Zainab Sambo
LAUREN
Toc.
Toc.
« Mademoiselle Hart », il a hoché la tête. « Vous êtes en retard. » C’est ainsi que ce connard a tourné les talons et est retourné à l’intérieur, pour me laisser debout près de la porte, le cœur sur le point d’exploser.
Je l’ai suivi à l’intérieur du salon, qui était luxueusement meublé et qui avait une vue magnifique depuis les fenêtres du balcon.
Il faisait froid à l’intérieur, mais chaque partie de mon corps semblait brûlante et en sueur.
« Asseyez-vous. »
Je me suis assise à contrecœur, perchée sur un canapé, tandis que monsieur Campbell s’était allongé avec une aisance insolente dans un autre fauteuil.
Il a croisé ses jambes, et son regard m’a aussitôt intimidée. Ses doigts tambourinaient lentement sur sa cuisse, et mon estomac se resserrait.
Je ne savais pas à quoi je devais m’attendre en débarquant ici.
Il était trois heures du matin !
Normalement, si mon patron essayait de m’appeler si tôt, je l’ignorerais volontiers, quoi qu’il veuille.
Or, mon patron était Mason Campbell.
On ne dit pas non à Mason Campbell. Pas si l’on veut vivre une longue vie heureuse.
J’ai scruté son visage à la recherche d’indices sur la raison pour laquelle il m’avait convoquée ici.
Ses yeux rougis et vitreux, ainsi que son expression discrète, indiquaient clairement qu’il avait bu quelques verres de trop.
Je m’attendais à ce qu’il dise quelque chose, mais après quelques instants de silence, il s’est levé et s’est dirigé vers le minibar de la pièce.
J’ai regardé son dos musclé, et j’ai pris conscience du fait que j’étais seule dans une chambre d’hôtel avec l’homme le plus puissant d’Angleterre.
« Buvez-vous, mademoiselle Hart ? »
Il s’est penché, et s’est servi un verre dans une coupe de cristal.
« Non », ai-je répondu, la bouche sèche. J’aurais bien aimé boire un verre, mais j’avais l’étrange impression qu’il s’agissait d’une sorte de test. Si j’échouais, je ne reverrais probablement jamais la lumière du jour.
Malgré ma réponse, il m’en a quand même servi un.
Il me l’a offert, et l’a posé sur la table devant moi.
Puis, au lieu de retourner à sa chaise, il s’est assis à côté de moi, sur le canapé.
J’ai pris mon verre, et je l’ai regardé fixement. Je sentais que ses yeux argentés me fixaient avec insistance. Il tenait sa coupe de cristal, mais ne la buvait pas.
« Pourquoi pensez-vous que je vous ai engagée, mademoiselle Hart ? »
J’ai essayé de trouver une réponse. Ce n’était certainement pas parce que j’étais qualifiée pour le poste. Je n’étais pas non plus un top model, comme toutes les autres personnes chez Campbell Industrie.
Pourquoi cet homme, qui pouvait s’offrir n’importe qui, s’était-il embêté à m’embaucher ?
Mon esprit est devenu complètement hystérique lorsque son regard d’acier froid m’a pénétrée.
Comment pouvait-il demeurer aussi calme et détendu, alors que j’étais une véritable boule de nerfs ?
« Je… je ne sais pas, monsieur. » Je n’avais pas envie de répondre à la légère.
Mason Campbell aurait vu clair dans mon jeu.
Toutefois, l’honnêteté ne m’aidait pas vraiment.
Cet homme avait l’habitude d’être au sommet. Il était si puissant que personne n’osait le contrarier de quelques manières que ce soit. Il était donc habitué à être entouré de gens intelligents.
Je ne savais pas s’il détestait plus les menteurs, ou les gens stupides.
« Pourquoi m’avez-vous engagée, monsieur ? »
Il a déposé sa coupe et s’est penché vers l’avant, les coudes posés sur ses genoux.
J’ai essayé d’ignorer le gonflement de ses biceps, hors de sa chemise
J’ai tenté de ne pas regarder comment elle était déboutonnée, ce qui me permettait d’apercevoir son torse musclé.
« C’est moi qui pose les questions ce soir », a-t-il déclaré d’un ton sévère.
J’ai bu une gorgée et j’ai avalé avec difficulté, étouffée par l’amertume de l’alcool.
« Avez-vous un mari, mademoiselle Hart ? » m’a-t-il demandé.
Pourquoi voulait-il savoir ça ?
« Répondez », a-t-il insisté. « Je n’ai pas toute la nuit. »
« Non », ai-je répondu, « Je ne suis pas mariée. »
« Avez-vous un petit ami ? » a-t-il demandé.
Je sentais mon cœur s’emballer de plus en plus vite.
« Non », ai-je répété.
« Est-ce que vous avez un amant ? » a-t-il déclaré.
« Monsieur Campbell. C’est… ça devient très personnel », ai-je balbutié.
« Oui ou non », a-t-il insisté. Il s’est approché vers moi, jusqu’à ce que je sente l’alcool dans son haleine.
« Non » ai-je affirmé finalement, la voix tremblante.
« Très bien », a-t-il commenté.
Très bien !
Pourquoi diable s’en soucie-t-il ?
« Je peux donc supposer que vous êtes entièrement dévouée à votre travail », a-t-il poursuivi.
« Vous vous en êtes assuré », ai-je répondu.
« Eh bien, vous êtes sur le point de vous engager davantage », a-t-il déclaré.
« Qu’est-ce que ça signifie ? »
Il s’est levé brusquement, et lorsqu’il s’est éloigné de moi, j’ai enfin pu respirer pour la première fois depuis que j’étais entrée dans la pièce.
« J’ai une proposition à vous faire, mademoiselle Hart », a-t-il annoncé, sans tenir compte de ma question. « Une proposition que vous ne pouvez pas refuser. »
Mon esprit me criait de fuir. Des alarmes se sont déclenchées dans ma tête.
Lorsque Mason Campbell voulait conclure un marché, vous pouviez être certain qu’il vous prendrait tout et vous laisserait sur le bord de la route, les poches vides.
La seule chose que l’on pouvait faire était de sourire, et de dire merci si l’on souhaitait survivre.
« Quel genre de proposition ? »
Son froncement de sourcils s’est accentué et ses yeux ont rougi.
Je devais me rappeler de respirer à nouveau.
« Épousez-moi », a-t-il répondu.