
Owen fronce les sourcils, visiblement agacé en me voyant. « Encore toi. »
« Désolée de te déranger », dis-je, mal à l'aise sous son regard.
Il pousse un gros soupir. « Qu'est-ce que tu veux cette fois ? »
Je ne sais même pas pourquoi je suis venue ici. On se connaît à peine.
Je ravale ma fierté. « Je peux entrer, s'il te plaît ? Je me suis disputée avec Elliot et j'ai besoin de souffler un peu. »
Il tire sur son cigare, me fixant toujours.
Quand il souffle la fumée, je m'attends à ce qu'il me dise de partir.
Mais il me surprend en ouvrant grand la porte pour me laisser passer.
J'espère que je ne vais pas le regretter. J'entre dans son appartement.
C'est impeccable à l'intérieur. La plupart des meubles sont en bois.
Je me demande s'il les a fabriqués lui-même. Si oui, il a du talent.
« Maintenant, parlons de comment tu vas me payer », dit Owen avec un petit sourire en coin.
Je suis perdue. « Payer ? Comment ça ? »
Il pose son cigare et s'approche de moi. Je recule jusqu'à me retrouver coincée entre lui et la porte.
Owen pose ses mains de chaque côté de ma tête et se penche vers moi. Pas moyen de m'échapper.
J'avale ma salive, très consciente de notre proximité.
Je dois lever les yeux pour croiser son regard.
Zut alors ! Pourquoi ai-je cru que c'était une bonne idée de lui demander de l'aide ?
« Si tu crois pouvoir débarquer ici sans contrepartie, tu te trompes », dit Owen, me toisant de haut.
Je m'éclaircis la gorge. « D'accord... Tu veux quoi ? »
Il se penche jusqu'à ce que nos lèvres se frôlent presque. « Tu le sauras bien assez tôt. »
Je le regarde attentivement. « Tu ne peux pas m'en dire un peu plus ? »
Il remet une mèche de mes cheveux en place. « Patience, ma belle. Tout vient à point à qui sait attendre », murmure-t-il à mon oreille.
Je rougis tandis que sa proximité me fait frissonner.
Mon cœur bat si fort que j'ai l'impression qu'il peut l'entendre.
Il faut que j'arrête ça !
Je pose ma main sur son torse.
Wow ! Ses muscles sont bien fermes.
J'essaie de le repousser, mais il est beaucoup plus costaud que moi. Impossible de le faire bouger d'un pouce.
Étonnamment, il recule quand il sent que je le pousse.
Il a l'air très content de lui, ce qui me donne envie de lui mettre une claque.
Il faut que je parte. Je préfère encore affronter Elliot plutôt que lui. Ce type me tape sur les nerfs.
Owen reprend tranquillement son cigare, comme si de rien n'était.
Il tire une longue bouffée, le bout rougeoyant. Il me regarde avec un petit sourire. Il se lèche lentement les lèvres avant de souffler la fumée qui flotte dans l'air.
Sa façon de me regarder me met mal à l'aise. Ses yeux bleu profond me donnent l'impression qu'il peut tout voir de moi. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai envie de continuer à les fixer.
Je secoue la tête.
Reprends-toi.
« Je crois que je ferais mieux d'y aller », dis-je.
Il hausse les épaules. « Si tu veux. »
Je me tourne pour ouvrir la porte. Je regarde vers mon appartement et vois Elliot qui m'attend, appuyant sur la sonnette. Il me tourne le dos. Je recule, fermant la porte d'Owen.
Je suis soulagée. Elliot ne m'a pas vue.
Owen croise les bras. « Je croyais que tu partais. »
Je secoue vite la tête. « Elliot est devant chez moi, il attend que j'ouvre. »
Owen lève les yeux au ciel. « Je m'en doutais dès que je t'ai vue. T'es vraiment casse-pieds. »
Ses mots me surprennent.
Quel goujat !
« Pousse-toi ! » dit Owen d'une voix forte, se dirigeant vers la porte.
Qu'est-ce qu'il fait ? Je me demande alors qu'il sort de son appartement.
Je regarde cet imbécile qui s'acharne à tambouriner à la porte de Taylor.
Pathétique.
Je me demande bien pourquoi j'ai laissé cette fille entrer chez moi. D'habitude, les femmes ne viennent que pour une chose, et elles déguerpissent aussitôt après.
Il faut dire que c'était amusant de jouer avec Taylor. Elle était si facile à taquiner. Sa façon d'agir en ma présence montre bien qu'elle me trouve à son goût.
Les filles, c'est tellement facile à mener par le bout du nez.
« Tu peux arrêter ce vacarme ? Il y en a qui essaient de dormir », je lui lance. Je l'observe et remarque une énorme tache rouge sur ses vêtements.
« Eh bien. Le rouge te va comme un gant. Tu as renversé ton verre ? » Je le provoque.
Je tire lentement sur mon cigare, guettant sa réaction. Il se retourne, l'air furieux.
« Mêle-toi de tes affaires. » Il essaie de jouer les durs.
Je ne peux pas m'empêcher de ricaner. Quel minable.
Une vraie poule mouillée.
Je m'approche de lui, tirant une autre longue bouffée de mon cigare. « Ce sont mes affaires. J'habite ici. » Je lui souffle la fumée en pleine figure.
Il tousse et recule, s'éloignant de moi. « T'es malade ! » s'écrie-t-il, les yeux écarquillés alors qu'il prend une grande inspiration, essayant de se calmer.
Je souris légèrement. « Et toi, tu es pathétique », je rétorque. « La fille ne veut même pas te parler, et te voilà, comme un chien battu, à espérer qu'elle va ouvrir. »
Tiens, je l'ai mis en rogne. S'il veut me cogner, qu'il vienne. Je ne dis jamais non à une bonne bagarre. Même s'il est nul.
Ça me ferait plaisir de lui en coller une.
Mais comme la mauviette qu'il est, il ne fait rien. Il s'éloigne de moi, et part enfin.
Je secoue la tête. Quel froussard. Je ne comprends pas ce qu'elle lui trouve. Il n'est même pas fichu de se défendre.
Comme je disais, un vrai minable.
Je ne tiens plus en place. Je fais les cent pas, dans l'attente du retour d'Owen.
Qu'est-ce qui m'a pris de lui demander de l'aide pour mon problème ?
Et pourquoi a-t-il accepté de m'aider ?
C'est tellement embarrassant.
Je dois être rouge comme une pivoine.
Je me retourne en entendant Owen ouvrir sa porte.
« C'est bon maintenant. Tu peux y aller et me laisser un peu tranquille. »
Ça me convient. J'ai déjà bien assez accaparé son temps.
Il commence à se faire tard aussi.
Je me dirige vers sa porte, mais Owen me retient par le bras.
« N'oublie pas, ma belle. Tu as une dette envers moi maintenant. »
« Eh bien, il faut que tu me dises ce que tu veux. »
Il sourit en se penchant à nouveau près de mon oreille. « Un baiser. Et ne t'imagine pas que c'est ta bouche que je veux embrasser. »