À un appel près

Carter l'entendit mais n'arrivait pas à y croire. Comment cela pouvait-il être vrai ? Son meilleur ami depuis leurs vingt ans n'était plus. Parti. Il ne reviendrait jamais.

Finis les barbecues, les voyages au Mexique, les soirées à refaire le monde autour d'un verre de whisky, les matchs de foot. RIEN. Tout s'arrêtait là. Pour de bon. C'était un choc terrible.

Hailey restait figée après avoir entendu les mots du médecin. Son mari était mort. Envolé. Il ne serait plus là. Plus de dîners ensemble, plus de voyages à deux, plus de vie commune.

Fini le rêve de fonder une famille. Elle ne reverrait plus son sourire, ni son sourcil qui se levait quand il était de bonne humeur.

Il ne se moquerait plus de sa passion pour les super-héros. Il ne l'embrasserait plus et ne tirerait plus sur ses boucles rousses en l'appelant « carotte » pour la taquiner.

« Madame Smythe, vous allez bien ? »

Elle regarda le médecin puis Carter, puis à nouveau le médecin. Elle ne savait que dire, comme engourdie. Elle ne ressentait que le choc.

Elle observa les hommes discuter un moment, puis une autre personne entra et parla avec le chirurgien. Il se retourna vers elle.

« Madame Smythe, le radiologue vient d'examiner les images. Il semblerait que votre mari ait eu une rupture d'anévrisme, pas un AVC. C'est pour cela qu'il était si difficile de l'aider. Le sang envahissait son cerveau. Je suis vraiment navré pour votre perte. Sincèrement. Je vais demander à l'équipe soignante de venir vous parler et vous aider pour les démarches, d'accord ? » dit-il doucement.

Elle restait muette, mais elle entendit Carter remercier le médecin tout en la serrant contre lui.

Une femme entra l'air peiné. Carter guida Hailey dans le couloir derrière elle et les fit asseoir sur un canapé. La femme dit qu'elle reviendrait vite et ferma la porte.

Hailey regarda Carter avec de grands yeux tristes.

« Mon Dieu, Carter ! Qu'est-ce qui se passe ? »

« Hailey, tu comprends ce qui arrive ? » demanda-t-il, inquiet qu'elle soit en état de choc.

Elle hocha la tête et fondit enfin en larmes. « Dan est parti ! »

Soulagé qu'elle réalise, il vit son visage se décomposer et elle éclata en sanglots. Carter la serra dans ses bras et sentit ses propres larmes couler aussi.

Une amitié de plus de vingt ans venait de s'éteindre. Dan était à son mariage avec Meg, et sa fille Candace l'adorait. Carter se contenta de tenir Hailey et de la bercer tandis qu'ils pleuraient ensemble.

La femme revint et les aida à commencer certaines démarches, comme le choix de la morgue où le corps serait transporté.

Carter fit l'essentiel de la conversation, car Hailey ne savait que dire. C'était tout ce qu'ils pouvaient faire pour le moment puisqu'elle ignorait ce que Helen voudrait pour les obsèques.

La femme donna le dossier d'informations à Carter, puis il raccompagna Hailey hors de l'hôpital jusqu'à sa voiture. Il regarda l'horloge et fut surpris de voir qu'il était plus de 20 h.

Il les ramena à la maison et aida Hailey à entrer. Il monta dans leur chambre, déplaça les valises de Dan et rangea pour qu'elle puisse dormir.

Hailey monta à l'étage et dit qu'elle allait prendre une douche. « Carter, s'il te plaît reste jusqu'à ce que j'aie fini. Je ne veux pas être seule pour l'instant. »

Il acquiesça tristement et redescendit. Il appela Vicky et lui raconta ce qui s'était passé. Il l'écouta crier et pleurer. Elle dit qu'ils viendraient le matin.

Il appela ensuite Ashley et laissa un message disant que Dan était mort et lui demanda de venir à la maison au lieu de l'hôpital. Il lui demanda de prévenir ses parents.

Il s'assit sur le canapé et appela Sophie. Elle pleura avec lui un moment et dit qu'elle appellerait leurs parents le matin et lui ferait savoir quand ils viendraient.

Il appela Megan, et ils pleurèrent ensemble leur ami. Elle dit qu'elle appellerait Candace le matin. La remerciant, il raccrocha et se rassit sur le canapé et entendit des pas dans l'escalier.

Hailey entra dans le salon vêtue d'un survêtement et d'un sweat à capuche, les cheveux encore humides. Il se sentit coupable de la trouver jolie et de vouloir l'embrasser pour effacer sa peine.

Il se réprimanda intérieurement, sachant qu'elle était vulnérable.

Elle s'assit à côté de lui, tira une couverture sur ses jambes et recommença à pleurer.

Carter la prit sur ses genoux et se contenta de la bercer. Il ne sut combien de temps elle pleura, mais finit par sentir qu'elle se calmait. Sa respiration devint régulière et elle s'endormit.

Il la porta jusqu'à la chambre principale et la mit au lit. Il la regarda quelques minutes, s'assurant qu'elle ne se réveillait pas, puis redescendit et brancha son téléphone, sachant qu'elle en aurait besoin le lendemain.

Il ne voulait pas la laisser seule, alors il s'allongea sur le canapé, attendant l'arrivée d'Ashley.

Carter fut tiré de son sommeil agité par le bruit de la poignée de la porte d'entrée. Il se redressa pour voir Ashley entrer discrètement dans l'entrée.

Elle posa ses sacs, le regarda, puis s'approcha du canapé et le serra dans ses bras.

Elle essuya une larme sur son visage et demanda : « Comment vas-tu ? »

Carter haussa les épaules. « Encore sous le choc, à vrai dire. »

« Comment va Hales ? »

« J'ai réussi à l'endormir et je l'ai mise au lit vers minuit. J'ai dormi ici en t'attendant pour qu'elle ne soit pas seule », dit Carter.

« Tu es un homme bien, Carter Robbins. Tu vas continuer à dormir ici ou rentrer chez toi ? » demanda-t-elle.

« Je vais rentrer et te laisser avec elle. Tu sais où me trouver si besoin, mais je passerai voir comment vous allez plus tard. » Carter se leva et s'étira, puis plia la couverture.

Ashley l'embrassa sur la joue. « Je suis tellement désolée, Carter. »

Carter sourit tristement et hocha la tête. Il prit son téléphone, sortit et marcha jusqu'à chez lui. Il ôta ses chaussures, se déshabilla sauf son caleçon, et s'effondra sur son lit, souhaitant que ce ne soit qu'un cauchemar.