À la recherche du bonheur

« La table quatre veut commander, Jolena. Jolena ! » Michelle, la gérante du restaurant La rose blanche, essaya d'attirer son attention, mais sans succès. « Jolena ! Table quatre ! »

« Euh, oui. Excuse-moi, Michelle, j'ai été distraite pendant un moment. Table quatre, vous avez dit ? » Jolena secoua la tête pour faire le vide dans son esprit et commença à marcher vers les clients qui attendaient.

Après le départ des derniers clients de la soirée, elle s'assit confortablement sur l'une des chaises de la salle. Ce fut une journée de folie. Le restaurant avait affiché complet et deux collègues qui s’étaient fait porter pâle. Elle avait mal aux pieds à force de courir partout.

Michelle s'approcha de Jolena. « Est-ce que tout va bien ? » Demanda Michelle. « Tu avais l'air distraite aujourd'hui. »

« Tout va bien. Je vais bien. Je n'ai pas bien dormi la nuit dernière, c'est tout. »

« Rentre chez toi, Jolena », lui dit Michelle avec un regard compatissant. « Tu as assez travaillé pour aujourd'hui. »

« Mais il y a encore beaucoup à faire. Je ne te laisserai pas nettoyer sans moi », protesta Jolena.

Il y avait encore beaucoup de nettoyage à faire. La vaisselle devait être lavée, les tables devaient être remises en place pour le service du lendemain et les sols devaient être nettoyés.

Il y avait donc encore beaucoup à faire avant que tout le monde puisse rentrer chez soi.

« Non, non, on va s'en occuper. Tout ira bien. Depuis que tu travailles ici, tu n'as jamais appelé pour dire que tu étais malade, tu n'as même jamais pris un jour de congé. »

« Rentre chez toi, c'est un ordre », dit Michelle, tout en attrapant le manteau et le sac de Jolena. Elle lui remit le tout et elle la poussa doucement vers la porte.

« Ok, j'y vais alors », répondit Jolena. « Si tu insistes vraiment. »

Après avoir garé sa vieille voiture devant son immeuble, elle regarda par la fenêtre de devant, ses pensées dérivant au loin. Cela faisait maintenant sept ans qu'elle travaillait dans ce restaurant. Mais elle était fatiguée.

Fatiguée de ce travail ennuyeux... Elle pouvait faire mieux que simplement servir des tables. Elle était également fatiguée de s'inquiéter de savoir si elle pourrait boucler ses fins de mois, car cela semblait toujours être une lutte.

Elle avait commencé à travailler le soir quand elle avait seize ans. Elle avait dû travailler très dur pour obtenir de bonnes notes à l'école tout en travaillant en même temps au restaurant.

Ses parents étaient morts dans un accident de voiture quelques semaines avant ses 16 ans. Sans famille pour l'accueillir, elle était restée dans une famille d'accueil jusqu'à ce qu'elle soit assez grande pour s'occuper d'elle-même.

Elle avait dû travailler pour pouvoir se payer l'université. Ses parents lui avaient laissé un peu d'argent, mais pas assez pour payer quatre années complètes. D'une manière ou d'une autre, elle avait réussi à s'en sortir.

Elle avait obtenu son diplôme deux ans auparavant, mais travaillait toujours au restaurant. Elle cherchait un emploi qui corresponde un peu plus à ses études, mais les emplois qui l'intéressaient étaient rares. Mais, travailler au restaurant n'était pas suffisant pour payer les factures.

Elle ne pouvait pas dormir. Lorsqu'elle fermait les yeux, elle voyait les factures apparaître devant elle. Cela l'empêchait de dormir presque toutes les nuits. Un coup frappé à sa fenêtre la sortit de ses pensées.

« Jolena, que fais-tu là ? Il est trois heures du matin ! » Lui dit son colocataire.

Joe et Jolena partageaient ce petit appartement à deux chambres depuis leur deuxième année d'université.

Ils en avaient tous les deux assez des résidences universitaires dans lesquelles ils avaient vécu la première année. Les deux amis n'aimaient pas les fêtes bruyantes et arrosées et tout ce désordre qui n'était jamais nettoyé. Alors, ils avaient décidé de partager un appartement bon marché à proximité.

Jolena prit ses clés et son sac à main pour sortir tandis que Joe lui tenait la porte.

« C’est plutôt à moi de te demander ce que tu fais ici », dit Jolena en verrouillant sa voiture et en commençant à marcher vers la porte d'entrée de leur immeuble. « Je pensais que tu voulais te coucher tôt ? »

« Ouais, je sais », répondit Joe avec des yeux malicieux et il haussa les épaules. « Je suis tombé sur une fille sympa au bar où je rencontrais des amis et, tu sais, une chose en entraînant une autre… Tu sais comment ça se passe. »

Ils commencèrent à monter les escaliers et il commença à la chatouiller au niveau de la taille.

« Mon Dieu, coureur de jupon, tu es. » Jolena souriait en courant dans les escaliers, essayant d'échapper à ses doigts chatouilleux.

« La semaine dernière, tu m'as promis que tu ralentirais le rythme avec les filles. Qu'est-il arrivé à cette promesse ? » Elle posa ses mains sur ses hanches, faisant semblant d'être contrariée. Elle savait déjà qu'il ne pourrait pas tenir sa promesse bien longtemps.

« Tu me connais, c'est comme une dépendance », a dit Joe, tout en déverrouillant la porte et en l'ouvrant à Jolena. « Je ne peux pas m'en empêcher. Quand je vois une jolie fille, il faut que je lui parle. Sinon, je ne me sens pas bien. »

« Je ne serais pas moi si je ne voyais plus de filles. Et, si je ne peux pas t'avoir toi, je dois avoir d'autres filles pour avoir l'amour et l'attention dont j’ai besoin. Tu sais qu'un homme ne peut pas s'en passer. »

Joe aimait la taquiner à ce sujet. Ils savaient tous les deux que leur relation était purement fondée sur l'amitié. En faire une relation romantique serait gênant.

Jolena se dirigea vers la porte de sa chambre et regarda par-dessus son épaule avec un sourire. « Je pense que je vais aller me coucher et essayer d'oublier que tu as dit ça. Je te verrai demain matin. »

« Bonne nuit, Jo », dit Joe. Il se dirigea vers la porte de sa propre chambre, se retourna et la regarda sincèrement tout en continuant à parler. « J'espère que tu vas vraiment bien dormir ce soir. »

« Bonne nuit, Joe. »

Le lendemain, elle essaya de se traîner hors du lit. La nuit dernière n'avait pas été différente de toutes les autres nuits. Travailler dur, travailler tard.

Elle avait essayé de dormir, mais finalement, elle était restée éveillée, pensant aux factures qui s'accumulaient jusqu'à ce que ses yeux soient si lourds qu'elle ne pouvait plus les garder ouverts.

En se rendant dans la cuisine pour se préparer un café fort et un sandwich, elle réalisa que Joe était déjà parti. Elle alluma son ordinateur portable, un coût supplémentaire pour lequel elle avait dû économiser. Elle en avait besoin pour ses études à l'université.

Elle commença à regarder toutes les offres d'emploi qui l'intéressaient. Après trente minutes de recherche infructueuses, elle abandonna et mit son ordinateur portable de côté, mettant de la musique et se dirigeant vers la douche.

Quand elle sortit de la salle de bains et qu'elle entra dans leur petit salon, elle s’aperçut que Joe était de retour, parlant au téléphone à quelqu'un.

« Oui, je sais », dit Joe à la personne à l'autre bout du fil.

Jolena s’assit sur le canapé, commençant à jouer à un jeu sur son téléphone.

« Eh bien, je connais peut-être quelqu'un qui serait parfait pour ce poste. Je vais lui demander ce qu'elle en pense et je te recontacterai, d'accord ? »

Il continuait à parler à la personne au téléphone, mais regardait avec un sourire enthousiaste Jolena, essayant d'attirer son attention en agitant sa main devant son visage.

« Oui, bien sûr, je t’appellerai quand j'en saurai plus. Oui, je t’appelle dès que possible. Au revoir, Adina. »

Il s'assit dans le fauteuil à côté du canapé et regarda Jolena. « J'ai peut-être trouvé le travail parfait pour Ava. Ma sœur vient d'appeler pour me dire qu'ils cherchent une infirmière là où elle travaille. »

« Adina travaille comme infirmière dans une clinique à Miller Creek, dans les forêts au pied des montagnes grises, à environ trois heures d'ici. Il y a toute une communauté qui vit là. »

« C'est très fermé par rapport au reste du monde. Ava est toujours prête pour l'aventure, ça pourrait être quelque chose qui l’intéresse. »

Ava était une amie commune qu'ils avaient connue lorsqu'ils étaient à l'université. Tout comme Jolena, elle cherchait un emploi, mais dans cette ville, il était difficile de trouver un poste d'infirmière.

Joe avait raison quand il disait qu'elle aimait l'aventure. Pendant leurs pauses déjeuner, elle n'arrêtait pas de parler des pays où elle voulait voyager dès qu'elle aurait assez d'argent et qu'elle aurait terminé ses études.

Après l'obtention de son diplôme, elle était allée en Chine, et elle en parlait encore à tue-tête.

« Ce travail pourrait être tout à fait dans ses cordes », dit Jolena à Joe. « Elle mérite vraiment de trouver un bon travail, tu sais. Pourquoi tu ne l'appelles pas pour lui en parler ? »

Jolena était sincèrement heureuse pour son amie. « Ils n'ont pas un travail pour moi là-bas aussi ? »

« Tu as raison. Je l'appellerai après ton départ au travail. Tu pars dans une demi-heure, n'est-ce pas ? » Demanda Joe, gentiment. « Je ne pense pas qu'ils aient d'autres offres d'emploi, cependant. »