L'Esclave du Dragon - Couverture du livre

L'Esclave du Dragon

C. Swallow

Chapitre 6

Madeline

Je refuse d’aller plus loin. Haël vient de me défier de m’approcher, et de le traiter de « salaud barbare » une fois de plus... mais quelque chose ~me dit que ce n’est pas dans mon intérêt.

Il s’avère que je n’ai pas le choix.

Ma simple robe d’esclave se resserre contre moi, et elle me tire soudainement en avant, involontairement.

Mes bottes traînent et raclent le sol de la grotte alors que j’essaie de résister. Je me retrouve trop rapidement à quelques centimètres de lui.

« Il est clair que vous aimez utiliser la force pour arriver à vos fins », dis-je en serrant les dents, mais mon comportement ne le perturbe pas.

« Jusqu’à ce que tu apprennes à m’obéir sans hésitation, la force est le seul moyen de te gérer, et je ne dis pas ça à la légère. »

Haël regarde à nouveau mon cou et je me demande si je l’ai énervé au point de le rendre violent. « Je pense devoir mettre une chaîne autour de ton joli cou, Madeline. »

Pendant que je reste bouche bée suite à ces mots, le sang me monte aux joues sous l’effet de la gêne, la surprise et la colère. Haël s’efforce de ne pas rire, tout en tournant les talons et en se dirigeant à nouveau vers le couloir.

Je le suis, incrédule devant les choses qui sortent de sa bouche. Une chaîne...

J’espère qu’il veut parler d’un joli collier et pas de ce que je pense ~qu’il veut dire. Alors que je marche à contrecœur derrière lui, la lumière filtre enfin dans les couloirs de la grotte car nous approchons d’une vraie salle.

Je peux aussi entendre le bruit de l’eau qui coule.

Lorsque nous entrons, je m’arrête au bout de quelques pas, et mes yeux s’écarquillent de surprise devant la taille de la pièce. Je vois l’énorme chambre à coucher éclairée, honnêtement assez grande pour accueillir vingt personnes.

Le lit est énorme et constitue la pièce maîtresse contre le mur du fond, avec un énorme tapis rouge tissé devant. Je suis surprise. Il doit préférer dormir sous sa forme humaine.

Mes yeux s’écarquillent encore plus lorsque je remarque qu’un mur entier accueille une douche naturelle, avec de l’eau qui s’écoule d’un plafond en saillie... et le bassin en dessous, peu profond, est taillé pour en contenir une petite quantité.

On peut se tenir sous la roche saillante et se doucher avec l’eau ou s’asseoir et se baigner dans le bassin.

Ma peau me démange, j’ai envie de sauter dedans et de nettoyer la sueur et la saleté de cette dure journée.

Cependant, je ne suis pas sûre que la douche soit la partie la plus tape-à-l’œil de la pièce, car l’autre moitié de la pièce contient un trésor... et des cages dorées.

Chacune est assez grande pour qu’une esclave y réside. Par cela, je veux dire que les cages ont des petits lits à l’intérieur. ~

J’ai soudain peur d’aller plus loin. Je décide d’ignorer les cages. Si je les regarde trop longtemps, je vais commencer à penser qu’il y en a quatre et qu’elles sont toutes vides.

Et que je suis la seule femme ici...

Il est si brutal, si primitif, si mauvais. Ce n’est pas bien et maintenant, rien que d’y penser, une petite étincelle de colère s’allume en moi. Mais la peur l’emporte toujours.

Je n’ai pas d’armes, ni aucun moyen magique de m’échapper. Je ne peux pas me permettre d’être en colère maintenant alors que je suis à sa merci.

Je dois évaluer la situation soigneusement, sans me presser, et ensuite trouver un moyen de sortir d’ici.

Je regarde Haël se diriger vers une cheminée entre son lit et l’immense cascade ouverte et privée.

« Comment allez-vous me punir ? » décidé-je de demander. « Au moins, mettez fin à mon tourment et dites-moi ça. Je sais que vous devez le faire, parce que je n’ai pas rempli mes tâches habituelles et vous pensez que j’ai essayé de m’échapper. »

Je dis tout cela à la hâte, en le regardant allumer le bois sec dans la cheminée.

« Es-tu si impatiente de découvrir ce que je réserve à ton petit esprit innocent, Madeline ? »

Le sourire cruel de Haël est éclairé par le feu alors qu’il se tourne lentement pour me regarder, restant maladroitement debout près de l’entrée, refusant d’entrer davantage.

« Je ne comprends pas pourquoi vous me voulez autant », murmuré-je d’une voix calme.

« Tu crois que je te veux juste pour ta compagnie ? Sais-tu au moins ce que j’entends par compagnie ? » Le sourire de Haël ne fait que grandir. « À t’entendre, on dirait que je te désire comme une partenaire, une compagne. Je ne veux pas de toi dans ce sens. »

« Mais vous... eh bien, j’ai entendu dire ~que vous aviez banni toutes vos esclaves personnelles. Sinon, pourquoi auriez-vous banni toutes ces femmes de votre lit, juste pour me traîner ici le jour de mon dix-huitième anniversaire ? »

Tout cela me rend vraiment confuse.

« Sans compter que je serais une esclave épouvantable sur laquelle compter, et vous le savez déjà. Layla n’arrive même pas à me faire filer droit. Pourquoi voulez-vous que ce soit moi qui vous serve ? »

Je regarde Haël aller jusqu’à son lit, assez grand pour dix personnes. Je remarque un bracelet doré et brillant posé sur la couverture en fourrure. Il le prend et me regarde.

« Ce jour où tu m’as tenu tête et tu m’as donné un coup de pied, alors que tu n’étais qu’une enfant, si petite et si fragile, tu m’as fait face sans la moindre once de peur dans tes yeux... », dit-il à voix basse, mais assez fort pour que je l’entende. « Je voulais te briser. »

Je prends un moment pour calmer ma très mauvaise envie de me mettre à trembler à cause de l’adrénaline. Au lieu de cela, je serre les poings et les orteils en grinçant des dents.

« Eh bien, quelle gentillesse ?! » arrivé-je à répondre, aussi sarcastiquement que je le peux. « J’avais 8 ans. »

Il y a un instant de silence et de tension pendant qu’il continue à me regarder.

« Plus maintenant, petite souris », il tend le bracelet vers moi. « C’était censé être ton cadeau d’anniversaire... mais je veux te faire une proposition. »

Je le regarde avec méfiance et je ne dis rien pour qu’il continue.

« C’est un bracelet d’esclave. Si tu ne veux pas l’accepter, ne le fais pas. Je te renverrai dans tes minuscules quartiers d’esclave où tu pourras faire le ménage pendant toute ta vie.

« Cependant, si tu choisis volontairement d’être mon esclave personnelle, dans un mois, je te laisserai retourner voir ton frère. »

« Je... je... Comment savez-vous pour mon frère ? » lui demandé-je en murmurant.

« Je reçois constamment des lettres de lui qui me demande de te rendre », révèle Haël.

« Qu’est-ce que ça implique d’être volontairement votre esclave ? » demandé-je à nouveau calmement, trop effrayée pour accepter tout de suite.

« Il suffit de placer ce bracelet à ton poignet, Madeline », répond Haël en reprenant son ton condescendant, retenant à peine un sourire en coin. « C’est tout. »

« Bon, très bien alors ». Je m’avance lentement. « Je vais le porter. »

Je décide d’accepter, même s’il ne sera jamais totalement transparent avec moi.

En réponse, les entraves de fer commencent aussitôt à se desserrer jusqu’à ce qu’elles tombent de mes poignets avec fracas sur le sol de la grotte derrière moi.

Oui. C’est la bonne décision.

Je vais pouvoir rentrer à la maison et enfin revoir Mason. C’est ce qui compte.

Je dois juste me montrer patiente. Un mois de plus dans l’asservissement, ce n’est rien.

« Tu le veux ? » demande Haël avec un tout nouveau type de menace dans sa voix. « Alors viens le chercher, Madeline. »

Je suis sur le point de lui prendre quand il l’éloigne d’une pichenette.

Il tombe sur le sol de roche dure, et commence à rouler directement vers une petite ouverture dans les murs de la grotte que je n’avais pas remarquée auparavant.

Je le suis, mais je ne cours pas comme un petit chiot impatient. Je dois garder un peu de dignité, même si c’est un salaud de me faire courir après ça.

J’entre dans la pièce sombre où le bracelet a roulé, et je me penche pour le ramasser.

Je serre le bracelet dans ma main, le glissant sur mon poignet alors que je me lève lentement. Je vois des choses en métal qui brillent dans cette pièce.

Cela attire mon attention, mais il fait si sombre que je peux à peine voir... et pour une raison que j’ignore, la faible lumière s’estompe encore plus.

Je me retourne vite pour voir qu’une porte métallique s’est refermée derrière moi, et je retiens ma respiration.

Qu’est-ce que...

« Hé ! » crié-je, paniquée. La lumière inonde soudain la pièce alors que des torches sur le mur s’allument d’elles-mêmes et je vois à quoi sert cet endroit.

Soudain, je peux voir ce qui tapisse les murs.

J’ai envie de vomir.

Mettre ce bracelet est la pire décision de ma vie.

Je te laisse visiter et jouer comme bon te semble, petite souris, et tu ne sortiras pas avant le lever du soleil. ~

Je suppose que c’est ce que Haël voulait dire par corrompre mon esprit d’abord.

Je dois passer la nuit enfermée dans une pièce dont les murs sont couverts d’armes et d’instruments de torture. C’est sa manière de faire une mauvaise blague ?

Ce ne sont pas des armes, regarde de plus près. J’attends tes questions, Madeline, et je répondrai à chacune d’entre elles. ~

Pourquoi me faites-vous ça ? Je retire ce que j’ai dit. Je ne veux pas du bracelet, vous pouvez le garder. ~Même dans ma tête, ma voix tremble maintenant. Je ne peux pas m’en empêcher.

Oh, tu as changé d’avis, ma puce ? C’est trop tard pour ça. ~Haël est bien trop satisfait de ma peur.

Je me retourne vers la porte, refusant de regarder les instruments sur le mur.

« Laissez-moi sortir, Haël ! Je vous en prie ! » Je ne peux pas m’empêcher de le supplier en tapant du poing sur la porte. « Haël ! »

« Fais de beaux rêves, douce petite souris », dit la voix de Haël derrière la porte avant qu’il se mette à rire et qu’un verrou s’enclenche.

« Non ! » Je m’éloigne de la porte en tremblant et les larmes me montent aux yeux.

Je me retourne, refusant de les ouvrir, refusant de regarder les instruments sur le mur.

Je comprends sans aucun doute qu’il prévoit de les utiliser tous sur moi à un moment donné... et je suis terrifiée.

C’est le pire anniversaire de ma vie.

Soudain, j’ai l’impression d’avoir à nouveau huit ans. Je suis sans défense. Je veux rentrer à la maison. Je veux que mon grand frère soit avec moi car je savais qu’il me protégerait.

Si j’avais Alexa avec moi, mon premier dragon de compagnie, elle me protégerait férocement.

Je glisse sur le sol glacé, en tenant mes genoux contre ma poitrine.

Mason... Summer... Dane... Goldy... Alexa... Si quelqu’un peut m’entendre... S’il vous plaît, aidez-moi. ~

Une fois que j’ai fini de prier intérieurement en espérant un miracle, je commence à fredonner. J’ai trop peur de chanter, mais je sais que le simple fait de fredonner un air m’éclaircira l’esprit.

Je dois juste tenir jusqu’au lever du soleil.

Puis je trouverai comment survivre le mois prochain avant qu’il me laisse voir mon frère.

Pour ce que j’en sais, ça pourrait être une fausse promesse.

Je n’aurais jamais dû accepter ce joli bracelet d’esclave en or.

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