Alors qu'Isabelle et moi nous dirigeons vers la soirée de la sororité dans nos nouvelles tenues, nous discutons de nos entretiens de tout à l'heure.
« Ça a été aussi long et stressant pour toi ? demande-t-elle. À la troisième sœur, j'avais la bouche pâteuse et je m'étais rongé tous les ongles. »
Je ris de sa description. « Je n'ai pas trouvé ça si terrible, dis-je. Avery m'a aidée à me préparer. La seule surprise, c'était la difficulté de leurs questions. Surtout celles de Leah. Heureusement qu'il m'a fait réviser la vie grecque. »
Elle pouffe. « Tu as de la chance. J'aurais bien aimé avoir quelqu'un pour m'apprendre tout ça. »
« Ce n'est pas ma faute si j'ai un grand frère qui s'y connaît », dis-je. Nous nous prenons par le bras en approchant de la maison animée et illuminée.
Isabelle regarde la maison et soupire. « Pourquoi on fait ça déjà ? »
« Parce que c'est ce qu'on veut, tu te rappelles ? Si on n'y va pas, elles penseront qu'on ne veut pas rejoindre la sororité. Et on s'était dit qu'on essaierait de nouvelles choses, dis-je en la tirant par le bras. Allez, ce ne sera nul que si tu décides que ça l'est. »
Elle s'arrête net. « Mais on ne connaît personne ici. »
« Ce n'est pas vrai. On connaît toutes les pom-pom... ah, je vois ce que tu veux dire. » Je fais la moue. « Tu voudrais qu'Aiden soit là. » Je lui tapote le bras. « T'inquiète, tu le verras bientôt. Mais qui sait, ce soir tu rencontreras peut-être quelqu'un de nouveau. »
Elle sursaute et me tape la main. « Arrête ! »
Nous rions en entrant dans la maison, où beaucoup de gens dansent et la musique bat son plein. Ma poitrine vibre au rythme de la musique, ce qui me rend un peu nerveuse.
Tout à coup, être ici ne semble plus être une si bonne idée. Peut-être parce que c'est notre première soirée en solo, ou peut-être parce que je stresse à l'idée de rejoindre la sororité. Mais ce n'est pas le moment de flancher, alors je me dirige droit vers la table des boissons en face de l'entrée.
Au milieu de la table trône un grand saladier rempli d'un liquide rose fluo. Je me doute qu'il y a de l'alcool dedans, alors je m'en sers un verre, le descends d'un trait, sens la brûlure, et recommence.
« Doucement, Rylee », dit Isabelle en me rejoignant et en me touchant le bras. « On est là pour faire bonne impression. »
Je me tourne vers elle et lui tends un verre. « T'inquiète, j'avais juste besoin d'un petit remontant. » Je lève mon verre rose. « Allez, encore un, et on fera le tour pour parler aux sœurs. Santé ! » Je le bois en trois grandes gorgées.
Isabelle prend plus son temps et finit par tousser. « Comment tu fais pour boire ça si vite ? C'est super fort. » Elle respire par la bouche, secouant la tête.
Je ris, me sentant déjà plus joyeuse maintenant que les boissons font leur effet.
En me sentant plus détendue, je suis contente de ne pas avoir mis la robe moulante qu'Isabelle trouvait jolie sur moi. Cette robe noire ample, bien que courte, est très confortable, ce qui est important ce soir, je décide.
Oui, rejoindre Delta Phi est important et aidera mon avenir. Oui, beaucoup dépend de la façon dont je m'entendrai avec ces personnes. Et oui, cela signifie probablement que je devrai être sympa avec tout le monde.
Mais je ne ferai rien qui me mette mal à l'aise.
Après avoir reposé les verres sur la table, je prends la main d'Isabelle et nous nous frayons un chemin à travers la foule. En faisant le tour de la maison, je vois à quoi pourrait ressembler le reste de ma vie étudiante : amitié, travail d'équipe, responsabilité et beaucoup de soirées.
Isabelle et moi passons pas mal de temps à papoter et à trinquer avec chaque sœur que nous croisons. On fait les sympas et on reprend des verres, mais avec plus de soda cette fois.
Je souris, dis bonjour, papote et bois — encore et encore — jusqu'à ce que mon cerveau soit embrumé.
Assise sur une chaise de la salle à manger, je pose mon coude sur la table et ma tête sur ma main. « J'ai jamais autant parlé de ma vie. J'ai besoin d'une pause. » Je regarde les gens en sueur se déhancher devant le DJ dans le salon. « Tu veux danser ? »
« Vas-y. Faut que j'aille aux toilettes », dit-elle en montrant les escaliers. « Je te rejoins là-bas. » Elle se retourne et se fraye un chemin à travers la foule.
Le DJ envoie du lourd ce soir, et je me laisse vite emporter par le rythme. Mon corps bouge tout seul, et je ferme les yeux, savourant la chaleur de l'alcool dans mon corps.
Des mains enserrant mon ventre me ramènent à la réalité, et mes yeux s'ouvrent quand quelqu'un se colle contre mon dos. Les bras qui me tiennent sont musclés et bronzés, avec des manches de chemise aux couleurs de la fac.
Mon cœur s'emballe en pensant que ça pourrait être Jake, et quand des lèvres embrassent ma joue, je suis ravie que ce soit probablement lui.
On bouge au rythme de la musique, mes doigts effleurent sa peau, mais quand ils remontent vers sa tête et sentent des cheveux bouclés, je sursaute.
Je repousse ses bras et me retourne pour faire face à cet inconnu, qui m'attire rapidement pour un baiser brutal. Il me tient fermement, et je n'arrive pas à le repousser alors que sa langue essaie de forcer le passage.
Ce n'est que quand je commence à crier qu'il me lâche, et je le repousse.
« Hé, relax », dit le type, un joueur de foot mais pas du groupe de mon frère, en me reluquant. « Tu veux pas t'amuser ? »
« Pas avec toi, connard ! » Je m'essuie la bouche et essaie de m'éloigner, mais il attrape mon poignet — celui qui devrait avoir une attelle, mais je ne l'ai pas mise parce que je ne voulais pas avoir l'air faible devant mes futures sœurs. Je crie parce que ça fait mal.
« Je sais que t'as aimé ça », dit-il avec une haleine de chacal.
« Lâche-moi ! » Je me dégage de lui et monte à l'étage pour trouver Isabelle et me tirer, mais la salle de bain est vide. J'entre pour me calmer et arrêter de trembler.
Après quelques grandes inspirations, de l'eau froide sur le visage et avoir attaché mes cheveux blonds en queue de cheval haute, je suis prête à redescendre et trouver Isabelle.
Mais le type d'en bas bloque la porte, les mains de chaque côté du cadre. Quand nos regards se croisent, il déplace sa main gauche pour tenir le bord de la porte, m'empêchant de la refermer.
« Je suis chaud pour la suite, ma belle », dit-il avec un sourire mauvais. Ses yeux sont clairs maintenant ; il sait ce qu'il fait et ce qu'il s'apprête à faire.
Je me sens glacée et terrifiée, mais je n'ai pas le temps de paniquer car il pousse la porte violemment, heurtant mon poignet blessé avec la poignée.
Je recule mon bras et essaie de me défendre, mais il est rapidement sur moi, fermant et verrouillant la porte derrière lui.
Il m'embrasse brutalement et tire sur ma robe, me poussant contre le lavabo. Il met son genou entre mes jambes et me soulève sur le lavabo froid, se tenant entre mes jambes. Ses doigts forts s'enfoncent dans mes hanches alors qu'il arrête de m'embrasser.
Il me regarde avec un sourire effrayant. « T'inquiète pas, ma belle. Je vais faire vite. »
