Dieu merci, elle ne pouvait pas entrer à l'arrière.
Samantha Hastings.
Son cerveau fut pris au dépourvu. C'était bien elle, mais elle avait changé. La dernière fois qu'il l'avait vue, elle ne ressemblait pas à ça. Avait-elle toujours eu ces courbes ? Deux choses l'avaient empêché de s'en rendre compte : d'abord, la grande salopette qu'elle portait à l'époque. Ensuite, il avait 22 ans et ne la regardait pas sous cet angle parce qu'elle était jeune.
Mais maintenant ? Il avait du mal à détacher son regard d'elle.
Elle avait mûri.
Il le savait. Pas besoin de se le répéter. Mais pourquoi agissait-elle comme si elle ne le connaissait pas ?
Il avait plein de questions : Que faisait-elle ici ? Pourquoi conduisait-elle une voiture en si mauvais état ? Avait-elle des soucis d'argent ? Rien de tout cela n'avait de sens.
Il savait que sa famille planifiait leur vie dès la naissance.
C'était comme ça pour son frère. Ne devrait-ce pas être pareil pour elle ? Impossible que ses parents l'aient envoyée ici sans le sou.
Pouvait-il lui demander ? Il fallait qu'il lui parle. C'était sa voiture qu'il réparait. Mais pas ce soir. Il devait commander des pièces, et il ne pouvait pas tout réparer maintenant.
Il devait lui parler. Après l'avoir appelée Sam.
Il soupira et ouvrit la porte. Elle était là, Sam, qui l'attendait.
Elle semblait contrariée. « Tu savais ? »
Il eut un petit rire, se frottant la nuque. Pas de doute, c'était bien elle. « Toi aussi, tu savais », dit-il.
Elle avait l'air agacée. « Je n'étais pas sûre », dit-elle.
« Sam... »
Que devait-il dire ? Des années s'étaient écoulées. Ils n'étaient pas amis. Stephen était son ami. Samantha était sa petite sœur.
Elle recula. « Et ma voiture ? »
« J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle », dit-il. Sam ne voulait pas non plus parler de lui. Peut-être qu'elle connaissait son histoire. Peut-être que Stephen lui avait raconté.
« Oh, super », dit-elle, l'air mécontent.
« La bonne nouvelle, c'est que je peux la réparer. »
« Et la mauvaise ? »
« Tu ne l'auras pas ce soir. »
« C'est pas grave », dit-elle. « Je peux... ouais, c'est bon. Attends. Combien ça va me coûter ? »
Bonne question. Il n'avait jamais pensé à l'argent avec la famille Hastings. Mais maintenant, il n'était pas sûr. « Deux cents euros. » C'était vraiment pas cher.
« Tu es sûr ? »
« Tu veux que je te facture plus ? »
Elle leva les mains. « Non. Trop tard, tu as fixé ton prix. Je l'ai entendu. Tu ne peux pas revenir dessus ! »
Il rit. « Alors deux cents euros, c'est ça. Laisse ton numéro, on t'appellera quand ce sera prêt. »
Elle hésita, puis écrivit son numéro et le lui donna. « D'accord, eh bien, merci. »
« D'accord », dit-il. « Tu... tu veux qu'on t'appelle un taxi ? »
« Non, je prendrai le bus », dit-elle, sans le regarder.
Elle ne bougeait pas. Il remarqua des cernes sombres sous ses yeux. Elle avait l'air épuisée.
« Je... je peux te ramener chez toi si tu veux. »
« Je... eh bien. » Elle regarda la porte. « Eh bien. »
« Sam, tu sais que je ne suis pas un mauvais bougre. »
Voulait-elle plus ? Que voulait-elle qu'il dise ? Elle était la petite sœur de Stephen. Mais elle n'était plus si petite.
Il la regarda à nouveau, essayant d'être discret. Elle n'était plus une gamine. La façon dont son pull lui allait le montrait bien.
Non.
Il ne devait pas penser comme ça à une fille qui portait autrefois des couettes. Oui, c'est à ça qu'il devait penser. Et à son problème actuel.
Un trajet.
Parce que son ami voudrait savoir si sa sœur était rentrée en sécurité.
Son ami qui ne lui avait pas dit que Samantha avait déménagé ici. Il savait que Chase vivait dans le coin. Pourquoi ne lui avait-il pas demandé de veiller sur elle ?
« D'accord. »
Il sourit et lui fit signe de le suivre. « Viens. »
Samantha le suivit. Quand elle vit sa moto, elle parut surprise. « Une... une moto ? »
Il se retourna et sourit. « Une moto. » Il prit son casque. « Mets ça. »
Samantha le prit d'une main tremblante. « Et toi ? » demanda-t-elle.
« T'en fais pas pour moi. » Il ne roulait généralement pas sans casque, mais Samantha allait être sur sa moto. Il serait prudent.
« Les motos sont dangereuses. Tu as besoin d'un casque. »
Elle était têtue. « Je l'ai déjà fait. Ça ira. Ne t'inquiète pas. »
« Ce n'est pas parce que rien de mal n'est arrivé avant que ça n'arrivera pas cette fois. »
Il n'allait pas gagner. « Si je prends un autre casque, tu arrêteras ? »
Elle sourit. « Oui. »
Il alla à l'intérieur du garage pour prendre un autre casque.
« Contente ? » dit-il en revenant avec.
« Oui. »
« Maintenant, où habites-tu ? »
Elle réfléchit. « Tu connais le terrain de foot ? »
« Près de la vieille école ? »
Elle hocha la tête.
« Oui. »
« J'habite juste à côté. »
Il essaya de ne pas montrer sa surprise. Ce n'était pas un quartier chic. Peut-être qu'il se trompait.
Samantha ne bougeait pas pour monter sur la moto. Il leva un sourcil. Oh. Il secoua la tête en souriant. Il s'approcha d'elle. Chase posa ses mains sur sa taille et la souleva pour la mettre sur la moto.
Elle laissa échapper un petit cri. Il se tint devant elle pour la stabiliser, mais elle ne s'accrocha pas à lui.
Il rit. « Tu peux te tenir toute seule, mais ce serait plus sûr de t'accrocher à moi. »
Samantha resta immobile, les bras le long du corps. Pendant un instant, il se demanda si c'était une bonne idée. Il n'avait pas de problème avec les femmes qui le touchaient.
Il haussa les épaules et démarra la moto.
Trois... deux... un...
Dès qu'ils commencèrent à bouger, elle agrippa fermement sa chemise.
Il pouvait la sentir proche de lui.
En quelques minutes, il s'arrêta près du terrain de foot. Son cœur se serra. Elle allait dire qu'elle habitait un peu plus loin.
Même après qu'il eut éteint la moto, elle resta silencieuse. Elle le tenait toujours fermement.
Peut-être qu'elle n'avait pas remarqué où ils étaient.
« Sam ? »
« Hmm ? » Sa voix tremblait.
« C'est ici que tu habites ? »
Il l'entendit déglutir. Elle le lâcha et regarda le vieux bâtiment. « Ouais. »
Oh non.
Cet endroit avait l'air vraiment miteux. Sa famille savait-elle qu'elle vivait ici ? Ils ne la laisseraient pas rester dans ce taudis.
« Tu es sûre ? »
« Oui », dit-elle, l'air en colère.
Puis elle essaya de descendre de la moto mais perdit l'équilibre.
Il la rattrapa. Sa moto tomba au sol.
Elle leva les yeux vers lui.
Ses yeux.
C'est sur ça qu'il devait se concentrer.
Pas sur ses lèvres roses légèrement entrouvertes.
Qu'est-ce qui n'allait pas chez lui ? Il n'était plus un ado.
Il ne pensait pas qu'elle serait ici. Il ne pensait pas qu'elle serait devenue une femme. Et pourquoi était-elle ici toute seule ?
« M-merci. »
Elle serra les poings.
C'était comme si on lui avait donné un coup de poing. Il s'éclaircit la gorge.
« Je vais t'accompagner à l'intérieur. »
« Chase, je suis une grande fille. Je peux rentrer toute seule. Je le fais tous les soirs depuis longtemps maintenant. »
Il n'entendit rien après qu'elle eut prononcé son nom. Pourquoi cela sonnait-il si naturel ? Pourquoi cela faisait-il battre son cœur si vite ?
Et la voilà, les mains sur les hanches, pendant qu'il avait de mauvaises pensées. Génial.
« Sam. Pourquoi vis-tu ici ? »
« Qu'est-ce que tu veux dire ? »
« Tu sais ce que je veux dire. »
« Ça ne te regarde pas. »
« Voici tes options, Sam. Soit tu me laisses t'accompagner en haut, soit tu t'expliques. »
« Pourquoi ça t'intéresse ? »
Ce n'était pas ses affaires. Sa famille était au courant. Mais ça ne semblait pas correct.
« Ce n'est pas le meilleur endroit pour vivre. »
« J'y vis depuis un an. Je vais bien. »
« Sam— »
« Merci pour le trajet, Chase. Fais-moi savoir quand ma voiture sera prête. »
Il la regarda se diriger vers le bâtiment. Il ne pouvait pas la suivre. Elle entra rapidement. Pas d'entrée pour Chase.
Il mit ses mains dans ses poches et la regarda monter les escaliers. Puis il compta les fenêtres—huit. Il attendit un signe de vie, tapotant des doigts.
Allez, Sam.
Les secondes passèrent, et pas de lumière. Il s'impatientait.
Puis, la fenêtre de gauche au dernier étage s'alluma, et il laissa échapper un soupir.
Pourquoi cela importait-il ?
Il n'avait pas pensé à elle. La famille appelait, et il aidait—c'était simple.
Sa vie maintenant ? Le garage, aider sa tante et son oncle. Tout le reste en suspens. Pas de temps pour autre chose.
Elle n'avait aucune idée de cette version de lui. L'ancien Chase, le type égoïste—c'était de l'histoire ancienne.
Plus de place pour cette personne maintenant. Et autant qu'elle ne savait rien de lui, il ne savait rien d'elle. Sa vie, sa famille—autrefois importantes, plus maintenant.
Cette vie n'était plus son chemin. Plus de faux-semblants.
Réparer sa voiture, puis retour à sa vie.
