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Cover image for EBF 8: Chaos et folie

EBF 8: Chaos et folie

Chapitre 3

APRIL

Après des années et des années de planification, c’est le moment. J’ai enfin obtenu l'autorisation de voir Zora. Je prends une grande inspiration pour me préparer. Ça fait des années que je ne l'ai pas vue, tant il m’était insupportable de la regarder s’autodétruire. J'espère que personne ne trouvera bizarre que je lui rende visite le jour même où ils ont annoncé la mort de Pierce.

Il faut qu'on agisse maintenant.

Jensen m'a appelée il y a quelques minutes. Il m'a dit que Babsi avait eu une vision de l'énergie vitale de Pierce dans une autre dimension. J'ai failli crier et pleurer de joie, car cela m'a redonné espoir pour la première fois. Rien n'est encore sûr, mais il y a une chance qu'il soit vivant.

Je me demande pourquoi ça arrive maintenant. On le cherche depuis des années, et d'un coup, le jour où ils le déclarent mort, Babsi a une vision ? Le timing est clairement étrange, mais je m'en contenterai.

Je sais que je ne suis pas folle. Il est vivant.

Respire.

Maintenant, je dois voir Zora. Je crois que Zoya a inventé une histoire à propos de l'anniversaire de l'ancienne Fée Marraine. Elle a dit que je n'avais pas vu Zora depuis longtemps et que je voulais lui offrir un pot de chambre.

Vous avez bien lu.

Zoya m'a carrément donné un pot de chambre pour enfant, emballé dans du papier rose brillant. Je pense que c'est celui de sa fille, vu qu'il est décoré de fées de dessin animé. C'est ce qu'elle a pu trouver de mieux ? Donc me voilà avec ce truc.

Je soupire et marche la tête baissée. Mes talons résonnent dans le long couloir immaculé. J'essaie de me fondre dans le décor tout en portant ce cadeau ridicule. Un pot de chambre, ou popo pour tout-petit. Zoya m'a dit de me détendre et que ce serait crédible. On en est vraiment arrivés là ? Zora a besoin de ce truc parce qu'elle ne peut plus se déplacer aux toilettes ? C'est triste de voir une femme si forte se dégrader autant. Surtout que je sais qu'elle a été manipulée il y a toutes ces années.

Il n'y a aucune chance qu'elle ait trahi Pierce sinon, absolument aucune.

En marchant, je remarque que personne ne fait attention à moi. Je suppose que Zora n'est plus considérée comme dangereuse, donc personne ne s'est inquiété quand j'ai demandé à la voir. Je prends une nouvelle inspiration en arrivant devant une porte gardée par un homme intimidant en costume noir. Je souris en faisant de mon mieux pour avoir l'air d'une personne innocente et maladroite.

« Vous voulez quoi ? » demande-t-il d'un ton blasé, en regardant mon cadeau d'un air suspicieux. Il est grand et musclé, le genre de gars qu'on n'a pas envie d'énerver. Mes yeux se posent sur l’arme à sa hanche, puis je relève vite le regard. C'est un pistolet laser, assez puissant pour faire fondre mes os.

Tout va bien.

Je vais bien.

« Je… euh. Moi, April… » Je pose ma main sur ma poitrine comme s'il était débile. « …suis venue apporter un cadeau d'anniversaire à Zora », dis-je rapidement, en sentant mon cœur s'emballer comme s’il avait sa propre vie. « J'ai entendu dire qu'elle a du mal à faire pipi. » Je grimace, avec l’envie de disparaître dans le sol. Je sens mon visage rougir tandis qu'il me fixe. « Qu’elle a du mal à marcher, je veux dire... jusqu'aux toilettes... c'est un pot de chambre. »

Seigneur.

Tais-toi !

Il fronce les sourcils, regarde le cadeau, puis moi à nouveau, remarquant sûrement mon visage écarlate. « Vous quoi ? » Il regarde à gauche et à droite alors qu'un autre homme en costume noir s'approche. « Hé », dit-il en lui faisant un signe de tête. « C'est l'anniversaire de Zora aujourd'hui ? »

Oh non, ils sont deux maintenant.

Non, ce n'est pas l'anniversaire de Zora, mais comment pourraient-ils le savoir ?!

Pitié, qu’ils n’en sachent rien.

L'autre homme regarde mon cadeau et ils échangent un regard comme si c'était très bizarre, ce qui est le cas. Je vais en vouloir à Zoya d'avoir pensé que ce pot était une bonne idée.

« Inspecte-le », dit l'autre.

Mon cœur tambourine alors qu’ils prennent mon pot pour ouvrir l’emballage, en s'assurant que c'est bien un pot de chambre. L'homme chauve regarde alternativement le pot et moi, nous examinant tous les deux. Je n'aime pas la façon dont il se méfie de moi. J’attire plus d'attention que je ne le voulais et ça me rend nerveuse. Pourquoi pas des fleurs, Zoya ? Pourquoi un pot de chambre ?!

« J'imagine que cette vieille bique doit avoir besoin d’un nouveau pot », dit-il en riant, ce qui fait rire l'autre homme aussi. « N'oubliez pas de bien lui essuyer les fesses, Nancy la geek », ajoute-t-il méchamment, ce qui me fait sursauter.

Ils sont tellement irrespectueux envers l'ancienne Fée Marraine. Zora pourrait facilement les réduire en cendres si elle était encore en forme.

Mes joues rougissent de colère tandis qu'il m'ouvre la porte, en reposant le pot dans mes bras. « C'est April, espèce de crétin », marmonné-je.

« Qu'est-ce que vous avez dit ? »

Je me raidis puis me retourne et réponds : « J'ai dit merci. » Puis je souris timidement, et le vois froncer les sourcils alors que je me retourne pour marcher la tête baissée. Je dois vraiment rester calme et ne pas attirer l'attention sur moi. C'était un peu inhabituel de ma part.

Reste concentrée, April.

Je marche pendant ce qui me semble durer une éternité avant d'arriver devant une grande porte argentée et brillante. C'était le bureau de Zora pendant des siècles. Je regarde le motif royal sur la porte argentée, me demandant s'ils attendent juste qu'elle meure. Je suis surprise qu'ils l'aient laissée garder cette pièce et ne l'aient pas déplacée dans une chambre isolée de l'aile médicale.

Peut-être que la laisser mourir ainsi est plus humiliant.

Je lève la main pour frapper mais change d'avis. Je prends une inspiration et ouvre la porte pour découvrir qu'elle n'est pas verrouillée, ce qui ne me surprend pas. Je jette un coup d'œil à l'intérieur et constate que la pièce sombre est très silencieuse. Je renifle. Ça sent le renfermé, comme une librairie ancienne. J'entre et mes yeux s'habituent à l'obscurité quand j'aperçois ce qui ressemble à un énorme bureau argenté.

C’est tellement silencieux.

J'espère que rien de grave ne lui est arrivé, cette pensée me rend inquiète. Je me sens coupable. J'aurais dû lui rendre visite plus souvent, mais j'étais tellement occupée à essayer de retrouver Pierce que je l'ai oubliée. Je veux dire, nous étions tous surveillés de trop près, je ne pouvais pas risquer de la voir non plus. Je ne voulais pas attirer l’attention sur moi.

Trop de choses étaient en jeu jusqu'à maintenant. J'ai besoin de réponses.

Mon regard fait le tour de la pièce sombre, et soudain mes yeux s'écarquillent, je retiens une exclamation. Je vois le corps mince de quelque chose qui ressemble à peine à un être humain assis derrière le grand bureau. Je mets ma main sur ma bouche en me sentant profondément attristée.

Ça ne peut pas être Zora. C'est impossible.

Je m'approche en l'observant, ne voulant pas y croire. Ses cheveux blancs ne forment plus que quelques mèches éparses sur un crâne presque chauve couvert de taches brunes. Je prends une grande inspiration pour me calmer en voyant qu'elle n'a plus de lèvres, juste un trou étroit en guise de bouche, laissant apparaître des dents pourries.

« Z…Zora », dis-je d'une voix tremblante en m'approchant, sentant ma main commencer à trembler alors que je la tends vers elle. Pourquoi Zoya ne m'a-t-elle pas dit qu'elle était dans un tel état ?! Peut-être qu'elle ne le sait pas ? Quand est-ce que quelqu'un est venu ici pour la dernière fois ?

Respire.

Je sursaute quand ses yeux s'ouvrent et me regardent. La sensation est difficile à décrire.

Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine tandis que nous nous fixons. « Je n…ne savais pas que c'était si grave », murmuré-je soudain, sentant des larmes me monter aux yeux. Elle bouge légèrement, ce qui fait briller ses tuyaux d'oxygène dans la faible lumière. J'entends le léger clic de la machine alors qu'elle respire.

« Que veux-tu, serpent ? » dit-elle d'une voix qui ne semble pas humaine.

Serpent ?

« Zora, c'est m…moi », bredouillé-je. « April. »

Aucune réaction.

Bien sûr, elle ne se souvient pas de moi.

Un bruit sur ma gauche me fait sursauter. Mon cœur s'emballe quand je vois deux petites silhouettes vêtues de noir avec des masques. Je pousse un cri, reculant d'un bond alors que mes yeux s'adaptent. « Qui êtes-vous ?! » m’écrié-je, terrifiée.

« Chut ! » disent-ils en même temps, en tendant les bras.

L'un des deux commence à retirer sa capuche noire pour révéler un visage que je ne pensais jamais revoir. Mon cerveau cesse de fonctionner un instant et ma bouche s'ouvre en grand. Je ne peux pas parler. Je tremble en voyant l'autre silhouette retirer sa capuche et manque de crier, couvrant ma bouche alors que mes larmes menacent de me submerger.

Je dois avoir des hallucinations. Ce n'est pas possible.

« Mama ? F…Flix ? » murmuré-je d'une voix tremblante, espérant ne pas être en train de délirer. J'espère que ce n'est pas la magie de Zora qui projette des images du passé.

Les lèvres rouges de Mama s'étirent en un large sourire alors qu'elle me regarde, hochant la tête, avant d’ouvrir les bras comme une mère. Ils courent tous les deux vers moi, en m'étreignant si fort que je sais que cela ne peut être que réel. Je baisse les yeux et vois Flix me regarder avec ses yeux violets et brillants, humides de larmes non versées.

Je ne pensais jamais les revoir.

C'est quoi ce délire ?!

« April… » murmure Flix, alors que ses grands yeux me fixent. « Tuuuu… » Il marque une pause. « …n'as pas changé ! » Sa voix compatissante me fait penser que ce n'est peut-être pas une bonne chose, mais je souris quand même.

Je les serre plus fort, puis baisse les yeux vers lui. « Toi non plus, mon petit pote. » Je renifle alors qu'ils me lâchent tous les deux et que nous nous dévisageons. « Comment ça se fait que vous soyez tous les deux ici ?! C'est dingue ! » chuchoté-je. « Comment vous êtes entrés dans la chambre de Zora ?! »

Mama, toujours avec son style des années cinquante, ajuste un peu ses cheveux noirs et courts. « On a reçu un message la semaine dernière disant que tu avais besoin de deux agents métamorphes pour t’aider à retrouver Pierce », répond Mama avec des yeux écarquillés. « Quand on a reçu le message, j'ai cru rêver. Ma chérie, on s'y est mis tout de suite. C'était un code rouge pour nous, un truc qu'on attendait depuis longtemps. »

Je fronce les sourcils en scrutant son visage. « Un message ? »

« La semaine dernière… » répète Mama. « Il nous a fallu une semaine pour arriver ici, et c'était pas du gâteau. On est restés bloqués dans ce fichu Terminal. Ils ont plus de sécurité là-bas que dans mes souvenirs. C'était une sacrée galère d'arriver jusqu'ici. »

J’essaie de me rappeler si on a lancé un appel à l'aide vers eux. « Qui ? »

« Zoya et Dion », répond Mama, comme si elle lisait dans mes pensées. « Elle disait dans le message que tu avais besoin d'un coup de main. On a appris que son acte de décès avait été délivré aujourd'hui, ce qui nous a donné le feu vert. »

Zoya...

Tout ce temps, je pensais qu'elle s'en fichait ou qu'elle me croyait folle de penser que Pierce était vivant. Elle ne m'a jamais dit qu'elle pouvait contacter la planète de la Patte du Tigre.

« On est arrivés il y a deux jours… on a failli se faire choper deux fois. »

Mes yeux plongent dans les siens. « Il y a deux jours ?! »

Elle hoche la tête. « Zoya nous a fait récupérer la baguette de Zora dans le coffre-fort, disant que si on ne l'aidait pas aujourd'hui, elle allait mourir », murmure Mama. « Zoya a dit que madame la Fée Marraine était vraiment, vraiment mal en point. »

Je prends une profonde inspiration. Zoya savait et faisait comme si elle s'en fichait. Je regarde en direction de Zora, hochant la tête, ce qui pousse Mama et Flix à se retourner, et je peux presque sentir leur choc.

Flix hurle en sautant dans les bras de Mama. « C'est quoi ce truc ?! »

« Chut », lui dis-je doucement, alors que mon cœur bat la chamade. « C'est Zora ! Parle moins fort ! »

Je ne dois pas me faire prendre.

Flix met une main sur sa bouche pour s'empêcher de parler. Leurs yeux sont grands ouverts alors qu'ils contemplent cette vision d'horreur, et ils ont raison d'avoir peur. C'est horrible, comme sorti d'un cauchemar. Mama serre Flix contre elle en murmurant : « Oh, mon Dieu... » puis elle me regarde. « Zoya a dit que tu serais ici et qu'on doit l'aider maintenant. Je comprends pourquoi Zoya était si inquiète. »

Zoya gardait ses secrets pour une bonne raison. Je ne sais pas pourquoi. Mais savoir qu'elle s’activait en secret me fait sourire en pensant à quel point j'ai facilement cru ses mensonges. J'aurais dû savoir qu'elle mentait depuis longtemps. Zoya aime sûrement Pierce autant que moi, et peut-être qu'elle ne voulait pas que je me détourne de ce que je faisais. Malgré tout, j'aurais aimé qu'elle me le dise.

« Oh, merde ! » dit doucement Flix. « File-lui la baguette avant qu'elle nous dévore ! »

Mama repose Flix par terre en levant les yeux au ciel, avant de le pousser de côté avec sa jambe. « Ça fait combien de temps qu'elle n’a plus sa baguette ? »

« Quinze ans », lui dis-je tristement, incapable de la regarder. « Elle s’en veut pour l'exil de Pierce et veut se suicider de la manière la plus douloureuse possible. »

« Zora… » dit Mama en sortant la baguette de sa cape. « Ce n'était pas sa faute. Quelqu'un l'a manipulée. »

« Je pensais pareil », approuvé-je. « Elle était sous l'emprise d'un sort. »

« Un sort puissant. Ce sort a fait croire à Zora qu'elle pensait clairement quand elle l'a trahi », dit-elle doucement, en secouant la tête. « Les fées peuvent être mauvaises et sournoises. Ce conseil est méchant et cruel. Ils ont préparé ça pendant longtemps, et le seul qui ne les laissait pas faire, c'était Pierce », dit-elle en riant amèrement. « Bon. Il va falloir le ramener », poursuit-elle. « Pas vrai Zora, ma chérie ? Vous m'entendez ?! » Mama se penche sur le bureau pour examiner Zora de près, puis regarde son oxygène.

Les yeux noirs de Zora se tournent lentement vers Mama, mais son visage qui ressemble à celui d'un cadavre ne montre aucune expression.

Mama pose sa baguette noire et argentée sur le bureau et aussitôt, nous voyons les yeux de Zora se fixer dessus. « Noooon ! » siffle la bouche fine de Zora, et elle s’agite soudainement, ce qui fait cogner sa bouteille d'oxygène contre le bureau. « Non ! »

« Zoraaaa ! » l’interpelle Mama, en se déplaçant pour que Zora puisse la voir. « Zora. Cette folie doit prendre fin maintenant », dit-elle de sa voix maternelle autoritaire. « Je vais mettre votre main sur la baguette, et ça va s'arrêter. » Elle ne laisse pas à Zora le temps de répondre. « Flix, prends sa main ! »

Flix court, en tendant une main pour la saisir avec deux doigts comme s'il avait peur de la toucher. Je m'approche aussi et l'aide à soulever son bras décharné. Mama place la baguette dans sa main et lui fait refermer ses doigts autour.

Je ressens une forte pulsation alors que tout mon corps se couvre de chair de poule. Un peu confuse, je regarde Zora et vois ses cheveux fins flotter dans les airs autour d'elle. Elle semble figée, comme frappée par une force invisible, sa bouche reste grande ouverte.

« Ça marche ?! » chuchote Flix, l'air effrayé. « Ou elle est morte ?! Pourquoi on dirait qu'elle va exploser ?! »

« Chut », le gronde Mama. « Ça pourrait prendre une heure ou plus… son corps aura besoin de temps pour guérir. Tant de dégâts ont été causés que ça pourrait prendre un moment. »

Je hoche la tête, mon cœur bat fort dans ma poitrine. « Tu crois que quelqu'un d’autre a senti ça ? »

Mama me regarde. « Je l'ai senti… je me suis un peu pissée dessus, pour être honnête. Depuis que j’ai eu des enfants, j’ai plus de mal à me retenir. »

Je l'entends à peine tant je suis inquiète. « Merde », dis-je, en courant vers la grande fenêtre de son bureau qui donne sur le hall d'entrée principal. Les rideaux sont poussiéreux et lourds alors que je les entrouvre pour regarder dehors. Je sens Flix venir à côté de moi, une de ses mains agrippe mon manteau. Je prends une grande inspiration pour me calmer en observant. Plein de robots déambulent avec des médecins et quelques hommes en costume noir qui parlent dans leurs micros. Je ne vois personne donner l'alerte, pour l'instant.

« Regardez ! » dit Mama alors qu'on se retourne pour constater que Zora paraît plus jeune de plusieurs années. Son visage est moins creusé et ses cheveux ont épaissi. Ses lèvres sont maintenant visibles, d'une légère teinte rosée au lieu de noires.

« Waouh ! » s'exclame Flix avant de se couvrir la bouche. « Désolé », se corrige-t-il. « Waoouuh », répète-t-il en murmurant.

« C'était rapide », soufflé-je. « Elle peut nous entendre maintenant ? »

Mama se penche sur la table, en prenant sa main qui ressemble maintenant davantage à celle d'un être humain. « Zora ? Vous m'entendez ?! »

Les yeux de Zora s’animent soudainement et regardent Mama, ses yeux noirs semblent vides. « Oui, je vous entends. Je ne suis pas débile ! » répond-elle dans un murmure sévère qui sonne vraiment humain. « Qu'est-ce que vous avez foutu, bon sang ?! »

« On vous ramène à la vie », lui dis-je en me plaçant devant son bureau. « Je sais que vous pensez avoir trahi Pierce et que vous vouliez vous punir… mais je crois que vous avez aussi été terriblement trahie. Ce n'était pas vous, ce jour-là au procès. » Je prends une inspiration en voyant ses yeux m'observer. « Les grandes fées, vos sœurs, vous ont jeté un mauvais sort. Vous étiez leur marionnette ce jour-là. Vous devez savoir que vous n’auriez jamais fait ça de votre plein gré. Vous devez le savoir au fond de vous. »

Zora s'apprête à me répondre mais referme la bouche, les yeux dans le vague.

Je regarde Mama, puis à nouveau Zora, attendant qu'elle réponde. Comme rien ne vient, j'essaie à nouveau de lui parler : « Vous savez qu'elles auraient fait n'importe quoi pour accuser Pierce, et elles avaient besoin de votre vote. Vous croyez qu'elles ont fait quoi ? Juste espéré que vous vous retourniez contre votre ami de longue date ? Non. Elles se sont assurées que vous fassiez ce dont elles avaient besoin. Vous devez le voir. »

Elle émet un son comme si elle souffrait.

Je baisse les yeux, en me sentant coupable. « J'aurais dû venir plus tôt », admets-je, attristée pour elle. « Je ne savais pas que vous étiez si mal en point, je le jure. J'étais tellement occupée à découvrir tous les secrets de Vincent que je me suis égarée là-dedans. »

« Quelles putains de salopes », murmure-t-elle, les yeux toujours dans le vague, mais je peux presque y voir de la colère. « Bien sûr qu'elles l'ont fait... » Elle s'arrête de parler, sa bouche tremble comme si elle se souvenait de ce jour. « Bien sûr qu'elles l'ont fait. »

Mama hoche la tête en me regardant, l'air soulagée, comme pour me dire qu’on l’a récupérée.

Je cligne des yeux, voyant Zora s'améliorer au fil du temps, alors que je la vois réfléchir. Je lui laisse le temps dont elle a besoin car je sais que c'est une pilule difficile à avaler. Vivre avec cette culpabilité pendant quinze ans, sans savoir qu'elle avait été manipulée.

Elle me regarde enfin, et le bleu de ses yeux est de retour, ce qui me rassure. « Ça ne changera jamais ce qui est arrivé à Pierce. Il est mort, donc ça n'a plus d'importance… fichez-moi la paix. Tout a été détruit et perdu. Laissez-moi tranquille. »

Je prends une respiration régulière, sachant que c’est un sujet délicat. « Je crois qu'il est toujours vivant. »

Le silence qui suit est assourdissant.

Sa bouche s'ouvre puis se referme, ses yeux expriment une grande irritation à cette idée. Comme si je jouais à un jeu idiot pour la tourmenter.

« Vous devez savoir qu'il a officiellement terminé sa peine », ajouté-je prudemment. « Ce qui, je pense, explique pourquoi vous aviez prévu de mourir aujourd'hui aussi. Mais je vous assure que ce n'est pas une plaisanterie et j'ai besoin de votre aide. » Je la regarde avec une expression déterminée, sachant que ça pourrait la blesser. « Vous avez une dette envers Pierce. Vous devez nous aider à le sauver. »

Ses yeux s'écarquillent.

Je vais la faire culpabiliser à ce sujet si je le dois.

« Petite idiote », dit-elle doucement, en me regardant attentivement. « Vous avez toujours été amoureuse de lui, et je ne vous blâme pas. Mais vous êtes une gamine imprudente. Vous allez vous faire tuer, avec tous ceux qui vous aident. »

J'essaie de ne pas tressaillir. « On a capté un signe de sa force vitale dans les dimensions extérieures », dis-je rapidement. Je ne lui dirai pas que c'est un homard magique qui nous l'a dit. Elle n’a pas besoin de connaître ce petit détail.

« Quoi ?! Sa force vitale ? » s’écrie-t-elle, et sa voix ressemble davantage à son ancienne voix qu'à celle, sifflante, d’un fantôme. « Impossible... » Mais je peux voir qu'elle réfléchit, sa bouche s'ouvre comme s'il pouvait y avoir une chance. Elle fronce les sourcils en regardant son bureau, semblant réfléchir intensément.

« C'est pour ça que j'ai besoin de vous », soufflé-je. « J'ai besoin de savoir dans quel état est Pierce. Si le fait qu'il soit vivant est même possible, et si vous avez des informations sur l'endroit où il a été envoyé. »

Elle lève les yeux vers moi. Ses yeux bleus maintenant clairs sont brillants. « April », dit-elle doucement, et ses yeux scrutent mon visage. « Je n'ai pas ces informations. Mais, pour comprendre Pierce, vous devez vous comprendre vous-même, et ce qui s'est passé il y a longtemps. J'imagine que vous aimeriez savoir qui était votre mère ? »

Mon cœur semble s'arrêter. « Quoi ?! » Je respire vite en la regardant.

Elle rit, puis retire les tubes de son nez et les jette. « Asseyez-vous, mon enfant. » Elle regarde Mama. « Apportez-moi un verre, avec ces petites olives vertes. Mon mal de crâne ne va pas se guérir tout seul. Regardez dans l'armoire blanche au-dessus du bar à votre gauche. »

Les yeux de Mama s'écarquillent, puis elle hoche la tête alors qu'elle va le chercher.

« Servez aussi un verre à April, elle va en avoir besoin. »

Je déglutis péniblement, me sentant nerveuse et surprise. « Vous saviez ? Pourquoi vous ne m’avez rien dit avant ? »

« Pierce ne le permettait pas. »

Je vois Mama se descendre un shot avant de nous préparer des cocktails.

« Pourquoi ? » murmuré-je.

Tout mon monde semble sur le point de basculer tandis que j'attends.

Zora prend une grande gorgée et me regarde droit dans les yeux, comme si elle allait révéler un gros secret. Ses yeux bleus sont un peu rouges et intenses. « Pierce était un orphelin insouciant mais il est devenu célèbre ce jour-là. L'histoire s’est déroulée ainsi... »

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