Alpha Rylan (français)

Dawn

Il me faut au moins deux minutes pour comprendre où je suis quand j'ouvre les yeux.

Cela fait longtemps que je n'ai pas fixé un plafond. Depuis que j'ai fugué, je n’ai jamais senti quelque chose d'aussi confortable et de doux en dessous de moi, ni rien d'aussi chaud enveloppé autour de moi.

La sensation est terriblement intimidante, et pendant un bon moment, je suis paralysée. Et pas à cause des drogues que la petite équipe de Rylan a dû me faire ingérer hier soir.

Je m'assois lentement, en frottant ma tête légèrement endolorie. C'est la première fois que je laisse Rylan m'atteindre. Je n'aurais pas dû aller à cette rencontre ..... Je m’en veux.

En glissant mes jambes hors du lit, je regarde en bas et je grimace.

On m'a mis une chemise de nuit blanche soyeuse en pur satin. Elle m'arrive à mi-cuisse, la bordure est recouverte de dentelle bleu layette.

Elle évoque la Meute de la Pureté et toute la richesse de Rylan, qu'il est prêt à gaspiller pour une fugitive. Qu'est-ce qu'il a fait de mes autres vêtements ?

Je n'ai que deux ensembles différents que j'échange tous les deux ou trois jours.

Mes poignets sont un peu à vif à cause des menottes, mais je suis contente qu'elles ne soient pas en argent.

En me levant, je regarde la pièce. Honnêtement, je m'attendais à ce qu'il me jette dans une prison obscure par peur, ou qu'il me garde menottée. Au lieu de cela, j’ai été dotée d’une belle chambre.

Mes pieds, qui n'ont pas touché les doux brins d’une moquette depuis un an, sont aussi reconnaissants que mes yeux lorsqu'ils découvrent le confort de la pièce.

Quatre murs et les fenêtres qui m'entourent suffisent à me rappeler ce que j'ai laissé derrière moi.

Même si le confort me manque, je me sens sur les nerfs. Il est hors de question que je reste ici plus longtemps que nécessaire. Je pars d'ici maintenant.

En saisissant le rebord de la fenêtre, j'essaie de la soulever. Bien sûr, c'est fermé. Je jette un coup d'œil autour de moi, il y a deux portes dans cette petite pièce, les seuls autres objets sont une commode et un petit bureau.

L'agencement des couleurs comprend un blanc et un bleu simple, comme la dentelle de ma robe. Je me dirige vers la première porte et elle s'ouvre facilement.

C'est une salle de bain. Une autre commodité commune sans laquelle j’ai vécu.

Les carreaux sont frais sous mes pieds lorsque je pénètre dans cette pièce somptueuse. J'essaie d'imaginer ce bâtiment de l'extérieur, après l’avoir observé toutes ces fois.

Son domaine est presque aussi grand que la forêt qui le borde, ce qui me laisse peu de marge pour déterminer pleinement l'endroit où je me trouve en son sein. Cela limite également ma capacité à m'échapper.

Si je me trouve à l'est du bâtiment, je n'ai aucune chance de contourner ses gardes.

Je m'accorde quelques secondes pour admirer la douche qui a l'air bien plus accueillante que la rivière à laquelle je suis habituée, avant de vérifier la deuxième porte.

Convaincue que ça ne va pas marcher, mon cœur ’ se serre, jusqu'à ce qu'elle s'ouvre au moindre contact.

Est-ce que je rêve ? Est-ce que ’c’est vraiment Rylan qui m'a enlevée ou une âme plus douce ?

En sortant, je n'ai vraiment aucune idée d'où je vais. Je franchis quelques portes ici et là, mais à chaque fois je me retrouve dans un couloir qui ressemble exactement à tous les autres que j'ai vus.

Finalement, je me perds tellement que je commence à frapper chaque mur que je croise; je suis même à deux doigts de m'y cogner la tête.

Peut-être que c'est la version de la torture de Rylan. Une version tordue. Me faire errer sans but jusqu'à ce que je devienne presque folle. Ça marche.

M'arrêtant, j'expire et me sens vaincue, avant de glisser mon dos le long du mur, ma tête tombant dans mes mains.

« Tu abandonnes déjà ? »

Pour une raison quelconque, la voix de Rylan ne me fait pas sursauter. Il est appuyé contre le mur de manière décontractée, me regardant curieusement avec ses yeux de cristal. Depuis combien de temps est-il là ?

Depuis combien de temps se moque-t-il de ma défaite alors que je me tiens contre le mur pour éviter de traverser ces couloirs exaspérants ?

« Laissez-moi tranquille », je grogne, irritée.. « Si vous ne me laissez pas sortir de cet endroit, alors je ne veux même pas vous voir. »

Au lieu de m'occuper de lui, je devrais trouver un moyen de sortir. Maintenant je suis perdue et ridicule.

Il soupire profondément, se déplaçant pour marcher devant moi. Je peux être très têtue parfois. Je croise son regard, m'assurant de le soutenir fermement.

Cet homme ne prendra pas le dessus sur moi ici, même si c'est son territoire. Il a triché dans ce jeu écœurant du chat et de la souris, et il est censé être l'Alpha de la pureté.

Pureté mon œil.

« Je sais que c'est dur... »

« Dur ? » Je lâche, incrédule. « Vous m'avez piégée, vous m'avez menti et vous m'avez traînée ici contre ma volonté pour être votre petit chien. Le Destin a fait un travail terrible en nous mettant ensemble. »

Rylan se mord le bord de la lèvre en réfléchissant. Ma respiration est saccadée alors que j'essaie de lire son expression. Tout ce que je peux voir, ce sont ses traits impassibles qui ne m'indiquent rien.

Il est trop occupé à réfléchir à mes mots, à me regarder attentivement.

« Tu ne vas pas bien, Dawn. Je fais cela pour te protéger, avant que tu ne tombes encore plus malade à cause de la vie que tu t'imposes », dit Rylan avec précaution.

Je serre les dents.

« Je te regarde, et ça me fait mal, » continue-t-il. « Te voir te détériorer devant moi. Tu ne mérites pas ça. »

Ses mots provoquent une montée d’adrénaline dans mes veines. Je ne sais pas si je dois être en colère contre lui, ou si je dois simplement l'accepter, puisque j'y pense depuis un certain temps déjà.

Récemment, je n'ai pas été la même dans ma façon d’escalader, de courir et de voler la nourriture . Je suis tombée malade. Et si les mots de Rylan étaient vrais ? Qui sait ce qui va m'arriver ?

« Je me sentirai mieux quand je serai de retour à la maison, avec ma sœur », lui dis-je, sachant qu'au moins cette partie est vraie.

Lucy n'a que dix ans, et elle est seule là-bas. Si je m’en veux d’avoir rencontré Rylan, je m’en veux encore plus de l'avoir laissée seule. Mais elle est forte, elle se débrouillera toute seule.

Rylan a l'air pensif. « Tu pourrais toujours l'amener ici.... »

« Ce n’est pas une option. »

Rylan n'a pas encore rencontré Lucy. Il a de la chance. Elle le déteste plus qu'elle ne déteste l'idée de vivre dans une forêt, avec des feuilles mortes comme litière et un ruisseau comme bain.

Ma pauvre sœur est obligée de se venger de beaucoup de gardes qu'il envoie pour moi.

« Pourquoi pas ? Tu ne veux pas qu'elle soit en sécurité ? » demande Rylan, les sourcils froncés. Le fait qu'il soit si près de moi me rend un peu nerveuse.

Naturellement, je suis attirée par Rylan. On ne peut pas nier ce fait.

Le lien d’accouplement - même si je ne l'aime pas - est quelque chose d'indéniable. Le Destin a choisi Rylan pour être celui dont j'ai envie et que je désire ardemment. J'ai essayé chaque jour de prouver le contraire.

« Elle ne veut pas être enfermée, ni forcée de prier une Déesse en laquelle elle ne croit pas, » je lui dis avec avec conviction.

« Je te l'ai dit, je n'attends ça d'aucune de vous », me dit-il doucement.

Mensonges.

« Vous avez prouvé que vous aimez que je sois enfermée, dans un endroit inconnu, et toute seule. Vous ne m'avez pas encore donné une raison de vous faire confiance », lui dis-je honnêtement, en haussant un sourcil.

Il se lève doucement, avant de me tendre la main. Je la fixe.

« Allez, tu dois avoir faim. A quand remonte la dernière fois où tu as mangé quelque chose de décent ? » Rylan demande, ses yeux se remplissant decompassion ; le premier semblant de réalisme que j'ai vu chez lui jusqu'à présent.

Sinon, c'est un Alpha froid qui préférerait me voir enfermée et gardée jolie comme une poupée.

Je ne vais pas le toucher. Cela pourrait juste me nuire.

Donc, je me tiens debout toute seule, en utilisant le mur derrière moi comme levier. Je me sens un peu nerveuse d'être habillée de façon si inappropriée en présence de Rylan, mais je ne suis pas complètement mal à l'aise.

Pourtant, je veux retrouver mes vieux vêtements.

« Bien, je vais manger, puis je pars », lui dis-je. Je peux aussi bien en tirer quelque chose, non ? Peut-être que je peux même voler quelque chose à rapporter à Lucy.

Rylan sourit légèrement. « Nous verrons ça. »

L'endroit semble complètement abandonné alors que Rylan me guide à travers sa maison jusqu'à ce que nous arrivions dans une salle à manger . Est-ce qu'il vit seul ici ?

Il ’m’invite à m'asseoir en bout de table, et tire même la chaise en chêne pour moi. Les manières n'existent pas là où j'ai été.

« Tu as envie de quelque chose en particulier ? » demande Rylan par-dessus son épaule en se dirigeant vers la cuisine.

La main posée sur mes genoux, je repère rapidement les issues potentielles de cette pièce. Aucune, sauf si je compte la porte par laquelle nous sommes venus, mais je n'ai rien vu pendant notre promenade.

Peut-être pourrais-je sauter par l'énorme vitrail en me servant de mon épaule comme bouclier contre le verre. Il lui faudrait moins de quelques secondes pour me retrouver, mais...

« De la nourriture », je dis et Rylan glousse.

Pendant qu'il va me chercher de quoi manger, je me surprends à m'assoir là comme une vraie dame,. Il serait simple de déclencher une anarchie à cet instant précis , mais j'ai l'intention de gagner la confiance de cet Alpha.

Rylan revient, visiblement surpris de me voir encore assise ici. Il glisse une assiette de nourriture en face de moi.

« Alors, qu'est-ce qui se passe maintenant ? » Je demande, après avoir pris ma première bouchée du fruit frais qu'il m’a servi.

C'est la première fois depuis longtemps que je mange autre chose que des fruits secs et du pain rassis, et je me délecte de ce goût délicieux.

Rylan soupire. « Nous réglons les choses entre nous. Nous trouvons ta sœur. »

« Et si je disais que je ne sais pas où elle est ? » Je dis doucement, en avalant une cuillerée de chair de pamplemousse.

« Je ne te croirais pas. »

Rylan et moi nous fixons l'un l'autre pendant un moment, sans dire un mot. Autant il est facile de se perdre dans ses yeux, autant la colère qui m'habite garde tout sous contrôle .

« Écoutez, ça ne va pas marcher. Vous ne pouvez pas me garder ici en tant que partenaire, sans que je veuille m'échapper à chaque moment de la journée », lui dis-je fermement.

Rylan a un talent pour changer d'humeur en un instant. Une minute il est calme, et doux et la suivante il est dur et froid. En ce moment, il a l'air en colère et à juste titre.

Ce n'est pas le genre d'expression que les gens normaux ont lorsqu’il sont en colère. Son regard est distant, et sombre. Il suggère qu'il est en train de penser à des choses tordues.

« Je ne veux pas faire ça, mais je n'ai pas vraiment le choix, » dit Rylan prudemment. « J'essaie de t'aider et de te protéger. Je veux que tu aies une bonne vie, en sécurité et en bonne santé. »

« Si vous vous souciiez de moi, vous ne me retiendriez pas prisonnière », lui dis-je.

Tout à coup, Rylan tend la main vers moi, mais je recule d'un bond. Respectueusement, il retire sa main.

« Je tiens à toi, Dawn », dit-il doucement. « Laisse-moi te montrer à quel point. »