Comment tout a commencé - Couverture du livre

Comment tout a commencé

Eve Peters

Le Plan

SOPHIA

J'étais complètement abasourdie par ce qu'Ellie venait de me révéler.

Mon esprit tournait à toute vitesse, ne sachant comment réagir.

J'avais l'impression de dégringoler d'une falaise sans pouvoir m'arrêter.

Je serrais les dents, tentant de contenir ma colère. Hors de question de l'effrayer davantage dans son état fragile.

« Voilà ! Je savais que tu réagirais comme ça. Je savais que tu serais dégoûtée », sanglota Ellie.

« Non, pas du tout ! Regarde-moi, dis-je d'un ton ferme. Ne dis plus jamais ça. Tu es ma sœur, Ellie ! Je t'aime, quoi qu'il arrive. Rien ne pourra changer ça. Je serai toujours là pour toi.

« Tu ne pourras jamais me dégoûter, tu m'entends ? » C'était la pure vérité. Je donnerais ma vie pour elle sans hésiter. « Maintenant, raconte-moi tout. »

J'avais tant de questions et de choses à comprendre avant de pouvoir réfléchir à la meilleure façon d'améliorer la situation pour elle et le bébé.

Ellie soupira et tenta de retirer ses mains, mais je les tenais fermement. Elle devait savoir que je ne l'abandonnerais jamais.

« J'ai rencontré Philip en octobre dernier à la fac. Il était invité pour donner une conférence sur le commerce international. Malgré notre différence d'âge, on a tout de suite accroché.

« C'était comme si on se connaissait déjà, le coup de foudre. Comme dans les romans à l'eau de rose ; nos regards se sont croisés, et j'ai su que c'était lui. »

Ellie semblait ailleurs, perdue dans ses souvenirs de leur première rencontre.

J'avais du mal à comprendre ce qu'elle décrivait. Je n'avais jamais ressenti ça, et cette prise de conscience me rendait un peu triste.

« On a commencé à passer de plus en plus de temps ensemble, et au bout de quelques mois, il m'a dit qu'il m'aimait, et je lui ai dit la même chose. Et puis tout est parti en vrille. »

De nouvelles larmes coulaient sur ses joues.

« Je croyais qu'on avait un avenir ensemble. On en rêvait, et dans ce rêve tout était parfait - tellement parfait que j'aurais dû me douter que ce n'était pas réel. » La voix d'Ellie se brisait.

« La semaine dernière, j'ai remarqué que j'avais du retard, alors j'ai fait un test. Je pensais que Philip serait content, mais je n'ai jamais pu lui dire. »

Elle pleurait à nouveau, et ça me brisait le cœur car je devinais ce qui allait suivre.

« Il a dit... que c'était fini... il a dit que c'était fini. Il m'a dit de ne pas chercher à le revoir... et il a menti quand il disait qu'il m'aimait. » Elle avait du mal à parler clairement, mais je comprenais.

Que pouvais-je bien répondre à ça ? J'étais folle de rage. J'avais envie de lui faire mal. Ce salaud avait blessé ma sœur ! Je le détruirais, même si c'était la dernière chose que je devais faire.

« Hier, je suis allée à la clinique. J'avais rendez-vous... »

J'étais effondrée. Pas besoin d'en dire plus. Je savais de quel genre de rendez-vous il s'agissait.

Ce qui me bouleversait le plus, c'était de savoir qu'elle avait traversé tout ça toute seule.

« Mais je n'ai pas pu le faire. »

J'ai relâché le souffle que je retenais sans m'en rendre compte.

« Quand l'infirmière a appelé mon nom, je me suis enfuie. Je ne pouvais pas la tuer. »

Ellie évitait mon regard en parlant tout bas, mais je comprenais chaque mot que ma sœur prononçait.

Les larmes coulaient sans discontinuer sur ses joues, et je pleurais aussi.

« Je comprends, ma chérie, je comprends... » Je l'ai serrée à nouveau dans mes bras, réalisant combien de temps s'était écoulé depuis notre dernière étreinte.

« Je te promets que tout ira bien. On va traverser ça ensemble, comme toujours. » J'ai embrassé son front et j'ai posé sa tête contre mon menton.

On va s'en sortir. D'une manière ou d'une autre. Il me fallait juste un plan. Et un nouveau boulot. Et plus d'argent. Et, bon sang, j'osais à peine penser au coût que représente l'éducation d'un enfant.

Mais l'idée d'un petit bonhomme qui m'appellerait tata - j'étais persuadée que ce serait un garçon, un garçon que j'aimerais et gâterais et pour qui je me battrais - me donnait la force de garder mon calme.

« Je ne comprends pas pourquoi tu n'es pas en colère contre moi, dit Ellie, me prenant au dépourvu. Comment tu... Tu ne me détestes pas d'avoir gâché tout ce pour quoi on a trimé si longtemps ? »

« Ellie, je ne pourrais jamais te détester. Mais je suis en colère. Non, je suis plus qu'en colère ! Je suis furax que tu aies gardé tout ça pour toi. Je suis furax que tu aies traversé tout ça toute seule.

« Je suis furax parce que tu ne m'as pas fait assez confiance pour me dire ce qui se passait. Ellie, peu importe à quel point je suis débordée, toi et le bébé passerez toujours en premier. Ne doute jamais de ça. »

Alors qu'on était assises sur le canapé à se tenir l'une l'autre, une idée m'est venue. Je savais que ce n'était peut-être pas très malin, mais je devais tenter le coup.

« Comment s'appelle-t-il ? » ai-je demandé l'air de rien, essayant de paraître naturelle.

« Philip King », dit Ellie, et j'ai esquissé un léger sourire malgré moi.

King, King, King... pourquoi ça me disait quelque chose ? C'était une grande ville, mais j'avais l'impression d'avoir déjà entendu ce nom.

Et puis ça m'est revenu.

« King comme dans King Enterprises ? » J'étais sous le choc à l'idée que ma sœur puisse être mêlée à l'un des plus gros pontes du pays.

Mais en y réfléchissant, ça ne m'étonnait pas qu'elle se soit fait briser le cœur par un riche connard qui ne voulait que s'amuser.

Ellie avait bon cœur, et malgré tout ce qu'on avait vécu, elle croyait encore aux gens et ne voyait que le bon en eux.

Maintenant ? Il va morfler, je me le suis juré. Ou au moins ses guibolles.

« Je crois... pourquoi ? Pitié, dis-moi que tu ne vas pas faire une bêtise ! » Elle avait l'air effrayée, et j'ai vite essayé de la rassurer.

« Non, ma chérie, t'inquiète pas. Je ne ferai rien de stupide, lui ai-je dit. Mais tu dois me promettre un truc...

« Tu n'essaieras jamais, jamais, pour aucune raison ni dans aucune situation, de te faire du mal comme aujourd'hui. D'accord ? »

Ellie a hoché la tête, et ses yeux montraient qu'elle était sincère. Je me suis levée et lui ai tendu la main, qu'elle a saisie sans hésiter.

J'avais retrouvé ma sœur, et sachant à quel point j'avais failli la perdre, je me suis juré en silence de ne plus jamais la laisser s'éloigner de moi.

« Allez, viens te coucher. Tu as besoin de repos. Tu as assez pleuré, et à partir de maintenant, c'est interdit. Compris ? »

Les lèvres d'Ellie se sont étirées en un sourire qui, pour une fois, atteignait ses yeux. On y voyait de l'espoir et l'envie de se battre pour leurs vies.

Je l'ai aidée à se mettre au lit et j'ai remonté la couverture sur elle avant de tirer les rideaux et d'éteindre la lumière.

« Sophia ? » m'a-t-elle appelée alors que j'allais fermer la porte de notre chambre. « Pourquoi t'es rentrée si tôt ? Tout va bien au boulot ? »

« Bien sûr, Ellie. Qu'est-ce qui pourrait clocher ? Je suis juste crevée, alors M. Saunders m'a filé du temps libre pour me reposer », ai-je menti.

Pas question de lui raconter ce qui m'était arrivé juste avant que je rentre dans notre appart.

Dès que j'ai fermé la porte, j'ai sorti mon portable de mon sac et j'ai commencé à chercher les King sur internet. Leur boîte était, comme je m'y attendais, le premier résultat, et j'ai reconnu leur immeuble du centre-ville sur les photos.

Il était tard dans l'après-midi, et le temps que j'y arrive, il aurait sûrement quitté le bureau et je ne pourrais pas lui tomber dessus pour lui faire sa fête comme je le voulais.

Trouver son adresse perso était coton, mais j'ai déniché un site où des nanas partageaient les infos dont j'avais besoin et plus encore.

L'adresse de King y était. J'espérais que les groupies ne s'étaient pas plantées.

Toute excitée, je l'ai notée sur un bout de papier, j'ai verrouillé la porte et j'ai filé direct dans le quartier chic où créchait King.

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