Infiltrée au moto-club 2 : Navy & West

Je paie le chauffeur de taxi et jette un coup d'œil aux alentours. C'est étrange d'être de retour à Ranchdale, une ville qui ne m'a pas vraiment manqué. Seuls ma famille et mes amis me manquaient, mais la plupart sont maintenant mariés avec des enfants, et on ne se parle plus beaucoup.

Ces huit dernières années, j'ai travaillé sur des missions navales et réparé des avions sur des bases. Beaucoup de missions se déroulaient sur de grands navires au milieu de l'océan, où mes collègues et moi nous occupions de toutes les machines volantes.

S'habituer à la vie sur un bateau prend du temps, et j'ai souvent eu le mal de mer. La mer peut être très agitée, et même si les navires sont conçus pour être stables, ils ne tiennent pas bien la route lors de grosses tempêtes.

J'ai des vidéos de mes copains et moi glissant dans notre cabine quand le bateau tangue, ou de moi ratant les toilettes quand j'ai le mal de mer. Ce ne sont pas des images glorieuses, mais ce sont des souvenirs que je garderai toujours, même s'ils n'étaient pas toujours agréables sur le moment.

Mes parents sont en voyage, alors j'ai demandé à mon frère si je pouvais loger chez lui. Il m'a dit qu'il a une chambre dans son moto-club et que je peux toujours squatter son appartement où il vit de temps en temps.

Je regarde ma montre - il est 18h30. Jackson a dit qu'il serait là vers cette heure car le garage de motos où il travaille ferme à 17h. Bientôt, j'entends un moteur vrombir et je sais que c'est lui.

Jackson a toujours eu un faible pour les Harley, donc ça ne m'a pas étonné quand il s'en est offert une après avoir quitté les Navy SEALs. Mon frère gare sa moto et descend. Il a toujours été baraqué, même si je ne suis pas petit avec mon mètre quatre-vingt-huit. Mais la carrure de Jackson a toujours été un peu intimidante, même s'il est en réalité un vrai nounours.

« Frérot ! » s'exclame-t-il en me serrant dans ses bras. Peu de gens voient ce côté de Jackson, et je suis content d'en faire partie.

« Hé grand costaud ! Tu m'as manqué ! » dis-je. Nous entrons chez lui en papotant.

« J'ai pas encore commandé à manger parce que je voulais savoir ce que tu voulais, alors... balance », dit-il en prenant son portable pour répondre à un message.

« Mec... J'ai une de ces envies de kebab et de frites depuis des lustres », dis-je. Il se marre devant mon air gourmand.

« Ils ne te nourrissaient pas bien là-bas ? » plaisante-t-il avec un sourire en coin.

Je lève les yeux au ciel. « J'ai bouffé que du riz et des pâtes ces derniers mois, andouille. Tu devrais comprendre pourquoi j'ai envie de ça », je rétorque en lui filant un coup de coude pour rire.

Il ne bronche pas, rigole simplement et commande notre repas. Ces vannes avec mon frère m'ont manqué, et je suis content de passer plus de temps avec lui.

« J'ai un truc à te dire, mec... », commence Jackson, s'installant dans la cuisine avec une bière.

Je hoche la tête et m'assieds avec lui.

« Je suis maintenant responsable du garage, mais j'ai encore besoin d'un mécano... et j'ai pensé à toi », dit-il. Je sens l'excitation monter en moi.

« Mec... Ça a l'air génial ! Mais la dernière fois qu'on en a parlé, tu disais avoir assez de gars », je lui rappelle, et il acquiesce.

« C'est vrai... Au début c'était juste West et moi, mais ça devient plus chargé maintenant, donc j'ai vraiment besoin d'un coup de main », dit-il en sirotant sa bière. Sa main est si grande qu'elle couvre presque toute la bouteille - c'est marrant à voir.

« West ? C'est un nom bizarre », je dis.

Jackson approuve. « Ouais... y a autre chose que je dois te dire », rit-il.

Je le regarde curieusement. « Quoi ? West est ton mec ? » je plaisante.

Il me pousse presque de ma chaise, agacé. « Non, j'aime pas les mecs, crétin », dit-il.

Je ris maladroitement. Même s'il n'a pas l'air dégoûté, c'est toujours un peu gênant pour moi quand quelqu'un dit ne pas aimer les hommes.

Je suis incertain de ma propre sexualité depuis des années, sachant depuis longtemps que j'ai un faible pour les hommes plus que pour les femmes. C'est délicat d'en parler au boulot, c'est pourquoi je l'ai gardé pour moi. J'ai même inventé une copine pendant un moment, faisant croire même à Jackson que j'étais en couple.

« Je traîne avec un moto-club depuis un moment, les Red Devils... Je suis devenu pote avec le président du club, Reid, qu'on appelle Hammer là-bas. Je, euh... Mon nom n'est pas Jackson non plus là-bas. Seul Reid connaît mon vrai nom. Ils m'appellent Steel là-bas... », dit-il doucement. Je le fixe, surpris.

Les Red Devils sont connus en ville, et les gens n'en disent pas que du bien. Il y a plein de rumeurs sur des activités louches, surtout du trafic de drogue, et j'arrive pas à croire qu'il fasse partie de ce club.

« T'as fait combien de trucs illégaux, Jackson ? » je demande, l'air un peu déçu.

« Non, mec... Ils n'ont rien fait d'illégal depuis un bon moment ! Reid et moi on a changé tout le club, et tout est clean maintenant, t'inquiète pas pour ça », dit-il fermement.

Je le regarde d'un air dubitatif. « Vraiment ? Donc vous ne dealez pas et tout ? » je demande, finissant ma bière alors qu'il secoue la tête.

« Non, j'aurais pas mis les pieds là-dedans si c'était le cas. Je suis aussi devenu vice-président récemment, donc je suppose que je suis un peu important », dit-il. Je me surprends à être secrètement impressionné par mon grand frère.

« On a la fête de West demain soir. Il devient membre officiel et ne sera plus un bleu. Viens avec nous. On mangera d'abord, et après ce sera surtout picole et nanas. » Il pose sa main sur mon épaule tandis que j'acquiesce en souriant.

La sonnette retentit, et il va sûrement chercher la nourriture.

Le lendemain, Jackson doit aller au garage pendant environ trois heures, même si c'est samedi. Je décide de l'accompagner pour voir où je pourrais bosser. En route, Jackson m'en dit plus sur la vie de Red Devil, et je me trouve de plus en plus intrigué.

Il y a quatre Harley différentes en réparation dans le garage. Mon cœur s'emballe en les regardant, sachant que je vais bientôt chercher la mienne.

« Ash... Jette un œil à celle du fond, vois si tu peux trouver d'où vient la fuite à l'arrière. J'ai pas eu le temps de m'en occuper. Si tu veux des habits de travail, elles sont dans la salle du personnel par cette porte. » Je vois son long bras pointer sur le côté derrière une bécane, et j'aperçois une porte marquée Personnel Uniquement.

Je prends des fringues et décide d'enlever mon sweat pour le garder propre. Au moment où je m'apprête à fermer ma combi, la porte s'ouvre et un gars de mon âge aux cheveux blonds s'arrête, ses yeux bleus fixés sur mon torse.

« Oh salut, mec ! Tu dois être Navy, je suis West ! Steel a dit que tu viendras peut-être bosser ici ? » Il est super sympa, me tendant la main.

Je la serre mais le regarde surpris.

« Navy ? » c'est tout ce que je peux dire. Il hausse les épaules, pointant derrière lui.

« C'est comme ça que Steel t'a appelé. » Il entre dans la pièce et prend des fringues de boulot dans l'armoire. Il enlève son t-shirt, et je sens une chaleur monter en moi en regardant son corps.

Il a un ventre doux mais un torse musclé. Il est canon. Il a l'air si doux... Mais fort en même temps...

Je secoue la tête et regarde Steel. Pourquoi m'a-t-il appelé Navy ? C'est bizarre, non ?

« Je suis son frère, et je voulais voir si ça me plaisait ici », dis-je, évitant de le regarder pour ne pas le mettre mal à l'aise, et en partie à cause de ce que je ressens pour ce mec.

« Bienvenue, mec ! » dit-il en me tapant l'épaule en passant. Il n'a pas d'odeur forte, ce que j'apprécie.

Je dois arrêter de le mater...

« Mec... Pourquoi West m'appelle Navy ? » je chuchote à Jackson en m'asseyant à côté de lui près de la bécane qu'il répare.

« J'ai dû vite trouver un surnom pour toi, et c'est la première chose qui m'est venue... À cause de ton taf », dit-il doucement, concentré sur son boulot sans me regarder.

« Hé, Steel ! Je crois que je t'ai jamais entendu dire autant de mots d'un coup ! » plaisante West depuis son coin du garage, et Steel lui lance un regard noir.

« Ta gueule, abruti », rétorque Jackson, et je peux pas m'empêcher de rire au clin d'œil amical et au sourire espiègle que West m'adresse.

C'est peut-être le changement dont j'ai besoin dans ma vie.