Il est temps pour moi d'affronter mon destin. Cependant, je suis déterminée à tenir les rênes pendant que cela se déroule.
Rawk reste en retrait, me regardant après que j'ai fait ma suggestion.
Zoraul grogne son approbation de l'autre côté de la cage, et lorsque je me tourne vers lui, son front est contre les barreaux et il me regarde comme si j'étais un animal de compagnie adoré.
« Elle veut nous voir nus », murmure Zoraul. « Je suis curieux, Minx... avec combien d'hommes es-tu allée dans ta courte vie ? »
« J'en ai massacré beaucoup », proclamé-je en levant le menton tandis que je décontenance Zoraul en contemplant sa formidable carrure. Plus j'évalue sa stature et celle de Rawk, plus je commence à penser qu'ils sont vraiment identiques, hormis la couleur des cheveux et leur évidente rivalité.
« Il ne parle pas de massacre, animal stupide. » Rawk s'approche également de la cage alors que je me retourne pour le voir tendre sa main à travers les barreaux.
« S'il ne parle pas de massacre, qu'est-ce qu'il peut bien vouloir dire ? » demandé-je, complètement stupide parce que mon esprit est surtout focalisé sur les techniques pour tuer les autres.
Ma race est guerrière. Je suis une guerrière. « Et ne me traitez pas d’animal », ajouté-je.
Rawk fait un lent sourire moqueur en tendant encore sa main. Finalement, il appuie aussi son front et sa cicatrice contre les barreaux tout en me regardant. « Ton aura est toujours blanche. Sais-tu pourquoi ? » me demande Rawk.
« J'en ai déjà entendu parler. On m'a dit que c'est une chose dangereuse », déclaré-je fièrement.
« Comment ça ? » demandé-je, en me demandant si je dois renifler sa main alors que j'aperçois du mouvement au coin de mon œil, Zoraul arpentant lentement le périmètre de la cage... en se rapprochant de son frère.
« Blanc... » Zoraul prend la parole avant Rawk, ce dernier n'est pas content de sa prise de contrôle de la conversation.
« Un pas de plus et je te mets à terre, mon frère », prévient Rawk, et Zoraul se contente de lui rire au nez, mais il s'arrête à ma gauche.
« L'honnêteté ? » demandé-je en me tournant vers Rawk.
« Tu n’es pas capable de mentir », explique Rawk. « Jamais. »
« J'ai beaucoup menti », dis-je sèchement. « Comment peux-tu dire... »
« Ne me crois pas, petite bête... mais tu ne pourras jamais me mentir... » Ton aura blanche est teintée de violet. Tu es excitée par ce rendez-vous et la perspective d'une romance. »
Les douces déclarations de Rawk et son expression austère sont quelque peu réconfortantes. Je décide que j'aime son assurance.
« Prends ma main, Minx » La bouche de Rawk se recourbe en un petit sourire alors que mes pensées à son égard deviennent positives. « Laisse-moi te montrer un tour spécial. »
« Je ne te fais pas confiance », rétorqué-je lentement.
« Tu ne devrais pas », me lance Zoraul contre son jumeau et une joue de Rawk tressaille, mais il se contient.
« Tu veux sortir de cette cage ? » demande Rawk . « Tu peux me voir nu. Je n'ai aucun scrupule à le faire, je t'assure... puisque tu seras aussi telle que la nature t’a faite. »
« Mon frère se prend pour un poète », s'amuse Zoraul.
« Je souhaite sortir de cette cage. » Je jette un coup d'œil à Zoraul, puis je m'approche rapidement de Rawk et place ma petite main dans la sienne, gigantesque. Rawk saisit ma main fermement.
Je sens ma marque dans le bas de mon dos s’échauffer à notre contact. Puis, une puissance brute et inattendue de Rawk semble s’écouler de sa main dans ma peau. C'est une sensation incroyable, qui m’englobe entièrement.
Alors que le changement dans mon âme semble léger, il est en fait énorme car ma vision change... et mes pieds sont maintenant mouillés.
Je sursaute lorsque Rawk me lâche et je me tourne sur moi-même, voyant des roches bleues, une caverne et de la vapeur qui s'élève de l'eau.
« Pas besoin de prendre un bain dans ta cage quand il y a des sources d'eau chaude ici », me dit Rawk tandis que je regarde lentement autour de moi cet endroit étonnant, mes sens de cracheuse de feu étant satisfaits de mon environnement.
Je me sens en sécurité ici. Alors que je me retourne vers Rawk pour l'interroger sur son pouvoir incroyable, mes yeux s'écarquillent quand je vois... que ses vêtements ont disparu. « Minxy ? » demande-t-il en levant un sourcil. « Tu es contente maintenant ? »
Je trébuche dans l'eau, mon pantalon en cuir est trempé alors que je glisse et tombe dans le bassin naturel.
En remontant à la surface, je me retourne pour lui tourner le dos. Je déglutis péniblement en nageant vers l'avant.
Wow... Rawk est intimidant d’aussi près.
Je suis confrontée à une musculature parfaite et un corps immense, au moins quatre fois plus grand que moi. C'est peut-être un peu exagéré... mais je me sens vraiment miniature maintenant.
Peut-être que je ne suis pas aussi prête à les voir nus que je le pensais. Peut-être que je me suis trompée sur ce que je voulais et...
« C'est normal d'être timide », dit Rawk derrière moi, et je l'entends faire un pas dans l'eau. « Comme c'est un rendez-vous, tu peux poser toutes les questions que tu veux. Je t'y autorise. »
Je pince les lèvres et fronce les sourcils lorsque j'arrive au bout du bassin naturel. C'est comme une grande baignoire assez grande pour cinq personnes.
En me retournant et en m'asseyant sur un siège naturel dans l'eau, je décide de garder mes vêtements... et je décide que la taille du bain n'est pas assez grande lorsque je fais face à mon compagnon.
Pour me calmer, Rawk est maintenant dans l'eau jusqu'au cou, et il reste de son côté du bassin tandis que son visage balafré et ses yeux dorés ne se détachent pas de moi.
Il est totalement concentré sur ma présence, et il ne va pas me laisser m'échapper. Je peux voir à son regard doré et austère qu'il est conscient de mes intentions de m'enfuir éventuellement.
Et que ça le gonflerait.
« Tu m'as enlevée. Je voulais que Zoraul soit là », murmuré-je.
« Il ne trouvera pas cet endroit », déclare Rawk avec arrogance tout en étant visiblement très fier de sa ruse. « Je n'accepterai pas de te partager avec lui. »
« Vous étiez autrefois inséparables, si je me souviens bien. Pourquoi vous détestez-vous maintenant ? » demandé-je.
« On se bat pour toi », explique honnêtement Rawk en inclinant lentement la tête.
« Je voulais te charmer plus tôt. Zoraul voulait te donner du temps, mais il voulait t'apprivoiser différemment. Nous avons longuement discuté de la façon de te dresser finalement... petite bête... parce que tu n'es pas une compagne ordinaire.
« Tu es une petite démone puissante, nous avons étudié tes manières. Violente. Cruelle. Comme une peste pour la plupart des gens. Pourtant, souvent gentille si tu apprécies ceux qui t’accompagnent... que tu tues souvent, surtout quand ils te déplaisent. »
J'ouvre la bouche pour répondre mais je la referme, plusieurs fois. Je veux réfuter ses paroles mais la plupart de ce qu'il dit est vrai. Je suis juste mécontente des commentaires qui me comparent à une bête et un animal de compagnie.
« Par conséquent, je crois que tu auras besoin d'une formation beaucoup plus sévère », conclut-il.
« Tu parles de moi comme si j'étais un chien ou un cheval », murmuré-je, mon venin devenant déjà plus puissant.
Il n'est pas content. Peut-être est-il agressif parce qu'il a besoin de manger. C'est la seule raison que je trouve à sa soudaine fureur, je suis souvent pareille quand j'ai faim.
« Tu devrais essayer de mâcher de la viande séchée, ça calmera ton tempérament affamé. J'ai le même, tu devrais faire confiance à mes conseils sur ce point », rétorqué-je en toute honnêteté.
Je vois que Rawk a l'air interloqué et qu'il marque une pause avant de lever un sourcil.
« Je n'ai pas faim », déclare Rawk, ses yeux ne quittant pas mon visage alors que je place lentement un bras de chaque côté du rocher derrière moi.
« Si tu n'as pas faim, alors tu dois être fatigué. »
« Il est clair que tu n'es encore qu'une enfant. Tu ne comprends pas ma simple colère », se moque Rawk en s'adossant à son côté du bassin avec son arrogance naturelle.
Je trouvais que c'était séduisant, mais en cet instant, cela m'exaspère.
« Continuons cette discussion », grogné-je en exprimant ma frustration. « Que veux-tu dire par apprivoiser ou dresser ? Parce que je n'aurai pas de maître, je le refuse. »
Le silence de Rawk est pesant et intimidant. Assise dans l'eau chaude, j'attends.
« Je ne crois pas que nous ayons grand-chose en commun », répond finalement Rawk. « Je veillerai à ce que nous trouvions un terrain d'entente. »
« Les compromis et la viande ont toujours la cote à mes yeux », rétorqué-je rapidement.
« Ce rendez-vous était intéressant, j'aimerais qu'il se termine maintenant pour que je puisse réfléchir. J'aimerais également prendre des nouvelles de Snif-Snif... pardon, de Bezzel... et j'aimerais dormir sur le lit. Tu peux dormir dans la cage comme un gentleman devrait le faire. »
« Attention, Minx. » Le regard de Rawk se durcit. « Ce que je n'aime pas, c'est une langue trop bien pendue. L'honnêteté est tout ce dont j'ai besoin. »
Je regarde l'eau couler sur son corps et il me regarde de haut.
Je me relève également, pour l'égaler, même si ma tête n'atteint que le milieu de son torse.
« Je me baignerai dans ton sang avant de me soumettre à toi ou à ton frère », rétorqué-je calmement.
« Si tu essaies de me toucher, je te mordrai. Je te mettrai en pièces. Morceau. Par. Morceau. Je ferai une œuvre d'art de ta mort et chanterai une chanson sur ta chute. »
Rawk sourit à cela, clairement amusé alors que ce n'était pas du tout mon intention.
« Tu me rappelles quand tu te pavanais comme un petit chat en essayant d'effrayer les lions des montagnes qui t'avaient piégée dans la neige... en arquant le dos, en baissant le museau... »
Au fur et à mesure que Rawk parle, il réduit lentement la distance qui nous sépare. « ... en remuant la queue... »
Je me tiens debout dans le bassin naturel, l'eau m’arrivant à la poitrine, tandis que Rawk s'arrête à quelques centimètres de moi.
Je suis fascinée par ses yeux alors qu'il se penche lentement. Je lève lentement la tête, incertaine de ses intentions.
S'il m'embrassait, je me laisserais peut-être aller pendant un moment à ressentir simplement ce que ça fait d'embrasser quelqu'un d'autre.
Cependant, je ne m'attends certainement pas à ce que Rawk lève sa main pour saisir mon petit cou.
Son pouce glisse sur ma carotide, sentant précisément mon pouls avant de soulever mon menton avec son pouce pour que je regarde directement dans ses yeux.
Je vois ses yeux dorés perçants, sa cicatrice noire irrégulière... Sa lèvre supérieure se retrousse, montrant des dents plus aiguisées que la normale et une haleine chaude et enflammée.
Ce n'est pas souvent que l'on rencontre des Jumeaux de Race Dominante, mais quand c'est le cas, on reconnaît leur pouvoir.
Comme moi, il impose le respect. C'est dans sa nature et ses phéromones.
Je n'avais pas été en contact avec un Jumeau de Race Dominante depuis des années.
Maintenant, je me souviens de la différence entre un dragon ordinaire et sa race. Selon les Dieux du Ciel et nos anciennes croyances, sa puissance est du même niveau que celle d'un Esprit.
Cependant, la mienne aussi. Cela signifie que nous sommes bien assortis... Le seul problème est sa taille comparée à la mienne.
Et sa force par rapport à la mienne.
Rawk me surpasserait dans ces domaines, et il le fait remarquer maintenant en me rabaissant, en tenant mon cou et en me regardant de haut comme si j'étais chétive.
J'ai l'impression de l'être aussi, mais seulement pendant trois secondes.
Pendant trois secondes, je suis submergée par sa puissance et sa splendeur.
Après ça, le sang me monte à la tête, mon cœur bat plus vite, et je sais qu'il sent mes intentions violentes.
Alors que j'essaie de frapper pour lui mordre le bras dans une attaque soudaine, sa main retient simplement mon cou et, par conséquent, ma tête en arrière... mais pas avant que je ne balance mon poing dans l'eau en souriant... juste entre ses jambes.
Au moment où Rawk pense avoir le contrôle, je retourne la situation.
« Ordure de Cyclone... tu as quand même les couilles molles », dis-je en ricanant alors que Rawk se penche en avant sous l’effet de la douleur et que j'ose presser mes lèvres contre son oreille. « Je sais de quelle race tu es... et tu as rencontré une adversaire à ta hauteur. »
Je recule et me transforme en brume avant qu'il ne puisse me toucher. Cependant, je ne cours pas.
En fait, je reste sous forme de brume jusqu'à ce que j'atteigne la chambre dans laquelle j'étais précédemment.
Elle est vide et je regarde autour de moi. La cage est toujours là, mais Zoraul est parti.
Je sais que Rawk va penser que j'ai tenté de m'échapper, mais ce n'est pas le bon moment.
Je veux d'abord m'amuser un peu.
Mais avant cela, je dois revendiquer mon nouveau territoire.
Maintenant, j'ai besoin de dormir, alors je me dirige vers le lit, où je vois la tête jaune de Snif-Snif dépasser d’un trou de l'oreiller qu'elle a déchiré en lambeaux.
Alors que Snif-Snif se repose, elle ouvre un œil, grogne en guise d'avertissement jusqu'à ce qu'elle voit qu'il n'y a que moi.
« Dors », lui ordonné-je en me débarrassant de mes vêtements de cuir.
Dès que je suis nue, je tire les couvertures du lit de Rawk et me glisse à l'intérieur, attrapant un oreiller indemne. Je pose ma tête sur le tissu et regarde Snif-Snif fermer les yeux et expirer une grande bouffée de fumée alors qu'elle se détend à nouveau.
« Tout va bien, Bezzel », dis-je doucement. « Demain... nous ferons des ravages. Patiente un peu. On va s'amuser comme des folles. »
Je me penche et dépose un baiser sur sa petite tête avant de m'écrouler sur mon propre oreiller.
Je ferme les yeux.
Je me sens complètement à l'aise et je m'endors.
