Jade se laissa tomber dans son fauteuil avec un long soupir. Cela faisait plus d'une heure qu'elle était à son bureau sans rien à faire.
Elle fit pivoter sa chaise, les yeux rivés au plafond, l'ennui commençant à la gagner. Jamais elle n'avait eu si peu de travail.
« Mademoiselle Harris, dans mon bureau. »
La voix sortant du téléphone la fit sursauter, manquant de la faire basculer de sa chaise.
Elle se leva, ajusta sa robe et franchit les imposantes portes du bureau.
« Oui, Monsieur Champion ? »
Il la regarda d'un air impassible. « Nous avons un problème. Je n'ai pas besoin de vous, mais je ne peux pas vous licencier. »
« Je ne vois pas où est le problème, dit-elle en haussant les épaules. Je suis là, alors donnez-moi du travail. Vous me payez, après tout. »
Lucas eut un petit rire, se calant dans son fauteuil. « Et risquer que vous mettiez la pagaille ? Pas question. »
« Très bien », dit-elle en tournant les talons.
Lucas la regarda partir, frustré et surpris. « Je n'ai pas dit que vous pouviez... » Il s'interrompit alors que la porte se refermait derrière elle, le laissant bouche bée.
Personne ne l'avait jamais planté là en pleine conversation.
Il passa sa main dans ses cheveux, agacé. Puis il se leva, boutonna sa veste et traversa la pièce à grands pas.
« Je n'ai pas dit que vous pouviez partir », lança-t-il avec colère en se plantant devant son bureau, s'énervant davantage face à son apparente indifférence.
Jade leva les yeux vers lui, peu impressionnée. « Monsieur Champion. Vous m'avez engagée pour faire un travail. Maintenant, soit vous me laissez le faire, soit je reste assise ici à me tourner les pouces. Les deux me conviennent. »
Elle s'adossa à sa chaise et croisa les bras. « La vraie question est, savez-vous répondre à votre propre téléphone, Monsieur Champion ? »
Lucas la fixa, abasourdi, se demandant pourquoi diable son grand-père avait pensé que c'était une bonne idée d'embaucher cette fille effrontée. « Quoi ? Ha ! Je... »
« Je ne crois pas, l'interrompit-elle. Alors pourquoi n'iriez-vous pas dans votre bureau faire votre boulot, et je m'occuperai du téléphone et vous préviendrai quand vous aurez une réunion, d'accord ? »
Il la regarda, stupéfait, ne sachant que dire. Il fit volte-face et retourna dans son bureau, fronçant les sourcils en l'entendant pouffer derrière lui.
Jade leva les yeux au ciel quand la porte claqua, sursautant légèrement lorsque le téléphone sonna, brisant le silence du bureau.
« Champion Acquisitions, bureau de Lucas Champion, Jade à l'appareil », répondit-elle, se sentant très professionnelle en essayant d'imiter les gens dans les séries sur le monde des affaires.
« Oui, un instant s'il vous plaît. »
Elle appuya sur un bouton du téléphone, souriant en entendant sonner dans le bureau de son patron. « Oui ? » dit sa voix étrangement agréable dans le combiné.
« Monsieur Gates en ligne un », dit-elle avant de transférer l'appel et de raccrocher, satisfaite d'avoir si vite compris le fonctionnement.
Jade ne le revit pas du reste de la journée. Elle resta à son poste, répondant parfois au téléphone ou envoyant des emails. Il ne lui adressa pas la parole, ne lui demanda rien, ne quitta même pas son bureau.
À dix-sept heures, Jade rassembla ses affaires et frappa à la porte. « Monsieur Champion, avez-vous besoin de quelque chose avant que je parte ? » demanda-t-elle, espérant qu'il dirait non.
« Je suppose que vous demander de démissionner serait trop », dit-il d'un ton mécontent, posant son stylo sur le bureau et s'adossant à sa chaise.
« Quel est votre problème ? » demanda-t-elle, passablement agacée.
Lucas leva les yeux vers elle avec colère. « Comment osez-vous... »
« Comment j'ose quoi ? Prendre un emploi ? C'est tellement terrible ! dit-elle d'un ton sec. Vous êtes désagréable avec moi depuis mon arrivée. Alors dites-moi, quel est le problème ? »
Lucas se leva et posa ses mains sur le bureau, se penchant légèrement. « Le problème est que je ne voulais pas de vous.
« Je ne vous ai pas engagée. Je ne sais pas si vous êtes compétente ou ce que vous avez fait avant. Vous pourriez être ici pour nuire à notre entreprise pour ce que j'en sais. »
« Oui, c'est ça. J'ai trouvé votre grand-père pour gagner sa confiance afin d'obtenir un poste de secrétaire pour le plus horrible des fils à papa, tout ça pour nuire à votre entreprise.
« Vous vous rendez compte à quel point ça sonne ridicule, n'est-ce pas ? »
« Je ne veux pas de vous ici. »
« Eh bien, d'après ce que je peux voir, je suis tout ce qu'il vous reste. Il semble que vous ayez la mauvaise habitude de « ne pas vouloir » de vos assistants. Alors que comptez-vous faire ? »
« J'avais une assistante », dit-il d'un ton furieux.
« Et où est-elle, hein ? rétorqua Jade. Elle n'est clairement pas là. Vous l'avez fait partir comme vous essayez de le faire avec moi.
« Eh bien, j'ai eu affaire à des gens désagréables comme vous toute ma vie. Vous ne me ferez pas fuir. Alors arrêtez ça. » Jade se tourna vers la porte pour partir, en ayant assez de cet homme agaçant.
« Je rendrai votre vie très difficile », dit-il alors qu'elle ouvrait la porte.
Jade se retourna vers lui avec un sourire. « Pareil pour vous, Monsieur Champion. Bonne soirée. »
Jade ferma la porte et quitta le travail, se sentant étrangement satisfaite d'avoir dit ce qu'elle avait sur le cœur à cet homme insupportable.
Quand elle rentra chez elle, elle fut surprise de voir des fleurs devant sa porte.
Elle les regarda avec intérêt avant de les ramasser et d'entrer, enlevant ses escarpins en marchant vers le salon.
Elle s'assit sur le canapé et sortit le petit mot des fleurs. Elle sourit en le lisant, sachant que c'était la façon parfaite de terminer sa journée.
