
« Père, je l'ai vu de mes propres yeux. Alpha Kol était... était... disons juste... Père, il n'avait pas le droit ! Cet Alpha avait besoin qu'on lui rappelle sa place ! »
J'entendais Diego, la voix pleine de fureur, les yeux toujours fermés. Je l'avais déjà vu en colère, mais jamais comme ça. Je reprenais doucement mes esprits quand j'ai entendu ma mère parler. « Diego, comment était Gianna ? »
« Quoi ? » lui a-t-il craché en pleine face.
La voix forte de mon père a lancé un avertissement ferme. « Diego, excuse-toi et montre du respect à ta mère. »
Je n'avais pas besoin de voir Diego pour savoir qu'il avait hoché la tête. Papa avait toujours été génial avec nous, mais il était le roi, avant tout.
« Désolé, maman. Honnêtement, je ne l'ai vue qu'une seconde, mais elle avait l'air... » Il s'est tu. « en pleine Haze », a-t-il chuchoté. Ce qui s'est passé ensuite m'a fait tressaillir, et mes yeux se sont ouverts.
« QU'EST-CE QUE TU VEUX DIRE PAR ELLE AVAIT L'AIR EN PLEINE HAZE ? ELLE NE PEUT PAS RESSENTIR LA HAZE ! FRIEDA, EXPLIQUE-LE IMMÉDIATEMENT À TON FILS ! » a hurlé mon père. Son visage était rouge de rage, et à quelques centimètres de celui de Diego.
Diego a dégluti en le voyant. « Je suis désolé, Père, c'est juste ce que j'ai vu », a-t-il balbutié en regardant le sol.
Personne n'osait regarder Père dans les yeux lorsqu'il était dans cet état, cela signifierait qu'on le défiait. « Papa, je suis désolée », ai-je chuchoté, en me redressant lentement. Tout le monde s'est figé, car personne n’avait réalisé que j'étais réveillée.
« Gianna, ma chérie ! Comment te sens-tu ? », s'est écriée ma mère en me caressant les cheveux. Je me suis tout de suite sentie apaisée. Elle a toujours eu un don de guérison.
J'ai levé les yeux vers mon père, tout en étant effrayée de voir sa réaction. Je ne l'avais jamais vu autant en colère.
« GIANNA, EXPLIQUE-TOI ! TU TE RENDS COMPTE DE CE QUI VIENT DE SE PASSER ? ! TU T’ES DROGUÉE ?! RÉPONDS-MOI ! » a-t-il rugi, écumant de rage.
J’ai sursauté et regardé mes pieds.
Ma mère s’est précipitée vers mon père, lui caressant doucement le bras. « Maintenant, Raphy, mon chéri, pourquoi ne pas en discuter calmement en famille ? Je suis sûre qu'il y a une explication parfaitement raisonnable à tout cela. »
Mon père a pris une profonde inspiration et s’est calmé. « Bien sûr, ma chérie, tu as raison. » J’avais toujours les yeux baissés, mais je savais que tous les regards étaient sur moi. J’ai dégluti.
J'ai levé les yeux vers ma famille. Ma mère, ma mère si belle avec ses boucles dorées et ses yeux verts étincelants, elle, m'a toujours comprise.
J'ai regardé mon père. Ses cheveux bruns étaient en désordre, il les avait manifestement tirés avec rage. Ses yeux sombres se sont plantés dans les miens. « Eh bien, Gianna, j'attends », a-t-il grogné entre ses dents serrées.
J'ai dégluti encore. « Je pense qu'il est... Je pense... »
« Tu penses qu'il est quoi, ma chérie ? » Ma mère était à mes côtés maintenant, caressant doucement mon bras, m'encourageant ainsi à parler.
J'ai levé les yeux vers Diego, qui se tenait proche de mon père. Ses poings étaient serrés, et la fureur emplissait ses yeux. Sa mâchoire robuste était serrée par la colère.
« Tu crois qu'il est quoi, Gianna ? » a-t-il demandé fermement, en haussant le ton. J'ai baissé les yeux sur mes mains jointes, j'ai pris une grande inspiration, et je me suis préparée au chaos que ce que j’allais dire allait provoquer.
J'ai relevé les yeux vers mon père et mon frère avec un courage vacillant. « Je pense que c'est mon compagnon », ai-je dit, la voix à moitié assurée.
Ma mère a poussé un cri de joie, la mâchoire de mon père s'est contractée fortement et la bouche de Diego s'est ouverte. « Gianna », a soufflé mon père entre ses dents, « tu es punie. »
J'ai fait la grimace en enlevant ma chemise. J'ai regardé mes côtes meurtries dans le miroir.
Diego m'en avait vraiment mis plein la vue. Je riais quand même intérieurement, en me rappelant le coquard que je lui avais laissé. Son œil ne reviendrait pas à la normale avant plusieurs jours. Ma poitrine s'est gonflée. Je ne vais pas mentir, j'étais fier.
« Je veux dire sérieusement, Kol, à quoi tu pensais ? C'est la fille du roi, pour l'amour du ciel ! Tu as perdu la tête ? ! » Jordan m'a balancé ces mots alors qu'il faisait les cent pas dans mon bureau.
Je ne me suis pas offensé de son ton. Je savais qu'il essayait juste d'être un ami. « Je ne sais pas, Jordan, OK ?! Je ne pouvais pas m'en empêcher. J'étais attiré par elle... » Je me suis tu et j'ai baissé les yeux.
Jordan s’est arrêté de marcher et s'est lentement tourné vers moi alors que les implications de mes mots nous dépassaient tous les deux.
« Tu veux dire ?! Elle est... elle est... elle est ta... ?! » J'ai levé les yeux vers mon Bêta et j'ai hoché la tête. Ses yeux se sont agrandis lorsqu’il a compris.
« Oui, Jordan, c'est ma compagne. » Il s'est assis sur la chaise en face de la mienne, la bouche ouverte. Il a bugué quelques instants, puis s’est ressaisi.
« Je ne sais pas qui va le plus te tuer », a-t-il commencé en me fixant. « Le roi Alpha ou Diego. »
« Je ne m'inquiète pas de ça pour le moment, Jordan. J'ai besoin que tu me rendes un service », ai-je dit en le fixant.
« Quoi ? », a-t-il murmuré, haletant. Il avait peur, il avait bien raison. Le roi nous terrifiait tous.
« J'ai besoin que tu me trouves son numéro. Je dois savoir si elle va bien. Jordan, tu peux m'aider ? »
Il a avalé sa salive, a réfléchi, puis lentement il a hoché la tête. « Oui, mon Alpha. »
J’ai laissé un souffle s'échapper de mes lèvres et me suis adossé à ma chaise. J'avais besoin de récupérer rapidement avant que Diego ne vienne me chercher pour le deuxième round.
J'étais assise seule dans ma chambre, regardant par la fenêtre. Je n'avais jamais été punie de toute ma vie. Jamais ! Pourquoi mon père était-il si en colère ? Je pensais qu'il serait heureux que j'aie trouvé mon compagnon.
Mère avait toujours fait en sorte que cela semble excitant, mais elle était une sorcière, pas un loup. Elle ne comprenait pas leurs manières, je suppose.
Qu'est-ce que j'en savais, cependant ? Mon loup était scellé. Je ne me sentais même pas comme un loup, je me sentais plus comme un imposteur.
On a frappé doucement à ma porte. J'ai levé les yeux, et la tête de Diego est apparue. « Hé, Gia, je peux entrer ? »
« Bien sûr, Diego, entre. Ce n'est pas comme si je pouvais, moi, sortir, après tout. Je suis punie. Merde alors... »
Il a tressailli à ces mots. « Gia, je suis vraiment désolé », a-t-il chuchoté en entrant dans ma chambre. J'ai croisé les bras et je l'ai regardé fixement. Nous avions toujours été proches, mais cette fois, il était quand même allé trop loin.