
« Tu veux manger un morceau avant d'aller à l'hôpital ? »
Layla s'est détournée de la fenêtre, son adorable visage marqué par la confusion. « Je vais à l'hôpital avec toi ? »
« Tu ne veux pas ? »
« Bien sûr que je veux aller voir les bébés », a-t-elle dit. « Mais je croyais que tu m'avais retirée de la liste des visiteurs. »
« J'ai appelé l'hôpital et leur ai dit de réactiver ta carte d'accès. »
« Merci », a-t-elle chuchoté.
« De rien », ai-je chuchoté en retour, en me penchant pour serrer sa main.
Il aurait été sage d'arrêter de la toucher, mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Sa peau douce et chaude était addictive.
Cette façon de penser ne m'apporterait que des ennuis. Layla était mon employée, la nounou de mes triplés. Ils avaient plus besoin d'elle que ma bite.
Mais essayez de dire ça à l'érection constante dans mon pantalon quand elle était là.
« Comment peux-tu aller au restaurant ? » a-t-elle demandé. « Tu ne vas pas te faire assaillir ? »
« Pas si on va dans mon restaurant. On peut se glisser par la porte de derrière et manger dans la salle privée. » J'ai sorti mon téléphone et envoyé un texto à mon maître d'hôtel.
« Je ne suis pas vraiment habillée convenablement pour un restaurant chic », a-t-elle dit.
« Westinghouse n'est pas chic », ai-je gloussé. « C'est un pub. »
« Un pub qui vend des bières à douze dollars et des hamburgers à vingt-cinq dollars. »
« Est-ce que tu viens de googler mon menu ? »
« Non », a-t-elle marmonné en rangeant son téléphone dans son sac.
« Tu l'as fait ! »
« Je ne l'ai pas fait ! » s'est-elle écriée, se tournant à nouveau vers la fenêtre.
« Laisse-moi voir ton téléphone alors. »
« Non », a-t-elle gloussé en rangeant son sac à main sur le côté.
« Je pourrais t'enlever ce sac à main en deux secondes environ », l'ai-je taquiné.
« Tu parles comme un agresseur. »
J'ai rejeté la tête en arrière, riant plus fort que je ne l'avais fait depuis très longtemps.
« Tu ne devrais jamais fouiller dans le sac d'une femme sans sa permission », a-t-elle prévenu, serrant fermement le sac à main usé.
« Je te taquine », ai-je dit. « Je promets de ne jamais regarder dans ton sac à main. »
« Peux-tu commander pour moi ? » a demandé Layla, en posant son menu. « Je ne sais même pas ce qu'est la moitié de ces trucs. »
« Tu devrais apprendre si tu veux devenir un chef. »
« Quand ai-je dit ça ? »
« Tu n'as pas eu besoin de le dire », ai-je dit en ramassant mon verre d'eau. « Je l'ai vu dans tes yeux quand tu étais dans ma cuisine. »
« J'aime cuisiner. Cela ne signifie pas nécessairement que je veux en faire mon métier. »
« C'est vrai », ai-je convenu. « Mais pour toi c’est le cas. »
« Peut-être », a-t-elle déploré. « Mais je ne peux pas me payer une école. »
« Tous les grands chefs ne vont pas à l'école. »
« Ma vie est un peu en désordre en ce moment, Briggs », dit-elle doucement, en regardant ses longs doigts fins. Ses mains seraient superbes avec une manucure professionnelle et quelques bijoux.
C'est la nounou de tes enfants, Briggs. Pas ta petite amie.
Comme si je connaissais quelque chose aux petites amies. J'avais eu quelques relations. Mais elles étaient toutes occasionnelles, avec une date d'expiration garantie. Je n'avais jamais acheté à une femme un quelconque bijou. C'était catégorique.
« Pourquoi ta vie est-elle en désordre ? »
« Tu as vraiment besoin de le demander ? »
« Tu es jeune et en bonne santé », ai-je dit en inclinant la tête alors que je lui souriais à travers la table. « Et tu viens de recevoir une super offre d'emploi en tant que nounou pour un joueur de hockey super sexy. »
« C'est vrai », a-t-elle convenu avec un sourire timide.
« Un joueur de hockey super sexy qui se trouve être propriétaire d'une chaîne de restaurants. »
« J'apprécie tout ce que tu fais pour moi, Briggs », a-t-elle dit. « Mais je pense que j'ai juste besoin de me concentrer sur une chose à la fois. Pour l'instant mes trois neveux. Ils vont être un travail à plein temps. »
« Je suis conscient de cela », ai-je gloussé. « D'où la nécessité d'avoir deux nounous. »
« Comment est l'autre nounou ? »
« Elle est incroyable. Tu as déjà regardé Mary Poppins ? »
« Bien sûr », dit-elle en riant.
« C'est Mary. »
« Quoi ? »
« En fait, elle s'appelle Mary, et elle lui ressemble et s'habille comme Mary Poppins. »
« Mais non ! »
« Si », ai-je dit. « Tu n'as qu'à attendre et tu verras. »
« Quel âge a cette femme ? »
« Mary a cinquante-cinq ans. »
« Cinquante-cinq ans ! »
« Qu'est-ce qu'il y a de mal à ça ? »
« Elle est vieille ! »
« Elle n'est pas vieille », ai-je dit. « Et elle est hautement recommandée. Elle a travaillé pour une famille très distinguée en Angleterre. »
« Tu te moques de moi », a-t-elle dit en riant. « Et la vraie Mary Poppins était une femme plus jeune. »
Putain, j'aimais le son de son rire. Et ce sourire. Il ne sortait pas très souvent, mais quand il sortait, elle illuminait la pièce.
Mince, Briggs. Ressaisis-toi.
J'ai passé la main sous la nappe, pour m'assurer que mes couilles étaient toujours là. Elles l'étaient. Juste en dessous de ma bite palpitante. C'était vraiment une mauvaise idée. Je devrais lui dire que j'avais changé d'avis.
Lui donner de l'argent et l'aider à trouver un endroit et un travail. Loin de moi.
« Je ne te mentirais pas », ai-je dit. « Mais tu pourras lui demander toi-même quand tu la rencontreras. »
« Comment une vieille femme est-elle censée se lever la nuit avec des triplés ? » a-t-elle raillé. « Et bonne chance pour les suivre une fois qu'ils sont en mouvement. »
« Attends de la rencontrer. Elle est plutôt vive pour une vieille femme. C’est peut-être toi qui auras du mal à la suivre. »
« Certainement… »
« Tu vas l'adorer », ai-je promis.
« As-tu au moins goûté ce burger ? » ai-je demandé.
Elle a souri derrière sa serviette. « C'était le meilleur burger que j'ai jamais mangé. »
J'avais l'impression que mon visage allait se fendre en deux. À quand remontait la dernière fois où j'avais autant souri et ri en une seule journée ?
Il y avait quelque chose de rafraîchissant et d'étonnamment attirant chez une femme qui n'avait pas peur de manger. Layla a consommé son déjeuner comme si elle n'avait pas mangé depuis des jours.
Elle ne semblait pourtant pas souffrir de malnutrition. Elle était grande et mince et avait l’air saine. Les personnes qui travaillent dans le secteur de la restauration n'ont jamais faim. Il y a toujours des restes de nourriture qui doivent être consommés. Même dans un restaurant.
« Le bœuf de Kobe est le meilleur », ai-je dit.
« Comment peut-on revenir au bœuf ordinaire après avoir mangé ça ? »
« Je ne sais pas », ai-je dit en haussant les épaules.
« Et ce fromage. »
« C'était du gruyère. »
« Une grue d’hier ! »
Le serveur a gloussé à sa blague en ramassant nos assiettes. Blaine était un employé de longue date.
Tous mes employés signaient des accords de non-divulgation, mais j'avais demandé que quelqu'un en particulier nous serve. Je le savais de confiance, il ne vendrait pas l’histoire sur mon rendez-vous de midi aux tabloïds.
Les paparazzi ont toujours été une épine dans mon pied, mais depuis que l'histoire des triplés avait éclaté, ils étaient devenus des vautours implacables.
« Layla est l'une des nounous que j'ai engagées », ai-je expliqué.
« C'est un réel plaisir de vous rencontrer, Layla », a dit Blaine, ses yeux balayant sa poitrine d'un regard appréciateur. Layla n’a pas remarqué que mon serveur flirtait avec elle.
Sérieusement, mec ? Elle est assez jeune pour être ta fille.
Ouais, OK. Je suis un hypocrite. Mais Blaine était un coureur de jupons. Layla méritait mieux qu'un gars qui l'utiliserait juste pour le sexe.
Ouais, OK. J'avais l'habitude de faire la même chose.
Mais plus maintenant. Je ne couchais plus jamais, ou presque, avec quelqu'un. Et quand je le faisais, c'était généralement uniquement avec des femmes que je connaissais. Des femmes qui ne nourrissaient aucun fantasme quant à l'obtention du célibataire le plus recherché du Canada, un titre que j'avais détenu trois années de suite.
Dans les circonstances actuelles, j'aurais volontiers rendu le titre.
La jalousie n'était pas une émotion familière pour moi, mais je l'ai reconnue immédiatement lorsqu'elle a déferlé dans mes veines comme un tsunami. Je me suis raclé la gorge. « Merci, Blaine », ai-je dit sévèrement.
« Euh, de rien, M. Westinghouse », a-t-il bégayé avant de s'éloigner avec nos assiettes sales.
Layla fixait la table, les joues rougissantes, en tripotant sa serviette.
« Veux-tu un dessert ? » ai-je demandé.
« Non, merci », a-t-elle dit doucement. « Je suis repue. »
« Je vais envoyer un SMS à Vlad pour lui dire que nous sommes prêts. »
« Layla ! » a crié Bernice, en attirant Layla vers elle pour un câlin. « Je ne m'attendais pas à te voir encore par ici. »
« Les choses ont changé », a expliqué Layla. « M. Westinghouse m'a engagée pour être la nounou de ses enfants. N'est-ce pas génial ? »
« Ouah ! » s'est exclamée Bernice, en plissant les yeux sur moi par-dessus l'épaule de Layla. « C'est génial. »
« Je sais », s'exclame Layla. « Je vais pouvoir m'occuper de mes neveux. »
« J'étais sur le point de nourrir les bébés », a dit Bernice. « Mais maintenant que vous êtes là tous les deux, vous pouvez le faire. »
« Super ! » a dit Layla avec enthousiasme, en enlevant sa veste. Elle est allée au placard et a sorti des boîtes de lait maternel. Apparemment, ce n'était pas sa première fois.
« As-tu besoin d'aide, Layla ? » a demandé Bernice.
« Non », a-t-elle répondu en versant le lait maternisé dans de petits biberons étroits, puis vissant les tétines sur le dessus.
« OK, ma chérie. Je vais aller prendre un café. Mais j'ai mon téléphone allumé si tu as besoin de quelque chose. »
Je me suis écartée pour laisser passer l'infirmière. Elle m'a lancé un regard furieux avant de franchir la porte et de la fermer.
Qu'est-ce que ça voulait dire ? Elle n'avait pas été très chaleureuse avec moi la veille non plus. D'un autre côté, Bernice semblait très protectrice envers Layla. Était-ce pour cela qu'elle ne m'aimait pas ? Parce qu'elle pensait que je pourrais faire du mal à Layla ?
Eh bien, elle avait tort. Je ne connaissais Layla que depuis un jour, mais je ressentais déjà un fort désir de la protéger. Elle n'avait pas besoin d'être protégée de moi.
« Assis ! » a ordonné Layla, en désignant le rocking-chair dans le coin.
« Euh, je ne sais pas si je suis prêt à les nourrir », ai-je dit.
« Briggs », a-t-elle dit, les mains sur les hanches, son ton me faisant comprendre que je le ferais, que je sois prêt ou non.
J'ai enlevé ma veste et l'ai accrochée au dossier d'une chaise à bascule. Depuis quand est-ce que je recevais des ordres de mes employés ?
« Lave-toi les mains », a-t-elle dit.
« Oui, madame. »
« Qui veux-tu nourrir ? »
« Hum, je ne sais pas », ai-je rigolé. « Tu choisis. »
Elle a pris l'un des bébés dans le berceau et a attendu pendant que je me séchais les mains et que je m'installais sur la chaise.
Il avait l'air si petit dans mes bras. Ils pesaient tous plus de deux kilos maintenant. L'un d'entre eux approchait des 2,5 kilos. Mais ils étaient encore assez petits comparés aux bébés nés à terme.
Layla s'est penchée vers moi et a placé la tétine du biberon contre la bouche de mon fils, la frottant doucement le long de la jointure de ses lèvres. J'ai respiré son doux parfum, ses seins succulents se balançaient à seulement quelques centimètres de mon visage.
Je n'étais définitivement pas dans la course au titre de père de l'année. Fantasmer sur les seins d'une jeune femme tout en tenant mon bébé était tout nouveau pour moi.
Voyons, un peu de tenue !
Layla était mince, ses seins semblaient énormes sur son petit corps. Ils se trouvaient juste devant mes lèvres. Ils étaient fabuleux, putain. Les lunes crémeuses de ses seins pleins descendaient en un gouffre attractif, au niveau du col en V de son T-shirt.
Le son de la succion de mon fils m'a sorti de mes pensées salaces. J'ai regardé le petit garçon dont la bouche était fermement attachée au biberon, les yeux fermés et les doigts serrés.
L'instinct s'est manifesté. J'ai glissé mon doigt dans sa main, mon cœur s'est gonflé d'amour quand il a enroulé ses minuscules doigts autour de mon auriculaire.
« Bon travail, George », a chuchoté Layla.
« Est-ce que tu viens de l'appeler George ? »
Elle m'a tourné le dos, tendant la main à un autre bébé. « Je leur ai donné des surnoms », a-t-elle dit. « Ce n'est pas comme s'ils allaient s'en souvenir. Shelly ne voulait pas s'en occuper. Ils ont six semaines. Ce n'est pas normal qu'ils n'aient pas été nommés. »
« Je ne suis pas contrarié », ai-je dit. « Juste surpris. »
Elle s'est assise dans l'autre fauteuil à bascule avec l'un des bébés dans les bras, lui chuchotant doucement de prendre le biberon.
« Comment s'appelle-t-il ? »
« Harris », a-t-elle dit sans lever les yeux.
« Et la marmotte, là-bas. Quel est son nom ? »
« Jérôme. »
« George, Harris, et Jérôme », ai-je dit pensivement. « Layla ? »
« Oui ? »
« Tu as donné à mes enfants le nom des personnages de « Trois hommes dans un bateau » ? »
Elle a levé la tête, la bouche ouverte, le regard incrédule. « Comment connais-tu cela ? »
« Je suis instruit, tu sais. »
« Moi aussi », a-t-elle chuchoté. « Je l'ai lu au lycée. Ils avaient un vieil exemplaire usé par le temps à la bibliothèque. J'étais la seule personne à l'avoir emprunté. Quand j'ai eu mon diplôme, j'ai demandé si je pouvais l'avoir. »
« Elle t’a laissée le garder ? »
« Il », a-t-elle corrigé. « Et non. Il a dit que je devais le payer si je le voulais. Je n'avais pas assez d'argent pour l'acheter. »
« J'aime la façon dont l'auteur utilise l'humour pour rompre le sérieux de certaines parties du livre », ai-je dit. « Je déteste lire des trucs déprimants. Ce livre est hilarant. »
« Je sais », a-t-elle dit, en souriant avec nostalgie. « J'avais l'habitude de rester allongée dans ma chambre la nuit, à rire en lisant les mêmes passages encore et encore. »
« George a terminé », ai-je dit en montrant le biberon vide.
« Veux-tu nourrir Jérôme ? »
« Bien sûr. » Je me suis levé et me suis dirigé vers le berceau.
« Tu dois l'emmailloter », a-t-elle dit. « Sinon, il va se réveiller en un rien de temps. »
« D'accord. Comment je fais ça ? »
Je l'ai regardée préparer une couverture, emmitoufler mon fils dans un cocon et me le tendre.
« Comment as-tu appris tout ça ? »
« Bernice. »
Nous nous sommes assis en silence pendant que je donnais à manger à Jérôme.
« Je pense que j'aimerais les garder », ai-je dit.
« Eh bien, je l'espère », a-t-elle dit en ricanant nerveusement. « Tu as déjà accepté d'en avoir la garde complète. »
« Je voulais dire leurs noms. J'aimerais garder les noms que tu leur as donnés. »