Alpha Loren (français) - Couverture du livre

Alpha Loren (français)

Elle A.H.

Chapitre trois : Décision stupide numéro un

ELLA

10 OCTOBRE

"Et tu es certaine de vouloir aller à cette fête, Ella ?" a demandé Connor pendant que nous mangions notre dîner.

"Non, j'ai passé une demi-heure à essayer de perfectionner mon eyeliner en ailes de papillons pour rester à la maison", ai-je dit, posant ma fourchette pour montrer le chef-d'œuvre que j'avais créé autour de chaque œil.

Il a levé les yeux au ciel. "Tu sais ce que je veux dire."

"Relaxe. Je peux gérer Cameron. Il n'est pas dangereux et j'en ai fini avec lui."

Connor s'est appuyé sur sa chaise et a soupiré. "Ok, si tu es sûre..."

J'ai pris mon assiette vide et marché jusqu'à l'évier, ébouriffant ses épais cheveux bruns au passage. "Ne t'inquiète pas."

Connor avait hérité des gènes de notre mère. Avec ses boucles brunes et ses yeux noisette chaleureux, il était son portrait craché.

Moi, par contre, j'avais les gènes de notre père.

Mes cheveux étaient d'un blond terne et ma peau était aussi pâle que le bleu inintéressant de mes yeux. Mais bien sûr, je n'aurais pas pu hériter de son physique grand et musclé.

Au lieu de cela, j'étais petite et n'avais aucunement une apparence remarquable.

La biologie est une garce.

***

Une heure plus tard, Abi et Charlotte m'attendaient dans le couloir exigu de la maison.

J'avais taché mon haut avec une tomate et je cherchais quelque chose d'autre à porter quand Abi a tapé avec son pied.

"Prête !" ai-je annoncé en courant dans les escaliers, ma seule paire de chaussures dans les mains. C'était une paire de Converses abîmées et sales que j'avais depuis des années.

Connor et moi avions de sérieux problèmes d'argent.

On travaillait dans un café cinq fois par semaine et maman nous envoyait un chèque de temps en temps, ce qui était à peine suffisant pour couvrir les factures et les produits indispensables, mais de nouvelles chaussures n'en faisaient pas partie.

"Vous êtes ravissantes, mesdames", ai-je dit en les enfilant à mes pieds.

"Merci, mais on doit y aller. On risque de dépasser la catégorie des gens juste assez en retard pour se faire bien remarquer !" s'est exclamée Abi avant de nous pousser vers la sortie.

Connor attendait dehors avec ce qui ressemblait à une bouteille de vodka dans les mains.

"Connor", ai-je gémi. "S'il te plaît, ne te mets pas minable ce soir."

"Détends-toi, maman", a-t-il dit en dévissant le bouchon et en penchant la tête en arrière. "Ce n'est pas comme si j'allais la boire tout seul ou quoi."

Il en a pris une gorgée et a grimacé avant de la tendre à Abi et Charlotte. "Mesdames ?"

Elles ont toutes deux gloussé avant de boire à la bouteille, s'étouffant et se tortillant alors que l’alcool leur brûlait la gorge.

"Pas de pression, Ella, mais tu peux en prendre si tu veux", a dit Connor en me proposant la bouteille.

J'ai jeté un coup d'œil à la bouteille et j'ai pensé à Cameron et Logan et comment diable j'allais passer cette soirée sans gifler au moins l'un d'entre eux.

"Juste un peu", ai-je répondu en prenant la bouteille.

Les alcools forts me dégoûtaient. Ils étaient dangereux aussi, mais plus Abi, Charlotte et moi buvions de la vodka de Connor, moins il lui en restait pour s’abrutir.

J'en ai donc pris une gorgée avant de la lui rendre, maintenant seulement aux trois quarts pleine.

"Fais attention avec ça", ai-je prévenu.

Lorsque la musique de la fête est arrivée à nos oreilles, la bouteille n'était plus remplie qu'au quart et nous étions tous morts de rire.

Alors que je marchais bras dessus bras dessous avec mes amies, les épreuves et les défis continuels de ma vie étaient en pause et un sourire s'est glissé sur mon visage.

"Bon…" ai-je dit lorsque nous avons atteint la porte. "Je suis pompette et il ne manque pas à la moindre partie de moi. C'est bon signe, non ?"

Ils étaient tous d'accord.

"Et Connor, pour l'amour de la Déesse, nous avons un service à sept heures du matin. Assure-toi au moins d'être sobre d'ici là."

"C'est adorable à quel point tu me regardes de haut, Ella", a-t-il dit en me pinçant les joues. "Maintenant, arrête de t'inquiéter et amuse-toi."

Nous avons rejoint les hordes d'adolescents qui affluaient à l'intérieur et avons dansé, discuté et fait la fête pendant des heures.

C'était une super soirée. Du moins, ça l'était jusqu'à ce que je voie Cameron. Je l'avais évité toute la soirée jusqu'à ce que je me retourne pour le voir appuyé contre un cadre de porte, en train de me regarder.

Ses mâchoires étaient serrées et il regardait le sol. Je me suis presque sentie désolée pour lui. Mais ensuite je me suis souvenue que c'était un con, et que j'en avais fini avec lui.

Je me suis retournée et j'ai continué à danser avec Abi et Charlotte, qui hurlaient les paroles de "Party in the USA" à pleins poumons.

Alors qu'on arrivait au refrain, quelqu'un m'a tapé sur l'épaule.

"Qu'est-ce que tu veux ?" ai-je grogné en me retournant pour voir Cameron.

"Parler dehors", a-t-il dit.

"Non."

"Ella, s'il te plaît", a-t-il supplié. "Juste pour quelques minutes."

"Tu as trente secondes."

Je l'ai suivi dehors, dans la cour où la musique, étouffée par les murs, n'était pas aussi assourdissante.

"Je voulais te dire que je suis désolé", a-t-il dit. "De t'avoir mis la pression. Et tu me manques. Je me demandais si on pouvait se donner une autre chance ?"

"Non, Cameron", ai-je dit. "Il n'y a pas moyen, putain."

"Pourquoi ?" a-t-il demandé. "On était heureux, non ?"

"On l’a été, mais maintenant on veut des choses différentes."

Il a soupiré et a pincé les lèvres en regardant droit devant lui. "Ella…"

"Ça ne marchera jamais", ai-je dit. "Au revoir, Cameron."

L'odeur de l'alcool flottait dans l'air. Combinée aux adolescents autour de moi qui s'embrassaient et se tripotaient, je commençais à me sentir mal.

Alors, j'ai descendu le chemin, passé le portail d'entrée et je suis allée respirer un air plus frais. J'avais envie d'aller dans la forêt pour me défouler. J'avais envie de me transformer et courir.

En fonçant dans la rue, j'ai croisé Logan.

"Comment va ton petit ami ?" a-t-il lancé vers moi.

"Logan, tu es la dernière chose dont j'ai besoin en ce moment."

"Oh, on dirait que quelqu'un a le feu aux fesses."

Je me suis retournée et lui ai lancé un regard furieux. Le coin de ses lèvres s'est courbé tandis que ses amis se moquaient de lui.

"Va te faire foutre."

"Tu ne veux pas de ça ?" a-t-il dit en agitant l'enveloppe brillante en l'air.

Je me suis arrêtée et me suis retournée une fois de plus. "Donne-la-moi", ai-je dit.

"Bien sûr", a-t-il dit joyeusement en la tendant vers moi. Lorsque j'ai tendu la main, il l'a éloignée en riant. "Je ne t'ai pas ramenée chez toi."

"Si tu crois que je vais monter dans ta voiture avec toi aussi ivre…"

"Pas maintenant", m’a-t-il interrompue. "Après l'école, lundi."

"Bon", ai-je dit. "Pourquoi pas."

"C'est d'accord", a-t-il dit en me tendant l'enveloppe. Je l'ai saisie, mais avant de la lâcher, il s'est penché, approchant ses lèvres de mon oreille. "Ne la déchire pas."

Il a approché ses lèvres de ma joue, mais je lui ai donné une claque sur le visage avant qu'il ne puisse aller plus loin.

Il n'a même pas bronché et ça m’a irritée.

"J'ai eu envie de faire ça toute la journée", ai-je craché avant de m'éloigner.

J'ai rapidement trouvé un petit sentier menant dans les bois.

C'est la première chose stupide que j'ai faite.

Marcher seule dans les bois au milieu de la nuit n'est jamais une idée intelligente, avec tous les territoires de loups-garous autour.

Je vivais dans l'État de Washington, où il y avait des centaines de meutes parce que les chaînes de montagnes et les forêts étaient peu peuplées par des humains.

Cerridwen avait une meute différente à chaque frontière, mais je ne prenais pas la peine d'en savoir beaucoup plus sur elles. Pour ma part, je vivais une vie d’humaine, et les meutes ne me concernaient pas.

J'étais encore sous le coup des incidents avec Cameron et Logan alors que je marchais au milieu des arbres. Dès que j'étais assez loin de la ville, je me suis déshabillée, j'ai attaché mes vêtements à mon poignet et je me suis transformée.

C'était ça ou tomber à genoux et faire une dépression complète sur les aspects de ma vie qui allaient mal… oh, tous en fait.

Le vent dans ma fourrure et la forêt sous mes pattes étaient le remède parfait. La colère s'est dissipée, et les endorphines ont pris sa place.

Il a fallu des heures avant que ma louve se fatigue et que je doive me retransformer.

Remettre mes vêtements et la sueur collante et les boissons renversées contre ma peau était un rappel désagréable de la façon dont la soirée avait été amère.

J'ai soupiré et appuyé mon dos contre un arbre, reprenant encore mon souffle.

Connor et les filles devaient se demander où j'étais passée, alors j'ai sorti mon téléphone pour les appeler.

Pas de réseau.

1 % de batterie.

Ah, une barre de réseau !

0 %.

Merde.

Après avoir gémi, j'ai jeté un coup d'œil autour de moi, remarquant seulement maintenant que je ne connaissais pas mon environnement.

Les arbres étaient grands et menaçants, avec une lueur sinistre autour d'eux qui me donnait des frissons dans le dos.

Mais plus troublant encore, après avoir laissé ma louve prendre le dessus, je n'avais aucune idée de l'endroit où nous étions.

J'ai fait quelques pas en avant, prenant une profonde inspiration d'air avec toutes les senteurs qu'il contenait.

Ce n'était plus le territoire de Cerridwen, j'en étais sûre. Les odeurs d'autres meutes étaient tout autour. Aucune d'entre elles n'était particulière, pourtant quelque chose dans la forêt devant moi était attirant.

Les ombres et cette obscurité me séduisaient par leur mystère et me poussaient à poursuivre mon chemin. Mais au bout de quelques minutes, je me suis arrêtée à une frontière invisible.

J'avais déjà dû traverser une demi-douzaine de territoires, mais celui-ci était différent, et ma louve ne voulait pas que je m'en approche.

Une nouvelle odeur emplissait mes narines à présent. Une odeur trop intense pour passer inaperçue.

Je devrais partir. Retrouver le chemin de la maison. Faire savoir à Connor, Abi et Charlotte que je vais bien.

Mais il y avait quelque chose qui m’intriguait dans cette satanée odeur.

Alors je suis restée.

J'ai suivi la frontière, passant mes mains sur la rude écorce des arbres, osant parfois passer un orteil dans ce territoire.

Mes yeux scrutaient chaque buisson et chaque arbre que l'obscurité me permettait de voir, examinant chaque branche et brindille.

Rien que le silence. Le seul bruit était le crissement des feuilles sous mes pieds.

Je me suis arrêtée un instant, un pied en l’air au-dessus de la ligne de partage entre les deux territoires.

Rien de significatif ne marquait l'endroit, pourtant ma louve gémissait toujours et me suppliait de faire demi-tour.

Mais au fil de mes années de vie dans le monde des humains, je m'étais immunisée contre le contrôle de ma louve et elle ne me gouvernait plus.

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