Wade et Levi grimpèrent à l'échelle et commencèrent à aider Adam à retirer les vieilles tuiles du toit. Jess se rendit à la cuisine pour préparer le déjeuner. Elle repensa à sa rencontre avec Caide autour d'un café.
Il avait été si gentil, et elle ne put s'empêcher de sourire malgré les larmes versées plus tôt.
Elle se mit aux fourneaux pour préparer le plat de pâtes qu'elle avait en tête. La recette venait de la grand-mère d'un des gars de son ancienne caserne. Tout le monde là-bas en raffolait.
Elle avait dû le supplier pendant des lustres avant qu'il ne finisse par céder et lui donner la recette. Les odeurs lui rappelaient son ancienne équipe, surtout Ty, mais elle savait qu'il fallait aller de l'avant.
Pour se remettre de ce triste événement, elle devait se retrouver. Rester à San Francisco avec la famille de Ty et tous leurs amis l'aurait maintenue dans un état de tristesse et de douleur.
Elle savait qu'elle ne pouvait pas y vivre éternellement. Ty aurait voulu qu'elle retrouve le bonheur. Elle n'était simplement pas encore prête.
Les hommes entrèrent par la porte de derrière un peu plus tard, en nage et couverts de poussière après avoir travaillé sur le toit de la grange. Jess les fit se débarbouiller avant de les laisser entrer dans la cuisine.
« Mmm ! Ça sent rudement bon ici ! » Adam s'assit à table, humant les délicieuses odeurs autour de lui. « Jess, ma chérie, ça embaume ! »
« Eh bien, Papa, je ne l'ai pas fait pour le plaisir des yeux. Servez-vous ! » Les gars rirent et remplirent leurs assiettes. Après une bouchée, ils étaient aux anges.
« Oh, c'est un délice », dit Wade doucement. « Vraiment excellent. »
« Ce sont les Pâtes Santini, de mon ancienne caserne », rit Jess. « J'ai dû laver la voiture du gars pendant un mois pour avoir cette recette. »
« Eh bien, mon estomac t'en est très reconnaissant. C'est un régal ! » Levi mit une autre bouchée dans sa bouche, faisant des bruits de contentement.
« Tu devrais venir à la caserne et préparer ça pour l'équipe », dit Adam. « Je n'aurais plus jamais à lever le petit doigt. Il me suffirait de leur proposer la cuisine de ma fille, et ils feraient tout ce que je dis. »
Jess rit, savourant ce moment de repas avec son père et ses oncles. Elle se sentait un peu moins triste. Oui, elle avait fait le bon choix en rentrant au bercail. Elle en était certaine.
Jess était de retour depuis trois mois maintenant. Elle était le nouveau membre du service d'incendie de Mount Saylor. Elle avait mis à profit ce qu'elle avait appris à San Francisco pour aider à Mount Saylor.
La caserne tournait désormais comme une horloge. Il y avait maintenant une salle de sport à la caserne, avec des poids et un tapis roulant pour aider les pompiers à rester en forme.
Elle s'entraînait même avec ceux de garde jusqu'à ce qu'ils puissent se déplacer à la vitesse de l'éclair.
Jess était heureuse de cette distraction. Elle pleurait encore parfois, mais moins souvent. Ses cauchemars étaient toujours présents cependant.
Beaucoup de nuits, elle finissait dans les bras de son père après qu'il ait entendu ses cris et soit accouru.
Il la tenait et la berçait comme quand elle était bébé, lui murmurant des mots doux et fredonnant des chansons qu'elle connaissait jusqu'à ce qu'elle se rendorme.
Les amis qu'elle s'était faits à San Francisco s'étaient presque évaporés maintenant. Elle avait cessé de leur parler pour s'aider à se sentir moins triste et déprimée.
Elle penserait toujours à son équipe là-bas avec tendresse, mais chaque conversation ravivait des sentiments difficiles à contenir à nouveau.
Elle s'en était rendu compte après qu'un échange de textos avec Shane l'ait beaucoup affectée. Heureusement, son père avait été là pour l'épauler.
Elle ne savait pas ce qu'elle aurait fait sans la force et l'amour de son papa.
Elle croisait parfois Caide quand ils travaillaient ensemble ou quand ils étaient en ville en même temps. Ils discutaient toujours cordialement, et Caide ne la brusquait jamais pour plus.
Elle savait qu'il espérait quelque chose de plus, mais elle n'était pas prête. Elle n'était pas sûre d'être un jour prête à nouveau. Son cœur saignait encore d'avoir perdu Ty.
Il avait été tout ce qu'elle avait jamais désiré, et elle doutait qu'un autre homme puisse être à sa hauteur. Peut-être que dans quelques années elle pourrait y songer, mais elle n'y comptait pas.
C'était son jour de repos. Elle décida de faire une randonnée sur l'un des nombreux sentiers de montagne autour de la ville. La nuit dernière, elle avait fait de mauvais rêves, et elle voulait les chasser dans la montagne.
Elle fit un saut à l'épicerie générale de Hooper pour prendre les quelques choses dont elle avait besoin. Elle prit un panier et parcourut la première allée.
Elle choisit deux pommes bien juteuses, deux sandwichs et de l'eau en bouteille.
Il y avait quelques articles dont elle avait besoin à la maison qui ne se gâteraient pas pendant sa promenade, alors elle les prit aussi.
Elle tendait la main vers l'assouplissant que son père affectionnait quand une main chaude effleura la sienne.
« Oh là là ! Je suis désolée ! » dit-elle en sursautant. La main ne la lâcha pas. Elle leva les yeux vers les yeux bruns chaleureux de Caide Walker. Il lui souriait, ses yeux pétillants.
« Tu as de sacrés réflexes, Jess », rit-il. Il prit la bouteille et la mit dans son panier. « Je pense qu'il y en a assez pour nous deux cependant. » Elle se détendit et lui rendit son sourire.
« Désolée pour ça, Caide. Je suis un peu à cran aujourd'hui. » Caide remarqua les cernes sous ses yeux et son air fatigué.
« Tu veux en parler ? » demanda-t-il doucement. L'inquiétude dans ses yeux donna envie à Jess de se replier sur elle-même. Soupirant profondément, elle se redressa.
Elle ne pouvait pas fuir cela éternellement, et elle avait vraiment besoin de se confier à quelqu'un d'autre que son père.
« Tu veux faire une balade avec moi ? J'ai besoin de prendre l'air. Peut-être que je pourrai parler ensuite. »
« J'en serais ravi. Je dois être de retour pour le boulot à 18h, mais on a largement le temps », sourit Caide. Les épaules de Jess se détendirent un peu, et elle se sentit moins anxieuse.
« Parfait. Je vais aller chercher d'autres sandwichs et de l'eau. On se retrouve dehors ? » Caide acquiesça. Quand Jess fut hors de vue, il ressentit une joie intérieure.
Souriant, il se dirigea vers le rayon des chips et des sucreries. Il prit un paquet de chips et quelques barres de chocolat.
Après avoir réglé ses achats, il sortit vers son pick-up et attendit que Jess termine. Elle sortit peu après avec quelques sacs dans les mains.
Il lui prit les sacs, mettant ceux dont elle n'avait pas besoin pour la promenade dans sa voiture et plaçant le reste derrière son siège.
Le trajet jusqu'au sentier se fit en silence. Caide sentait que Jess doutait de sa décision. Il prit sa main et la serra doucement.
« Tu n'es pas obligée de dire quoi que ce soit si tu ne veux pas, Jess. On peut simplement profiter de la journée ensemble. Pas de pression. Juste deux amis qui passent du temps ensemble. »
Elle hocha la tête mais ne dit rien. Une larme solitaire roula sur sa joue, et un sanglot déchirant s'échappa de ses lèvres. Caide s'arrêta net sur le bas-côté, coupa le moteur, et la prit sur ses genoux.
