Les yeux de Will s'assombrirent légèrement, mais il acquiesça. « Je ne ferai rien que tu ne veuilles pas », dit-il.
Je montai les escaliers avec Will et jetai un dernier coup d'œil en arrière. J'aperçus Bonnie et Matt au bar. Ils avaient l'air de bien s'amuser.
Bonnie leva les yeux comme si elle avait senti mon regard. Elle articula silencieusement « Ça va ? » alors je lui fis un pouce en l'air. Elle me sourit en retour mais je vis aussi qu'elle semblait un peu inquiète. Avait-elle perçu mon hésitation ?
Je me retournai vers Will. Non, j'espérais que ce n'était pas nécessaire.
Nous avançâmes dans un couloir. La plupart des portes étaient fermées. Certaines étaient entrouvertes, me permettant de jeter un œil à l'intérieur. Et ce que je vis n'était pas pour les enfants.
Je suivis rapidement Will. Il s'arrêta à la dernière porte et l'ouvrit avec une clé. J'entrai et Will referma derrière moi.
Il faisait très sombre. La seule lumière provenait d'un réveil.
J'entendis Will s'approcher dans mon dos. Il me fit soudain pivoter et m'embrassa. J'étais un peu surprise, mais je me dis que ce n'était pas si mal. Je lui rendis son baiser.
Sa langue caressa mes lèvres et je le laissai entrer dans ma bouche. Sa langue explora l'intérieur.
Pendant qu'on s'embrassait, je réfléchissais - je sais que c'est bête, mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Pourquoi ce baiser ne ressemblait-il pas à ceux des films ? Pourquoi ne le trouvais-je pas spécial ?
Je reculai, voulant arrêter de l'embrasser. Mais Will avait d'autres idées. Ses mains parcouraient mon corps. L'une s'arrêta sur mon sein et le pressa. Ça faisait mal.
« Will, arrête », lui dis-je. Il semblait ne pas m'entendre. Je le répétai plus fort. « Will, arrête ! Je ne veux pas ça maintenant. Je ne suis pas prête. »
Will s'arrêta un instant mais recommença. « Ton corps me dit de continuer, ma belle », dit-il.
Je sentis la peur monter en moi. Avais-je vraiment envoyé ces signaux avec mon corps ?
« Will, je ne veux pas. Arrête s'il te plaît », le suppliai-je.
Mes yeux s'embuèrent. J'essayai de me dégager.
« Arrête ! Maintenant. Je suis sérieuse ! » Je tirai fort et réussis à me libérer.
Je me tournai vers la porte et tentai de l'ouvrir. Elle était verrouillée. J'étais terrifiée.
« Laisse-moi sortir, Will ! » criai-je.
Il restait là avec un sourire mauvais, agitant la clé devant moi.
Soudain la porte s'ouvrit violemment. Je ne sais pas comment elle avait fait, mais elle était là. Ma meilleure amie.
« Soof, ça va ? » demanda-t-elle, et j'acquiesçai.
« Allez, on s'en va », dit-elle.
Elle lança un regard noir à Will, m'attrapa et m'entraîna hors de la chambre.
Nous prîmes le premier taxi et rentrâmes à la maison.
Elle me raconta que Matt avait aussi essayé de la toucher. Elle l'avait repoussé tout de suite.
Bonnie était furax quand elle apprit ce qui s'était passé entre Will et moi. Elle me dit de rester loin de lui, qu'il était mauvais. J'acquiesçai simplement.
Dès notre retour, je filai sous la douche. Les larmes coulaient à flots.
Comment avais-je pu être si bête ? J'aurais dû m'en douter. Et pourquoi étais-je si faible ? J'aurais dû être plus forte, comme Bonnie.
Je me glissai dans mon lit et m'endormis comme une masse.
Cette nuit-là, l'homme mystérieux apparut à nouveau dans mes rêves. Mais cette fois, il était loin.
Je ne pouvais pas le voir, mais je sentais qu'il m'observait de loin. J'essayai de l'atteindre, en vain. J'essayai de l'appeler, même sans connaître son nom, mais il ne répondit pas.
Puis je me réveillai. J'avais la tête qui tournait. Je me souvins des événements de la veille et de mon rêve. Je sentis les larmes monter à nouveau, mais je les refoulai. Ça suffisait. Je devais être forte.
J'étais une femme forte capable de prendre soin d'elle-même. Je me regardai dans le miroir et hochai la tête.
En route pour les cours !
La journée passa vite. Heureusement, je ne croisai pas Will avant mon dernier cours.
Je marchais d'un bâtiment à l'autre quand soudain quelqu'un m'attrapa le bras et me tira dans une ruelle voisine.
J'essayai de crier, mais juste avant que je ne puisse émettre un son, une main couvrit ma bouche.
« Chut, Sophie, tais-toi. C'est moi, Will. »
Ces mots me firent encore plus peur.
« Promets-moi que tu ne crieras pas, et je te promets que je ne te ferai pas de mal. »
J'acquiesçai rapidement. Mes yeux étaient écarquillés de terreur. Will retira lentement sa main de ma bouche. Je respirai profondément, cherchant une issue du regard. Mais la seule sortie était derrière Will.
Will leva les mains, comme pour me calmer. « Écoute, Sophie, je veux m'excuser pour hier soir. J'avais trop bu et j'aurais dû t'écouter. »
Ma peur diminuait peu à peu. Je le regardai dans les yeux, il semblait sincère.
« S'il te plaît, Sophie, comment puis-je arranger ça ? Je ferais n'importe quoi. »
Mon cerveau tournait à plein régime. Que devais-je faire ? Après tout, m'avait-il vraiment fait du mal, ou n'était-ce qu'une erreur, comme il le disait ?
Il vit mon hésitation. « Que s'est-il vraiment passé, Sophie ? On s'est embrassés et je t'ai touchée. Ce n'est pas comme si je t'avais agressée, non ? Je pensais vraiment que tu en avais envie aussi. »
Peut-être avait-il raison. Peut-être devrais-je lui donner une autre chance.
« Écoute, Will, j'ai juste besoin d'un peu de temps pour y réfléchir. »
Le visage de Will s'illumina. « Donc ça veut dire que je peux me rattraper ? » demanda-t-il.
Je lui fis un petit sourire. « Peut-être. Je te le dirai bientôt, mais là je dois vraiment aller en cours ou je vais être en retard. »
Will me scruta, cherchant un signe de mensonge. N'en trouvant pas, il se détendit et s'écarta pour me laisser passer. « Merci, Sophie. Je ne gâcherai pas cette chance. »
Je passai devant Will et laissai la ruelle derrière moi. Je me sentais mieux.
Sur le chemin du retour, je repensai à ce qui s'était passé.
Je devrais vraiment en parler à Bonnie, pensai-je. Elle pourrait peut-être me conseiller.
Mais en rentrant, je reçus un message de Bonnie disant qu'elle rentrerait tard ce soir. Elle devait travailler avec d'autres étudiants, donc je ne pourrais pas lui parler aujourd'hui. Tant pis, peut-être demain. Ce n'était pas grave.
Le lendemain, je revis Will. Il était très gentil avec moi et me proposa de sortir samedi.
J'allais accepter quand je me souvins soudain que j'avais prévu de dîner avec la famille de Bonnie.
« Désolée, Will, j'aimerais vraiment te donner une autre chance, mais j'ai déjà des projets samedi. »
Will me regarda avec de grands yeux tristes. « J'ai vraiment, vraiment envie de me rattraper. Et demain soir ? Je peux t'emmener quelque part ? »
J'y réfléchis un instant, puis acceptai. « D'accord, Will, mais rappelle-toi, seulement dans un lieu public. Tu dois regagner ma confiance. »
« Tu ne le regretteras pas, Sophie. Je te le promets. »
