Je suis le genre de frère qui s'inquiète toujours des fréquentations de mes sœurs. Je ne cherche pas à les contrôler, mais je ne veux pas non plus qu'elles souffrent.
Je ferais n'importe quoi pour les protéger des types qui pourraient leur faire du mal. Mon père m'a appris à respecter les femmes et à veiller sur elles, en particulier mes sœurs et ma mère.
J'en fais peut-être trop en essayant d'effrayer les garçons, mais là, je suis vraiment en colère contre Carter. Il est censé être mon bon copain, mais il essaie de sortir avec ma sœur de 15 ans.
Je sors de la maison de la meute pour lui parler. Il est derrière avec Jeremy, assis sur la clôture à regarder la grande cour. Je suis certain qu'il peut sentir ma colère.
En marchant vers Carter et Jeremy, je ne peux m'empêcher de serrer les poings. En tant qu'Alpha, je dois garder mon sang-froid.
Mon père essaie de m'apprendre à ne pas m'emporter si vite, ce qui n'est pas une mince affaire. D'habitude, je frappe un sac de frappe ou je cours comme un fou pour me défouler.
Je m'arrête devant Carter et Jeremy, mais avant que je puisse ouvrir la bouche, Carter saute de la clôture et s'avance vers moi, tendant la main pour me saluer. Je regarde sa main puis son visage.
Son œil gauche a un tic nerveux. Je lui serre la main fermement.
« Écoute, Max, je ne veux pas te manquer de respect, ni à ta sœur. Je l'aime vraiment bien et je ne lui ferais jamais de mal. J'espérais qu'elle pourrait m'aider à m'entraîner au combat », dit-il avec un sourire crispé.
Je lâche sa main et hoche la tête, réfléchissant à ce que je vais dire. Je fais les cent pas devant Carter et Jeremy, les observant alors qu'ils me regardent en silence.
Je me tourne vers Jeremy et demande : « Tu penses que j'en fais trop ? Tu as une petite sœur. Comment réagirais-tu si moi ou Carter lui demandions de sortir ? »
Jeremy soupire et descend de la clôture. « Écoute, ma situation est différente. Tu vas devenir l'Alpha de cette meute, donc tu dois te tenir à carreau.
Je comprends que tu ne veuilles pas que ta famille ait mauvaise réputation. Pour ma sœur, si le gars est réglo, je serais probablement d'accord. »
Il marque un point. Carter est un bon gars, et je préfère que quelqu'un que je connais sorte avec mes sœurs.
« Mais », ajoute Jeremy, « je préviendrais clairement le gars que s'il fait du mal à ma sœur, il aura affaire à moi. Même si c'était toi, Max. »
Je hausse un sourcil, pas convaincu qu'il puisse me battre, mais je comprends ce qu'il veut dire. Je ne veux rien dire ou faire que je regretterais, et je ne veux pas que mes sœurs m'en veuillent.
Melanie essaie déjà de me cacher des choses sur les garçons. Elle n'a jamais eu de petit ami, mais elle ne me parlerait jamais des garçons qui lui plaisent.
Je grogne pour montrer mon accord, ce qui ne me ressemble pas. « D'accord. Carter, si tu veux inviter ma sœur au bal, tu peux. Ça ne me plaît pas, mais je te fais confiance. »
Il sourit un instant, mais s'arrête quand je dis : « Mais tu dois d'abord demander à l'Alpha. Il aime faire les choses à l'ancienne. »
Les yeux de Carter s'écarquillent de surprise. « Tu ne peux pas être sérieux. »
« Oh si, je le suis. Si tu arrives à parler à l'Alpha, tu pourras inviter ma sœur au bal. Mais n'oublie pas, si elle dit non, tu laisses tomber. Compris ? »
Je le regarde droit dans les yeux. Carter déglutit et dit : « D'accord. »
Il se dirige vers la maison de la meute, probablement pour demander à voir mon père. Ça promet d'être intéressant.
« J'espère que je ne vais pas le regretter », dit-il doucement en tournant au coin de la maison. Quand Carter est parti, Jeremy laisse échapper un petit rire.
« Max, tu ne lui facilites pas la tâche. Mais s'il a le cran de demander à l'Alpha Sebastian, tu sais qu'il ne fera pas de bêtises. »
Je hoche la tête vers Jeremy. « Allons à la salle de sport. J'ai besoin de taper dans les sacs. »
Je crois que je perds la raison. Me voilà sur le point de solliciter une audience auprès de l'Alpha Sebastian, l'un des alphas les plus puissants du pays.
La sueur me coule dans le dos tandis que je gravis les marches de la Maison de la Meute. Max est vraiment trop protecteur.
Nous sommes amis depuis toujours. Je ne suis pas un mauvais bougre, tout de même.
Je n'ai jamais connu l'amour charnel, mais ça, je le garde pour moi. Les autres joueurs de l'équipe de foot se moqueraient bien de moi s'ils le savaient, vu que j'en suis le capitaine.
Les élèves humains de notre école ont la cuisse légère. Ils ne croient pas aux compagnons et ne respectent guère les filles.
Je n'apprécie pas leur façon de parler des nanas, mais je ne m'en mêle pas. J'ai eu pas mal de rencards, et les filles m'apprécient pour mes talents au foot.
Seuls les autres loups-garous savent que nous sommes plus forts et plus rapides, et nous ne pouvons révéler notre secret aux humains. J'entre dans la Maison de la Meute et me dirige vers les bureaux de l'Alpha et du Bêta.
Mindy, la réceptionniste, tape sur son ordinateur. Elle lève les yeux et me sourit :
« Salut Carter. Qu'est-ce qui t'amène ? »
Je reste planté là, les mains dans les poches, cherchant mes mots.
« Euh, je me demandais si l'Alpha avait un moment pour discuter. »
« D'accord, c'est à quel sujet ? Tu sais qu'il est très pris », dit-elle en souriant.
« Je sais. C'est personnel, je préfère ne pas en parler. Désolé », je réponds, espérant qu'elle ne m'en voudra pas.
« Je vois », dit-elle, l'air intrigué. « Je vais demander à Serena quand elle sortira de son bureau. Assieds-toi là-bas en attendant. »
Elle me montre une chaise contre le mur. J'acquiesce et m'assois.
Je n'arrive pas à tenir en place. J'ai les mains moites et je suis sur des charbons ardents.
J'ai l'impression de faire une demande en mariage, pas juste d'inviter une fille au bal. Je me rends compte à quel point je suis ridicule.
Je reste assis ce qui me semble une éternité, regardant Mindy taper, sans remarquer mon anxiété. Enfin, la Luna arrive dans le couloir.
Mindy se lève pour la saluer, et je me lève d'un bond aussi.
« Oh, arrêtez », nous dit la Luna en nous faisant signe de nous rasseoir.
Elle n'aime pas qu'on en fasse des tonnes, c'est pour ça que la meute l'adore. C'est quelqu'un de gentil et généreux qui prend toujours le temps d'écouter les membres de la meute.
« Luna, Carter ici présent voudrait parler à l'Alpha. C'est privé », dit Mindy en mimant des guillemets autour de « privé ».
« Vraiment ? » La Luna semble surprise par mes propos. Elle remarque mon stress et sourit, me faisant un clin d'œil amical.
« D'accord alors. Allons voir l'Alpha, Carter », dit-elle en s'engageant dans le couloir. Je ne bouge pas, réalisant ce qui se passe.
Quand elle voit que je ne la suis pas, elle se retourne. « Tu viens ? »
« Oui, Luna. Excusez-moi. » Je me sens gauche et je la suis.
C'est maintenant ou jamais, je suppose. Nous entrons dans le bureau de l'Alpha.
Il est au téléphone et nous fait signe d'attendre. Quand il a terminé, il raccroche et demande :
« Que se passe-t-il ? »
Il regarde la Luna et moi.
« Carter voulait vous parler. Il a dit que c'était privé et n'a pas voulu en dire plus à Mindy. »
Elle se tourne vers moi. « Tu veux que je reste, Carter ? » Elle aide toujours les membres de la meute pour les questions personnelles.
« Si ça ne vous dérange pas, Luna. Ça vous concerne un peu aussi », dis-je avec un petit sourire.
« D'accord alors », dit-elle en fermant la porte et s'asseyant sur les genoux de l'Alpha. Elle me fait signe de m'asseoir dans le fauteuil en face du bureau.
Elle regarde l'Alpha d'une manière spéciale et lui fait un clin d'œil. Je le vois se détendre et j'espère qu'un jour, j'aurai ce genre de connexion avec ma compagne.
« Carter, tu peux parler de ce dont tu as besoin », me dit l'Alpha. Je m'éclaircis la gorge, mal à l'aise alors qu'il m'observe attentivement.
C'est comme s'il pouvait lire en moi. Je n'ai jamais mis les pieds dans le bureau de l'Alpha auparavant, même quand je traînais avec Max.
Je regarde autour de moi un instant, voyant des étagères remplies de livres sur les murs. Il y a des photos de famille et des objets anciens sur les étagères, et un grand fauteuil avec un repose-pieds près de la grande fenêtre.
Il y a une lampe de lecture sur une petite table à côté. J'arrête de regarder autour de moi et me concentre à nouveau sur l'Alpha et la Luna.
« En fait, c'est Max qui m'envoie », dis-je. « On a discuté. Il m'a dit que je devrais venir vous voir, Alpha. »
Je remarque que mes mains agrippent fermement les accoudoirs du fauteuil. Je prends une grande inspiration et essaie de détendre mes mains.
« Tiens donc. Il ne m'a pas dit que tu venais. Quand lui as-tu parlé ? » demande l'Alpha.
« Il y a environ une demi-heure », dis-je. « Je voulais vous parler, monsieur, avant de perdre mon courage. »
Je n'arrive pas à croire que je viens de dire ça. On nous apprend à ne jamais montrer de peur dans notre entraînement de guerrier.
L'Alpha rit légèrement. « Je dois avoir l'air plutôt effrayant. » Il se tourne vers la Luna, lui donnant un doux baiser et un sourire.
Si seulement il savait. Tout le monde le respecte énormément, mais on sait aussi qu'il ne fait pas de cadeau à ses ennemis.
On chuchote sur sa dureté lors des interrogatoires et sur ses talents au combat. Je prends une autre grande inspiration.
« Avec tout le respect que je vous dois, Alpha, les gens vous admirent beaucoup. C'est juste que ce que je dois vous demander... ça pourrait vous contrarier. Ou peut-être pas. J'espère que non. »
Je ressens une légère douleur. Maintenant, il est vraiment attentif, tout comme la Luna. Ils ont tous les deux l'air plus alertes.
J'aimerais ne pas avoir dit ça. « Continue », dit l'Alpha d'une voix basse.
Je vois la Luna caresser doucement sa joue. « Oui, Alpha. Je voulais vous demander votre permission, monsieur.
J'aimerais inviter Selene au bal de printemps. Max n'aimait pas l'idée au début, mais il a dit qu'il sait que je ne lui ferai pas de mal.
Il m'a dit que je devais vous en parler, pour avoir votre permission, monsieur. » J'avale difficilement, me sentant très nerveux.
Je ne savais pas à quoi m'attendre, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il rie autant. Je le regarde, les yeux écarquillés.
La Luna se contente de me sourire, tandis que l'Alpha continue de rire. Il rit encore quand il me répond.
« Max a dit ça, hein ? Mon fils ne cesse de me surprendre. » Il me regarde, l'air plus sérieux maintenant.
« Quelle réponse penses-tu que je devrais donner, Carter ? »
« Je... Euh... »
