Mandy M.
VINNY
Je pousse un long soupir en quittant la salle de jeux pour rejoindre mon bureau. Cette femme était vraiment difficile à ignorer.
J'ai vu Sidney Collins pour la première fois quelques jours après que Carlos l'ait embauchée. Il pensait avoir déniché une jolie croupière pour mon casino.
En réalité, c'était Theo qui avait tout manigancé.
Robert Collins est un joueur invétéré qui perd trop, alors je savais qu'il finirait par me devoir de l'argent.
Le problème avec les mauvais payeurs, c'est qu'ils sont souvent fauchés et peuvent prendre la poudre d'escampette. Theo a donné un boulot à Sidney pour garder sa fille à portée de main au cas où on aurait besoin d'un... moyen de pression pour être remboursés.
Elle n'est ni la première ni la dernière.
La plupart des croupiers, femmes de ménage et serveurs de mes casinos sont de la famille ou des proches de quelqu'un susceptible de me devoir de l'argent un jour.
Je savais que Sidney était mignonne mais je ne l'avais aperçue que de loin ou sur les caméras.
De plus, je ne couche généralement pas avec les employés et je préfère garder mes distances.
Je peux être intimidant, mais l'inconnu fait encore plus peur, alors je laisse les gens avoir la trouille de moi. Ils causent rarement des problèmes dans mes établissements parce qu'ils redoutent d'avoir affaire à moi.
Quand ils dépassent les bornes, je dois intervenir et leur montrer pourquoi ils devraient avoir peur, histoire de maintenir cette crainte.
Et voir Sidney de près à l'instant... Waouh ! Même attachés, ses cheveux étaient longs et soyeux, son petit corps joliment galbé, et ses yeux sombres ont capté les miens comme s'ils m'attiraient.
C'est dommage qu'elle soit devenue blême en me voyant. Mais la plupart des gens réagissent comme ça, surtout les femmes.
Ou alors elles me sautent dessus, espérant être celle qui partagera mon lit plus d'une nuit. Des femmes comme—
« Toc, toc ! »
...Joy, nom d'un chien.
Je me pince l'arête du nez et ouvre les yeux pour voir Dallas ricaner près de mon bureau. « Qui l'a laissée entrer ? »
Dallas hausse les épaules avant de fourrer plus de chewing-gum dans sa bouche et de retourner à son téléphone.
« Qu'est-ce que tu fiches ici, Joy ? » Je secoue la tête. « Peu importe. Je m'en vais de toute façon. »
« Ne fais pas comme si tu n'étais pas ravi de me voir. » Elle s'avance vers moi, sa poitrine refaite débordant presque de sa robe. « Je suis juste passée t'apporter un cadeau. »
Je la dévisage. Elle ne porte rien à part un sac de contrefaçon.
« Tu n'as rien. »
Joy pose un doigt sur mes lèvres, puis fait lentement glisser ses mains sur ses courbes généreuses. « Idiot, il faut d'abord me déballer. »
J'essaie de garder mon calme et contourne mon bureau pour prendre ma veste sur ma chaise. « Je n'ai vraiment pas envie de m'occuper de toi maintenant. »
Elle fait la moue. « Je peux te remonter le moral », dit-elle alors que je me dirige vers la porte.
Avant que je puisse la dépasser, elle tend la main et me saisit l'entrejambe.
« Quoi que ce soit qui te tracasse, Vinny, tu te sentiras mieux après avoir passé du temps avec moi. »
« Non », dis-je en la repoussant doucement. « Entre encore dans mon bureau sans permission, et je demanderai à Dallas ici présent de te donner une leçon. »
Joy ricane. « Il a déjà essayé. Il arrivait à peine à bander. »
« Pourquoi ça ne m'étonne pas », dis-je en fronçant les sourcils vers Dallas.
Il ne lève pas les yeux de son téléphone et fait un doigt d'honneur à Joy.
« Allez, Vinny, pourquoi tu résistes. » Elle presse ses seins contre ma poitrine et commence à faire courir ses doigts le long de mes bras. « Le nouveau chef de la famille Markizo a besoin de quelqu'un pour prendre soin de lui. »
Je la fusille du regard. « Comment as-tu appris ça ? »
Joy passe sa langue sur ses dents et sourit. « Tu vois, chéri, je ne suis pas que jolie. J'ai des relations. On ferait une sacrée équipe, toi et moi. »
Elle me tend la main, doigts écartés. « Il suffit de le rendre officiel. Mets-moi la bague au doigt. »
Je soupire, las. « Pourquoi insistes-tu, Joy ? Quand accepteras-tu un non comme réponse ? »
« Allez, beau gosse », dit-elle en posant ses mains sur ma taille. « Tu sais qu'on est faits l'un pour l'autre. Je te ferai bien paraître, tu financeras mon train de vie, et je te donnerai de beaux bébés. »
« Je t'en prie », dis-je en riant, « tu as eu tellement de chirurgie que je ne sais même pas à quoi ils ressembleraient. »
« Et n'oublions pas », continue-t-elle, « ce dans quoi j'excelle vraiment. » Elle s'approche pour me murmurer à l'oreille. « Je te ferai grimper aux rideaux chaque nuit, toute la nuit. »
J'évite son baiser et me précipite vers la porte. « Dallas, je m'en vais. Découvre comment Joy sait que mon père a démissionné et m'a nommé nouveau chef de famille. Utilise ta bite si nécessaire. »
C'est à mon tour de me faire montrer le majeur.
« Ne me blâme pas d'essayer, Vinny. » Joy me fait un clin d'œil. « Seulement vingt-six ans et déjà l'homme le plus riche de la ville, avec plein d'hôtels, de bars, de clubs et de casinos.
« En plus »—Joy me reluque de haut en bas et se lèche les lèvres—« regarde-moi ces gros muscles puissants sous cette chemise. Je serais bête de ne pas tenter ma chance. »
Je la fusille du regard. « Tu as de la chance que je te laisse partir sur ces talons ridicules, Joy. J'ai abattu des hommes pour moins que ça. »
Je franchis la porte du bureau mais jette rapidement un coup d'œil à l'intérieur. « Oh, et rends-moi service, oublie mon numéro. J'en ai ras-le-bol de recevoir tes appels au milieu de la nuit. »
Elle m'envoie un baiser, puis fait glisser ses mains sur ses seins, son ventre et entre ses jambes. « Je te fais juste savoir que tout ça t'appartient quand tu le voudras, beau gosse. »
Je claque la porte du bureau avant de pousser un long soupir.
« Tu l'as repoussée, hein ? »
J'ouvre les yeux pour voir mon beau-frère debout devant moi. « Theo, je ne pense pas qu'il y ait un mec dans cette ville avec qui elle n'ait pas couché. »
« Je te crois. Elle doit bien payer ses soins du visage et tout ce maquillage d'une manière ou d'une autre. »
Je ris. « Quoi de neuf ? »
« Je voulais juste te dire que tout s'est bien passé. » Il me tend un sac que je sais rempli d'argent. « Oh, et ta mère a appelé. Elle a dit qu'ils restaient en Italie quelques semaines de plus. »
« Elle pense que mon père ne me dit pas ces choses ? »
Il hausse les épaules. « Je lui ai promis de te le dire, alors je l'ai fait. »
Je repousse le sac dans ses mains. « Occupe-t'en toi-même. Je m'en vais. Carlos et cette fille Collins ont causé un problème dans la salle de casino. Je les ai virés tous les deux. »
Theo me regarde comme si je parlais chinois. « Et alors ? Qu'est-ce que ça a à voir avec ton départ ? »
« La fille est quelque chose qu'on peut utiliser jusqu'à ce que son père paie. Robert Collins a trop perdu dans une partie de poker et ne pouvait pas payer. Angelo était censé le surveiller, mais le type s'est enfui et a quitté la ville. »
Theo lève les yeux au ciel. « Putain, Angelo. Pas encore. »
« Je sais, je sais. S'il n'était pas mon petit frère, il aurait déjà pris une raclée plus d'une fois.
« Mais mon père m'a fait promettre d'être patient avec lui. C'était une des conditions pour qu'il me cède le contrôle des affaires.
« Bref, maintenant je dois lui expliquer la situation. » Bordel, Vinny, même moi je trouve que ça sonne faux.
Theo fait rouler sa langue dans sa joue. « Ah ouais ? Et tu dois faire ça toi-même, hein ? C'est pas un boulot que tu confies d'habitude à moi, Dallas, ou n'importe lequel des centaines d'autres qui bossent pour toi ?
« T'es sûr que c'est pas parce que tu passes beaucoup de temps dans la salle de sécurité à mater la fille ? »
« Va te faire voir, connard. » Je donne un coup de poing dans l'épaule de Theo et me dirige vers l'entrée principale. « Ferme les yeux quand tu iras mettre cet argent dans le coffre. Dallas et Joy sont probablement déjà en train de s'envoyer en l'air. »
« Ouais, ouais, profite bien de ton rencard ! »
La voiture est déjà là quand je sors. Je mets mes lunettes de soleil pour protéger mes yeux du soleil.
J'envisage de monter tout de suite, mais décide que j'ai besoin de soleil. Je passe tellement de temps dans des bars et clubs sombres, sécurisés et crasseux, que je dois profiter du soleil quand je peux.
Je m'appuie contre la Lincoln noire et sors mon téléphone de ma poche.
Putain, Papa, arrête. Tu m'as confié le contrôle de la famille pour une raison. Fais-moi confiance pour faire mon boulot sans me surveiller tout le temps.
Je décide de répondre plus tard et remets le téléphone dans ma poche, me brûlant le bras sur la portière de la voiture quand ma peau la touche accidentellement.
Un instant plus tard, Sidney sort. Elle a détaché ses cheveux maintenant qu'elle a changé de tenue, et ils tombent en désordre sur ses épaules.
Son jean semble vieux et usé mais épouse parfaitement ses jambes musclées et ses hanches larges, et son t-shirt col en V est couvert d'une fine couche de sueur, le collant à son ventre.
Le vent fait voler ses cheveux, et elle écarte les mèches rebelles de ses yeux rouges et gonflés et de son petit nez droit.
Je ressens une étrange envie d'essuyer les larmes sur ses joues. De la serrer dans mes bras et de lui dire que tout ira bien.
Merde, mec, je suis dans la panade.