. . « Arrête ça, Élissa, tu es mariée. Arrête ! Tu ne peux pas penser à toucher le torse d'un autre homme ou quoi que ce soit d'autre ! » me dis-je en me dirigeant vers la demeure principale.
J'avais réussi à ne pas demander à Sébastien si je pouvais effleurer ses abdominaux. Mais j'étais toute émoustillée. J'avais envie de filer dans ma chambre et de sortir mes petits jouets coquins.
En approchant du manoir, je vis l'un des petits avions de Don atterrir. On venait souvent le chercher pour l'emmener quelque part en urgence. Cela signifiait qu'il repartait encore.
J'entrai et je tombai nez à nez avec lui dans l'entrée. Il portait un costume blanc, et deux femmes de chambre transportaient ses valises.
« Tu plaisantes, j'espère », dis-je, choquée et furieuse.
Il s'arrêta net, l'air coupable. Les domestiques lâchèrent les bagages et détalèrent. Je tremblais de rage.
« Ma chérie... »
« Tu t'en vas. Tu viens à peine d'arriver ! Tu comptais même me le dire ? »
« Ma chérie, je te cherchais justement. Je dois me rendre en Floride immédiatement mais... »
Chaque fois qu'il m'appelait « ma chérie », j'avais envie de hurler !
« C'est quoi ce cirque ? Je t'attends depuis deux semaines, et tu repars le lendemain ? Comment peux-tu me faire ça ? »
Ma voix était chargée d'émotion. Je faisais les cent pas, évitant son regard. J'avais peur de perdre mon sang-froid.
« Ma femme... »
« Ne m'appelle pas « ma femme », bon sang ! N'ose même pas ! Tu te fiches complètement de moi, n'est-ce pas ? Je viens de te dire ce matin que je me sentais seule, et tu m'as promis que tu ne me ferais plus jamais ressentir ça. Qu'est-ce que tu fais là ? »
Aucune somme d'argent ne valait ça. Je détestais mon moi d'il y a quatre ans qui l'avait épousé. Si je pouvais remonter le temps, je ne l'aurais jamais fait.
« S'il te plaît, essaie de comprendre, Élissa », commença-t-il, mais je le coupai.
« Pourquoi devrais-je te comprendre, alors que tu ne me comprends pas ? Hein ? En fait, dis-moi une chose. Combien de temps seras-tu en Floride ? »
« Trois semaines », dit-il doucement.
Mon cœur se serra et mon estomac se noua. « Tu ne pars pas. »
Mon visage sérieux lui fit comprendre que j'en avais ras-le-bol de son comportement.
« Ne sois pas comme ça. »
Je mis ma main sur mon front et respirai profondément. Le monde tournait un peu. J'étais tellement en colère que ma tension montait en flèche.
« Tu ne penses pas ce que tu dis, bébé, tu ne le penses pas. » Il m'enlaça tandis que je restais de marbre.
Je ne lui rendis pas son étreinte. Après quelques secondes, il recula. Je mis mes mains sur mes hanches et essayai de me calmer.
« Tu sais comment sont mes affaires. Je ne le fais pas exprès. »
« Alors pourquoi je ne peux jamais t'accompagner ? Tu n'as jamais voulu que je travaille, donc ce n'est pas comme si j'avais autre chose à faire. »
« J'aimerais que tu puisses, mais ce ne sont pas des vacances pour moi. C'est du business. »
« Pourquoi Don ? Pourquoi ? »
Il m'embrassa passionnément en me serrant contre lui.
« Pardonne-moi, mon amour, s'il te plaît, juste cette fois. Ne me déteste pas, Élissa, ne dis pas que tu me détestes. Ça me fait mal. S'il te plaît. Je te promets que je me rattraperai », dit-il alors que nos fronts se touchaient.
« C'est exactement ce que tu as dit ce matin. Tu as promis d'être là, et tu es en train de rompre cette promesse. Tu es marié à moi ou à ton boulot ? »
Il ne me répondit pas. J'avais envie de me jeter par terre dans le grand hall d'entrée et de frapper le sol en marbre de mes poings. J'avais envie de courir dehors et de ne jamais revenir.
Au lieu de ça, je me ressaisis et lui fis face. « Tu es l'un des hommes les plus riches du pays. Tu as gagné plus d'argent que quiconque ne pourrait dépenser en une vie, même en vivant comme un nabab. Pourquoi tu ne peux pas lever le pied pour moi ? »
Il soupira et essaya de me rapprocher de lui, mais je reculai d'un pas.
« Ce n'est pas juste une question d'argent. Pour rester au sommet, je dois continuer à bosser comme si j'étais encore au bas de l'échelle. »
« Mais à quel prix ? Je ne suis pas heureuse ! Tu ne vois pas ça ? »
« Je le vois, Élissa. Ça va changer bientôt, donne-moi juste un peu plus de temps. »
C'était exactement ce qu'il avait dit l'année dernière. Et l'année d'avant. Et celle d'avant encore.
J'acquiesçai pour le laisser partir.
Il soupira, soulagé. Il devait penser que j'étais d'accord avec tout ça.
« Je t'aime, Élissa. N'oublie jamais ça. De tout mon cœur. Tu es la personne que j'aime le plus au monde. Je ferais n'importe quoi pour toi. »
Bêtement, je tentai une dernière fois.
« Pourquoi ne pas faire la seule chose que je veux, alors ? Reste à la maison avec moi. Je ne parle pas de mariage, puisqu'on est déjà mariés. Je veux dire être présent et disponible. Fonde une famille avec moi. Ça fait déjà quatre ans. »
« Je veux un petit avec toi. Une douzaine de bébés avec tes yeux et ton sourire. » Il essaya de me faire plaisir avec un sourire. Quand je ne lui rendis pas son sourire, il fronça les sourcils. « Que puis-je faire pour que tu me pardonnes ? Une croisière dans les Caraïbes ? Ça peut s'arranger. Une nouvelle voiture ? »
La seule façon qu'il connaissait pour s'excuser était d'offrir des cadeaux.
Que pouvais-je dire ?
Quand on s'est rencontrés, je savais qu'il bossait comme un fou. Je savais qu'il n'était pas doué au lit. Je pensais que tout ça changerait, ou qu'un dressing rempli de jolies robes et une nouvelle voiture tous les six mois compenseraient.
Mais rien ne pouvait compenser un mari qui ne me désirait pas.
J'acquiesçai simplement tandis qu'il me donnait un dernier baiser. Depuis la porte d'entrée, je le regardai marcher vers l'avion. Je le vis monter à bord, la porte se fermer, et l'appareil s'envoler.
Alors que je me retournais pour rentrer dans la maison, une grande silhouette mince me bloqua le passage.
C'était Sébastien.
