Sarah Jamet
Rose
Eleanor dormait dans mes bras. Je lui avais mis une des vieilles robes de Phénix, et l'avais enveloppée dans deux couvertures pour qu'elle ne ressente pas le froid.
Je la calais contre mon corps pour la protéger du vent fou. Le ciel nocturne était encore sombre, mais je sentais l'aube approcher.
J'étais à Fairbanks, en Alaska, la ville humaine la plus proche de la cathédrale. Je m'étais trouvé de quoi dîner, un vieil homme savoureux qui avait été facile à attirer avec un bébé dans les bras et un petit clin d'œil.
Il m'avait immédiatement suivie.
Une fois rassasiée, tenir Eleanor dans mes bras était plus facile. Les rues de la ville étaient désertes, le vent hurlait dans les ruelles, et la neige sale s’amoncelait sur les routes.
Je marchais au milieu de la rue, en gardant les yeux sur Eleanor.
Alors que j’étais sur le chemin du retour, je la sentis avant de la voir. Elisabeth était appuyée contre la porte d'un salon de coiffure.
Contrairement à moi, elle n'avait pas pris la peine de s'habiller comme une humaine pour venir en ville. Elle portait une longue robe blanche qui lui descendait jusqu'aux genoux, sans manches et avec un décolleté plongeant.
Je m’arrêtai au milieu de la rue, et regardai fixement ma belle-mère. Elle se détacha du mur avec élégance. Alors qu’elle s'approchait, je sentais le sang humain en elle. Elle venait de se nourrir.
Elle s'arrêta devant moi. Même si je la connaissais depuis si longtemps, plus de sept cents ans, elle ne cessait de m'impressionner.
Sa façon de se déplacer avec une extrême élégance, sa compréhension du monde, ses expressions, elle était absolument parfaite.
Elle avait l'air d'avoir une trentaine d'années en années humaines. Sa peau ivoire était sans défaut. Ses longs cheveux roux épais et en désordre, les mêmes que ceux dont ma fille Phénix avait hérité, étaient maintenus en une tresse lâche qui pendait jusqu'à sa taille.
Elle était légèrement plus petite que moi, mais lorsque je fixais ses yeux bleu électrique, je ressentais son pouvoir et sa domination sur moi.
«Rose», souffla-t-elle.
«Elizabeth. Tu t'es nourrie.»
«Un jeune homme, beau, un peu trop fumé. Je pense qu'il était saoul aussi. Mais je ne lui ai pas laissé le temps de parler. Toi aussi?» dit-elle doucement. Je hochai la tête.
«Et comment va ma nouvelle petite-fille adorée?» Elle continua à se pencher sur Eleanor et passa son petit doigt délicat sur la douce joue d'Eleanor. Ses yeux devinrent rouge vif.
«Elle dort», je faisais remarquer l'évidence.
«Elle a la peau très douce.»
«Je sais.»
«Et son cœur bat fort. Son sang sent très bon.» Elizabeth recula, et sourit aimablement lorsque mes yeux se plissèrent légèrement.
«C'est une enfant forte», confirmai-je.
«Pas assez forte, cependant. N'est-ce pas?» gloussa Elizabeth, tandis que le léger vent glacé faisait flotter sa robe blanche autour de ses jambes. «Tu l'aimes, Rose? Est-ce que tu te sens protectrice envers elle? C'est ça?»
Elle pencha la tête sur le côté. «Elle sent si bon. C'est dommage qu'elle soit si petite, il n'y a pas beaucoup de sang là-dedans. Peut-être que je devrais attendre», réfléchissait-elle tout haut.
«Tu ne la toucheras pas», répondis-je brutalement. Elizabeth m'ignora.
«Oui, je vais attendre jusqu'à ce qu'il y ait plus à boire. Elle est extrêmement douce.» Elizabeth fixait Eleanor. Elle leva les yeux pour rencontrer les miens.
«Ne t'approche pas d'elle, Elizabeth.»
«Oh, c’est ce que je fais, pour l'instant. Je m’en vais de toute façon. Mon mari veut que je le rejoigne au Japon. Nous allons nous remarier. Il a besoin d'un nouveau certificat de mariage pour acheter une maison.
Et j'adore le Japon, alors on passera une autre lune de miel.»
«Comme c'est bien pour vous.» Je ne cachais pas le sarcasme dans ma voix. Elizabeth n'y prêta pas attention. Elle me sourit.
«J'aime bien cette enfant. Elle ne pleure pas beaucoup. Je ne l'ai pas entendue pleurer de la nuit. Malheureusement, tu sais que cela signifie qu'elle va se réveiller pendant que tu dors. Agaçant.
Je vais peut-être lui laisser mes boucles d'oreilles en héritage. Des diamants seraient ravissants dans ces lobes d'oreilles. Ne t'inquiète pas, Rose. Je me tiendrai bien, et je serai une merveilleuse grand-mère.» Elle rit doucement.
«Si seulement je ne te connaissais pas, je te croirais.»
«Dommage, je dis la vérité. J'aime cette humaine. Elle est spéciale. Si elle ne sentait pas si bon, je la laisserais vivre.» Elle soupira tristement.
«Je ne te laisserai pas la toucher», grognai-je.
«Tu t'en remettras, chérie. Dans deux cents ans, tu l'auras oubliée. Mais je lui laisserai quelques années pour grandir. Ce serait du gâchis de la boire maintenant, mon adorable petite-fille.
Mais c'est mieux comme ça, Rose. Les humains peuvent nous faire plus de mal que tu ne le penses.» Elle pencha la tête sur le côté et me sourit.
Le vent hurlait dans les rues, et soulevait la petite robe d'été d'Elizabeth et la faisait tournoyer autour de ses cuisses. Elle repoussa ses cheveux épais hors de ses yeux.
«C'est presque l'aube», murmura-t-elle.
«Reste dehors, et tu verras comme le soleil est beau et chaud», lui dis-je en pestant, et je tournai les talons pour partir dans l'autre direction. Elizabeth apparut devant moi, en souriant aimablement.
«Oh, crois-moi, je sais. J'ai déjà essayé», dit-elle en riant. «Oh, et Rose, ne mets pas ma petite-fille à l'adoption parce que sinon je craquerai, et la boirai beaucoup plus vite que si tu étais là pour la protéger.»
«C'est juste un amusement pour toi. Un grand jeu que tu joues.»
«Bien sûr. Je ne me suis pas autant amusée depuis des siècles! Je devrais peut-être inviter mon mari à jouer.
Même s’il est vraiment à fond dans ses affaires. Il a toujours été un peu homme d'affaires, mais il aime beaucoup ce millénaire. Il y a beaucoup d'argent.» Elle haussa les épaules.
«Alors il peut te rencontrer en enfer», grognai-je en la contournant.
«Ton humaine va mourir, Rose. Je te le jure, ça va être une chasse amusante. Assure-toi de la garder en vie pour quand je reviendrai!» J'entendais son rire strident résonner derrière moi.
Je me mis à courir très vite, à voler dans les rues de la ville, son rire me suivait.
«Dors bien, ma petite-fille. Ne laisse pas les punaises de lit te mordre», lança-t-elle alors que je quittais la ville et me dirigeais vers les montagnes, en prenant un long chemin pour ne pas la rencontrer à nouveau.
A mon retour dans la cathédrale, je sentais son odeur en bas. Je traversai le hall principal de la cathédrale d'un pas rapide. Le soleil commençait à se lever. Je le sentais.
Je volai vers le bas des escaliers, et pris un virage serré à gauche. Quand j’entrai dans notre salon familial, les jumelles étaient assises sur le canapé, toutes deux en train de lire. Aric suçait une gourde de sang.
Je ne voyais pas Démétrius, mais je l'entendais dans notre chambre. Mes enfants levèrent les yeux vers moi quand j’entrai.
«Maman.» Vénus sourit, et posa son livre sur son genou.
«Nous nous demandions quand tu allais rentrer», ajouta Phénix. Je leur souris.
«Je suis à la maison maintenant. Je suis allée chasser», répondis-je en avançant dans la pièce.
«Avec l'humaine», fit remarquer Vénus, en tendant son cou fin et pâle. Je hochai la tête et souris.
«Bien sûr.»
«Maman, je pensais...»,commença Aric. Je me retournai pour lui faire face. Il tenait sa gourde contre sa cuisse. Ses yeux étaient fixés sur l'enfant dans mes bras.
«Dangereux», commenta Vénus.
«Nous t'avions prévenu!» ajouta Phénix. Les deux filles ricanaient. Aric ignora ses sœurs et se dirigea vers moi.
«Tu n'es pas obligée de faire ça, maman. Si tu ne veux pas tuer l'enfant ou la laisser mourir, alors tu peux la faire adopter. Je suis sûr qu'elle trouvera facilement une famille.
Elle est jeune et en bonne santé. Elle sera élevée par des humains. Tu ne crois pas que c'est mieux?»
Je lui adressai un sourire triste.
«La décision de ta mère est prise, Aric», dit Démétrius en entrant dans la pièce. Il s' appuya contre la porte en croisant ses bras sur sa poitrine.
« Et maintenant que c'est fait, elle n’en changera pas », ajouta-t-il avec le plus petit des sourires.
«Oui», confirmai-je. «Et le fait qu'Elizabeth vienne de jurer de tuer Eleanor quoi qu'il arrive, si je l'élève, je pourrai la protéger.»
Démétrius haussa un sourcil. «De la part de ma mère, on pouvait s'y attendre», répondit-il avec douceur.
«Maman, si ce bébé nous réveille,» commença Vénus.
«Ce sera nous qui le tuerons», termina Phénix. Elles sourirent toutes les deux gentiment.
«Les filles», leur lancai-je avec un regard noir. «C'est l'heure d'aller se coucher», elles hésitèrent, «Maintenant!» sifflai-je. Les jumelles se levèrent lentement, en souriant. Elles se prirent les coudes et quittèrent la pièce, disparaissant dans leur chambre.
Aric termina rapidement sa gourde de sang et se dirigea vers sa chambre.
«Allons dormir un peu. Ça a été une sacrée nuit», dis-je en frôlant Démétrius. Il me suivit dans notre chambre.
«Elle va dormir dans notre chambre, n'est-ce pas?» Je hochai la tête.
«Oui. Où serait-elle en sécurité sinon?» répondis-je. Démétrius haussa les épaules, l'air ennuyé. Je me dirigeai vers le berceau et y plaçai Eleanor.
J'embrassai son front endormi puis me retournai vers mon mari. Il s'était déjà déshabillé et se retrouvait en caleçon bleu foncé, puis il se glissa dans notre grand lit.
Je retirai mon jean en douceur puis j'ouvris la gigantesque veste. Je ne portais que mes sous-vêtements. J’enlevai ma barre et me glissai dans le lit à côté de Démétrius.
Son bras glissa autour de ma taille et il m'attira contre son torse épais et fort. J'enroulai mes bras autour de son cou et pressai mon visage contre sa poitrine.
«Merci d'être là pour moi», soufflai-je sur sa peau froide et lisse. Il enfouit son visage dans mes cheveux. Je sentais son souffle froid contre mon cuir chevelu alors qu'il parlait.
«Je serai toujours là pour toi, mon amour. Toujours.»
Je souris et je le serrai plus fort.
«Peu importe les folies que je fais», ajoutai-je en pressant mes lèvres contre sa peau froide. Je le sentis glousser.
«Peu importe les folies que tu fais», répondit-il. «Tu imaginais que je m'y habituerais.»
Je souris. «Jamais», promis-je.
«Tu me surprendras toujours.»
«Bien sûr.»
«C'est pour ça je t'aime», dit-il en embrassant le sommet de ma tête.
«Je t'aime aussi, Démétrius.» Sa main glissa de ma taille jusqu’au bas de mon dos. Il pressa mon corps contre le sien.
Ses mains se déplaçaient lentement, méticuleusement, en suivant ma clavicule, puis en descendant pour effleurer mes seins.
Il soutenait mon regard tandis qu'il prenait un de mes tétons dans sa bouche et le suçait doucement. Je laissai échapper un petit gémissement, si doux que ma famille ne put l'entendre.
Démétrius déplaçait déjà ses mains plus bas. Il glissa ses doigts sous ma culotte et l'arracha.
Je soufflai sur lui, agacée qu'il ait cassé un autre de mes sous-vêtements, et il gloussa dans mes cheveux.
Ses doigts glissaient entre mes plis doux et humides, et il émit un petit grognement reconnaissant. Ses mains saisirent soudain mes hanches et me firent basculer sur le ventre.
Par derrière, il glissa une main autour de mes fesses rondes, remonta le long de mon ventre, et attrapa mon sein droit pour le pétrir.
Son autre main se glissa entre mes jambes, et je sentis son pouce appuyer sur mon clito, en faisant des petits mouvements circulaires.
Je laissai échapper un petit soupir en faisant bouger mes hanches vers l’arrière. Il remua contre moi, son caleçon avait disparu, probablement pas arraché comme le mien. Je sentais sa bite dure pressée entre mes fesses.
Il se penchait sur moi, et embrassait mon dos. Puis, sans prévenir, il poussa en moi. Je me mordis la lèvre inférieure pour ne pas crier.
Il me pilonnait, en frappant juste à l'intérieur de moi car il savait que j'aimais ça, alors que sa main agrippait fermement mes hanches.
Mes dents perçaient ma lèvre, et soudain, Démétrius me fit basculer. Il roula hors du lit et me souleva. J'enroulai mes bras autour de lui, en l'embrassant passionnément.
Il répondit, sa langue lécha le sang sur ma lèvre, plongea dans ma bouche, et prit les commandes de notre baiser. Il m’avait plaquée contre le mur, et mes jambes entouraient sa taille, tandis qu'il me pilonnait.
Je sentais la chaleur monter dans mon corps, mon cœur tranquille commençait à s'emballer, et j'entendais le sien aussi, qui battait au même rythme que le mien. Ses yeux étaient rouge vif, fiévreux, alors qu'il capturait mes lèvres dans un autre baiser.
Il laissa échapper un petit grognement et baissa la tête, déposant des baisers brûlants le long de ma gorge et sur ma poitrine. Je me penchai sur lui, répondant à ses poussées, le souffle coupé à chaque fois.
Il planta ses dents dans le côté de ma gorge, et je laissai échapper un cri avant qu'il ne mette sa main sur ma bouche.
Il commença à lécher le sang qui coulait de mon cou, grognant de faim, me pilonnant jusqu'à ce que je ne voie plus que des étoiles. Je baissai la tête et le mordis violemment à l'épaule.
Son sang gicla dans ma bouche, chaud, acidulé et épicé. Il laissa échapper un grognement en embrassant fébrilement mes lèvres, puis revint à laper mon cou tandis qu'il nous poussait l'un contre l'autre, ses mains pétrissant mes fesses.
Son sang me remplit de chaleur et me fit immédiatement atteindre l'orgasme. Nous avons joui ensemble bruyamment, et nous nous effondrâmes sur le lit, dans un désordre de membres, de sperme et de sang.
Démétrius avait un large sourire nonchalant sur son visage quand il se retourna et m'embrassa à nouveau.
«Trois cents ans plus tard, tu me coupes toujours le souffle», murmura-t-il.
Je fermai les yeux, respirant son parfum épais et délicieux, et je tombai dans un profond sommeil.