Série Ever : Mon Éternité... Vraiment ?

Ember Morrissey était assise sur son lit, contemplant une vieille photo encadrée.

Aujourd'hui marquait la fin de ses années lycée. Hélas, son vieil ami ne serait pas là pour l'encourager, comme il l'avait fait si souvent ces deux dernières années.

Il lui manquait terriblement. Ses étreintes réconfortantes, sa façon de la faire rire quand elle avait le cafard. Elle regrettait de pouvoir tout lui confier sans jamais être jugée.

Un petit rire lui échappa. En somme, il lui manquait tout simplement.

Elle reposa la photo et tourna son regard vers la fenêtre, prenant une grande inspiration. À quoi bon s'apitoyer ? Ce qui est fait est fait.

Elle croisait encore Ryker de temps en temps, au lycée ou en ville. Mais il ne lui adressait jamais la parole et filait dès qu'il l'apercevait.

Reprenant la photo, Ember caressa doucement son visage. Ryker Hollington... son nom seul suffisait à la rendre mélancolique et nostalgique.

Il avait beau avoir deux ans de moins qu'elle, ça n'avait jamais eu d'importance. Dès qu'il avait été en âge de jouer avec elle, il était devenu son meilleur ami.

En grandissant, ils s'étaient confiés leurs secrets. Ils connaissaient des choses l'un sur l'autre que personne d'autre ne savait, et cette confiance mutuelle lui manquait cruellement.

Maintenant, elle se sentait bien seule.

« Ember ! Dépêche-toi, on va être à la bourre ! » cria Emerson du bas des escaliers.

Dans un soupir, elle remit la photo d'Emerson, d'elle et de Ryker sur sa commode. Puis elle embrassa son doigt avant de le poser sur le doux visage de Ryker.

« J'aimerais tant que tu sois encore mon ami, pour être à mes côtés aujourd'hui », murmura-t-elle avant de quitter sa chambre en vitesse.

« Je te jure, Ember, plus tu vieillis, plus tu traînes ! » lança Emerson avec agacement quand elle descendit les escaliers.

Levant les yeux au ciel, elle rétorqua : « Si j'ai besoin de ton avis, je te sonnerai ! »

Emerson était son frère jumeau et avait hérité du gène alpha de leur mère. À leurs seize ans, il avait commencé à essayer de l'utiliser sur elle.

Pourquoi ? Parce qu'elle avait reçu le gène oméga de leur père. Emerson pensait que cela la rendait doublement faible, étant à la fois une fille et une oméga.

Mais Ember ne se laissait pas faire, du moins avec Emerson. Face aux autres, elle cédait généralement.

Son refus de lui obéir ne faisait qu'attiser sa colère, ce qu'elle trouvait souvent amusant.

« Ne me réponds pas comme ça, Ember ! » s'emporta Emerson.

« Les enfants, ça suffit maintenant. Venez prendre votre petit-déjeuner et essayez d'être gentils l'un envers l'autre », appela Papa depuis la cuisine.

Ember soupira et emboîta le pas à son frère. Son frère d'avant leurs seize ans lui manquait. Elle n'aimait pas cette nouvelle version colérique.

Papa disait que c'était parce qu'Emerson n'avait pas encore trouvé sa compagne. Elle pensait que l'alpha en lui le rendait plus agressif et qu'il avait besoin d'une compagne pour l'apaiser.

Quelle qu'en soit la raison, cela ne rendait pas la cohabitation plus facile.

« Ember, as-tu invité quelqu'un d'autre que Deanna à ta fête dans deux semaines ? » demanda Papa en posant une assiette devant elle.

Ember baissa les yeux. « Non, Papa. Je n'ai personne à inviter. »

Elle était plutôt solitaire et avait du mal à se faire des amis, étant la jumelle la moins sociable.

Peut-être était-ce à cause de son gène oméga, ou simplement sa personnalité. Quoi qu'il en soit, elle avait deux amis... en fait, une amie maintenant, et c'était à peu près tout.

« Tu ne vas même pas demander à Ryker ? » demanda doucement Papa.

Ember secoua la tête sans lever les yeux. Papa ignorait pourquoi Ryker avait soudainement cessé de venir, ce qui expliquait pourquoi, à chaque événement important dans la vie d'Ember, il demandait toujours si elle en avait parlé à Ryker.

Ember ne savait pas vraiment ce qui l'avait poussé à l'abandonner. La seule chose qui lui venait à l'esprit était la conversation que Ryker avait eue avec Emerson.

Après avoir parlé à son frère, il avait disparu et ne lui avait plus adressé la parole depuis.

***

« Ton père fait les meilleurs gâteaux, Ember ! » s'exclama joyeusement Ryker, âgé de treize ans, en se léchant les lèvres.

Ils étaient assis sur la balancelle du porche après avoir mangé leur part de gâteau d'anniversaire.

« Oui, c'est vrai », acquiesça Ember en se blottissant contre lui, somnolente.

C'était étrange, mais aujourd'hui, quand Ryker était venu pour la fête d'anniversaire de ses seize ans et de ceux d'Emerson, Ember avait senti que quelque chose était différent chez lui.

D'abord, quand elle l'avait enlacé, elle avait eu du mal à le lâcher. Puis elle s'était sentie contrariée quand il avait souri à son amie Deanna.

Maintenant, elle voulait juste rester à côté de lui et le garder pour elle seule.

Ember ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Ce n'était pas une histoire de compagnons, car elle ne ressentait aucun picotement et son odeur n'avait pas changé.

Elle avait un petit béguin pour lui depuis un moment, alors peut-être que c'était tout. Ses sentiments d'adolescente devenaient plus forts.

Elle ne céderait pas à son béguin, cependant, car ils pourraient tous deux finir blessés lorsque l'un d'eux trouverait son véritable compagnon.

« Hé, Ryker, viens ici une minute », appela Emerson. « J'ai besoin de te parler. »

Ember faillit pleurer quand Ryker bougea.

« Chut, paresseuse ! Tu ne devrais pas dormir pendant ta fête d'anniversaire », la taquina Ryker en lui tapotant le bout du nez.

« Peu importe », grommela Ember en le regardant partir. Elle s'allongea sur la balancelle et ferma les yeux. Cependant, elle n'avait plus sommeil, juste froid et se sentait seule.

Elle se sentait confuse en essayant de comprendre pourquoi elle ressentait cela.

« Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? » marmonna Ember en se levant finalement une demi-heure plus tard. « Maman, tu as vu Ryker ? »

« Il est parti il y a environ vingt minutes. Je pensais que tu le savais », répondit Maman.

Sortant son téléphone, elle essaya de l'appeler, mais tous ses appels tombèrent sur la messagerie. Puis elle lui envoya des messages, mais il n'y répondit jamais non plus.

Il l'évita le reste de l'été, et quand l'école reprit, il l'ignora là aussi.

Après cela, elle abandonna l'idée de leur amitié.

***

Entendant quelqu'un s'éclaircir la gorge, Ember sortit de ses souvenirs pour trouver Emerson qui la regardait d'un air renfrogné de l'autre côté de la table. Elle l'ignora et se tourna vers Papa, qui les observait attentivement.

« C'est si triste que votre amitié ait pris fin. Vous étiez si proches tous les trois », dit Papa, l'air de savoir quelque chose.

Ember ne savait pas comment lui faire comprendre ce qu'elle-même ne comprenait pas, alors elle haussa les épaules et ne dit rien.

« C'était il y a longtemps », dit Emerson avec colère.

« Une amitié comme celle-là ne disparaît pas comme ça, fiston. Elle doit être jetée. La question est, lequel de vous trois l'a jetée ? » demanda Papa.

Puis, avec un dernier regard qui en disait long, il partit.

Emerson grogna avant de se lever et de partir en trombe.

Ember soupira. C'est une question à laquelle j'aimerais avoir la réponse. Malheureusement, Ryker ne me parle pas, et ma relation avec Emerson s'est tellement détériorée que je ne peux pas lui demander.

« Allez, les enfants », appela Maman. « Vous ne voulez pas être en retard pour votre remise des diplômes. »

Ember se leva et lissa sa robe bleue sans manches avant de se diriger vers la porte. Autant en finir.

Ce n'était pas qu'elle regretterait l'école, mais elle regretterait de voir Ryker comme l'école le lui permettait.

L'anniversaire de Ryker était deux semaines après le sien et, comme il n'aurait que seize ans, il lui restait encore deux ans d'école.

Ember regrettait son amitié et pensait qu'elle la regretterait toujours. Dans son cœur, elle espérait encore qu'un jour ils redeviendraient amis, et certains jours, c'était ce qui la faisait tenir.

« Allez, Ember », grogna bruyamment Emerson à côté de la voiture.

Ember grogna en retour en se dépêchant de descendre l'allée jusqu'à la voiture. Une fois à l'intérieur, Papa démarra et ils partirent.