Tinkerbelle Leonhardt
CONNOR
Ce jour-là, c'était le jour où la fille du shérif sexy, mignonne et fougueuse serait à moi.
La façon dont elle portait son jean, ses talons, tout... Je n'avais pas ressenti ça depuis longtemps.
Cette sensation d'anxiété dans l'estomac dont j'avais oublié l'existence. Et dire qu'après tout ce que j'avais fait, tout ce que j'avais vécu, j'étais un peu nerveux à l'idée de la voir.
Je ne voulais pas non plus précipiter les choses, mais je savais que garder ma queue dans mon pantalon et mes mains pour moi tout seul allait être un défi.
PAXTON
Rentrer à la maison a été un échec colossal. Je me sentais plus isolée que jamais.
Je vivais avec un père infidèle et une mère complaisante. Sans parler du panneau en lettres capitales qui était encore injustement marqué sur moi.
Je me sentais comme une lépreuse.
J'avais donné à mon ex-patronne, Nadia, le bénéfice du doute et elle me l'avait royalement renvoyé en pleine figure.
Elle avait ignoré tous les signes évidents de son mari trompeur et m'avait reprochée ses avances flagrantes.
Comme si je l'avais supplié.
Comment les femmes, aussi intelligentes ou brillantes soient-elles, peuvent-elles être si facilement aveugles à la vérité quand des hommes sont impliqués ? Son mari n'était même pas très beau, c'était ça le plus drôle.
Oui, il était riche, mais l'argent ne changeait rien à sa personnalité. J’aurais préféré de loin avoir quelqu'un de vrai, d'authentique.
Peut-être même un peu mauvais...
Quelqu'un avec des yeux perfides, un corps absolument bien foutu, et qui était foutrement sexy...
Ouais, c'était définitivement mon type.
Deux heures de recherche d'offres d'emploi sur Google n'ont donné que très peu de résultats prometteurs, alors j'ai décidé d'arrêter de battre le pavé numérique pour la journée et de me préparer pour mon rendez-vous avec un Red Rider.
Malgré le coup qu'il m'avait fait la veille, en me suivant lors de mon rendez-vous avec Ollie, je ne pouvais m'empêcher de trouver ses actions un peu flatteuses, dans le genre grand mâle alpha stupide.
Et les pensées hyper-sexualisées de lui qui me traversaient l'esprit me rendaient terriblement nerveuse pour notre rendez-vous.
Finalement, j'ai décidé de porter mes bottines noires et mon jean le plus moulant. Un débardeur noir en dentelle et une veste en cuir rouge cerise complétaient bien le look.
J'ai laissé mes longs cheveux tomber sur mes épaules, j'ai souligné mes yeux avec de l'eye-liner marron et j'ai ajouté un rouge à lèvres mat.
Bon sang, je suis pas mal !
Après un dernier regard confiant dans le miroir, j'ai mis l'essentiel dans un petit sac noir et je suis descendue vers la porte d'entrée.
Simultanément, le bruit d'une moto s'engageant dans l'allée s’est répercutée dans toute la maison.
Une musique à mes oreilles.
« Qui c'est ? » ai-je entendu papa grogner depuis le canapé.
Je n'avais vraiment pas envie d'avoir affaire à lui à ce moment.
J'ai couru dehors et j'ai sauté sur la selle, alors que Connor me tendait un casque.
« Tu es... »
« Ne parle pas, roule. »
Papa est arrivé en courant sur le porche juste à temps pour voir sa fille à l'arrière d'une moto avec un ex-taulard, ses bras autour de sa taille.
J'ai senti ces yeux bleu-gris faire un trou dans mon dos alors que nous sortions de l'allée et descendions la route.
Je n'avais jamais été sur une moto avant.
Le souffle du vent sur mon corps, les palpitations de mon ventre lorsque nous prenions les virages et le bourdonnement constant du moteur entre mes cuisses étaient tout simplement exaltants.
Les mains serrées autour de sa taille, j'ai blotti mon visage dans sa nuque, aimant la proximité intense de mon corps avec ce motard sexy comme tout.
La ville s'est envolée devant nous, les lumières se confondant comme dans une longue brume tandis que je rejetais ma tête en arrière et succombais au vent.
Nous avons finalement atteint le lieu de notre rendez-vous. C'était en haut de la chaîne de montagnes surplombant notre ville de campagne pittoresque. Les étoiles parsemaient le ciel tandis que le croissant de lune rayonnait, préparant le terrain pour ce qui allait suivre.
« Le propriétaire de ce terrain a perdu sa famille dans un accident de voiture il y a quelques temps », a-t-il commencé en enlevant mon casque. « C’est devenu trop grand pour qu’il s'en occupe tout seul, alors nous assignons de nouveaux membres du club pour l’aider. » Mes yeux se sont plongés dans les siens.
« Je viens parfois jusqu'à cet endroit quand j'ai besoin d'être seul. Un jour, j'espère acheter ce terrain. Construire une maison ici avec vue sur la ville. »
Nous avons tous les deux détourné les yeux vers la vue stupéfiante des lumières scintillantes, la ville paisible et endormie depuis la route sinueuse à flanc de montagne.
« Ça a l'air génial. C'est magnifique », ai-je pratiquement chuchoté.
Il a souri en sortant une couverture confortable, un panier de pique-nique et des flûtes à champagne du compartiment de rangement arrière de sa moto, avant de poser la couverture à plat sur le sol.
Je devais avoir un sourire stupide sur mon visage. Il était temps de s’en servir.
« Tu sais, à cause de ton petit numéro d'hier avec Ollie, je me suis sentie si mal que j'ai accepté un autre rendez-vous. »
Il s'est arrêté d'étaler les affaires et m'a regardée avec incrédulité. « Tu vas encore sortir avec lui ? »
« Je dois le faire. Il était vraiment dévasté. »
« Tu sais, même un aveugle pourrait voir qu'il n'y a pas d'alchimie entre vous deux. Pas comme toi et moi », a-t-il dit avec une profonde intensité. J'ai juste roulé des yeux.
« Je ne fais pas dans la relation libre, d'ailleurs », a-t-il ajouté en me tendant du champagne. « Je cherche seulement la monogamie. »
Eh ben, je veux bien être damnée !
« Pourquoi tu me dis ça ? » Je l'ai regardé.
« Je voulais juste mettre les choses au clair... Les choses qu'on dit sur moi, ce que ton père pense de moi, ce n'est pas vrai. C'est juste des ragots. Toutes nos affaires, les affaires des Red Riders, sont légitimes. Je voulais que tu le saches avant que quelque chose n'arrive, si quelque chose arrive. » Il a soupiré calmement.
« Tu as vraiment été en prison ? »
« Oui », a-t-il dit solennellement. « Je suis sorti il y a dix mois. »
« Combien de temps tu y es resté ? »
« Sept ans, pour évasion fiscale entre autres choses. Notre comptable avait falsifié les livres de compte et volé notre argent. Mais j'ai été enfermé à cause de mon passé. Mieux valait moi que les autres gars. »
« Tu l'as retrouvé ? » Il fallait que je le demande.
« La mort l'a retrouvé. »
Et il en est resté là. Je n'ai pas cherché à savoir, même si Dieu sait que j'en avais envie.
Aussi intimidant qu'il était, je ne le craignais pas. Au contraire, j'étais indéniablement attirée par chaque centimètre charismatique en lui.
« Alors », a-t-il dit en se détendant, « ça fait quoi d'être la fille du shérif ? Ça doit mettre beaucoup de pression. »
« Ce n'était pas difficile quand j'étais plus jeune », ai-je admis. « J'étais une fille modèle. Tableau d'honneur, équipe de pom-pom girls. J'ai même chanté dans la chorale. Ce n'est qu'après avoir obtenu mon diplôme que j'ai réalisé que tout n'était qu'une mascarade que je ne pouvais plus suivre. »
« Alors tu as déménagé, tu t'es fait tatouer, et tu es revenue en ville comme le fils prodigue... euh, la fille ? »
« Je suppose », ai-je répondu.
« Eh bien, je suis heureux que tu aies décidé de nous honorer de ta présence à nouveau. »
Nous sommes restés assis là pendant près d'une heure, en pleine conversation tout en se servant de la nourriture et en terminant le champagne.
Plus il parlait de sa vie, de ses succès et de ses difficultés, des bons moments et des tribulations, plus je me sentais indéniablement attirée par lui.
Alors que nous étions allongés, côte à côte sur la couverture, il a pointé du doigt et décrit les constellations. Ou plutôt, il a raconté des conneries à leur sujet.
« Ces trois-là, qui ont l'air bizarre, ce sont les trois ours. »
« Ah oui ? Comment s'appellent-ils ? » ai-je demandé avec méfiance.
« Celui-là, c'est Fluffy », a-t-il dit en désignant celui de gauche, « et ceux-là, c'est Bendy et... Rupert ».
« Rupert ? Tu racontes n'importe quoi ! » ai-je dit, en essayant de garder un visage impassible.
« C'est vrai. Rupert est un comptable qui fait la drag-queen à côté... Bendy est un proctologue qui aime bien la ventriloquie. »
« Ah, ouais ? » ai-je dit, en luttant pour ne pas rire. « Et qu'en est-il de Fluffy ? »
« Il sniffe des sels de bain, bien sûr », a-t-il répondu.
Incapable de me retenir, j'ai éclaté de rire alors que des larmes coulaient sur mes joues. Je l'ai tapé sur sa poitrine bien ferme. Il s'est déplacé sur le côté et s'est appuyé sur son coude pour me regarder.
« Je ne suis pas très bon pour ça », a-t-il admis.
« Pour quoi ? »
« Pour ça... » Il a fait un geste autour de lui. « Le romantisme. »
« Tu ne penses pas que c'est sacrément romantique ? À part les sels de bain ? » J'ai souri timidement.
« Tu es belle quand tu souris », a-t-il dit en écartant légèrement une mèche de cheveux de ma joue avec ses doigts.
J'ai senti mon visage rougir, alors j'ai baissé les yeux. Il a soulevé mon menton avec sa main, rencontrant mon regard. Quelque part en chemin, je me suis perdue dans ses yeux sombres, et à ce moment-là, il s'est penché jusqu'à ce que son visage soit à quelques centimètres du mien.
Je ne pouvais pas croire à quel point j'avais envie de son contact. Pouvais-je vraiment ressentir une telle force envers quelqu'un que je venais de rencontrer ?
Je sentais son souffle sur mes lèvres qui s’ouvraient, l'air que je haletais tandis que mon cœur battait dans ma poitrine, jusqu'à ce que finalement, après ce qui m'a semblé une éternité, ses lèvres ont effleuré les miennes, envoyant une impulsion électrique dans mon corps.
Il a pressé sa bouche plus fort sur la mienne, appuyant encore plus notre baiser.
J'ai ouvert plus grand. Il a glissé sa langue, provoquant un gémissement profond alors que le plaisir de ses lèvres affamées se répandait comme une vague dans mon corps. Je n'avais pas ressenti cela depuis longtemps.
Sa sonnerie AC/DC a retenti, ce qui nous a fait reculer tous les deux. « Je suis désolé », a-t-il haleté en essayant d'attraper son téléphone portable. « Je dois répondre. »
Je l'ai attiré à nouveau, réclamant ses lèvres, et il a temporairement oublié ce qu'il faisait, en m'embrassant encore.
« Tu... sonnes toujours... », l'ai-je taquiné alors qu'il essayait distraitement de le prendre dans sa poche.
Il a juré alors que le téléphone continuait de sonner et a finalement trouvé la force de s'éloigner de quelques centimètres pour répondre.
« Ça a intérêt à être important », a-t-il grogné alors que je traçais le contour de son visage avec mon doigt. Mais il s'est soudainement assis et s'est éloigné de moi, même si mon corps n'était pas prêt pour cette distance.
« Quoi ? » La couleur a disparu de son visage, et ses sourcils se sont froncés. « J’arrive tout de suite. »
C'est comme ça que notre soirée romantique, avec tant de potentiel pour aller plus loin... s'est terminée. J'ai commencé à rassemblé mes affaires.
« Écoute », a-t-il dit. « Il s'est passé quelque chose au club. Tu veux venir avec moi ? »
J’étais sûre que ma surprise à son invitation était évidente sur mon visage. « Quoi ? Vraiment ? »
« Je ne suis pas encore prêt à te dire bonne nuit. »
Je n'ai pas objecté.
Alors on a foncé jusqu'à la maison du club sur sa moto. C'était un vieux motel à la périphérie de la ville. Le rez-de-chaussée avait été converti en bar, boîte de nuit et salle de billard.
Main dans la main, Connor m'a conduite vers un groupe de motards à l'allure féroce tandis que des femmes à moitié nues dansaient dans tout l'espace, la norme je suppose, mais cela a quand même réussi à me faire sentir mal à l'aise... et même un peu possessive.
« Juan, voici Paxton. » Il a regardé un Latino costaud avec une cicatrice sur la joue. « Veille sur elle comme si c’était ta vie. »
Avec un dernier regard rapide vers moi, il a filé à l'étage pour s'occuper de l'urgence, quelle qu'elle soit.
Je l'ai regardé partir puis je me suis retournée pour regarder la bande de motards durs à cuire, tous plus grands et méchants les uns que les autres.
Et ils me fixaient.
J'étais entrée dans la fosse aux lions, et ces lions semblaient avoir envie de sang.
La façon dont ils me regardaient me rendait vulnérable, et je regrettais d'être restée seule. En voyant de mes propres yeux le type d'hommes que Connor fréquentait, j'ai compris qui il était vraiment et le danger potentiel qui le guettait.
Pourtant, j'étais toujours attirée par lui, peut-être même plus qu'avant, mais il y avait toujours une partie de moi qui me criait de fuir.
Était-ce le genre de monde dans lequel je voulais vivre ?
J'ai regardé la porte alors que les motards approchaient. Ils étaient maintenant à une distance d'un bras.
Plus ils se rapprochaient, plus mon cœur s'emballait.
Si je devais faire ma sortie, c'était maintenant ou jamais.
Je devais faire un choix.