La compagne rebelle

ORION

Je bois une nouvelle gorgée du whisky que le serveur m’a déposé, les mains tremblantes.

Ils sont tous nerveux, je le sens dans l’air, et s’il n’y avait pas eu cette nourriture, j’aurais préféré ne pas assister à cela, pour être honnête.

Au vu de la taille de l’établissement, des voitures garées devant et des logements situés à proximité, il est clair que l’endroit est rentable et que j’ai presque pris ma décision.

La délicieuse entrée n’a fait que m’inciter à franchir le pas.

J’attends beaucoup du plat principal et j’aimerais que le serveur ne se mette pas à transpirer au-dessus.

Dans ce cas, je vais devoir le frapper, ce qui, pour une raison ou une autre, ne semble pas correspondre à ma définition d’un bon dîner.

Leur Luna, qui est assise à ma droite, essaie de m’encourager dans sa faible tentative de discussion. Elle est sur le point de finir de me demander si je suis accouplé ou non lorsque cette fichue odeur me revient au nez.

Mes sens ne perçoivent que l’odeur de vanille et de bois de santal et je ne comprends pas d’où elle vient.

C’est trop intense pour un désodorisant et trop tôt pour un dessert... À moins que cette chose ne soit censée être le plat principal ? Dans ce cas, je m’empresserais de retirer mon commentaire sur la nourriture.

En regardant autour de moi, je vois que la porte s’est ouverte et que les serveurs, y compris la femme qui est venue tout à l’heure, sont de retour.

Les assiettes de nourriture sont empilées sur leur chariot et j’observe une rousse qui murmure des ordres. Elle doit être leur chef, car ils l’écoutent sans poser de questions.

Ce qui est agaçant, c’est qu’elle sert leur alpha avant moi, ce que j’ai essayé d’oublier jusqu’à présent en faisant pas mal d’efforts de ma part.

Je suis coincé avec un crétin en sueur qui me sert en second, tandis que l’Alpha Brian a le visage en plein dans le décolleté de la rousse, ce qui est un autre avantage que j’apprécierai quand cet endroit deviendra le mien.

Je me rends alors compte que j’ai pris ma décision et je me demande si je ne devrais pas avoir honte que la silhouette d’une femme banale ait joué un rôle aussi décisif pour moi.

Non. Il est temps que je profite de l’une de ces prises de contrôle et les femmes décentes pour réchauffer mon lit sont difficiles à trouver.

Lorsque je lève les yeux de sa poitrine, je vois son regard se diriger vers moi et à la seconde où elle me regarde dans les yeux, c’est comme si un éclair se répandait dans mes veines.

Partenaire ! hurle mon loup, et je comprends enfin pourquoi il était si pressé de venir ici.

Au lieu de sourire joyeusement et de se blottir dans mes bras, ma partenaire préfère baisser le regard et faire comme s’il ne s’était rien passé. Je n’aime pas cela.

Elle continue de servir les hommes en face de moi, et l’un d’eux fait même l’effort d’essayer d’attirer son regard.

J’ai envie de traverser la table et de lui arracher la gorge, mais elle a l’air assez nerveuse comme ça et cela risquerait de ne pas être très bien perçu par l’Alpha Brian ici présent. Même si je ne m’en préoccupe pas tant que ça.

Toutes les assiettes ont été servies, mais je jette à peine un coup d’œil à l’agneau qui se trouve devant moi. Mes yeux sont rivés sur ma partenaire, dont j’admire chaque centimètre carré.

Elle est petite et pâle, avec des courbes aux bons endroits, mais ce qui retient le plus mon attention, ce sont ses cheveux. J’ai toujours eu un faible pour les rousses et je comprends maintenant pourquoi. Ma partenaire est la plus belle de toutes les femmes.

Le craquement du parquet sous ses pieds ravive toute mon attention et je me rends compte qu’elle est en train de faire un geste pour partir. Que se passe-t-il ?

« Assieds-toi. » C’est tout ce que j’ai trouvé à dire, et cet éclat soudain me fait gagner l’attention du reste des convives.

Elle s’arrête une seconde, comme si elle réfléchissait à ma demande, puis elle fait un autre pas en avant. Je suis sur le point de me lever de mon siège lorsqu’Alpha Brian se met à parler.

Ce n’est pas le moment pour lui de se mêler de ça. Je serais plus qu’heureux de la suivre et je ne veux pas de public de toute façon. J’ai envie de la plaquer contre le mur avant même de connaître son nom.

« À qui t’adresses-tu, Alpha Orion ? » Son visage est l’image même du mécontentement et je serre les dents pour ne pas dire quelque chose que je pourrais regretter.

« Elle. » Je penche la tête vers la beauté qui se trouve près de la porte et je regarde son visage de porcelaine rougir. Elle va rougir beaucoup avant la fin de la nuit.

Ma partenaire hésite, remarquant clairement l’attention portée sur elle, et son regard se tourne vers son alpha. Elle évite mon regard. Pourquoi ?

« Merci pour ton offre, Alpha Orion, mais j’ai des tâches à accomplir en cuisine pour le prochain plat. »

La délicatesse de sa voix me fait presque frissonner et il me faut une seconde pour assimiler le refus.

Mon loup s’en rend compte lui aussi, et c’est ensemble que nous répétons notre demande précédente, qui est désormais un ordre. « Assieds-toi. »

Ses yeux verts, qui étaient posés sur le sol, se plantent alors dans les miens et la sensation est indescriptible.

Je vois qu’un feu brûle derrière eux maintenant, elle ne masque plus son émotion. Elle est furieuse.

« Je ne suis pas un chien », grogne-t-elle, et je me mords la langue. La Déesse de la Lune s’intéresse vraiment à nos liens de partenaires. Et dire que pendant une seconde, j’ai eu peur qu’elle soit trop docile. Ce n’est plus le cas.

« Alpha, puis-je être excusée afin d’aller préparer le dessert ? » Ma bouche s’ouvre et je me tourne en fixant Alpha Brian, pour voir s’il oserait accepter sa demande. Mais il l'accepte.

Elle part avant que je puisse dire quoi que ce soit et un grognement de fureur s’échappe de ma poitrine.

Cette femme est ma partenaire, pas une vulgaire serveuse, et je ne la laisserai pas se cacher dans les cuisines. Elle est ma reine et sera traitée avec le respect qui lui est dû, sinon des têtes tomberont.

« Tu n’as pas de cuisinier pour ça ? » Je ne peux pas m’empêcher de riposter, et les yeux d’Alpha Brian s’écarquillent. Il doit se justifier, et vite.

« C’est elle notre cuisinière. » Il reprend son calme et je ne peux pas m’empêcher de remarquer le regard noir du mâle qui l’observait tout à l’heure. Il sera le prochain.

« Plus maintenant. » Je souris, et j’espère que la malice dans mes yeux est aussi visible que je le ressens.