Je te choisis

JESSIE

Je me suis réveillée ce matin-là et me suis étirée. La veille, j'avais encore pleuré jusqu'à m'endormir. Mais cette fois, c'était plus la nostalgie de mon ancienne vie que la colère envers les autres qui m'avait attristée.

J'avais décidé de ne plus verser de larmes pour Liam. Je suis allée dans la cuisine me préparer une bonne tasse de thé à la cannelle. Puis je me suis installée à mon nouveau coin préféré.

Assise sur la terrasse arrière dans mon fauteuil, j'ai regardé le soleil se lever au-dessus des arbres. En sirotant mon thé, j'ai laissé échapper un soupir.

« Ça faisait une éternité que je ne m'étais pas posée comme ça », ai-je murmuré en contemplant la splendeur de la nature devant moi. La forêt était à couper le souffle.

Petite, j'étais venue une ou deux fois dans les Redwoods pour des sorties scolaires ou des excursions d'une journée. Ces arbres gigantesques imposaient le respect par leur force et leur beauté. Se promener parmi eux vous faisait vous sentir toute petite mais en harmonie avec la nature.

Mes réflexions ont été interrompues par un gargouillis de mon estomac. Je me suis rendu compte que je n'avais rien avalé depuis la veille. Je suis allée voir ce que je pouvais grignoter, mais les placards étaient vides.

« Zut... Pas envie de faire les courses... », ai-je grommelé en me dirigeant vers la salle de bain pour une douche.

Après avoir enfilé un jean slim troué et un t-shirt vert, je suis montée en voiture, bien décidée à dénicher un café et une épicerie.

J'ai pris la direction de la petite ville que j'avais aperçue en venant au chalet, espérant y trouver mon bonheur.

Une fois sur place, j'ai vite repéré un petit café ouvert pour le petit-déjeuner. « Ça fera l'affaire », me suis-je dit en me garant un peu plus loin dans la rue.

À peine entrée, la clochette de la porte a tinté pour annoncer mon arrivée.

« Bonjour ! Une table pour une personne ? » m'a lancé une gentille dame d'un certain âge derrière le comptoir.

« Oui, s'il vous plaît », ai-je acquiescé avant de suivre la femme jusqu'à une petite table près de la fenêtre.

Elle m'a tendu un menu avant de reprendre : « Que désirez-vous boire ? Nous avons du café, du thé, des jus de fruits. »

« Je prendrai un jus d'orange, s'il vous plaît. »

« Bien sûr ! Je vous laisse un moment pour choisir votre commande. Au fait, je m'appelle Ruth. »

Elle s'est éclipsée le temps que je réfléchisse. Quelques minutes plus tard, elle est revenue avec le jus d'orange. « Avez-vous fait votre choix, ma petite ? »

J'ai hoché la tête. « Je pense que je vais prendre les œufs Bénédicte. Et l'un de ces gros rouleaux à la cannelle qui ont l'air si alléchants. »

« Oh, excellent choix ! » Ruth a souri. « On les prépare frais tous les matins. Ils sont vraiment à tomber. »

Une fois Ruth partie, j'ai observé par la fenêtre la petite ville autour de moi. Elle avait connu des jours meilleurs. La peinture des bâtiments s'écaillait et les vieilles devantures semblaient un peu désuètes.

Mais on sentait que les habitants étaient fiers de leur ville. Il y avait des trottoirs en pierre et de grands lampadaires en fer forgé bordés de vieux arbres majestueux.

C'était vraiment charmant. Je voyais les gens entrer dans les boutiques et prendre le temps de bavarder entre eux.

Cet endroit était aux antipodes de la grande ville. San Francisco était froide et impersonnelle, chacun restant dans son coin.

« Et voilà pour vous, ma petite », a dit Ruth en posant mon petit-déjeuner sur la table, me tirant de ma rêverie.

« Merci, Ruth », ai-je souri avant de regarder mon assiette. « Ça a l'air délicieux ! »

« George est un as des fourneaux. Bon appétit, ma belle. » Elle m'a adressé un sourire chaleureux, et j'ai commencé à déguster mon petit-déjeuner.

Une fois mon repas terminé, Ruth m'a apporté l'addition. « Savez-vous où je pourrais trouver une épicerie ? » ai-je demandé.

Ruth m'a regardée avec intérêt. « Vous séjournez dans le coin ? »

« Pour quelque temps. Je loue une maison en dehors de la ville, et je n'ai pas grand-chose dans les placards. J'adorerais manger ici à chaque repas, mais je ne pense pas que mon porte-monnaie suivrait. » J'ai ri doucement, et Ruth m'a souri.

« Oh ! Vous êtes Jessica ! Je suis ravie de faire votre connaissance ! J'espérais que vous passeriez. Je suis propriétaire du cottage où vous séjournez. Je comptais venir cet après-midi pour vous souhaiter la bienvenue », a dit Ruth joyeusement.

Je lui ai souri en retour. « Oh, appelez-moi Jessie, je vous en prie. Tout le monde m'appelle comme ça. »

« Eh bien, maintenant que vous m'avez épargné un déplacement, revenez demain. Le petit-déjeuner sera pour moi », a-t-elle proposé avec un clin d'œil.

J'ai levé les mains pour refuser. « Non, non, vous n'avez pas à faire ça ! »

« Oh, mais j'y tiens, ma petite. Et puis, la spécialité du lundi est un coffee cake à se damner. »

J'ai souri. « D'accord. Vous êtes sûre que ça ne pose pas de problème ? Je ne voudrais pas vous attirer des ennuis. »

« Oh, ne vous en faites pas, quand on est aux commandes, on fait ce qu'on veut. » Ruth m'a fait un clin d'œil avant de poursuivre : « Alors, le marché de Dillon est juste un peu plus bas dans la rue, sur la droite. Vous ne pouvez pas le rater. »

Ruth m'a adressé un sourire et m'a indiqué la direction. J'ai décidé de marcher et d'observer les alentours. C'était un joli petit endroit et je me suis sentie un peu coupable d'en avoir pensé du mal à mon arrivée.

Je suis arrivée au marché et je suis entrée avec un chariot. J'ai pris de quoi préparer mes repas pour la semaine à venir, ainsi que du thé et un petit paquet de café.

Après avoir payé, j'ai porté mes sacs dans la rue, regrettant amèrement ma décision de marcher jusqu'au magasin. J'étais presque arrivée à la voiture quand quelqu'un est sorti en trombe du café de Ruth et m'a bousculée.

J'ai poussé un « ooof » avant de laisser tomber la moitié de mes sacs par terre. Le type m'a regardée un instant avant de grogner et de s'éloigner dans la rue.

Je me suis agenouillée et j'ai commencé à ramasser mes affaires. « Quel rustre... », ai-je marmonné, me dépêchant de rassembler mes courses.

« Tenez. »

J'ai levé les yeux pour voir un homme au-dessus de moi qui me tendait un paquet de café. Un bel homme, qui plus est.

« Arrête ça... » me suis-je dit. « Merci », ai-je souri en prenant mon paquet de café.

Il s'est agenouillé et a commencé à m'aider à ramasser mes courses, prenant quelques sacs de mes mains. « Laissez-moi faire. Où allez-vous ? »

« Juste à la voiture là-bas », ai-je répondu.

Il a mis mes courses dans le coffre et m'a adressé un sourire chaleureux. « Je m'appelle Zach. »

« Jessie. » J'ai souri, lui serrant légèrement la main et l'observant discrètement.

Il était séduisant. Ses cheveux courts blond foncé faisaient ressortir ses yeux bleu-gris et sa mâchoire carrée. Il était grand et athlétique, avec un torse large, et ses manches retroussées laissaient voir ses bras musclés.

Mes pensées ont été interrompues par la sonnerie de son téléphone. Il s'est éloigné pour parler quelques instants avant de se retourner vers moi.

« Eh bien, ravi de vous avoir rencontrée, Jessie. Je dois retourner travailler », a-t-il dit avant de me faire un signe de la main et de repartir en courant dans la rue.

« Wow... » ai-je pensé.

J'ai secoué la tête. « Non. C'est ton moment à toi », me suis-je dit avant de monter dans la voiture et de retourner au cottage.