Je savais que j'avais maigri. Mes rares vêtements flottaient sur moi, mais je n'avais pas beaucoup de kilos en trop au départ. La plupart du temps, je ne mangeais qu'un paquet de chips par jour. Je gardais toujours ma gourde avec moi et la remplissais dès que possible.
C'était une belle journée d'automne. J'étais assise sur un banc, écoutant les cris joyeux des enfants qui jouaient.
Je me rappelais l'époque où Maman et moi venions ici quand j'étais petite. J'adorais les balançoires. Elle me regardait m'élancer dans les airs pendant des heures, me faisant arrêter quand il était temps de rentrer.
Maintenant, j'observais les passants. J'aurais aimé être comme eux, allant travailler ou profitant d'une journée en famille. J'essuyai une larme qui coulait sur ma joue.
Voyant l'heure, je me dépêchai d'aller aux toilettes pour me rafraîchir avant la nuit.
J'avais utilisé mon dernier savon il y a deux jours. Le savon du parc n'était pas terrible, mais il abîmait mes cheveux.
Ils avaient découvert que je dormais là et maintenant ils fermaient à clé la nuit. Je devais dormir sur un banc. J'en choisissais un à l'écart pour que les gens ne me remarquent pas.
Les nuits devenaient plus fraîches, et ma vieille couverture ne me tenait plus au chaud. J'avais donné ma meilleure couverture à un gentil vieux monsieur qui n'en avait pas.
J'avais l'impression de vivre dehors depuis une éternité, mais ça ne faisait que quelques mois. J'avais même fêté mes dix-neuf ans. Je n'appellerais pas ça une fête ; j'avais mangé une banane.
L'idée de passer l'hiver dehors me glaçait le sang. J'avais essayé un refuge pour femmes en ville, mais je ne pouvais pas y rester car je ne fuyais pas un foyer violent et n'avais pas d'enfants. Je ne voulais pas retourner à l'autre refuge.
J'étais sur mes gardes depuis l'incident du refuge. Le moindre bruit ou mouvement attirait mon attention. Je voyais des gens passer et baissais la tête, jetant un coup d'œil en arrière pour m'assurer qu'ils ne me suivaient pas.
Enfin, j'arrivai à mon banc pour la nuit. Je vérifiai à nouveau mon sac pour m'assurer de n'avoir rien oublié dans les toilettes. Je sortis ma vieille couverture et m'allongeai pour une autre nuit difficile.
Une fois de plus, je me débarbouillai du mieux que je pus, enfilai ma robe et partis chercher du travail. Personne ne voulait m'embaucher, ce qui n'était pas étonnant. Déprimée, je m'assis un moment. Regardant mes deux derniers euros, je savais que je ne pouvais pas acheter de nourriture, mais je pouvais m'offrir un café chaud.
Alors que je réfléchissais au fait que je n'aurais plus un sou dans quelques heures, un homme s'assit à côté de moi. Je le regardai. Il portait un costume élégant qui moulait ses muscles, et des chaussures noires brillantes. Il avait des cheveux foncés qui tombaient légèrement sur ses yeux vert émeraude. Il était très séduisant.
« Il fait de plus en plus froid, dit-il, me tirant de mes pensées. Vous n'avez pas de manteau, mademoiselle ? »
Ne sachant que répondre, j'acquiesçai simplement en serrant mon sac plus fort.
Il se tourna pour me regarder. « Depuis combien de temps vivez-vous dans le parc ? »
« Qu-qu'est-ce qui vous fait penser que je suis sans-abri ? »
Il me détailla de haut en bas. « Votre robe est trop grande pour vous, vos chaussures sont trouées, et votre sac a l'air usé. » Il pointa mes mains. « Et la façon dont vous tenez cet argent, vous avez peur de le perdre. Quand avez-vous mangé un bon repas pour la dernière fois ? »
« Je vais bien. » Mais honnêtement, je ne me souvenais plus de la dernière fois où j'avais mangé quelque chose de bon.
Je me levai pour partir.
« Allez, je vais vous offrir un repas, une douche chaude et un bon lit. »
« Je ne vais pas dans un refuge et je n'ai pas besoin de votre aide. »
Il me tendit la main. « Ce n'est pas de l'aide. C'est un marché. »
Ses yeux semblaient bienveillants, mais j'étais toujours inquiète à cause du froid. Je savais que je ne tiendrais pas longtemps dehors. « Quel genre de marché ? »
Il me tira par la main pour me relever.
« Nous discuterons des détails plus tard, dit-il. Mais d'abord, venez. »
Il m'emmena à sa voiture. Une voiture de luxe noire avec des sièges en cuir noir moelleux.
Tandis qu'il nous conduisait hors de la ville, je pensais que s'il voulait me tuer et abandonner mon corps ici, personne ne saurait même que j'avais disparu.
« Où allons-nous ? » Ma voix trahissait ma peur.
Il rit. « Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas vous tuer. J'aurais pu le faire au parc. » Il me regarda en souriant. « Nous allons chez moi. »
Je serrais mon sac fort contre moi en essayant de cacher ma peur, me demandant pourquoi j'étais même montée dans la voiture de cet homme. Je ne ferais normalement jamais ça, mais je suppose que quand on n'a plus rien à perdre, les choses changent.
Je regardais la ville devenir de plus en plus petite derrière nous.
