Les Loups des Highlands

Livre 1 : La Louve

LAIKA

Une douleur a traversé ma jambe gauche tandis qu'un liquide chaud dégoulinait le long de ma peau. L'envie de hurler m'a submergée, mais je me suis mordu la langue et un goût de cuivre a envahi ma bouche.

Des bruits de pas résonnaient dans la forêt dense de la province du Nord. Sans perdre de temps, j'ai commencé à courir, mais mon pied blessé me ralentissait. La douleur se répercutait dans ma jambe à chaque fois qu'elle touchait le sol, mais je continuais.

L'odeur du sang dans l'air était un moyen infaillible de se faire repérer, mais j'ai continué à avancer. Je devais courir. Je devais m'échapper avant qu'ils me trouvent.

Je pouvais les entendre, sentir leur présence menaçante. Leur soif de sang et de meurtre était palpable dans les bois silencieux. La lumière de la lune éclairait la forêt d'une légère lueur blanche.

« Courir ne t’aidera pas ! » La voix froide et douce d'Alaric Payne a résonné dans la nuit paisible.

J'ai accéléré le pas, mais je me suis arrêtée quand quelqu'un a bondi devant moi. Les yeux noirs étincelants de Conan Murray ont accroché les miens. Il a fait un pas vers moi, et j'en ai fait un en arrière.

Conan Murray était pire que son ami Alaric Payne. Si j'avais eu affaire uniquement à Alaric, j'aurais peut-être pu m'échapper. Mais ensemble, ils aimaient semer le chaos et faire du mal. Il n'y avait pas un jour de paix à l'internat de la province du Nord à cause d'eux.

« Ne cours pas, petite fille », a dit Conan de sa voix rauque. Son visage était impassible, mais ses yeux brillaient d'une lueur malveillante dans la faible lumière.

« Te voilà », a dit Alaric derrière moi. Je me suis tournée vers lui, en essayant de garder Conan et Alaric dans mon champ de vision. La lumière se reflétait sur l'épée qu'Alaric tenait dans sa main droite, et je savais que je n'en sortirais pas indemne.

Nora Brooks a rejoint Alaric et j'ai tressailli. Le sourire qu'elle arborait a fait couler une larme sur l’une de mes joues. Tout ce qui se passait à ce moment, c'était à cause d'elle. À cause de sa haine envers moi.

« Finissons-en avant que quelqu'un à la fac ne découvre notre absence », a dit Nora d'une voix trop douce qui ne faisait que la rendre plus méprisable à mes yeux.

« Elle a raison », a approuvé Conan. « On le fait. »

« Agenouille-toi », m’a ordonné Alaric en prenant sa voix d'alpha. Il n'était pas encore un alpha, mais du sang alpha coulait dans ses veines. À l'école, il était le roi, et tous ceux qui ne faisaient pas partie de son cercle restreint n'étaient que des péquenots.

Son ordre m'a mise à genoux sans que je puisse lutter contre. J'étais la louve le plus faible de la meute et incapable de refuser un ordre direct de sa part.

« Regarde-toi. Et tu veux être ma compagne ? » s’est-il moqué. Nora et Conan ont ri tandis qu'Alaric me tournait autour. L'épée qu'il tenait à la main brillait en reflétant la lumière du ciel.

« Comment une telle mauviette pourrait devenir la prochaine luna ? »

« Je partirai et ne reviendrai jamais », ai-je dit d’une voix tremblante. La seule chose que je pouvais faire pour sauver ma peau, c’était de promettre de ne plus jamais remettre les pieds dans la province du Nord.

« Et devenir une renégate ? » a-t-il supposé.

J'ai acquiescé.

« Oh, ma pauvre, tu sais que nous détestons les renégats, et tu penses que je vais volontairement te laisser en devenir une ? »

Mes yeux se sont posés sur le visage de Nora qui s'est moquée de moi.

J'ai entendu Conan se rapprocher de nous. « Fais-le, c'est tout. Personne ne le saura, et dans le cas contraire, ils ne diront pas un mot. Après tout, c'est toi qui vas diriger cet endroit. » Il y avait de l'arrogance dans sa voix.

« Assez joué. Si tu ne peux pas le faire, je m’en charge. » Nora a tendu la main vers l'épée d'argent. Si elle me touchait, j'étais foutue. Alaric ne pouvait la tenir que grâce à sa poignée en bois.

« Bon », a-t-il dit en se plaçant devant moi. « Regarde-moi », m'a-t-il ordonné, et c'est ce que j'ai fait. Son visage brun était flou avec mes yeux baignés de larmes.

« Même si la douleur devient insupportable, ne bouge pas », a retenti la voix d’alpha à nouveau, me figeant sur place. La main qui tenait l'épée a bougé, et la pointe effilée a touché le côté de ma joue. Il l'a fait descendre en faisant couler mon sang.

Une ligne de feu suivait la pointe de l'épée, et la douleur menaçait de me submerger. Sans l'ordre d'Alaric, j'aurais perdu connaissance.

« Ne crie pas », a-t-il ajouté de sa voix autoritaire.

Ma bouche s'est refermée et j’ai mordu ma langue.

Le feu a continué jusqu'à mon cou, puis jusqu'à mon décolleté. L'épée a traversé mes vêtements pour entrer en contact avec ma peau. Mon corps tremblait de douleur, mais je ne pouvais pas bouger, son ordre me l'interdisait.

Alaric s'est arrêté lorsque la pointe de l'épée a atteint le dessous d’un de mes seins. Le temps s'est arrêté. J'ai retenu mon souffle en le suppliant du regard de me laisser tranquille, de me laisser vivre.

« Fais-le », a insisté Nora.

Alaric a secoué la tête, le visage déformé par la douleur. J'étais sa compagne, après tout. Si je souffrais, il souffrait aussi. Je me demandais comment il était capable de me torturer ainsi. C'était peut-être le sang d’alpha qui coulait dans ses veines.

Nous savions tous les deux que me rejeter ne romprait pas le lien qui nous unissait. Malgré ce qu'il était, le fils de l'alpha, nous étions liés pour la vie. Ce n'était qu'avec ma mort qu'il serait vraiment libéré de moi.

Un instant, ses yeux étaient inquiets, l'instant d'après, de l'animosité s'en dégageait. Avant que je puisse cligner des yeux, il a enfoncé l'épée dans ma poitrine en transperçant mon cœur.

La douleur a explosé en moi, me faisant trembler. L'argent de l'épée brûlait ma chair en provoquant une immense agonie dans tout mon corps. Ma bouche s'est ouverte mais aucun son n'en est sorti.

Alaric a retiré l'épée, et je me suis effondrée sur le sol.

Alors que la douleur irradiait en moi, j'ai entendu des voix indistinctes parler autour de moi. J'ai senti quelqu'un me soulever, puis j'ai eu l'impression de tomber, tomber, tomber, jusqu'à entendre un bruit de craquements d'os alors que tout devenait noir.