais. Vraiment. Je m'inquiétais pour toi. »
Je caresse sa tête et regarde son ventre. Il suit mon regard et émet un son triste.
« Je sais, mais on doit s'en occuper. »
J'emporte les assiettes à la cuisine avant de revenir avec de nouveaux bandages. « Tu as besoin de sortir avant qu'on fasse ça ? »
Ses yeux se tournent vers la fenêtre, puis reviennent sur moi. Je secoue la tête. Il a définitivement été en contact avec des humains auparavant. Il m'a parfaitement comprise.
Comme il ne bouge pas vers la porte, je soupire. « Bon, allons-y alors. »
Je suis surprise de voir à quel point sa blessure guérit bien. La rougeur a diminué et la plaie est presque refermée. Peut-être que ce n'était pas aussi grave que je le pensais.
Une fois terminé, je reste dans le salon avec lui un moment, regardant un film allongée par terre. Il se repose à côté de moi, et je pense qu'il regarde le film aussi. Bientôt cependant, mes yeux commencent à se fermer.
Je rêve qu'un homme me tient, écarte mes cheveux de mon visage et m'embrasse doucement. Je peux sentir ses lèvres douces. À moitié endormie, je me retourne, sentant une peau chaude sous moi et entendant un cœur battre à mon oreille. Je m'arrête de bouger, me réveille davantage et me frotte les yeux tout en me redressant lentement.
Mon invité loup s'éloigne rapidement de moi, et le temps que j'ouvre les yeux quelques secondes plus tard, il est assis et a l'air coupable.
Je le regarde pendant quelques instants, me demandant ce qui le fait se sentir coupable, mais je suis trop fatiguée pour y réfléchir. J'éteins la télé, caresse la tête de mon invité et vais me coucher.
