Je n'arrête pas de penser, que vient-il de se passer ? De quelle alliance parle-t-il, et pourquoi s'est-il mis en colère ? Il doit ressentir la même chose. Ce n'est pas juste, et reporter sa colère sur moi ne va pas arranger les choses.
Trou du cul.
Il est peut-être beau, il est peut-être Alpha, mais c'est aussi un idiot. Qu'est-ce que je vais faire maintenant ?! Pendant une fraction de seconde, je pense à me transformer en louve et courir dans les bois.
Mais je ne serais pas capable de récupérer mes vêtements, et de toute façon, sa meute me retrouverait en quelques minutes. J'aurais ensuite de sérieux problèmes.
Finalement, je retourne dans la pièce, ma mère et mon père me regardent. Heureusement, pas lui.
C'est une bonne chose que mon verre de vin soit encore plein, sinon, j'aurais dû montrer mon manque de respect et ouvrir une autre bouteille. Qui s'en soucie ? Je vais vivre ici.
Je sens que maman continue à me fixer comme si elle voulait me demander si je vais bien. Je l'ignore et continue à fixer mon verre.
« Liam, peut-on parler en privé ? » Papa se lève. Pourquoi veut-il lui parler en privé ?
« Bien sûr, allons dans mon bureau. » Les deux quittent la pièce, et ma mère me questionne immédiatement. Je savais qu'elle ne resterait pas silencieuse longtemps et qu'elle poserait des dizaines de questions.
« Que s'est-il passé ? Tu as l'air furieuse. »
« Je le suis, mais je ne veux pas en parler, alors laisse tomber. » Étonnamment, c'est tout. Plus de questions. Anna, la dame qui nous a servi le dîner, vient nous demander si nous avons besoin d'autre chose.
Elle a l'air charmante. Je n'ai remarqué personne d'autre ici, alors peut-être qu'elle s'occupe de tout toute seule.
« Merci, ça va. » Je lui souris. Nous restons assises là pendant une demi-heure, à boire et à regarder l'endroit. Pendant ce temps, je reçois un SMS d'Ashlee.
Je rigole.
« Vous vous amusez, mesdames ? » Papa lève un sourcil. Il continue de sourire. Pourquoi est-il si heureux ? Je me demande de quoi ils parlaient.
« Donc, je crois que tout est prêt maintenant, n'est-ce pas ? Je suis vendue, le mariage est le mois prochain, et après ça, je déménagerai ici avec toutes mes affaires, tandis que tu auras un chameau et deux chèvres... »
« Mia, ne commence pas, s'il te plaît. » Papa prend place à côté de maman.
« Tu as un sens de l'humour assez intéressant. » Liam prend son verre de whisky.
« Tu es sur le point de le découvrir », réponds-je, mais maman s'interpose.
« OK, je pense qu'il est temps pour nous de partir. Liam, merci beaucoup pour... ce charmant dîner et pour nous avoir invités. Je t'enverrai notre liste d'invités, on se voit le mois prochain. »
Oh, je les déteste, vraiment. Le mot « mariage » me fait flancher. Ce n'est pas juste.
« Je t'en prie. Tout sera prêt. » Il lui sourit. Quelle comédie.
Je dis au revoir à Anna et je quitte la maison. Pas question d'être gentille avec lui et de mentir sur le plaisir que j'ai eu à être ici et à le rencontrer. Nous montons dans le taxi et rentrons à l'hôtel.
Le matin, nous avons un vol pour l'Idaho.
Une fois à la maison, Lea continue de me bombarder de questions, et j'en ai finalement assez. Elle le rencontrera le mois prochain de toute façon, comme tout le monde.
« Oh, tu peux au moins me dire comment il est ? Est-il aussi beau qu'Ashlee l'a dit ? » Elle me fait un clin d'œil.
« C'est relatif », dis-je, mais maman, comme toujours, doit intervenir.
« Ne l'écoute pas. » Elle me montre du doigt et ajoute rapidement : « Il est charmant, et c'est un très beau garçon. »
« Un beau garçon ?! Tu me donnes l'impression d'être une pédophile ! »
Lea rit et me pousse. Elle va tellement me manquer.
Je veux dire, elle pourrait bientôt déménager pour vivre avec Kai, mais quand même, nous serons si loin. Au moins, nous pourrons nous rendre visite l'une à l'autre. Le seul bon côté de tout ce drame.
« Chut, toi. » Maman me tape sur la tête avec un torchon de cuisine.
« Je vais en dire plus. En tant qu'hôte, il était grossier et horrible. Quel genre d'Alpha est-il s'il ne prend pas en considération l'autre ? »
« Qu'est-ce que tu veux dire ? » Lea fronce les sourcils. Maman est sortie, donc je peux lui dire.
« J'ai essayé de le convaincre que nous n'avons pas besoin de nous marier pour être alliés. »
« Et ? »
« Et il ne l'a pas bien pris. En d'autres termes, il a dit que je devais l'accepter et c'est tout. » Je détourne les yeux. Je ne veux pas que Lea voie que ça m'affecte de quelque façon que ce soit. Émotionnellement.
Évidemment, ce n'est pas vrai, car je suis dévastée, mais si elle le remarque, elle commencera à s'en vouloir. Je ne veux pas de ça.
« En fait, je suis désolée pour lui. » Elle sourit et me prend dans ses bras.
Je lève les yeux au ciel. « Tout le monde a de la peine pour lui. Je ne suis pas une mauvaise personne ! Je suis juste têtue, mais lui aussi. Je vais simplement l'éviter. Je vais devoir trouver un travail et m'occuper. »
« OK, Lea, je ferais mieux d'y aller maintenant. Je veux courir près de la rivière pour me détendre et arrêter de penser à tout ça. »
« Bien sûr, je t'aime. » Elle m'embrasse sur la joue et commence à envoyer des SMS à quelqu'un. Je parie que c'est Kai. Une nouvelle pincée de jalousie brouille mes pensées. Je ne veux pas de ça. Ce genre de relation pour laquelle tu pourrais mourir.
Des sourires rapides, des visages idiots, des blagues, et puis la passion qui vous rend fous. Les premiers rendez-vous, les premiers baisers. Je finirais par faire semblant et me disputer avec moi-même, avec lui.
Je suis heureuse pour elle, mais je n'en peux plus. Je quitte la maison et me dirige vers les bois.
J'atteins rapidement la clairière aux cerfs. Au milieu, on peut remarquer la mangeoire. C'est là que je cache habituellement mes vêtements. Il est presque dix heures du soir et il n'y a personne dans les parages.
Il fait sombre, et la seule lumière est celle de la lune. Immédiatement, je me transforme en louve. La dernière fois que j'ai fait ça, c'était il y a presque deux semaines, je dois donc m'habituer à nouveau à cette sensation.
Je cours dans les bois avec excitation. Ma vision de louve me permet de tout voir très clairement dans l'obscurité. Mon ouïe est également beaucoup plus fine.
J'entends des bruits de pas d'animaux, probablement ceux d'un cerf muletier. Je me tourne vers l'autre côté pour éviter cette étrange odeur.
Comme les loups, nous pouvons chasser et manger de la viande crue, mais c'est notre choix. Ce n'est pas comme si nous étions poussés par un désir de le faire.
Le seul moment où nous ne pouvons pas nous contrôler est pendant l'œstrus, qui se produit une fois par an au début du printemps. Cette période de l'année est toujours une folie.
On sent le sexe partout, on sent le besoin qui vous pousse l'un vers l'autre.
Ceux qui ont des compagnons ou des partenaires sont les plus chanceux, sinon, il faut se débrouiller tout seul ou trouver quelqu'un.
J'ai entendu dire que, d'une certaine manière, si vous êtes assez fort, vous pouvez l'ignorer. Eh bien, ce n'est pas mon cas. J'ai commencé à le ressentir dès que j'ai eu dix-neuf ans. Pour tout le monde, c'est apparemment différent.
Pendant mon premier œstrus, j'ai perdu ma virginité avec mon ex-petit ami. Je l'ai regretté depuis.
Finalement, j'atteins la rivière. Je saute dedans pour me rafraîchir. Mon esprit est clair et rien ne me dérange pour une fois. M. Boyle est parti, et l'histoire du mariage aussi.
À ce moment-là, je suis tout simplement heureuse.
Quand je rentre à la maison, tout le monde dort. Je prends une douche et je vais directement au lit. Demain, je dois donner mon préavis au travail. Une autre étape qui va changer complètement ma vie.
Je fais le même cauchemar. Dois-je m'y habituer ? Est-ce que ça veut dire quelque chose si ça revient sans cesse ? Je parie que c'est à cause de cet arrangement. Ça doit être ça.
Je réfléchis trop, je réagis trop, et c'est pourquoi tout sort pendant mon sommeil. Je connais déjà si bien ce rêve, mais cela ne m'empêche pas de ressentir des frissons et d'être en sueur.
J'ai la bouche sèche et j'ai besoin de boire de l'eau. Il faut que je sois plus positive, sinon cela va me rendre folle.
Le lendemain, comme d'habitude, je pars assez tôt, sans avoir pris de petit-déjeuner.
La plus grande partie de mon travail se fait avec des classes de lycéens sur les changements environnementaux et leur impact sur les espèces animales. Pendant ma pause déjeuner, j'ai l'occasion de parler avec Katy, la directrice du zoo.
« Salut, Katy, je peux te parler une minute ? » Je m'approche d'elle. Elle lève les yeux et m'invite dans son bureau.
« Bien sûr, entre ! Il s'est passé quelque chose ? » Katy s'assied au bord de son bureau. Je suis nerveuse, et elle peut définitivement le voir.
« Je... Je voulais te remercier pour l'opportunité et la chance que tu m'as donnée. C'était incroyable de faire partie de cette équipe. » Ma voix continue de trembler. J'adore ce travail, et maintenant je suis obligée de l'abandonner.
« Tu nous quittes ? » Elle a l'air surprise.
« Oui, je suis vraiment désolée. J'ai vraiment apprécié cet endroit, mais le mois prochain, je déménage dans le Montana, et tu sais... » J'essaie de sourire, mais je sais que ça sonne faux.
« Oh, Mia, tu vas nous manquer à tous, quel dommage. C'est avec regret, mais je vais accepter le préavis. Alors quand est-ce que tu nous quittes ? »
« Je déménagerai à la mi-août, mais j'ai besoin de temps pour emballer mes affaires et tout planifier. Je voulais donc que mon dernier jour soit fin juillet, si cela te convient ? »
« Bien sûr, je vais tout reprogrammer. Je vais préparer une lettre de recommandation pour ton futur employeur. Ça peut être utile. » Elle me prend dans ses bras.
C'est une personne tellement adorable, et je me sens tellement désolée de quitter cet endroit. J'ai appris tellement de choses pendant cette période, et j'ai vraiment apprécié.
« Merci encore. Je vais retourner au travail. À plus tard. » Je ferme la porte de son bureau et me dirige vers la cuisine, où je peux enfin manger quelque chose.
Les jours passent vite. Ma mère planifie et organise tout, et je lui en suis reconnaissante. Me laissant loin de tout cela.
Je ne me soucie pas de savoir de quelle couleur sera le thème du mariage ou qui inviter. Ce n'est pas un vrai mariage, pour l'amour de Dieu. C'est un arrangement, pour sceller l'affaire.
La seule chose qu'elle continue à demander, avec Lea, c'est la robe de mariée. Pour être honnête, je ne m'en soucie pas non plus.
Je pourrais y aller dans la première robe blanche qu'on me tend, mais maman et Lea ne veulent rien entendre.
« Vous comprenez toutes les deux que ce que je vais porter n'a pas d'importance, n'est-ce pas ? » crié-je.
Pourquoi devrais-je me sentir détendue alors que tout le monde essaie de me mettre dans cette joyeuse ambiance de préparation que je n'ai jamais voulue ?
« Chérie, on sait que ce n'est pas ce que tu voulais. Ce n'est pas ce que nous voulions non plus, mais essayons d'en rire et de faire semblant d'y prendre plaisir. » Maman fait de son mieux pour paraître convaincante.
« Maman, on fait déjà semblant, et c'est ma faute. Je me fiche de ce que je vais porter, et crois-moi, lui aussi. Oublions ces conneries. Je vais commander quelque chose en ligne. »
« Tu ne peux pas ! » Ma sœur hausse la voix. « Ce sera probablement ton seul mariage, la seule chance d'acheter ta robe de mariée parfaite. »
Qu'il aille se faire voir, mais laisse-nous être avec toi, pendant que tu essaieras toutes ces robes. Nous serons vaches et te dirons à quel point tu es affreuse.
« Ne nous enlève pas ça... »
Je peux voir qu'elle s'en soucie vraiment, et que c'est important pour elle. Peut-être qu'en fait, elles ont raison. Je peux peut-être faire une exception pour la robe de mariée.
« D'accord, mais je n'irai que dans un seul magasin, nulle part ailleurs, et quoi que je choisisse, vous en serez contente. » Je pointe mon doigt vers elles.
« Bien sûr que non... mais marché conclu ! » Elles me prennent dans leurs bras.
