La princesse disparue

LOGAN

Nous regardons avec stupeur tandis que le mur de tornades continue de tourner dans leur coin.

« Mais bordel, que se passe-t-il ? » s’exclame Cole au moment où il arrive derrière moi avec une autre poignée d’hommes.

Je le regarde et le vois, les yeux tout grands ouverts, regarder fixement la scène devant nous.

« J’imagine que c’est une sorte de magie », je constate en me tournant à nouveau vers la tempête surnaturelle.

« Cole, pour assurer la sécurité, emmène tous les invités dans le sous-sol. On ne sait pas de quel genre de magie il s’agit, ni de quel côté ils sont. Max, va chercher Délisia. Elle aura peut-être une meilleure idée de ce qu’il se passe devant nous. Devon, va mettre en place nos alarmes de périmètre. On fait rentrer tout le monde à l'intérieur pour le moment. Je ne veux personne dehors si ces tornades décident de venir vers nous. »

« Oui, Alpha », répondent-ils tous avant de se dépêcher d'accomplir les tâches qui leur sont assignées.

« Les autres, allez aider Cole à rassembler tout le monde et apportez la nourriture et les boissons au sous-sol avec vous pour que tout le monde soit content », j’ajoute.

Ils acquiescent avant de rapidement courir derrière Cole.

Mon attention se retourne pour contempler les tornades une dernière fois tandis que je fais un lien mental avec le reste de la meute qui n'assiste pas au bal d'accouplement.

« Tout le monde doit trouver un abri jusqu’à nouvel ordre. Allez sous terre ou dans un endroit sans fenêtre. Si vous n’êtes pas sur notre territoire, restez où vous êtes. Pour le moment, il n'est pas prudent de rentrer. » ~

Plusieurs réponses arrivent successivement dans mon esprit et me font grimacer.

« Qu’est-ce qu’il se passe ?! » ~

« On nous attaque ? » ~

« Qu’est-ce qui ne va pas ? Que se passe-t-il ? » ~

« Une tempête sévère avec des propriétés magiques a été aperçue au nord. Pour l’instant, prenez juste des précautions et faites ce que je dis. On répondra à toutes les questions quand on en saura plus »,~ je les informe ce qui calme instantanément mon esprit.

Je tourne rapidement les talons et cours vers le manoir où tout le monde est guidé vers les escaliers en colimaçon.

Heureusement, notre sous-sol est complètement aménagé. Il y a une grande salle de jeux avec deux tables de billard, une télévision grand écran, et beaucoup d'autres choses à faire.

Des flippers et des jeux d'arcade sont alignés sur un côté du mur, et à côté des tables de billard se trouvent une table de ping-pong et un baby-foot.

Il y a des étagères remplies de jeux de société, de films et de jeux pour les systèmes les plus récents.

Une cuisine de taille moyenne dispose d’une très grande table.

Sur la droite, une double porte mène vers notre gymnase intérieur. Et sur la gauche, se trouvent quelques salles de bains et chambres.

On devrait avoir ici tout ce qu’il faut pour un bon moment.

Tandis que nos derniers invités sont conduits en bas, j’aperçois Max qui arrive avec Délisia.

« Bonsoir, Alpha », dit-elle de sa voix mélodieuse.

« Bonsoir, Délisia. Max t’a-t-il expliqué pourquoi je t’ai demandée ? »

Elle opine avant que nous nous installions tous les trois autour de la table de la salle à manger.

« Oui. Et il me l’a également montré. C’est certainement fait par magie, même si ce n’est pas de la magie de sorcière. »

Je fronce les sourcils. « Que veux-tu dire ? Quelle sorte de magie cela peut-il être ? »

Elle pince ses lèvres et hausse les épaules.

« Je ne sais pas. La magie semble puissante mais inconnue. Si c’était de la magie de sorcière, je la reconnaîtrais, mais ça… Cela semble étranger. Je n’ai jamais rien senti de tel. »

« Sommes-nous en danger ? »

« Je—je ne crois pas. La magie ne semble pas malveillante… On dirait… on dirait que cela protège quelqu’un ou quelque chose. »

« Cela protège ? Mais comment ? »

« Eh bien, la seule hypothèse que j’ai... Soit celui qui a conjuré la tempête protège quelqu'un dans la forêt de la meute qui se trouve au nord, soit il protège la meute de quelque chose dans les bois. Je ne peux pas être sûre, cependant, sans y aller. »

Je hoche la tête en étendant mon bras sur la table et en commençant à tambouriner mes doigts pendant que je réfléchis.

« Ok... Je ne veux pas que tu te mettes en danger, donc jusqu'à ce que la tempête soit passée, nous resterons tranquilles. Es-tu capable de la sentir, ou dois-je demander à quelqu'un de la surveiller ? »

« Je la sens. Je te dirai quand elle sera partie », répond-elle. Dieu merci, nous avons une sorcière résidente. Je l’ai rencontrée quand j’étais jeune.

Ma meute a sauvé son coven d’une attaque de vampire.

Elle était orpheline depuis peu et elle a décidé de rester avec nous, donc mes parents l’ont accueillie.

Maintenant, elle est comme une sœur pour moi et c’est l’une de mes amies en qui j’ai le plus confiance.

Quelques heures passent et je suis forcée de me mêler aux invités.

Finalement, Délisia vient me voir, ce qui interrompt ma conversation avec Anastasia, l’une des filles qui est censée être l’une des potentielles lunas.

« Alpha », dit Délisia en arrivant vers moi.

« Excuse-moi, Anastasia », dis-je avant de m’éloigner avec Délisia.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » je demande à voix basse en la guidant vers l’un des coins où nous aurons un peu plus d’intimité.

Cole et Max nous rejoignent rapidement, curieux d’entendre ce qu’elle va dire.

« Je sens que la tempête se dissipe—», commence-t-elle avant qu’une forte sirène ne retentisse autour de nous, ce qui pousse tout le monde à se couvrir les oreilles.

Je me précipite vers le tableau des alarmes et je la coupe.

« Cela doit être l’alarme du périmètre », constate Max en enlevant ses mains de ses oreilles. J’opine.

« Cole, Max et Délisia, venez avec moi. Nous allons vérifier. Tout le monde reste ici », j’ordonne avant de nous précipiter tous les quatre dans les escaliers et de sortir par la porte d'entrée.

Max attrape un sac dans lequel se trouvent quelques habits de rechange au cas où nous devions nous transformer et nous montons dans le véhicule que Cole a déjà démarré.

Nous partons dès que nous sommes tous montés et nous retournons vers la frontière nord où l'alarme a été déclenchée.

Tandis que nous nous rapprochons, l'odeur la plus céleste envahit mes narines, et je respire profondément. Jasmin et vanille.

Mon loup s'agite en moi, il lève le nez en l'air, à la recherche de la source de l'odeur...

« Qu’est-ce que c’est ? » je l’interroge tandis que la voiture se gare et que nous en descendons.

Tout d’abord, nous ne voyons rien en regardant aux alentours, reniflant ce qui a pu déclencher l’alarme.

« Je…ne sais pas encore… » répond mon loup, d’un ton incertain. ~« Je ne sens pas que le jasmin et la vanille. Je sens aussi la saleté… et du sang… »~ ~

Je suis mon nez lorsque j’aperçois finalement quelque chose. Lentement, je m'approche, pas sûr de ce que je vois au début.

L'odeur métallique du sang emplit mes narines, devenant de plus en plus forte au fur et à mesure que je m'approche de la silhouette allongée en tas sur le sol.

Soudain, mes oreilles perçoivent le son d'un battement de cœur, bien qu'il soit lent et faible.

J’ai la respiration coupée en réalisant que je regarde une jeune femme. Je continue à m’avancer vers elle, mes yeux observant son visage.

Sa peau pâle est toute bleuie par le froid. Ses cheveux de jais sont longs et emmêlés de feuilles mortes et de saleté.

L'intérieur de ses cuisses est maculé de sang et laisse apparaître de longues marques de griffes. Mon regard se dirige vers son visage.

Il y a un grand bleu gonflé sur sa joue.

Ses yeux sont fermés et ses lèvres reflètent le même bleu pâle que le reste de son corps.

Elle est absolument magnifique, même dans son état actuel, même si elle semble proche de la mort.

« Partenaire » souffle mon loup, et mes yeux s’écarquillent en la reconnaissant.

« Mais qu’est-ce qu’il a bien pu lui arriver ?! » je grogne en réponse tout en la prenant rapidement dans mes bras. Sa tête tombe instantanément contre ma poitrine.

Sa robe presque inexistante est complètement transparente, et je sens mon visage s'échauffer lorsque je réalise que je peux tout voir.

Je détourne instantanément les yeux car j’ai l'impression de violer son intimité.

« Je ne sais pas, mais on le découvrira. Dès qu’elle ira mieux, nous pourchasserons celui qui lui a fait ça et nous le tuerons » réplique mon loup.

J’acquiesce immédiatement, ma mâchoire serrée de détermination.

« Délisia », j’appelle. « Dépêche-toi, apporte une couverture. »

Je commence à porter ma partenaire vers la voiture et Délisia se précipite vers moi, en serrant une couverture polaire contre elle.

« Oh, Déesse ! Qui lui a fait ça ?! » s’exclame-t-elle avec colère en la couvrant avec la couverture et en la coinçant du mieux qu’elle peut.

« On en parlera plus tard », je réponds d’un ton bourru, trop concentré pour emporter ma partenaire en sécurité.

Elle opine et nous nous pressons le pas tandis que j’appelle les autres : « Max ! Cole ! Venez ! »

Ils sortent tous les deux des bois en courant et se précipitent vers nous. « Qui c’est ? » demande Cole, surpris.

« Peu importe. Dis mentalement à Sophie de nous rejoindre à l’infirmerie », je lui ordonne avant que ses yeux ne se voilent et qu'il informe sa partenaire.

Cole remonte sur le siège du conducteur, cette fois avec Max à l'avant.

Je m'installe prudemment à l'arrière avec ma compagne, la gardant contre moi en partageant la chaleur de mon corps. Délisia grimpe à côté de nous.

Elle se penche sur la frêle jeune fille enveloppée dans mes bras et pose ses mains sur elle en fermant les yeux.

« Elle est faible et épuisée. Ses blessures ne sont pas mortelles tant qu’elles sont soignées correctement, mais il faut qu’on la réchauffe », constate-t-elle.

« Tu veux que je monte le chauffage ? » demande Max.

« Non. C’est mieux si elle se réchauffe petit à petit. Laisse-le bas », explique Délisia. Max opine et enlève sa main du bouton.

Nous arrivons bientôt devant la maison de la meute.

« Cole, excuse-moi auprès de tout le monde et escorte-les dehors. Que les valets commencent à rapprocher toutes les voitures. Max, prépare la chambre à droite de la mienne. Quand elle sera assez bien pour quitter l'infirmerie, je veux un endroit où elle pourra se reposer. Délisia, reste avec moi pour l'instant », je demande avant qu'ils ne se dispersent pour exécuter mes ordres.

Délisia et moi, on se précipite à l’infirmerie. Ma partenaire est toujours inconsciente dans mes bras, mais sa peau n’est plus teintée de bleu.

Ses lèvres charnues, en forme de cœur, sont maintenant d'un rouge vif et séduisant. La couleur a commencé à s'infiltrer dans ses joues, les laissant légèrement rosées.

« Elle est magnifique »,~ ronronne mon loup dans ma tête.

« Ça, c’est sûr ! » je lui réponds.

« Oh, Déesse ! Dépêche-toi ! Pose-la sur le lit ! », s’exclame Sophie dès qu’elle entre dans la pièce.

Je fais ce qu’elle me dit et elle va rapidement de l’autre côté, prend son pouls et écoute son cœur.

Ses yeux deviennent vitreux au moment où elle fait un lien mental avec quelqu’un, et quelques secondes plus tard, deux infirmières arrivent rapidement avec du matériel.

« Je suis désolée, Alpha, mais je vais devoir vous demander à toi et à Délisia de vous mettre sur le côté pendant qu’on travaille. »

Je plisse les yeux, ne voulant pas la quitter, mais Délisia attrape mon bras et m’emmène. « Elle va s’en sortir, Logan », m’assure-t-elle.

« Tu crois que c’est elle qui était protégée ? Par ces tornades ? »

Délisia pince les lèvres. « Cela aurait du sens. Dès qu’elles ont disparu, elle est entrée dans le périmètre de notre alarme. »

J’opine. J’avais besoin d’entendre cette réponse.

« Je veux que tu voies ce que tu peux découvrir. Je veux savoir de qui elle était protégée et pourquoi. Tu peux faire ça ? »

« Bien sûr. Je m’y mets tout de suite. Ça va aller, toi ? »

« Oui, merci. Dès que tu as trouvé quelque chose, dis-le moi », j’insiste.

Elle hoche la tête en signe d'accord et va pour partir, mais elle se retourne vers moi et me lance un regard hésitant. « Quoi ? » je demande.

« Eh bien... C'est juste que... Que vas-tu faire quand je les trouverai ? »

Mes lèvres se crispent en un grognement alors que je pense à celui qui a blessé ma partenaire comme ça. « Je les tuerai. »