Sang-Mêlé

Les bottes d'Alaric devenaient plus boueuses à chaque pas. Par un après-midi sombre, la pluie incessante annonçait la dernière bataille de cette guerre pour le trône des loups-garous.

Au loin, il aperçut les ombres de ces êtres.

Le moment était venu. D'un seul coup, il arracha sa chemise, et ses soldats suivirent ses mouvements.

Elle, la femme qui l'avait aveuglé et rendu presque fou de jalousie. Elle était là, sur la ligne de front, de l'autre côté, avec un regard diabolique posé sur lui.

Rien qu'en la regardant, Alaric se sentait à nouveau faible, faible avec elle, mais il s'était promis de ne pas commettre la même erreur cette fois-ci.

Ses yeux enregistrèrent le moment précis où elle leva les mains. Ses lèvres bougèrent, jetant un sort.

En quelques secondes, des éclairs tonitruants ont commencé à descendre des nuages, chaque éclair étant plus puissant que le précédent.

Même s'il était conscient que beaucoup de ses combattants allaient mourir aujourd'hui, il avait la conviction que ce serait la dernière fois.

La race loup-garou était l'une des plus fortes de toutes, mais elle pouvait être la plus faible face à un grand groupe de créatures capables de conjurer presque tous les sorts.

Et c'était précisément ce qui avait causé la perte de beaucoup de ses hommes en premier lieu.

Mais cette fois-ci, ce serait différent, car Alaric avait décidé de retourner la puissance de son ennemi à son avantage, rendant la race loup-garou presque invincible.

Un puissant rugissement a rempli toute la zone. C'était le signal. Des centaines de ses soldats et des centaines de ses partisans se précipitèrent pour livrer la bataille finale.

L'ennemi attaqua sans effort. Il pouvait voir qu'ils touchaient à peine le sol.

Bientôt, les fidèles soldats d'Alaric et l'armée du traître s'affrontèrent. Cette fois, ce ne serait pas comme les autres fois. Cette fois, il utilisait les armes de ses ennemis contre eux-mêmes.

Il massacrait toutes les créatures, toutes les ordures qu'il voyait sur son chemin, remarquant combien d'entre elles étaient surprises par le changement soudain de ses combattants.

Regardant les loups-garous utiliser la même arme que beaucoup d'entre eux.

Pour gagner cette guerre, Alaric n'avait pas eu d'autre choix que de gagner les faveurs de l'une de ces créatures désormais méprisables.

Au milieu du sang et des sorts, il la vit. Le visage qu'il avait cru parfait arborait désormais un sourire crispé et cruel. Elle savait l'effet qu'elle avait sur lui et son amour, son amour qui s'était maintenant transformé en haine.

Une haine qui n'effaçait pourtant pas sa beauté de son esprit.

Cependant, les souvenirs de l'attaque du royaume, il y a un an, lui traversèrent l'esprit. Des centaines de corps éparpillés dans les couloirs du château, c'est tout ce à quoi il pouvait penser en la voyant.

Comment a-t-elle pu lui faire ça ? Comment a-t-elle pu le trahir ainsi ? Il aurait donné n'importe quoi pour être avec elle. Même abandonner l'idée de trouver sa véritable partenaire.

Alaric rugit de toutes ses forces et se rua sur elle. Elle se déplaçait rapidement, bloquant tous les coups qu'il lui lançait. Il grogna à la douleur soudaine qu'il ressentit dans son épaule droite. Elle avait utilisé une dague en argent.

Il s’agissait de la dague des Templiers avec des rubis bleus incrustés à l’intérieur.

C'était le même qu'il lui avait donné à un moment où il pensait être heureux. Ce cadeau représentait l'amour et la confiance qu'il avait pour elle.

La dague était l'une des possessions les plus précieuses d'Alaric. Désormais, il regrettait de l'avoir offert en cadeau.

La pluie et le tonnerre continuaient à inonder le champ de bataille. Il essaya d'attaquer son cou, mais elle esquivait à chaque fois.

Lorsqu'elle s'élança sur lui avec sa dague pour l'enfoncer dans sa poitrine, il bloqua le coup à temps, se retourna rapidement et, avec la force de ses pattes sombres, la repoussa sur le sol sale.

Elle regarda droit dans ses yeux rouges alors qu'il l'emprisonnait avec ses griffes. Ses yeux le fixaient avec mépris et horreur, ce qui le faisait souffrir au plus haut point.

À un moment donné, il pensa à épargner sa vie, mais dès qu'il entendit le faible murmure de sa voix, il comprit que c'était maintenant ou jamais.

Ses longues canines mortelles s’enfoncèrent dans son cou, arrachant la chair et la peau. Sa vue était aveuglée par la rage. Alors que la vie s'échappait de ses yeux, Alaric hurla son agonie au monde entier.

La guerre touchait lentement à sa fin. Les survivants commencaient à se retirer, mais il avait reçu l'ordre de ne laisser personne en vie. Ils devaient tous mourir.

Maintenant sous sa forme humaine, il souleva son corps sans vie dans ses bras, sa bien-aimée, sa meurtrière, la femme qui ne l'avait jamais aimé et qui l'avait trahi.

La pluie avait cessé. Un feu de joie primitif fut préparé. Il déposa le corps au sommet des branches et des morceaux d'arbres empilés.

Il devait maintenant le brûler pour s'assurer qu'elle ne reviendrait jamais dans ce monde. Alaric et ses combattants entourèrent le feu de joie flamboyant.

Tout le monde pouvait ressentir ses émotions, la douleur, la colère, la déception, et finalement, une sensation de soulagement.

La fumée du bûcher s'intensifiait. Et bientôt, l'odeur de la chair brûlée envahirait leurs poumons. Les secondes passèrent, et l'air devint différent, chargé de ténèbres.

Tout le monde fut à nouveau en alerte. Alaric regarda autour de lui, à la recherche de l'auteur de la menace.

Le vent se mit soudainement à souffler fort. Tout le monde essayait de rester debout. Mais le vent était si violent que les soldats pouvaient à peine se tenir debout.

Alaric regarda le feu s'éteindre. Une ombre noire descendit de nulle part, recouvrant tout le bûcher et emportant son corps sans vie avec elle.

Lorsque l'ombre disparut, tout le monde sentit que le vent s'était calmé. Ils sursautèrent tous en voyant que le corps de la femme n'était plus là.

Alaric soupira, levant les yeux au ciel. Peut-être pensa-t-il un instant qu'il devrait poursuivre cette âme. Mais il était fatigué. Il devait repartir et reconstruire son royaume en ruine.

Après tout, et enfin, elle était morte.