« Moi, Antony Preston, je rejette Nadia Delante comme ma compagne. »
Ses mots résonnent encore dans ma tête, la blessure qu'ils ont causée toujours vive, crue et insupportable. J'avais ressenti le lien des compagnons dès que j'avais rencontré Antony, et j'étais ravie qu'il soit attiré par moi aussi. J'étais prête à passer le reste de ma vie à l'aimer et le soutenir.
Puis tout a changé. La nouvelle de mon lignage unique s'est répandue, et les rumeurs sur la louve blanche stérile se sont propagées comme une traînée de poudre.
Le soi-disant amour d'Antony pour moi s'est vite transformé en haine. Il ne supportait pas l'idée d'être lié à une louve qui ne pouvait pas lui donner d'héritier et m'a rejetée devant toute notre meute lors de notre cérémonie d'accouplement.
Je suppose que je devrais être reconnaissante de ne pas être coincée avec un connard arrogant et misogyne comme compagnon, mais j'ai beau essayer de me le dire, la douleur constante dans mon cœur est difficile à surmonter. Je me souviens encore à quel point il était doux et aimant avant que ma malédiction ne soit révélée, ce qui rend tout encore plus douloureux.
Alors que je m'apprête à lancer un autre film pour servir de bruit de fond à ma misère, la porte de ma chambre s'ouvre brusquement et ma mère, mon père, mon grand-père et ma tante Sandy entrent.
Je saisis un autre mouchoir et essuie les restes de mes larmes, espérant pouvoir éviter d'en verser d'autres pendant un moment. À ce stade, je ne sais pas comment il peut m'en rester à pleurer.
« Nadia, on peut entrer ? »
Je ne comprends pas pourquoi ma mère demande si elle peut entrer dans ma chambre alors qu'elle se tient déjà au pied de mon lit, mais je hoche légèrement la tête.
« Oh, Dia ! Je suis tellement désolée. Je suis venue dès que j'ai pu », dit tante Sandy en se précipitant à mes côtés pour me serrer dans ses bras.
De toute ma famille, tante Sandy a toujours été la seule à vraiment me comprendre. J'ai toujours passé du temps avec elle pendant mes vacances d'été et d'hiver. Elle me disait que nous étions des âmes sœurs, et maintenant plus que jamais, je la crois. Sa seule présence dans ma chambre m'apporte du réconfort et atténue la douleur, même si ce n'est que légèrement.
« Nadia, nous avons discuté, et nous avons pensé que ce serait peut-être une bonne idée si tu allais séjourner chez ta tante pendant un moment », dit doucement ma mère. « Sa meute a besoin d'aide à la maison de la meute, et tu pourrais prendre un peu... de recul. »
« Vous savez, ce n'est pas une mauvaise idée », j'admets avec un faible sourire. « Peut-être qu'avoir quelque chose pour m'occuper l'esprit sans risquer de croiser cet... enfoiré... m'aidera. »
Ils sont tous visiblement satisfaits de ma réponse et me serrent dans leurs bras à tour de rôle, essayant de leur mieux de me réconforter.
Je sais qu'ils veulent bien faire, mais ils ne comprendront jamais l'agonie déchirante que je traverse. J'ai juste besoin de m'éloigner de cet endroit.
« Je t'aiderai à faire tes bagages, et nous partirons demain. Je contacterai l'Alpha Lynch tout de suite. Il voudra te rencontrer et te trouver un poste approprié dans la meute. »
« Ça me va, Tatie. Merci... à vous tous. »
Ma tante ne plaisantait pas quand elle a dit qu'elle m'aiderait à faire mes bagages. Cette femme est passée comme un cyclone, et en une heure, toutes mes affaires étaient emballées et chargées dans un camion de déménagement, prêtes pour notre voyage du lendemain.
J'aimerais pouvoir dire que j'ai bien dormi, mais mes rêves étaient remplis de cauchemars angoissants et d'une silhouette opalescente m'appelant depuis la forêt.
Nous avons quitté ma maison à 4h du matin et à 21h, nous arrivons chez ma tante à Gallagher, la ville principale sur le territoire de la meute. La maison ressemble exactement à mes souvenirs, et j'ai hâte de sortir de la voiture exiguë pour m'étirer avant de décharger le camion.
« Dia, as-tu besoin de quelque chose là-dedans ce soir ? Ça t'irait si on attendait demain matin pour tout décharger ? » demande ma tante avec un soupir fatigué.
Je tends le bras vers la banquette arrière et attrape mon sac de voyage. « C'est tout ce dont j'ai besoin pour ce soir. »
Elle est plus que soulagée et me fait rapidement entrer chez elle, me montrant ma chambre. Elle est plus petite que celle que j'avais chez moi, mais je n'ai pas grand-chose, donc c'est parfait.
Elle me souhaite bonne nuit et me laisse m'installer. C'est une des choses que j'ai toujours aimées chez ma tante. Elle ne s'attarde pas comme le fait ma mère.
Ma mère et ma tante sont diamétralement opposées. Ma mère est calme, timide et toujours en train de me couver. Ma tante Sandy, en revanche, est bruyante, aventureuse, extravertie et comprend le besoin d'espace personnel.
Je sais qu'elle est là si j'ai besoin d'elle, mais elle me laisse venir à elle, et c'est quelque chose dont j'ai plus que jamais besoin en ce moment.
Je me laisse tomber sur le lit une place et fixe le plafond jusqu'à ce que je sombre dans un sommeil agité, rempli de terribles flashs de la nuit où mon compagnon m'a rejetée.
« Réveille-toi, Dia ! On doit tout sortir du camion pour que je puisse le rendre en allant au travail ! »
Je prends mon téléphone sur la table de nuit et lève les yeux au ciel quand je vois qu'il n'est que 6h du matin. Je me rafraîchis rapidement, attache mes cheveux blancs indisciplinés en un chignon désordonné, et me dépêche de sortir pour aider ma tante à rentrer mes affaires. Nous travaillons ensemble dans un silence confortable.
« À quelle heure dois-tu être au travail ? » je demande alors que nous déchargeons la dernière boîte.
Elle me regarde par-dessus le carton dans ses bras et me fait un doux sourire.
« Dix heures. L'alpha aimerait te voir à quatorze heures par contre, donc je passerai te prendre pendant ma pause déjeuner et je te déposerai à la maison de la meute. »
J'avais espéré avoir quelques jours pour m'installer dans ma nouvelle maison et me familiariser avec mon environnement avant de devoir voir l'alpha.
« D'accord... Merci, tante Sandy. »
Je lui fais signe de la main et porte la dernière boîte dans ma chambre où je passe les heures suivantes à déballer.
À 13h30, j'enfile un jean skinny bleu clair et un pull bleu poudre qui fait ressortir mes yeux bleu foncé. Puis je brosse mes cheveux blancs soyeux et mets mes bottines noires.
Je vérifie une dernière fois mon apparence dans mon miroir en pied quand j'entends quelqu'un klaxonner dehors. Je me précipite à la porte pour trouver ma tante qui m'attend.
Le trajet jusqu'à la maison de la meute se fait en silence tandis que j'observe la ville et à quel point elle a changé depuis ma dernière visite. Si les rues animées sont un indicateur, cette meute prospère à tous les niveaux.
Nous nous arrêtons devant le bâtiment de trois étages, qui semble beaucoup plus grand que dans mes souvenirs.
« Il t'attend. Entre, sois toi-même, et l'Alpha Lynch prendra soin de toi », me dit ma tante pour m'encourager.
Je lui adresse un sourire nerveux puis descends de la voiture. Je monte les marches jusqu'à la grande porte en bois et prends une profonde inspiration avant de frapper. Elle s'ouvre et de l'autre côté se trouve une grande brune bien proportionnée avec un air renfrogné sur son visage parfaitement maquillé.
« Je peux vous aider ? » Son ton amer me fait douter de ma présence ici.
« J-J'ai rendez-vous avec l'alpha », je bégaie. Je déteste à quel point ma voix sonne douce et faible, ne voulant pas trahir mon état brisé.
« Entrez. »
Elle n'est pas amusée, mais j'ai la nette impression qu'elle est juste une garce tout le temps et que ma présence lui donne simplement quelque chose sur quoi diriger son attitude.
Je fais un pas dans le hall d'entrée et laisse mes yeux parcourir la pièce, observant l'intérieur rustique. Quand ils reviennent sur la brune, elle me fusille toujours du regard en se tenant près d'une autre porte ouverte et me fait signe d'entrer avec impatience.
Je la suis et entre dans un bureau rempli de milliers de livres mais sans alpha. Avant que j'aie pu demander où il est, elle ferme la porte. J'entends ses pas s'éloigner.
Je regarde autour de moi et m'approche d'une bibliothèque sur ma gauche, parcourant les titres. Je suis excitée par la vaste collection.
J'examine l'étagère derrière le bureau quand j'entends quelqu'un s'éclaircir la gorge derrière moi. Je me retourne brusquement pour trouver un homme grand et musclé aux cheveux bruns mi-longs et aux yeux marron miel qui me regarde avec une expression sévère.
« Mademoiselle Delante, je présume ? »
