La princesse disparue - Couverture du livre

La princesse disparue

Holly Prange

Chapitre 5

LOGAN

Ces chaussures sont inconfortables. Et il va falloir que j’enlève cette satanée cravate. Elle m’étouffe.

Il y a autre chose qui va devoir partir… la fille avec qui je danse.

Elle est vraiment infecte. Elle n’a fait que parler d’elle.

Je sais que sa couleur préférée est le rose, que son plat préféré, ce sont les fettuccine Alfredo, que son film préféré est Twilight… Mais on s’en fout !

J'ai commencé à décrocher au bout d'un moment. C'était la seule façon pour moi de ne pas devenir fou. Je n'arrive pas à croire que j'ai accepté ces conneries.

Je fais encore quelques « hum hum » et « ah » là où ils semblent nécessaires, avant que la chanson ne se termine.

« Merci pour la danse... toi... », je finis, en cherchant vainement à me souvenir de son nom. Il y en a eu trop ce soir.

Je quitte rapidement la piste de danse en tirant sur ma cravate, desserrant la soie qui serre mon cou.

Bon sang, je vais devoir rester là encore combien de temps ?

Mon loup est sur les nerfs, et ça ne m’aide pas. Il n’a pas dit grand-chose, mais je sens qu’il trépigne avec moi. C’est comme s’il se préparait pour une bagarre.

Avant que je n’aie le temps de lui demander quel est son problème, une autre fille s’avance vers moi. Celle-ci semble très jeune.

« B—bonjour, A—Alpha », bégaye-t-elle, visiblement intimidée.

« Bonjour », je réponds, en me mordant la langue pour ne pas lui demander si elle est perdue.

« Je m—me d—demandais juste si vous voudriez b—bien danser ? » parvient-elle à articuler.

Je lui fais un petit sourire avant de répondre : « Bien sûr. »

Un grand sourire se dessine sur ses lèvres et je tends la main pour prendre la sienne et l’emmener sur la piste de danse.

Je commence à la guider sur la valse, m’attendant à ce qu’elle bavarde comme les autres, mais elle reste silencieuse.

Je m’éclaircis la gorge et je finis par demander : « Et donc, comment tu t’appelles ? »

« Oh… heu… Courtney. Je suis la fille de l’Alpha Dane. »

J’opine. Elle est donc une autre prétendante. Elle ne semble pas aussi égocentrique que les autres, mais elle est docile. Je ne la vois pas être une Luna.

Du moins pas encore dans sa vie. Elle a l'air très jeune. C’est juste une adolescente.

Je préférerais quelqu'un plus proche de mon âge, quelqu'un qui a déjà une certaine expérience de la vie.

Être une luna, c'est beaucoup de responsabilités et de pression. J'ai besoin de quelqu'un qui puisse le supporter.

Pour combattre ce silence dérangeant, je lui pose des questions sur elle.

Malheureusement, cela me mène à l’entendre parler d’école et son prochain bal de promo…

Nul besoin de dire que cela met d’autant plus en évidence notre différence d’âge. J’ai l’impression d’être un voleur de berceau en dansant avec elle.

Dès que la chanson se termine, je m’excuse poliment avant de me diriger vers la sortie qui mène aux jardins derrière la maison de la meute.

J’ai vraiment besoin d’air frais et de perspective maintenant.

J’arrive sur le grand patio et je le traverse, puis je m'appuie sur la balustrade en pierre pour regarder le jardin.

Nous entrons dans les mois d'hiver, mais grâce à notre sorcière résidente, le jardin est plus beau que jamais.

Il est tout aussi vibrant que jamais avec la gamme de fleurs colorées qu'il arbore toute l'année grâce au sort qu'elle lui a jeté.

Des lumières blanches féériques sont suspendues dans tout le jardin et l'illuminent entièrement, et dans le ciel, des nuages gris planent.

Les flocons de neige commencent à tomber lentement et rendent le jardin encore plus magique.

Mon loup et moi semblons nous calmer en regardant la scène qui s'offre à nous, et je laisse échapper un soupir...

« Alpha Logan, les aînés veulent te dire un mot rapidement dans la salle de conférence », m’informe la voix de Cole grâce au lien mental.

Je pousse un autre soupir de frustration avant de quitter la tranquillité du jardin et de retourner à l'intérieur.

Quand j’arrive à la salle de conférence, Cole et mon père m’attendent à la porte.

Nous entrons et trouvons tous les anciens assis autour de la table en train de discuter des louves présentes.

Dès qu’ils remarquent mon arrivée, ils se lèvent tous et me saluent. Je leur fais un signe de la tête en retour avant que tout le monde reprenne son siège.

« Messieurs », je les salue en reculant mon fauteuil.

« Alpha, nous nous demandions si vous pensiez à une louve que vous aimeriez choisir pour être votre luna », me questionne l’Aîné Maynard.

Je plisse les yeux en le dévisageant avant de balayer les autres du regard. Ils me regardent tous avec impatience.

« C’est pour ça que vous m’avez appelé ? » je demande, les dents serrées.

« Alpha, en tant que conseil des aînés, nous voulons être tenus au courant de toutes les décisions importantes. Tu as dansé avec un bon nombre de jeunes louves ce soir. Tu as sûrement trouvé une luna convenable parmi elles », répond l'Aîné Rancis de son ton hautain habituel.

« Non, je n’ai pas trouvé. Pour l’instant, elles sont toutes égocentriques ou à peine sorties des langes », je constate, même si cela sonne plutôt comme un grognement ennuyé.

« Et je n’ai jamais dit que je choisirais une luna ce soir. J’ai accepté pour essayer d’être ouvert à cette idée. Je ne sacrifierai pas mon bonheur ou le bien de la meute avec une luna qui n’est pas à la hauteur du titre. »

« Le mieux pour la meute, c’est d’avoir une luna », argumente l’Aîné Rancis.

« Non. Le mieux pour la meute, c’est d’avoir la partenaire que la Déesse de la Lune a choisie pour être notre luna », je réplique en me levant.

« Et il n’y a aucune garantie que tu vas la trouver ! Tu veux qu’on continue indéfiniment sans luna ? Il faut que tu abandonnes l’idée stupide que la partenaire qui t’a été attribuée est toujours là. Si elle était là, tu l’aurais déjà trouvée ! C’est juste ton orgueil et ton égoïsme qui t’empêchent de faire ton devoir ! »

Un grognement s'échappe de mes lèvres tandis que je regarde l'Aîné Rancis.

« J’ai été plus qu’accommodant avec vos demandes jusque-là, mais tu ne vas plus jamais me manquer de respect comme ça, à moins que tu ne préfères passer le reste de tes jours dans les cachots. Est-ce que je me suis bien fait comprendre ? »

Ses yeux de fouine s’ouvrent un instant et son visage devient rouge avant qu'il ne hoche frénétiquement la tête. Cet homme semble systématiquement oublier sa place.

Ma mère me fait quitter mon regard meurtrier sur Rancis, à l’instant où elle parle de sa voix apaisante.

« Alpha, j’aimerai beaucoup que tu trouves ta partenaire. Mais, vu comme les choses se passent pour l’instant, il vaudrait mieux que l’on ait une deuxième possibilité. Si tu n’es intéressé par aucune des louves que les meutes du sud ont à offrir, peut-être que tu devrais tout simplement choisir celle qui serait la plus bénéfique pour une alliance et la position de notre meute », propose-t-elle.

Je n’aime toujours pas l’idée.

Je me pince le bout du nez, je ferme les yeux et je penche ma tête en arrière pour réfléchir. Rapidement, je soupire et je me tourne vers eux.

« Donc, vous parliez des louves. D’après vous, lesquelles nous seraient le plus utiles ? »

« Anastasia, la fille d'Alpha Samuel, serait un bon parti. Elle est assez éblouissante et vient de la plus grande meute de notre région », commence l'Aîné Maynard.

« Camilla, la fille de l'Alpha William, serait également un excellent choix. C'est une forte combattante, et leur meute est connue pour avoir certains des guerriers les plus forts », ajoute ma grand-mère.

« Je pense que le choix le plus évident serait Rebecca, la fille de l'Alpha Richard. Nous sommes déjà une grande meute avec des combattants compétents. Mais c'est la meute la plus riche. Elle apporterait une grande stabilité financière avec elle et vous permettrait de lancer certains des projets que vous voulez entreprendre », termine l'Aîné Rancis.

« Bien », je réponds sévèrement.

« Décidez d’une semaine pour chacune des trois sélectionnées. Nous les accueillerons ici toutes seules pour faire leur connaissance et je prendrai ma décision une fois que les trois auront eu la possibilité de faire leurs preuves. »

Ma déclaration semble les satisfaire et ils acquiescent en silence. Dieu merci.

Avec un peu de chance, je ne les aurai plus sur le dos pendant quelque temps. Mais cela veut aussi dire que je dois trouver ma partenaire avant que les trois semaines soient écoulées.

Je me lève pour partir, sans plus leur prêter attention, mes poings serrés en pensant aux filles avec qui il va falloir que je reste.

J'espère qu’elles ne seront pas aussi insupportables que les autres.

Dès que j’entre dans la salle de bal, une grande blonde s’avance vers moi et enroule sa main manucurée autour de mon bras.

« Exactement l’alpha que je cherchais. J'espère que l’homme du moment m’accordera une danse », affirme-t-elle en me tirant vers la piste de danse sans attendre ma réponse.

Une fois que nous sommes au centre, elle se tourne vers moi et passe un bras autour de mon cou.

Son autre main commence à descendre le long de ma poitrine avant que je ne referme ma main dessus pour l’arrêter.

Je retire sa main et la tend comme il le faut pour une danse de salon.

Je ne veux pas qu'une fille dont je ne connais même pas le nom me touche au milieu de la piste de danse.

« J'ai l'air d’être désavantagé. Tu sais clairement qui je suis, mais qui es-tu ? » je remarque en commençant à la guider.

« Mon nom est Rebecca Stanton. Je suis sûre que vous avez entendu parler de moi. Mon père est l'Alpha Richard Stanton de la Meute de l'Ombre Noire », répond-elle.

« Ah, oui », dis-je. « Alors, tu t’amuses bien ? »

« Oui, vraiment. La nourriture est délicieuse. La musique est bien. En général, c'est la luna d'une meute qui planifie tout ça. Ne me dis pas que tu as fait tout ça toi-même ! » s’exclame-t-elle, étonnée.

Je laisse échapper un petit rire et secoue la tête. « Non, non. Ma mère s’est occupée de l’organisation. Elle m’aide en endossant une bonne partie des responsabilités d’une luna pour l’instant. »

Nous continuons à parler et sans surprise, la conversation n’est pas terrible.

Je découvre qu’elle a terminé ses études dans la gestion des affaires, qu’elle a un grand frère qui devrait prendre la succession de son père dans quelques années et qu’elle aime voyager.

On commence juste à parler de son voyage le plus récent, lorsqu’un lien mental me parvient de l’un des hommes de la patrouille frontalière.

« Alpha, il faut que vous veniez voir au point C sur la frontière nord. Je pense que vous devez voir ça. » ~

Après m’être excusé poliment, je sors précipitamment du bâtiment.

Je suis tenté de me transformer en loup, mais si je dois revenir au bal, ce ne serait pas pratique, donc je me contente de prendre les clés d'un des SUV noirs de la meute qui sont garés devant.

Alors que je m'approche de la tour au centre de notre frontière nord, je peux déjà voir à quoi le garde faisait référence.

Je suis bouche bée et je regarde au loin, les yeux écarquillés.

J'appuie rapidement sur le frein et je mets le véhicule en position de parking avant de sortir et de me diriger vers les trois gardes qui sont maintenant alignés et qui me regardent avec étonnement.

De vastes forêts nous séparent des meutes du nord, mais même à cette distance, c’est facile de voir.

Trois grandes tornades tournent côte à côte de l’autre côté de la forêt. Elles ne semblent ni se déplacer, ni se dissiper.

C'est presque comme un mur de vent alors que les trois nuages en entonnoir tourbillonnent autour, projetant des débris partout.

Je n'ai jamais rien vu de tel de toutes mes années. Que diable se passe-t-il ?

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