
Je me réveille tôt le jour J.
Est-ce que j'ai vraiment envie d'aller à cet entretien ? J'ai besoin d'argent et ce serait bien pour mon CV, mais la grande question est de savoir si je veux travailler pour Diablo...
Je me convaincs d'y aller, juste pour sauver la face. Si j'ai le job, je déciderai si je dois l'accepter ou pas. Mon plus gros défaut est de toujours trop réfléchir.
Je m'habille avec ma robe rayée bleue et blanche, une veste en jean et des chaussures plates blanches. Rien d'extraordinaire, mais ça fera l'affaire. Je décide de laisser mes cheveux noirs détachés et de me maquiller le moins possible.
Simple et sans fioriture. Belle et naturelle. Comme je l'aime. Je me dirige vers la cuisine pour prendre un café. Je dois m'assurer que je suis réveillée et alerte.
Je veux faire bonne impression, même si je sais au fond de moi que quelqu'un comme Diablo ne m'emploiera jamais. Ne m'appréciera jamais.
Je reste un moment en transe en pensant à son aura magnétique, à ses yeux verts, à ses cheveux noirs, à sa voix sensuelle et séduisante.
Il a tout pour plaire, mais je sais que je ne suis pas la première femme à penser ça de lui... et à ses lèvres pulpeuses...
Non. Je ne devrais pas penser à ses lèvres. Je me demande s'il embrasse bien. Ce qu'il sait faire, avec ces lèvres.
"B, j'ai besoin d'un café steuplaaait !" dit-elle, en parlant comme un enfant de trois ans.
Je lève les yeux au ciel, lui verse son café et entre dans sa chambre. Je n'aurais pas dû faire ça. Le barman d'hier soir est debout, nu comme au jour de sa naissance.
Je suis bouche bée devant lui.
Wow, il est à tomber par terre. Pas étonnant que Carly ait l'air si fatiguée. Il a probablement assez d'endurance pour tenir plusieurs jours. Je lui tends le café et me retourne pour sortir, mais il me rappelle.
"Je suis Travis, le barman en chef du patron, le chauffeur, enfin, son homme à tout faire", se présente-t-il.
"Je suis Emma", ai-je finalement lâché. Au moins, il est habillé maintenant.
"Le patron veut que je vous conduise à l'entretien aujourd'hui, alors je me suis dit que j'allais faire d'une pierre deux coups". Il regarde Carly, tout sourire.
"Je peux prendre un taxi, merci beaucoup", je réponds à voix basse.
"Il a insisté, disant que vous pourriez vous dégonfler si je ne vous conduisais pas."
"D'accord", je dis, sidérée.
"Il faudra partir dans vingt minutes si on veut être à l'heure", je lance par-dessus mon épaule, l'air de rien.
La dernière chose que j'entends avant de fermer la porte, c'est un couinement de Carly. Ils ont dû s'y remettre
Vingt-cinq minutes plus tard, très irritée, je frappe à la porte de Carly. Elle est ouverte par Travis qui met ses chaussures en sautant de haut en bas.
"Il faut y aller, maintenant", crie-t-il. "Je n'ai pas envie de me faire virer !"
Je regarde Carly, qui a le même sourire que le chat du Cheshire.
"Je suppose que Cashè n'est plus d'actualité pour le moment ?" Je demande. Elle affiche un large sourire et acquiesce.
Nous montons dans une Mercedes GT63 noire. Travis conduit comme un putain de malade et je dois lui demander de ralentir plusieurs fois.
Je ne suis jamais en retard. Je déteste ça. Ma mère aurait dû m'appeler Emma Taylor La Ponctuelle. Je déteste être en retard, surtout à un entretien que je redoute déjà.
Nous arrivons à la boîte avec trois minutes d'avance seulement. J'envoie un regard noir à Travis et entrant en courant dans le club. Je suis immédiatement accueillie par Luis qui me dit que je suis à l'heure.
Il me guide vers un escalier en face de celui qui mène aux carrés VIP. Nous longeons un couloir et nous nous arrêtons à la deuxième porte sur la droite. Luis frappe et j'entends Diablo grogner pour qu'on entre.
Je découvre un bureau décoré exactement de la même manière que le club en bas, les cages de danse en moins.
Un grand bureau trône au milieu. Il y a une longue table à ma droite où je suppose qu'il dirige la plupart de ses réunions d'affaires. Le mur du fond est entièrement en verre, et on peut voir la piste de danse depuis son bureau.
Mes yeux se posent immédiatement sur ceux de Diablo. Grosse erreur. Il porte un costume noir avec une cravate verte qui fait ressortir la couleur de ses yeux. J'ai l'impression de m'y noyer.
Il m'offre un siège et quelque chose à boire.
"De l'eau", c'est tout ce que je peux marmonner avant de m'asseoir devant son bureau. Luis me tend une bouteille d'eau et s'assoit à côté de moi. Sérieusement !
"Bon, à quel point c'est du sérieux, votre histoire ?" Je demande.
"C'est très sérieux", déclare Diablo d'un ton agaçant. Il me glisse un document et je vois que c'est un accord de confidentialité. Je lève les yeux et je vois Diablo et Luis qui me regardent.
"Qu'est-ce que c'est ?"
"Tu me déçois, bébé. Je pensais que tu étais très intelligente."
Promis, juré, je n'arrive pas à former la moindre phrase cohérente. "Bien sûr que je sais ce qu'est un accord de confidentialité", je réponds d'un aboiement. "A quoi ça sert ? Je ne comprends pas. C'est censé être un entretien d'embauche."
"Ça l'est", dit Diablo. "Cependant, avant de commencer, tu dois lire et signer cet accord. Sinon, l'entretien est terminé."
Je le regarde fixement, puis je tourne mon regard vers Luis, qui est assis sur sa chaise comme si tout ça était parfaitement normal. Je saisis le document, prends un stylo sur son bureau et me dirige vers la longue table de conférence.
Je sens que les deux hommes me dévisagent, mais je suis surtout consciente des yeux verts perçants de Diablo.
"Quoi ?" Je crie. "Je ne signe rien tant que je ne l'ai pas lu et que je ne suis pas d'accord avec son contenu. C'est la base, Diablo", j'ajoute avec aplomb.
Je m'assois et je commence à lire. Ça semble assez basique. Ne pas divulguer la nature de l'entreprise, bla bla bla... jusqu'à l'avant-dernière page.
Et c'est là que je m'arrête et que je lève les yeux vers les deux hommes. Je ne sais pas si je dois rire, pleurer ou courir comme si ma vie en dépendait.
Moi, petite Emma innocente, dans quoi me suis-je fourrée ? Je n'ai jamais été très vulgaire, mais dans ma tête c'est une avalanche de "putain".
Diablo se racle la gorge et je réalise que je les regarde d'un air vide. Je ne suis pas du genre à faire des choses inconsidérées ou illégales, mais j'en ai marre de l'étiquette de prude et de Vierge Marie.
Alors je me lève et marche avec toute l'assurance dont je suis capable vers le bureau de Diablo. Je m'assois et je signe le contrat.
Les deux hommes me regardent, abasourdis. Il semble qu'aucun d'eux ne s'attendait à ce que j'aille jusqu'au bout.
"Bon, on va se regarder toute la journée, ou l'un de vous va me parler du poste éventuel ?"
"Un sacré petit caractère", dit Luis.
Diablo commence à décrire en long et en large les opérations de la boîte de nuit, ainsi que des neuf autres qu'il possède dans le monde entier.
"Il n'y a rien de clandestin là-dedans", je murmure.
Il lève les sourcils et me lance un regard foudroyant, qui, je suppose, ferait taire la plupart des gens. Mais quelque part entre l'obtention du diplôme et aujourd'hui, il semble que j'ai développé un peu d'aplomb, et je soutiens son regard.
Diablo s'éclaircit la gorge et explique qu'il a besoin de quelqu'un avec une excellente intelligence sociale. Quelqu'un avec des aptitudes relationnelles, beaucoup de finesse, qui sache se débrouiller en comptabilité.
Il semble penser que ses gérants de confiance des clubs et des entreprises clandestines l'arnaquent et concluent des accords dans son dos.
Il a besoin de quelqu'un à ses côtés à qui il peut faire confiance sans réserve et je corresponds à cette description.
"Je pensais que Luis était cette personne," je m'écrie.
"C'est vrai, dans une certaine mesure, mais je ne connais rien à la comptabilité. Je suis le bras droit de Diablo, mais il a besoin d'une femme comme partenaire. Et franchement, je n'ai aucun sens du relationnel.
"Je m'occupe principalement des meurtres ou des punitions quand c'est nécessaire."
Je le regarde fixement. Est-ce qu'il vient de dire "meurtre" et "femme comme partenaire" dans la même phrase ?
"C'est quoi ce bordel ? Merde, je viens de dire ça à voix haute?"
Les deux hommes acquiescent.
Maintenant je panique. Et si je me faisais tuer, ou punir ?
Mais… Diablo n'a pas encore dit que j'avais le job. Je regarde Diablo.
"Alors, j'ai le poste ou pas ?"
Diablo reste silencieux pendant un long moment, tout en me regardant.
"Oui. Mais seulement si toi et moi, on fait une bonne équipe."
"C'est-à-dire ?" Je demande, en le regardant.
Il continue à me fixer. Luis finit par répondre à la question que j'ai posée il y a quelques instants.
"Pour que cette relation professionnelle et personnelle fonctionne, vous devez être la partenaire de Diablo, non seulement en affaires mais aussi personnellement."
"Ce qui veut dire ?"
Diablo répond cette fois-ci. "Ça veut dire, bébé, que tu seras à moi dans tous les sens du terme, physiquement et mentalement, exclusivement. Et je serai à toi. Mais il n'y aura pas d'amour, c'est purement professionnel.
"Je suis actuellement affilié à quatre autres patrons de la mafia et je veux me développer, mais je me heurte à plusieurs obstacles. Pour un certain nombre de raisons.
"Des raisons que tu connaîtras si tu acceptes cet arrangement, au fur et à mesure. Tu seras la clé pour remporter des parts de marché."
"Je ne serai pas une pute, Diablo. Et vous pouvez aller vous faire foutre pour l'avoir suggéré. Si c'est ce que vous voulez et ce dont vous avez besoin, vous pouvez aller vous faire foutre !"
Je hurle à ce moment-là. Luis devient un peu anxieux.
"Ce n'est pas ce que je voulais dire et tu le sais très bien. Je ne partage jamais mes femmes avec quiconque et toi, bébé, tu n'appartiendras qu'à moi, pour le reste de ta vie, si tu décides de saisir cette opportunité.
"Diablo Salvatore ne partage jamais. Si je dis que tu es à moi et que je serai à toi, je le pense vraiment. Si tu regardes un autre homme ou s'il respire le même air que toi, tu seras punie et il sera tué.
"Tu as compris ?"
"O-oui-oui", je balbutie enfin. Je suis tellement contente d'être assise. Je pense que si j'étais debout, je me serais déjà évanouie.
Quelques minutes passent, les deux hommes me regardent, quand je retrouve enfin ma voix, la seule phrase que je peux formuler est qu'ils auront ma réponse demain, dimanche.
Le regard ébahi sur leurs visages est impayable.
"Travis va te ramener chez toi et te donner mon numéro personnel", dit Diablo. J'acquiesce, me tourne et quitte son bureau, sans jamais me retourner.
Emma est entrée dans mon bureau vêtue de la robe la plus moche que j'ai jamais vue - du moins, je suppose que c'est une robe - avec une veste en jean et des chaussures plates.
Je me demande pourquoi elle cache sa beauté naturelle. Elle est stupéfiante au-delà de tout entendement.
Après avoir lu l'accord de confidentialité, je suis certain qu'elle aurait pris ses jambes à son cou, mais elle ne l'a pas fait.
Surprise numéro 1.
Après avoir entendu ce que j'exigeais d'elle personnellement, elle n'a pas non plus fui.
Surprise numéro 2.
Elle n'a pas pris ses jambes à son cou lorsqu'elle a entendu parler des meurtres ou des punitions.
Surprise numéro 3.
Il en faut beaucoup pour me surprendre et Emma l'a fait, plus d'une fois. Je vois qu'elle réfléchit à toute vitesse. Elle est vraiment phénoménale. Je n'ai jamais autant désiré quelqu'un.
J'ai demandé à Luis d'ajouter dans le contrat le fait qu'elle m'appartienne pendant toute la durée de notre collaboration. Pour faire bonne mesure.
Elle aura besoin de beaucoup de formation, mais heureusement, elle a ce qu'il faut pour réussir. Je sais que je perds un paquet d'argent. J'espère juste qu'elle pourra me dire comment l'éviter.
L'avoir dans mon lit, c'est juste la cerise sur le gâteau.C 'est la première femme que j'ai l'intention de laisser dormir dans mon lit jusqu'au matin.
Maintenant, je dois attendre un autre putain de jour pour sa décision. Putain, je déteste attendre. Ça m'énerve.
Pour ajouter à mon malheur, les yeux d'Emma continuent de surgir dans mon esprit de temps en temps et je sens ma bite devenir dure rien qu'en pensant à elle. J'ai besoin de soulager mon stress.
J'appelle Lauren. Je sais qu'elle est en ville et elle ne me déçoit jamais. Un corps superbe, mais loin d'égaler celui d'Emma.
Je sais que Lauren a un faible pour moi, alors elle viendra quand je l'appellerai, en espérant un peu plus à chaque fois - ce qui n'arrivera jamais. J'ai été clair là-dessus dès le début.
Je compose son numéro et elle répond à la deuxième sonnerie.
"Salut, belle bite. Tu veux que je vienne ?"
"Oui", c'est tout ce que je dis avant de mettre fin à l'appel.
Je dois me débarrasser de cette femme aux yeux bleus, maintenant.