Partager Delilah

DELILAH

Je me suis levée tôt, avant que le soleil ne se soit levé.

Je me suis ensuite douchée, j'ai imprégné ma peau d’un assortiment d'huiles à des fins magiques, j'ai nettoyé ma chambre (sauf la tache de cendres) et j'ai fait mes bagages.

Certaines des huiles sur ma peau sont destinées à me protéger, d'autres à éloigner l'acné et la peau sèche.

Lorsque les gens pensent "sorcière", ils ont tendance à penser à des femmes avec des dreadlocks couvertes de tatouages, ou même à un visage verdâtre avec des verrues et des ongles méchamment longs.

Bien que, bien sûr, de temps en temps, vous en trouvez d’autres qui pensent à une femme sans-abri à la dérive ou à une vagabonde.

Il y avait tellement de variations, mais à part l'odeur des huiles sur ma peau, j'aimais penser que je ressemblais à tout le monde.

J'avais certainement l'air normale comparée à certaines que j'avais vues à l'aéroport de Portland.

Je suis ce que l'on pourrait appeler une personne ordinaire et maquillée, puisque mes yeux sont grands et mon visage petit.

J'ai des cheveux bruns crépus et des yeux couleur miel. Je mesure 1,80 m et la taille des vêtements que je porte est du 36, mais en réalité, c’est parfois du 34 ou 38, selon la façon dont les vêtements sont fabriqués.

Je ne me distingue pas vraiment : ma seule particularité est le tatouage sur mon cou représentant le symbole de la triple déesse avec un pentagramme au milieu du ventre de la mère.

Et il est presque tout le temps couvert par mes cheveux puisque je les préfère détachés.

Je porte également un petit tressage de fil bleu dans une mèche de cheveux avec une breloque de pentagramme au bout, qui encadre mon visage.

À part cela, je n'ai pas d'ongles design, pas de poitrine plantureuse ou de cul rond et pulpeux. Je ne m'épile même pas les sourcils.

Je suis plutôt ordinaire, et je ne suis pas du genre à essayer d'améliorer mon apparence avec de la magie ou du maquillage. Ce n'est pas une exigence pour nos covens de l'Ouest comme c'est le cas à l'Est.

J'ai attendu leur bêta à l'extérieur de l'hôtel, en sirotant du thé, tout en grimaçant à cause de sa saveur édulcorée, tandis que je regardais le soleil se lever.

L'épaisse brume et le brouillard se déplaçaient au-dessus de la rivière comme une seconde couche d'eau. Le soleil a surgi à l'horizon avec un ciel rempli de nuages roses et de tons orange chauds.

C'était à couper le souffle.

Ma valise était à mes pieds ainsi qu'un autre petit sac.

J'attendais le loup de mer, respirant l'air vif et humide, assise sur un banc public près de l'hôtel sur une piste cyclable.

J’avais déjà rendu ma clé. Tout dans cette matinée laissait déjà présager une bonne journée.

J'attendais vraisemblablement un bêta mâle, donc je guettais, à la recherche d’un homme musclé qui semblerait d'être souvent dehors.

Les femmes ne dirigent pas les meutes de loups, même si elles ont certainement leur place au sein de la communauté et que les lunas peuvent être les égales des alphas.

Mais le plus souvent, les femelles sont légèrement plus faibles.

Elles ne peuvent jamais diriger une meute, car si elles tombent enceintes, il est trop dangereux pour elles de quitter la maison de la meute pour les affaires de l'alpha.

Le bêta est toujours un loup, pas aussi fort que son alpha, mais qui peut diriger la meute si jamais l'alpha tombe.

Le fait que cette meute ait alors deux alphas devient discutable ; normalement, l'autre alpha doit partir pour que la meute fonctionne correctement.

Ou même se séparer d'une partie de la meute ou diriger une meute plus faible à la place.

Mieux encore, le plus faible doit s'incliner devant l'alpha le plus fort et devenir le bêta pour éviter la lourde responsabilité - ce qui est arrivé plus d'une fois si mes sources sont correctes.

La meute de la Nouvelle Lune est l'une des rares meutes des Rocheuses à travailler avec des sorcières.

La plupart des meutes se méfient de nous, mais ces dernières années, nous avons été la clé pour trouver des partenaires pour certaines des meutes les plus fortes.

Cela étant dit, la plupart de nos membres supérieurs ne les rencontrent généralement pas en tête-à-tête, à moins qu'ils ne négocient.

En dehors du peu d'informations que j'ai reçues et de quelques connaissances préalables sur le fonctionnement des meutes, je ne sais rien de ces loups.

Les loups qui trouvent leurs partenaires finissent par donner naissance à une progéniture plus forte, il est donc logique qu'ils cherchent une aide extérieure.

D'autant plus que la rencontre avec d'autres meutes est toujours une affaire tendue entre les alphas, puisque certaines de leurs partenaires sont humaines.

La progéniture faible ne survit pas à la mutation ou finit tout en bas de la hiérarchie, pour devenir l’esclave de tout le monde. Et quand il y a une guerre, seules les meutes fortes survivent.

Ce n'est pas totalement différent d'être une sorcière quand les partenaires sont concernés.

Mais contrairement aux meutes, nous n'avons généralement plus besoin de la protection de nos covens, depuis que les Hauts Conseils ont été mis en place partout dans le monde.

La plupart d'entre eux sous la forme d'une école, ou d'un autre type de relations humaines.

Nous avons nos territoires fixes. La dernière grande guerre avec notre espèce a eu lieu pendant la guerre de Sécession aux États-Unis. Donc se battre pour le pouvoir et le territoire n'est plus vraiment quelque chose que l'on fait, sauf dans les pays du tiers-monde.

Bien sûr, il y a toujours ces sorcières avides de pouvoir qui aiment essayer de revendiquer des terres.

Mais personne, à part la légendaire Reine Sorcière du passé, ne peut vraiment revendiquer le monde entier. Elle le pourrait si elle le voulait.

Il y a des poches du monde où les ténèbres existent encore, d'autres nous chassent ainsi que de nombreux êtres surnaturels, mais globalement, nous sommes en sécurité.

Je suis presque sûre que c'est parce que c'est trop dangereux de nous chasser.

Toute sorcière digne de ce nom peut vous tuer d'un simple coup de poignet... si vous êtes humain.

Nous sommes cependant discrets là où nous pouvons l'être et ne faisons jamais cela en public. Il est important de garder les masses de gens normaux dans l'ignorance.

Si jamais ils avaient vent que l'une de leurs "superstitions idiotes" était réelle ? Oh la la.

"Delilah Solana ?"

J'ai levé les yeux pour voir une grande femme blonde, vêtue d'un jean serré et d'un tee-shirt noir sur lequel on pouvait lire "Délicieuse" en paillettes rouges sur le devant de ses seins.

Mes narines se sont dilatées, absorbant son odeur : pin, bois, loup.

« Vous n’êtes pas le bêta", ai-je répondu, sans bouger de ma place. Mes yeux se sont détournés d'elle pour regarder à nouveau l'eau.

Ses cheveux bruns étaient plus lustrés que les miens, avec des reflets roux, et ses yeux, trop éloignés, étaient sombres comme du charbon.

"Euh, ouais. Arthur était en quelque sorte... occupé. Alors notre alpha Cole m'a envoyé à sa place. Il a pensé que vous seriez plus à l'aise avec une femme qui vous escorte puisque vous êtes… heu..."

Elle s'est frottée le cou, comme si elle ne savait pas quoi dire d'autre.

Son corps était fin et fort ; elle me dépassait probablement de deux-trois centimètres, mais elle portait des bottes noires avec des talons qui la grandissait encore de quelques centimètres.

J'ai soupiré, me suis levée et j'ai attrapé ma valise et mon petit sac.

"C'est une fausse idée commune que toutes les sorcières sont des femmes, mais très bien, montrez-moi le chemin. J'aimerais discuter du contrat de ma visite avec l'Alpha Cole et l'Alpha Seth dès que possible."

"Nos alphas sont assez occupés à préparer leurs futurs déjeuners, ils ne pourront donc pas..."

J'ai vu ses yeux effarés alors qu'elle faisait instinctivement un pas en arrière.

Je n'étais pas une humaine.

Je n'ai pas flanché ou reculé devant son regard, et la tempête derrière mes yeux était suffisante pour que même cette louve plus forte baisse rapidement la tête au lieu d'essayer de croiser mon regard.

"Je vais leur parler immédiatement ou il n'y aura pas de luna pour aucun d'entre eux", ai-je dit.

Cela avait été l'accord. Je n'allais pas gaspiller ma salive s'ils voulaient que ce sort soit bien fait. Mes mots sont sortis comme un fouet à cause de ma colère.

"Ou…oui, m'dame", a-t-elle marmonné. "La voiture est par ici", a-t-elle dit en désignant un SUV bleu.

Avec un hochement de tête sec, je m'y suis dirigée en tirant ma valise.