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Cover image for Les Cavaliers de Tyr 4 : Absolution

Les Cavaliers de Tyr 4 : Absolution

Chapitre 5

MAGDALENE

Je suis au bord de l'évanouissement à cause de la douleur, mais je tiens bon. Runner est juste à côté de moi, son souffle près de mon oreille, me soutenant, ses grandes mains autour des miennes. Il sent le cuir et quelque chose de chaud, ce qui me rassure.

Je ne vais pas m'évanouir et rater ce moment.

« Doc, j'ai besoin que ma demoiselle d'honneur se lève », demande Lysa, agenouillée à côté de moi.

« Je peux la faire tenir debout, mais elle ne pourra peut-être pas courir tout de suite. Ça vous convient ? » Doc retire la balle et me la montre.

Je lutte pour rester consciente, lâchant la ceinture en cuir. Lysa me sourit et je hoche la tête pour lui montrer que je suis toujours là. Elle me tapote l'épaule avant de regarder Runner, toujours à mes côtés.

« Lysa ? » Daniel entre en courant, allant droit vers sa fille.

Mon cœur se serre quand je vois l'amour de Daniel pour Lysa. C'est l'amour qu'un père devrait avoir pour son enfant. Je n'ai jamais connu ça.

Je ne sais pas comment réagir. Daniel vérifie l'état de Lysa puis me regarde.

« Que fait-elle ici ? » dit Daniel avec colère. « C'est toi qui as fait ça ? »

Runner me serre plus fort, me rapprochant de lui. Ça me réconforte d'une façon inattendue. Mais Runner grogne.

« Ferme-la, frangin. »

« Papa », dit Lysa en prenant la main de son père. « Magdalene a pris une balle pour moi. »

Daniel me regarde avec surprise, puis Lysa, qui acquiesce. Il regarde la balle au sol et le sang sur le tapis avant de me regarder à nouveau et de hocher la tête.

« Tu as fait ça ? Tu as sauvé ma fille ? Je croyais que tu voulais lui faire du mal avant. »

« Eh bien. » J'essaie de plaisanter. « Je suis sa demoiselle d'honneur maintenant. C'est mon boulot - la calmer, tenir les fleurs, m'assurer qu'elle ne se fasse pas tirer dessus. Tu sais, des trucs normaux. »

Runner rit le premier. Son rire nous secoue tous les deux alors qu'il me serre encore plus près, comme s'il voulait qu'on ne fasse qu'un. Et pendant un instant, je le veux aussi.

« Eh ben, Magdalene. » Daniel secoue la tête. « T'as vraiment changé. T'étais la raison pour laquelle Lysa s'est fait tirer dessus avant - et maintenant... »

Il a raison. J'ai fait tirer sur Lysa. J'ai fait tirer sur lui. Salome est morte. « Père » est mort. Qu'est-ce que je fiche ici ? À qui j'essaie de faire croire quoi ?

Mon corps se crispe, et ce n'est pas parce que Doc recoud ma blessure. Je suis un désastre. Je n'ai pas ma place ici. Je dois partir, m'en aller, disparaître. Mais Daniel se penche, avec un petit sourire.

« J'aime bien cette nouvelle Magdalene », dit-il. « Merci. »

C'est tout ce qu'il dit avant de se lever. Lysa me touche la joue et suit son père. Et Runner ? Runner enroule ses bras autour de ma taille et respire dans mon cou. Il ne dit rien, mais il n'en a pas besoin.

« C'est fini », dit Doc. « Il faudra changer et nettoyer la plaie pendant quelques jours, mais Bjorn, Rage et Vik pourront t'aider. »

« Je m'en occuperai », dit Runner.

« Ah oui, j'avais oublié. » Doc range ses affaires. « Mais vraiment, cette histoire de Valkyrie doit cesser. »

Valkyrie. Plus qu'une petite amie, plus qu'une épouse. Les Valkyries sont liées aux Riders pour la vie, bien au-delà des mots prononcés lors d'un mariage ou de la signature d'un papier. Doc pense que je suis la Valkyrie de Runner, mais je ne peux pas l'être.

Il faut une âme entière et plus pour être liée à un homme comme Runner, et j'ai à peine assez pour moi-même.

« Les frères Declan et compagnie ! » Ava sort du bureau avec Stig. « Ce sont des braqueurs de banque connus. Ils ont dû penser qu'on serait des proies faciles. Ça veut dire qu'ils nous surveillaient ou que quelqu'un leur a parlé de nous. »

« Ils ne savaient pas que nos femmes sont coriaces. » Vik soulève Lysa.

« T'aurais dû attendre. » Bjorn dit à Ava.

« Je peux me débrouiller toute seule, Bjorn. »

« T'aurais dû putain d'attendre, Ava. » Sa voix tremble de colère. « On aurait pu gérer ça. »

« Je sais, grand gars, mais Ariadne était à l'étage. » Ava calme sa fille.

Bjorn ne dit rien. Il attire simplement Ava dans ses bras, l'enlace avec leur bébé, et l'embrasse. Son baiser est dur et intense, plein de peur. Mais ça n'effraie pas Ava, qui pousse un petit gémissement de contentement en se détendant contre lui.

Je veux un baiser comme ça - un baiser qui me ferait tout oublier.

« Le meilleur », dit Ava en me souriant, toujours dans les bras de Bjorn, « c'est que ces types sont recherchés. Il faut y réfléchir, mais trois d'entre eux valent cent mille dollars. Le grand à lui seul vaut cinquante mille ! Oui, on a utilisé beaucoup de force, mais ils entraient par effraction et on a la vidéo pour le prouver. Je pense qu'on peut avoir l'argent. »

« Pas avant qu'on sache pourquoi ils nous ont attaqués aujourd'hui. » Tor regarde les prisonniers avec colère. « Rage ? »

Le Hellhound grogne et s'avance quand son Roi le lui ordonne. Les deux prisonniers conscients pleurent de peur.

« Pose-leur quelques questions pour moi », ordonne Tor avec un sourire.

Rage sourit d'un air effrayant et se tourne vers Iris.

« Lequel a essayé de t'avoir ? »

Iris expire mais ne dit rien. Rage perd son air menaçant et la serre dans ses bras. Ils chuchotent, l'air si mignon que ça me fait mal au cœur. Après un long baiser profond, Iris désigne l'homme qu'elle a frappé. Rage le soulève et l'emmène au sous-sol.

Je ne pense pas qu'on reverra ce type.

Leurs conversations me distraient de mes propres pensées, mais pas longtemps. Runner me soulève et me dépose sur un canapé avant de s'asseoir à côté de moi. Il me touche doucement en me regardant dans les yeux, et sa main remonte le long de ma jambe, s'arrêtant juste avant ma cuisse.

« Ça va faire mal pendant un moment. Je vais demander à Tar de t'apporter des béquilles. Où loges-tu ? »

Loger. Ce mot encore. Il veut que je reste. Même après tout ce temps. Je sais qu'il parle jusqu'au mariage, mais je vois dans ses yeux ce qu'il veut vraiment dire.

« Probablement un motel », je parviens à dire. « Je viens d'arriver. »

« Pas question ! » dit Runner, l'air contrarié. « Tu peux rester au club-house. On a des chambres. Je te promets que cette fois tu auras des fenêtres. Je pourrai veiller sur toi et t'aider. »

Je sens ma respiration s'accélérer et devenir courte. Je sais que je respire trop vite. Après tout ce qui s'est passé, c'est ça qui me fait peur - être près de lui, qu'il prenne soin de moi.

Je me bats intérieurement. Une partie de moi veut être proche de lui, celle qui aimait sentir ses bras forts autour de moi. Celle qui s'excite chaque fois qu'il parle, qui veut sentir ses lèvres sur les miennes, toucher ses cheveux bouclés.

Mais il y a une plus grande partie de moi - une partie effrayée qui veut construire des murs plus hauts et plus solides et tenir tout le monde à distance.

Juste quand j'en ai besoin, Ava vient à mon secours.

« Magdalene, c'était impressionnant. » Elle désigne les hommes qu'on emmène.

« Impressionnant ? »

« Je trouve. Écoute, j'ai une idée. Reste dans le coin et on pourra en parler après le mariage. »

« Attends, j'ai encore rien dit », dit Tor à Ava.

« Je te demandais pas ton avis, Tor. Je t'informais juste », répond Ava, le regardant droit dans les yeux.

« Ton plan de lancer une boîte de chasseurs de primes va foutre la merde. Je dois y réfléchir. »

« Avec quoi, exactement ? » Ava le regarde avec colère.

« Mon cerveau. Un truc que t'as pas l'air d'avoir - tu sais, blesser tous ces types et être ici sans protection. »

« Y a un autre type que j'aimerais bien blesser maintenant ! »

« Bjorn ! Contrôle ta femme ! »

« Chérie », dit Bjorn d'une voix sérieuse. « Après le mariage et après qu'on ait compris ce que c'était que tout ça. »

« D'accord ! »

Ava lance un dernier regard furieux à Tor et va vers Iris, qui tient son bébé. Tor et Bjorn se regardent, perplexes.

« Comment t'as fait ça ? » demande Tor.

« J'en sais rien. Y avait cinquante pour cent de chances qu'elle soit en rogne contre moi pour être intervenu comme ça. J'imagine que devenir mère l'a rendue plus calme. »

Tor regarde l'homme aux talons coupés qu'on emporte. « Plus calme. Bien sûr. Tu me rends dingue avec les Valkyries que t'as choisies, mec. Elles pouvaient pas toutes être des filles gentilles, douces, qui se mêlent de leurs oignons et qui sont aussi de super mécaniciennes comme Iris là-bas ? »

« Quand ce sera ton tour, choisis une fille gentille et tranquille, connard », réplique Bjorn avant de rejoindre sa femme.

« Je vais pas m'impliquer dans ce bordel ! » crie Tor.

Puis il se tourne brusquement vers moi, ses yeux intelligents allant de moi à Runner plusieurs fois. Il prend une profonde inspiration et secoue la tête avant de partir. Y a pas mal de gens ici qui semblent penser que Runner et moi...

« Viens, Magdalene », Lysa me tend la main. « Tu viens avec moi. Vik reste au club-house jusqu'au mariage, donc ce sera juste nous deux. »

« Elle vient au club-house. » Runner se lève et tend aussi sa main.

La bouche de Lysa s'ouvre, mais elle reste silencieuse. Elle me sourit simplement.

Non, pas elle aussi. Je peux pas être près de lui. Un peu plus longtemps et il brisera mes murs. S'il continue à se tenir plus près, à me parler avec cette voix, et à se balader torse nu, je vais craquer. S'il m'appelle « ange » encore une fois, je vais commencer à le croire. Et je voudrais plus. Je peux pas avoir plus. J'ai à peine assez pour moi-même. Je peux pas l'entraîner dans mon bordel.

« Je vais avec toi, Lysa », dis-je froidement en me levant.

« Magdalene, j'ai dit que tu viens avec moi », dit Runner.

Je le regarde même pas. Lysa m'aide, mais elle continue de regarder Runner. Pas moi. Je m'éloigne simplement de lui devant tout le monde.

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