Mandie Steyl
SKYE
« Allez, raconte... Dracula ? » J'avais du mal à respirer à force de rire. Bien sûr, il était effrayant et avait l'air de vouloir mordre, mais c’était vraiment son surnom ?
« Oui, c'est un peu le playboy mystérieux du coin, mais il doit son surnom au fait qu'il a l’air d’aspirer le côté marrant de toute chose », a-t-elle dit très fort, en jetant un coup d'œil derrière moi avec un sourire malicieux.
« J'ai entendu », a grogné une voix grave et sexy derrière moi. Je me suis retournée pour regarder Draque, en faisant pivoter ma hanche sur le côté et en posant une main dessus.
J'ai levé les yeux au ciel face à lui et j'ai vu un léger sourire passer sur ses belles lèvres... Elles semblaient si douces que je me demandais ce que ça ferait s’il m’embrassait tout partout.
« Prends une photo, chérie. Elle durera plus longtemps », a-t-il dit d'un ton arrogant, me tirant de mes pensées cochonnes. Je n'arrivais pas à croire que je venais de penser à ses lèvres sur ma… peu importe.
Je me suis éclairci la gorge et j'ai rougi en voyant son sourire en coin. Je ne pouvais pas le laisser s'en tirer comme ça. J'ai levé les yeux au ciel et j'ai rigolé.
« Tu n'es pas mon genre », ai-je dit en désignant tout son corps. J'ai entendu sa bande de potes ricaner à nouveau et j’ai fait un clin d'œil à son ami.
Un feu brillait dans ses yeux, il a repris son air renfrogné en serrant à nouveau les mâchoires tandis qu'il me regardait.
« Draque, bébé ! Te voilà ! »
Son air renfrogné s'est durci et il s'est détourné de nous, suivi de près par ses amis et les deux Barbies pétasses, ce qui nous a encore fait rire Mona et moi.
« Aucune fille n'a jamais dit non au seul et unique Dracula », a-t-elle dit d'une voix masculine moqueuse, ce qui nous a fait rire encore plus fort sur le chemin de la classe.
Je n'avais pas de cours avec elle ce jour-là. C'était dommage, mais cela m'a permis de me concentrer sur les leçons. En un rien de temps, la sonnerie du déjeuner a sonné. Et j’étais affamée.
« Skye ! » m'a appelée Evan quand je suis arrivée à la cafétéria. Il m'a fait un grand sourire quand je me suis arrêtée pour l’attendre.
« Evan, comment tu vas ? » lui ai-je demandé quand il a été assez proche. Son sourire s'est encore agrandi et il m'a serrée dans ses bras. Je me suis mordu la lèvre pour cacher ma douleur, mais mon corps s'est figé et il l'a remarqué.
Il a reculé en se frottant la nuque, s’est excusé pour l'étreinte et a rougi.
« Ne t'excuse jamais d'être spontané, c’est juste que je m'y attendais pas. » J'ai souri et il m'a fait un grand sourire en retour, mais ses yeux se sont écarquillés quand il a vu quelque chose derrière moi.
Evan était un grand gaillard. Pas aussi musclé que Draque, mais quand même grand. Il mesurait plus d'un mètre quatre-vingts, avec des épaules et une poitrine larges ainsi qu’une taille fine mais musclée.
Avec ses cheveux blonds et ses yeux bleus, il ressemblait à l'athlète populaire typique qui pouvait avoir toutes les filles qu'il voulait.
Je me suis retournée pour voir Draque renfrogné qui fixait Evan du regard. Est-ce que ce type a d'autres expressions faciales que la mine renfrognée et le sourire en coin ?
« Viens, chéri », ai-je dit en accrochant mon bras à celui d'Evan pour l'entraîner vers la cafétéria, tout en me moquant un peu de moi-même. Pendant que nous attendions notre repas, Evan s'est un peu détendu et m'a parlé de lui.
Il avait deux grands frères et des parents qui se disputaient tout le temps. Il aimait le football américain et, à en juger par sa corpulence, je voyais qu'il était un vrai sportif, sa chemise plus serrée que nécessaire ne laissant que peu de place à l'imagination.
Mais il ne voulait pas continuer à jouer au football après le lycée. Il voulait reprendre l'entreprise familiale, mais comme il était le plus jeune, il devait travailler très dur pour faire ses preuves.
Nous avons pris nos plateaux et sommes allés retrouver les autres. J'ai remarqué qu'Elsie et Nathan se jetaient des regards furtifs et se souriaient timidement.
« Tu te joins à nous pour la fête de samedi ? » m’a demandé Liza.
Mona a hoché la tête de haut en bas en me regardant et les autres disaient aussi joyeusement des choses comme « Allez, meuf ! » et « Viens ! On va s'amuser ! ».
Je ne pouvais que dire oui.
« Super, tu pourras rester dormir dans une de nos chambres », a dit Nathan en souriant. J’ai lancé à Liza un regard interrogateur, puis à Nathan et Mona, attendant d’en savoir plus.
« La fête aura lieu au manoir des Beldivierre », a ajouté Elsie. Je n'avais toujours aucune idée d’où c’était, mais j'ai accepté et espéré que tout irait pour le mieux.
Il était temps de commencer à vivre ma vie. Ma première fête officielle ! Qui étais-je pour refuser l'opportunité d'aller dans un manoir ?
« Toute la bande sera là, il ne nous reste plus qu'à faire du shopping ! » s'est exclamée Mona en tapant dans ses mains.
Nous avons apprécié notre déjeuner, plaisanté et fait des projets pour une sortie shopping de bonne heure le samedi suivant. Ensuite, tout le monde allait pouvoir se préparer chez Nathan avant d'aller à la fête.
La sonnerie a retenti et tout le monde est parti pour les trois derniers cours de la journée. Les deux premiers sont passés rapidement, mais lorsque la cloche a sonné pour le dernier cours, j'ai redouté d’aller au gymnase pour la première fois de ma vie.
J'ai traîné les pieds jusqu'aux vestiaires et j'ai enfilé mon pantalon de yoga, une brassière de sport, un t-shirt ample et mes chaussures de course.
« Cours de fitness ! » a crié la professeure depuis la porte. Tout le monde a gémi, mais je me suis contentée de rire.
J'adorais le sport. C'était le meilleur moyen pour moi d'évacuer tout mon stress tout en obtenant de bonnes notes.
J'ai suivi tout le monde jusqu'au terrain de football en vérifiant le parcours qui nous attendait.
Deux tours de piste, pompes, abdos, lancer de poids, fentes, burpees et cordes ondulatoires. Puis deux tours à nouveau.
J'étais prête à démarrer quand j'ai entendu des rires à côté de moi. Les Trois Amigos me regardaient en souriant. J'ai levé les yeux au ciel puis je me suis concentrée sur le terrain.
« Prête à mourir ? » a raillé l'un d'eux derrière moi. Je me suis retournée vers eux et j'ai souri.
« Amenez-vous, fillettes. » J'ai fait demi-tour et j'ai descendu les marches du terrain en trottinant. Ils ont ri en me suivant.
Nous n'étions que quatre filles et douze garçons prêts à affronter le terrain. Les autres s'étaient déjà dégonflés avant que nous commencions. Le coup de sifflet du départ a retenti et nous nous sommes élancés.
Après les deux premiers tours de piste, une de mes jambes me faisait souffrir. Mes autres blessures n'étaient pas si graves, mais la transpiration n'arrangeait pas celles que j’avais dans le dos. J'ai terminé les pompes, mais j'ai eu du mal à faire les abdos.
Mon dos s'étirait trop et je sentais les entailles se rouvrir. J'ai senti un filet qui coulait et j'ai espéré que ce n'était que de la sueur.
Je suis passée au lancer de poids et j'ai cru mourir. Mes poumons me brûlaient et mes bras étaient complètement morts.
J'ai tenté quelques étirements mais j'ai eu du mal avec ma jambe blessée, et la professeure a accepté de m’en dispenser pour cette fois. J'ai terminé les burpees et les cordes ondulatoires en un temps record.
Je commençais à me sentir nauséeuse et exténuée lorsque j’ai terminé les cordes ondulatoires. Mon corps me faisait encore plus mal que le matin et mon dos me brûlait à cause de la sueur qui coulait sur mes plaies.
Je m'apprêtais à finir mes deux derniers tours de piste quand j'ai entendu Monsieur Dragueur à côté de moi.
« Skye, tu n'as pas l'air en forme », a-t-il dit. Je pouvais voir l'inquiétude dans ses yeux mais j'ai choisi de l'ignorer et de redoubler d’efforts. Il a tenu le rythme, sans même transpirer.
« Ne t’inquiète pas pour moi ! » ai-je dit en haletant. J'ai fermé les yeux pour tenter de contrôler ma nausée, mais cela n'a fait qu'empirer les choses.
J'ai eu la tête qui tournait et j'ai senti des bras forts autour de mon corps qui m'aidaient à m'asseoir avant que je m'évanouisse. J'ai levé les yeux vers deux yeux inquiets et deux autres yeux furieux.
« Merci », ai-je dit, essoufflée et étourdie. La douleur dans mon corps était trop forte. Je voulais juste retrouver mon lit. Je suis restée assise un moment, à les regarder m'observer, sans que personne ne dise un mot.
Je me suis levée avec l'aide de Monsieur Dragueur et je les ai remerciés encore une fois avant d'aller dans les vestiaires pour prendre mes affaires et rentrer chez moi. Je savais que mon père n'était pas là, alors je n'avais pas besoin de me presser.
J'ai pris mes affaires et je me suis dirigée vers la sortie principale, mais Draque et ses Trois Amigos m'attendaient à l'extérieur.