Univers Une Croix à porter : Le papillon venimeux

AZRIEL

L'odeur de vanille et de cannelle flottait dans l'air, me faisant sourire. C'était un parfum délicieux que je n'avais pas senti depuis longtemps. Il emplissait mes poumons et réveillait quelque chose en moi, sans que je sache vraiment quoi.

Je commençai à bouger sur le lit mais m'arrêtai net en sentant une présence à côté de moi. J'ouvris les yeux, surpris, et vis Luna endormie dans mes bras.

Choqué, je la repoussai et me levai d'un bond. Luna grommela dans son sommeil, indifférente à mon mouvement. J'essayai de la réveiller, mais elle bougea à peine. Je bougeai à nouveau, et les draps de soie bleue glissèrent, dévoilant sa poitrine nue.

Gêné, je détournai vivement le regard. Je pris une grande inspiration avant de remonter les draps sur elle. Je touchai mon visage, le sentant s'échauffer. Pourquoi rougissais-je alors que ce n'était pas la première fois que je voyais une femme nue ?

On frappa à la porte. Je jetai un coup d'œil par-dessus mon épaule et vis Luna bouger dans son sommeil. Je me levai rapidement et me dirigeai vers la porte, ne voulant pas qu'elle se réveille et me trouve encore dans la chambre.

« Oui ? » lançai-je en ouvrant la porte et en sortant. Mon frère Lorcan, surpris, recula légèrement. « Il y a un problème ? »

« Tu es réveillé ? » demanda Lorcan, regardant la porte fermée.

« Oui, j'allais justement partir », dis-je en commençant à m'éloigner.

Lorcan me fixa simplement, l'air d'avoir des questions qu'il ne posait pas, ce qui me mit mal à l'aise.

« Il s'est passé quelque chose ? » demanda-t-il alors que j'ouvrais la porte de ma chambre en désordre, qui semblait identique à la veille.

Ignorant sa question, je dis : « J'ai besoin de serviteurs pour aider au nettoyage. Il me faut aussi un nouveau lit et quelques meubles. J'aimerais séjourner dans une autre chambre pendant qu'on fait les changements, si c'est possible. »

« Arrête d'éviter la question », dit Lorcan avec colère.

« Je n'évite rien. Je dis simplement ce dont j'ai besoin. Tu ne vois pas ? » Je désignai la pièce autour de nous. Lorcan soupira et s'éloigna en marmonnant.

J'étais soulagé qu'il ne me pose pas plus de questions. Je me sentais frustré et désorienté par tout ce qui se passait.

***

Je fermai les portes du placard derrière moi et attrapai un élastique pour attacher mes longs cheveux.

« Je croyais t'avoir dit de rester hors de ma chambre », dis-je d'un ton agacé.

Luna se redressa et croisa les bras sur sa poitrine, debout dans le coin près du lit.

Je la détaillai du regard. Était-ce vraiment si difficile pour elle de changer de vêtements ?

« Bref... » dis-je doucement, attrapant mes affaires.

« Vous êtes en avance », nous dit Alastair, à Luna et moi. J'enfilai mes gants et saisis une épée.

Ce matin, Alastair et moi allions chasser. Mais nous ne chassions pas des animaux, nous chassions des gens qui nous avaient trahis.

« Combien serons-nous ? » demandai-je.

« Seulement quatre », répondit Alastair avec un sourire. « Allons-y. Nous n'aurons pas à voyager loin, notre destination est proche. »

Notre trajet fut en effet court, comme Alastair l'avait dit. Je fus surpris de voir que Maximilian et Briony étaient les deux autres personnes qu'Alastair avait annoncées pour nous accompagner.

« Vous voilà enfin », dit Maximilian. Je lui donnai une tape amicale dans le dos, tandis que Briony me lançait un regard noir.

Fronçant les sourcils, je me tournai pour observer la maison.

« On fait ça rapidement ? » demandai-je, m'agenouillant à côté de Maximilian.

« Oui, ce sera rapide. Ils ne sont que six à l'intérieur », dit Maximilian. « Ceux qui ont incendié les maisons de la ville sont là. »

« Bien, séparons-nous et finissons-en vite », dit doucement Alastair.

Je fronçai les sourcils en remarquant une ombre derrière moi. Luna se tenait près d'un rocher, nous tournant le dos. Je pensais qu'elle ne nous accompagnerait pas.

« Puisque Luna est ta gardienne, elle va où tu vas », dit Alastair, répondant à ma question muette.

« Le chien suit le maître », dis-je d'un ton agacé.

« Non, le maître retient le chien », rétorqua Briony.

Je lui fis un doigt d'honneur, très irrité.

« Vous deux, ça suffit ! C'est toujours pareil avec vous », dit Alastair avec colère.

Je lui fis une grimace et commençai à chercher des moyens sûrs d'entrer plutôt que de me concentrer sur Briony.

« Pourquoi ne pas mettre le feu à la maison ? » suggéra Maximilian. Je ne pus m'empêcher de sourire à cette idée.

« Ce n'est pas une mauvaise idée, on pourrait en finir rapidement », approuvai-je, m'asseyant sur le sol poussiéreux.

« Mais les survivants ? » dit Briony. « On ne sait pas s'il y a quelqu'un à l'intérieur. »

« Je m'en fiche ! » dis-je avec colère.

« Mère serait très fâchée contre toi ! » répliqua Briony, ses yeux lançant des éclairs dorés, rouges et bleus.

« Tu vas me dénoncer ? » la taquinai-je, sachant que ça la mettrait en colère.

« Je n'hésiterais pas à le faire », rétorqua-t-elle en me fusillant du regard. « Tu as besoin d'être tenu en laisse. »

Je tentai de l'attaquer, mais Maximilian m'attrapa par le col et me retint.

« Arrête ! » ordonna-t-il, l'air en colère. « Oncle, si tu touches Briony, je te tue. »

Je ris, rajustai mon équipement et me levai. Pourquoi fallait-il qu'on emmène ces gamins ?

« Où vas-tu ? » demanda Alastair alors que je commençais à descendre la colline.

« En finir », dis-je, montrant mes longs ongles.

Je m'approchai silencieusement de la maison en bois, visant l'homme debout près de l'entrée.

Je le mordis, bus son sang et jetai son corps sur le côté. Son sang avait un goût horrible.

J'allais défoncer la porte de la maison quand je m'arrêtai. Il y avait un goût étrange qui persistait dans ma bouche après le sang que je venais de boire.

Ce n'étaient pas des vampires, ces traîtres. C'étaient des démons déguisés en autre chose.

« Merde ! » jurai-je, sautant de côté juste à temps. Quelque chose s'écrasa là où je me tenais un instant plus tôt, plantant une grande hache dans le plancher de bois.

« Quel beau spectacle », dit une voix rauque.

Trois inconnus sortirent, tenant des armes. Je me retournai pour leur faire face au moment où Alastair en plaquait un au sol.

« Toujours à faire les choses à ta façon », dit Briony d'une voix colérique tandis que Maximilian affrontait un autre démon.

« La ferme ! » lui criai-je en retour, mais Briony me donna un violent coup de pied dans le genou, me faisant tomber au sol.

Elle grogna et me donna un coup de pied dans la poitrine. « Je ne sais pas ce que Maman te trouve, mais tout ce que je vois c'est un problème », dit-elle avec colère.

J'enfonçai mes griffes dans le sol, essayant de toutes mes forces de ne pas m'énerver.

« Tu dépasses les bornes, Briony ! »

« Non— » Le cri de Maximilian l'interrompit. Briony me lança un dernier regard furieux avant de se retourner pour aider son frère.

Je me relevai et regardai autour de moi. Trois autres tueurs sortirent de la maison, nous encerclant.

Je bougeai rapidement, attrapant l'un d'eux par le cou et le projetant au sol. Le bruit de sa nuque qui se brisait m'indiqua que je l'avais tué.

« Il y en a d'autres ? » demandai-je à Alastair, qui s'était déplacé pour se tenir derrière moi.

« Je ne suis pas sûr », grogna-t-il. « Il semble y en avoir plus que ce qu'on pensait au départ. »

Je sortis mon épée, prêt à leur trancher la gorge.

« N'envisage même pas de boire leur sang. Trouve quelqu'un d'autre ou attends qu'on soit de retour au clan si tu as besoin de sang », me prévint Alastair.

« Tu me crois assez stupide pour faire ça ? »

« Tu as déjà bu le sang de l'un d'entre eux. Alors oui, tu es capable de tout », répliqua-t-il.

Je me ruai sur le démon, le tuant rapidement. Je passai au suivant, puis au dernier, lui tranchant la gorge proprement. Une fois qu'ils furent tous morts, nous nous tournâmes pour regarder la maison.

« On devrait la brûler », suggéra Maximilian.

« NON ! » dis-je fortement, levant le bras pour l'arrêter.

« Oncle, il y a des démons à l'intérieur. Finissons-en vite pour gagner du temps », argumenta Maximilian, écartant mon bras.

Je sifflai, le faisant s'arrêter. « Il y a quelqu'un à l'intérieur. »

« Tu es sûr ? » demanda Briony, accourant vers nous.

« Oui, un ou deux humains », dis-je, me concentrant sur la maison. Il semblait y avoir un sous-sol dont nous ignorions l'existence. « Allons vérifier à l'intérieur », suggérai-je.

« Non ! » dit Alastair, m'arrêtant.

Maximilian m'attrapa le bras et me tira en arrière. « Luna ira. »

« Quoi ? » dis-je avec colère. « Pourquoi elle ? »

Luna, debout à côté de moi, ne semblait pas s'en soucier.

« Je peux m'en charger ! » Je lançai un regard déterminé à Alastair, mais tout ce qu'il fit fut de grogner en réponse.

« Luna, peux-tu aller vérifier ? Si c'est dégagé, tu sais quoi faire », lui dit Alastair.

J'acquiesçai, regardant Luna disparaître de ma vue. J'essayai de me dégager de l'emprise de Max et Alastair. Quelque chose dans cette situation me semblait anormal. Ça ne me paraissait tout simplement pas correct.

Soudain, je me retournai pour faire face aux bois derrière la maison, entendant un bruissement. Je poussai Maximilian hors du chemin. Briony cria, mais j'étais déjà attaqué par quelqu'un. Nous roulâmes tous les deux le long d'une colline à côté de la maison. J'essayai de voir son visage, mais nous continuions à rouler, heurtant des rochers au passage.

Je gémis, me remettant rapidement sur pied. Je me retournai pour faire face à mon agresseur, regardant la grande et effrayante silhouette devant moi. Je plissai le nez face à la puanteur des démons.

Je jetai un coup d'œil en haut de la colline, vers la maison et les autres, entendant des grognements et d'autres bruits. N'ayant pas d'autre choix, je me préparai à attaquer.

J'essayai d'agripper le visage du démon très rapidement, mais il s'écarta et me frappa à l'estomac. Je crachai du sang, mais me repris vite et attaquai de nouveau.

Apercevant un gros rocher, je le ramassai et le lançai, distrayant le démon suffisamment longtemps pour le frapper directement. Je saisis son visage, surpris, et le fracassai contre un autre rocher. Je le maintins au sol de tout mon poids. Puis je soulevai sa tête et l'écrasai contre le rocher trois fois jusqu'à ce que sa cervelle soit répandue partout.

Je m'essuyai la main sur mon pantalon avant de courir rejoindre les autres. D'autres démons étaient apparus, et tout le monde était encerclé.

« D'où sortent tous ces types ? » demandai-je en rejoignant les autres.

Briony grogna. « C'est un piège. »

Alastair cria à Maximilian, qui retirait ses gants pour révéler des griffes acérées sur ses mains.

Je me retournai pour voir Briony se placer devant Maximilian. Les jumeaux commencèrent à tracer un grand symbole magique, tournant l'un autour de l'autre.

« On s'en va ? » demandai-je.

Alastair répondit avec un regard inquiet. « Oui, c'est un piège, et nous sommes désavantagés. Je ne peux pas risquer que Maximilian ou Briony soient blessés. Amari et Maximus nous tueraient. »

Je me raidis, sachant qu'il avait raison. Même avec le pouvoir des deux dragons, nous avions peur d'attaquer.

« Entrez dans le cercle », ordonna Briony. Nous obéîmes tous les deux, mais alors que je faisais un pas, je me souvins de Luna.

« Je ne peux pas. »

« Quoi ? » Briony fronça les sourcils.

Je me tournai vers Alastair et dis : « Luna est toujours à l'intérieur. On ne peut pas la laisser derrière. »

« Elle peut se débrouiller toute seule ! » Briony tira sur mon bras, l'air très agacée.

« Non, allez-y sans moi », dis-je. « Je vais la chercher et je vous rattraperai. »

Briony me lâcha avec un grognement frustré.

« Crève, connard », dit-elle doucement, me faisant sourire. Je fis un signe de tête au groupe et entrai rapidement dans la maison tandis que les autres essayaient de distraire les démons.

La maison était un vrai capharnaüm. Je trouvai un escalier et une entrée ouverte après avoir parcouru quelques couloirs. L'odeur qui montait du sous-sol était si nauséabonde que j'eus envie de vomir. Je doutais que quiconque soit encore en vie là-bas.

« LUNA ! » appelai-je, mais il n'y eut aucune réponse, pas même un bruit.

Arrivé en haut des escaliers, je regardai autour de moi dans les couloirs. Des torches éclairaient les murs, et des toiles d'araignées y pendaient comme des décorations.

Je fermai les yeux, essayant de percevoir Luna. Mes sourcils se froncèrent lorsque je captai enfin une odeur familière. Mes yeux s'ouvrirent brusquement, et je courus vers la gauche. La distance de l'odeur suggérait qu'il s'agissait d'un tunnel souterrain, pas d'un sous-sol. En courant dans chaque couloir, je remarquai les diverses portes et cages.

Finalement, j'aperçus Luna en tournant la tête. À ma grande surprise, elle était inconsciente sur le sol.

« Luna ? » Je m'agenouillai à côté d'elle et la soulevai. Il y avait une large blessure sanglante sur sa tête.

J'avalai difficilement ma salive. L'odeur était si tentante ; mes dents commencèrent à s'allonger sans que je puisse les contrôler. Je la lâchai rapidement et tombai en arrière. Je devais m'éloigner avant de perdre le contrôle et de faire quelque chose de stupide.

Je couvris ma bouche d'une main gantée. Je sentais mes dents pointues entailler ma lèvre inférieure. Était-ce l'odeur dont Lorcan et Alastair avaient parlé ?

Ma bouche salivait devant ce mélange de cannelle et de vanille. Je me retournai pour regarder le couloir d'où je venais en entendant une forte explosion. J'attrapai sa veste, essayant de couvrir sa blessure, la déchirant en morceaux jusqu'à ce que je parvienne à couvrir une partie de ses plaies.

Une fois que je fus sûr qu'il n'y aurait plus de saignement, je la soulevai.

« On dirait qu'il va falloir trouver une autre sortie », dis-je.

Je m'élançai dans le couloir, portant Luna dans mes bras.

***

Nous courions depuis presque une heure, et nous n'avions toujours pas trouvé de sortie. Ce qui m'inquiétait le plus, c'était l'étendue de cet endroit. C'était comme un labyrinthe. Il y avait des portes et des couloirs menant à toutes sortes d'endroits.

Je m'appuyai contre le mur, décidant de faire une pause. Luna ne s'était toujours pas réveillée.

« J'aurais dû te laisser mourir. »

Heureusement, j'avais réussi à contrôler mon côté monstrueux. Je n'étais plus aussi attiré par elle qu'avant. Je me relevai et serrai Luna contre ma poitrine quand elle commença à faire du bruit. Je la regardai rapidement avant de me pencher et de glisser le long du mur.

« Hé ! » Je tapotai doucement sa joue en l'appelant. « Luna, réveille-toi ! »

Elle commença à faire des bruits. Je continuai à la gifler jusqu'à ce qu'elle ouvre enfin les yeux.

Ses yeux bleus rencontrèrent immédiatement les miens, me coupant le souffle. J'inclinai la tête sur le côté, soupirant de soulagement. Luna resta silencieuse, se contentant de me fixer.

« Tu es enfin réveillée. »

« Que s'est-il passé ? » Sa voix était rauque. Je l'aidai à s'asseoir, mais elle grimaça aussitôt.

« Tu as des blessures ? » demandai-je, suivant sa main jusqu'à son épaule.

Luna la frotta et dit doucement : « Ce n'est rien. » Je fronçai les sourcils mais décidai de ne pas insister.

Je n'étais même pas sûr de savoir pourquoi j'étais venu la sauver. Pourquoi étais-je venu ici si je voulais juste qu'elle disparaisse ?

« Que s'est-il passé ? » demanda Luna, regardant autour d'elle.

« Nous sommes au cœur d'un labyrinthe souterrain. Des démons nous poursuivent », lui expliquai-je rapidement avant de me lever.

« Et les autres ? » Elle prit ma main que je lui tendais. Je l'aidai prudemment à se relever et l'observai tandis qu'elle retrouvait son équilibre.

« Les autres sont déjà partis », dis-je en lâchant sa main. Je détournai le regard.

« Pourquoi sont-ils partis ? Et... » commença à demander Luna, le visage plein d'inquiétude.

Cette femme me stressait vraiment. « Ne t'inquiète pas, Luna. On doit juste trouver une sortie », l'interrompis-je et commençai à marcher.

« Tu aurais dû me laisser ici », dit-elle, me faisant m'arrêter et grogner.

« Tu crois que je n'en avais pas envie ? » Ses yeux s'écarquillèrent à mes paroles. « Mais je ne l'ai pas fait, comme tu peux le constater », dis-je doucement, ignorant son regard blessé. « Je suis venu te chercher, alors ne fais pas d'histoires et allons-y. »

***

Après un moment à marcher dans le labyrinthe, nous arrivâmes à un endroit où le chemin se séparait en deux.

« On devrait se séparer et explorer les différents chemins », suggéra Luna.

Je pris un chemin sans rien dire, et Luna prit l'autre. J'essayai de percevoir quelque chose en aiguisant mes sens, mais avant que je puisse réagir, quelque chose m'attaqua, et je fus projeté contre le mur.

Je grognai et donnai des coups de pied à ce qui m'attaquait. L'étrange créature bougea et me frappa. J'esquivai ses attaques, désorienté. Il bougeait rapidement et arrivait à me suivre. Me sentant impuissant, je sautai sur son bras et tentai de lui donner un coup de pied au visage.

Cette chose était si grande qu'il faudrait plus de deux personnes pour la vaincre.

Je tirai, essayant de lui briser le cou, enroulant mes bras autour de sa gorge. Tout l'endroit trembla lorsque la créature poussa un hurlement assourdissant. J'enfonçai mes ongles dans sa peau, la faisant crier encore plus fort.

Je fus distrait par le bruit de pas rapides. Était-ce Luna ? La créature bougea en entendant le bruit et me projeta contre un pilier.

Je jurai et me relevai rapidement pour la pousser hors du chemin, mais avant que je puisse me dégager complètement, les griffes de la créature s'enfoncèrent dans mon flanc, me faisant hurler.

« Votre Altesse ! »

La créature attaqua de nouveau, et je m'écartai.

« Pars, Luna », lui dis-je, elle qui semblait terrifiée.

« Mais— »

« Va-t'en ! » Elle sursauta quand je criai.

Je me relevai, vis à nouveau la créature et courus dans la direction opposée pour donner à Luna une chance de s'échapper. La créature était juste derrière moi.

« Merde ! » Je m'arrêtai, jurant entre mes dents. J'étais piégé dans un cul-de-sac.

Je me retournai pour trouver la grande créature me fixant d'un regard meurtrier, sa gueule couverte de sang. Est-ce ainsi que tout se termine ?

« Vraiment, j'aurais dû te laisser mourir », dis-je d'un ton agacé, regardant toujours la bête.

N'ayant pas d'autre choix, je me préparai au combat final. Même si j'étais épuisé par la perte de sang, je devais saisir cette opportunité. Je ne pouvais qu'espérer que Luna avait réussi à s'échapper.

« Très bien, finissons-en », dis-je avec un petit sourire. Je me ruai sur la bête, l'affrontant de face. Le monstre leva ses grands bras, et je glissai en dessous, lui donnant un violent coup de pied à la cheville et le faisant s'agenouiller.

La bête bascula en avant, son visage heurtant le mur dans un bruit assourdissant. Je ris, sautant sur son dos et utilisant mes griffes pour chercher ses yeux.

La bête poussa un hurlement déchirant tandis que je tirais de toutes mes forces. Le son était si puissant que tout l'endroit trembla, me forçant à me couvrir les oreilles.

C'est fini.

Le bras de la bête me frappa alors que je me remettais sur pied, m'envoyant voler à quelques mètres. Je n'arrivais plus à respirer, haletant pour trouver de l'air.

Ma vision se brouilla tandis que je toussais violemment. Utilisant mes dernières forces et tenant ma blessure, je commençai à m'éloigner.

Au moment où la créature allait attaquer à nouveau, quelqu'un apparut devant moi. Sa lumière violette éclatante bloqua la vue de la bête tandis qu'elle commençait à prononcer des mots dans une langue que je ne connaissais pas.

La voix m'appela : « Viens ! » et m'aida à me relever. « Il faut partir. »

M'appuyant sur elle, je dis doucement : « Alors tu n'as pas fui. »

La voix de Luna semblait légèrement amusée lorsqu'elle dit : « Je dois te protéger. »

Un sourire s'étala sur mon visage tandis que je disais avec difficulté : « Je croyais que tu étais ma gardienne quand je perdais le contrôle, pas mon garde du corps. »

« Oui, mais... » Luna me serra dans ses bras et dit doucement : « Je ne peux pas te laisser mourir pour moi. »

Je fronçai les sourcils, confus, mais elle se contenta de secouer la tête.

« Peu importe », dit-elle, juste au moment où un autre éclair lumineux nous enveloppa.