Kate peinait à porter son sac tout en maniant ses béquilles. Indépendante de nature, elle détestait demander de l'aide, mais cette blessure allait lui compliquer la vie pendant au moins six semaines.
Elle regrettait d'avoir enlevé la longue bandoulière de son sac la veille. N'avoir que des poignées courtes rendait l'utilisation des béquilles encore plus ardue.
Les larmes lui montaient aux yeux, ce qui l'agaçait davantage. Elle avait horreur de pleurer !
Quand son sac tomba et se renversa par terre, elle fut à deux doigts de baisser les bras. Elle tenta de le ramasser en équilibre sur une jambe, sans succès.
« Merde et merde ! » s'exclama-t-elle avec colère.
« Mademoiselle, laissez-moi vous aider ! » entendit-elle derrière elle. Elle se retourna et vit un homme se pencher pour remettre ses affaires dans son sac.
Son regard fut immédiatement attiré par son épaisse chevelure brun foncé. Quelques mèches plus claires et quelques cheveux gris parsemaient sa tignasse.
Elle se surprit à se demander quelle sensation cela ferait de passer ses doigts dans ces cheveux.
« Mais à quoi je pense ? Il faut que je rentre chez moi, je commence à perdre la boule ! » se dit-elle.
L'homme se redressa, et Kate en eut le souffle coupé. Jamais elle n'avait vu un homme pareil.
Ses cheveux en bataille lui donnaient un air diablement séduisant. Ses yeux marron pétillants avaient une lueur espiègle.
Elle se demanda si leur couleur changeait selon son humeur. Pour l'instant, ils semblaient inquiets, ce qui faisait battre son cœur plus vite.
Sa peau hâlée et son costume impeccable mettaient en valeur sa silhouette athlétique. Il était très grand, dépassant largement le mètre quatre-vingts. À côté de son mètre soixante, il avait l'air d'un géant.
Elle le trouva tout de suite à son goût et ne put s'empêcher d'imaginer ce qui se cachait sous sa chemise blanche moulante.
« Tout va bien ? Vous avez besoin d'aide ? » demanda l'homme.
Sa voix grave et douce lui procura une sensation de chaleur et un drôle de picotement dans le ventre.
Une barbe de quelques jours ornait son visage. Loin de masquer ses traits, elle accentuait sa mâchoire carrée.
Incapable de parler, elle se contenta de secouer la tête tandis qu'une larme roulait sur sa joue.
« Oh, je suis désolé ! Comment puis-je vous aider ? » l'entendit-elle dire doucement.
Elle déglutit et prit une grande inspiration. « Non, c'est moi qui suis désolée. C'est une journée pourrie et ça ne fait qu'empirer !
« J'essayais d'attraper mon téléphone pour appeler un taxi et j'ai tout fait tomber ! Je n'ai jamais utilisé de béquilles avant et le médecin ne m'a pas bien expliqué comment m'en servir.
« En plus, il n'y a même pas un banc pour s'asseoir dans le coin ! »
Ted regarda autour de lui et constata qu'elle avait raison à propos des bancs. Il se promit de régler ce problème rapidement. Et le fait que le médecin ne l'ait pas aidée le mettait en rogne.
C'était le boulot du toubib, et il allait découvrir lequel c'était pour lui en toucher deux mots au nom de cette jolie femme.
Il essaya de ne pas montrer à quel point il la trouvait à son goût, mais il ne put s'empêcher de la dévorer des yeux.
Elle avait de belles jambes et des fesses rebondies, exactement comme il les aimait. Il n'était pas fan des femmes trop minces et adorait les courbes, et elle avait des formes parfaites là où il fallait.
Sa poitrine était plutôt menue, mais avec le t-shirt moulant qu'elle portait, il devinait un joli soutien-gorge en dentelle en dessous. Ses cheveux roux avaient une teinte fascinante, presque couleur coucher de soleil.
Ses yeux verts semblaient tristes et brillaient de larmes contenues. Ted avait envie de la serrer dans ses bras pour la réconforter.
Mais était-ce mal de sa part ? Il voyait bien qu'elle était plus jeune, probablement la trentaine à peine, et devait sûrement avoir un petit ami vu comme elle était jolie.
Pourtant, elle lui faisait ressentir quelque chose qu'il n'avait pas éprouvé depuis longtemps ! Et il adorerait l'avoir dans son lit aussi.
« Je vois ça. Laissez-moi vous aider. Pourquoi avez-vous besoin d'un transport ? »
« Pour rentrer chez moi ; je ne peux pas marcher vingt-quatre bornes dans cet état ! »
« Personne ne vient vous chercher ? Comment êtes-vous venue ici ? »
« J'ai pris un taxi pour venir. Je ne pouvais pas conduire puisque c'est ma jambe droite. Et non, personne ne vient me chercher. Alors vous pouvez me passer mon téléphone et tenir mon sac pour que je puisse rentrer ?
« J'ai vraiment besoin de surélever ma jambe et de prendre un de ces antidouleurs », dit-elle d'un air las.
« Donc, pas de petit ami ou petite amie ? Pas de parents ou de frères et sœurs pour vous aider ? »
Elle eut un petit rire. « Pas de petit ami ni de petite amie. Et ma famille habite à trois heures d'ici, et je n'ai pas besoin de leur genre d'aide ! »
Il était intrigué par ce qu'elle disait et surpris qu'elle n'ait personne pour l'aider. « Eh bien, dans ce cas, c'est réglé. Je vais simplement vous ramener chez vous. »
« Quoi ? Vous n'avez pas à faire ça ! Un taxi fera très bien l'affaire ! »
« Non, je vais vous raccompagner et m'assurer que vous soyez bien installée. Vous pouvez attendre ici pendant que je vais chercher ma voiture ? Ou vous préférez que je vous apporte un fauteuil roulant ? »
« Oh là là, pas de fauteuil roulant ! »
Il eut un petit rire. « D'accord, je vais chercher ma voiture. Elle est juste au coin de la rue. »
« Comment je peux savoir que vous n'êtes pas un psychopathe et que je peux vous faire confiance ? »
« Vous prenez des taxis avec des inconnus mais vous vous méfiez de moi ? Vous avez raison. Je m'appelle Ted Evans. Je travaille ici à l'hôpital, et je vous promets que je ne suis pas un psychopathe. »
Kate le regarda et ne put s'empêcher de se sentir en sécurité avec lui. Elle était crevée et n'avait qu'une envie, retrouver son canapé, alors elle hocha la tête, espérant ne pas le regretter et finir six pieds sous terre.
Elle se mordit la lèvre en repensant à ce qu'il avait dit à propos de prendre des taxis avec des inconnus.
« D'accord, je vous crois. Allez chercher votre voiture et filons d'ici. »
Ted lui sourit. « D'accord, donnez-moi juste une minute. Je reviens tout de suite. »
Il posa sa mallette à côté d'elle, l'aida à mieux se tenir sur ses béquilles, et fila chercher sa voiture.
Kate apprécia la vue de ses jambes musclées et de son postérieur pendant qu'il courait vers le parking des employés et trouvait sa voiture à sa place réservée.
Être le médecin en chef avait ses avantages ! Il était content d'avoir pris son gros véhicule aujourd'hui pour pouvoir y mettre les béquilles.
Il sortit du parking et s'arrêta juste devant elle à l'entrée. Il descendit et l'aida délicatement à s'installer sur le siège passager, fermant la portière une fois qu'elle fut bien calée.
Il mit son sac à main et sa mallette sur la banquette arrière avec les béquilles, puis alla s'asseoir côté conducteur.
« Je m'appelle Kate, au fait. Katelynn Rogers. Merci, Ted, pour votre aide. »
« Ravi de vous rencontrer, Kate, et c'est un plaisir de vous aider. Alors, où allons-nous ? »
Kate sourit et lui indiqua le quartier général où ils se rendaient. Il fut impressionné par le beau quartier d'affaires pas trop loin de chez lui.
Il démarra la belle Mercedes en douceur. Kate ne put s'empêcher de remarquer ses mains et s'y intéressa. Elles étaient grandes et fortes, mais la peau semblait si douce.
Elle se demanda vraiment quelle sensation elles produiraient sur sa peau, et elle bougea sur son siège pour essayer de faire disparaître la sensation humide et picotante entre ses jambes.
Ted remarqua ses mouvements et la peau lisse de ses jambes, et il sentit une érection commencer à se former. Il s'en voulut car elle était blessée et vulnérable.
« Donc, je vous ramène chez vous, n'est-ce pas ? Je ne pense pas que vous devriez bouger puisque vous êtes si instable... »
« Oh non, c'est bien ça. Mon espace de travail est dans la partie avant et mon appartement est dans la moitié arrière. Que faites-vous à l'hôpital ? »
« Je suis chirurgien. J'ai fait toute ma carrière à Sainte-Marguerite. J'y ai fait ma formation puis ma spécialisation, et me voilà. J'adore les gens là-bas et j'y ai de très bons amis. »
Kate adorait l'écouter parler et le laissa raconter sa vie à l'hôpital avant de devoir l'interrompre pour lui donner les directions vers chez elle.
Elle lui indiqua comment arriver dans sa rue et vit son immeuble au bout, puis lui dit de tourner au coin pour aller dans la zone privée.
« K. Rogers Designs... c'est vous ? »
« Oui, je suis la patronne, on peut dire ça comme ça... »
« J'ai vu certaines de vos créations. Vous avez un talent fou ! »
« Merci », dit-elle en rougissant.
Elle adorait son boulot et ce qu'elle faisait, et était fière d'être douée pour ça, mais les compliments la mettaient mal à l'aise et la faisaient toujours rougir.
Ted eut un petit rire en se garant à côté d'une Mini Cooper décapotable blanche. Il pensa que ça lui allait bien, petite mais sexy.
Il sortit et alla l'aider à descendre, la stabilisant sur ses béquilles. Il porta son sac à main et marcha derrière elle jusqu'à la porte.
Il y avait une jolie terrasse tout autour avec de grands pots remplis de fleurs tropicales et de palmiers.
Il y avait un portail au début de l'allée qui se refermait derrière eux, et il apprécia qu'elle ait un espace privé, surtout puisqu'elle était seule ici.
Elle arriva à la porte et entra un code sur la serrure, et il l'entendit se déverrouiller. Il tendit le bras autour d'elle et tourna la poignée pour pousser la porte en bois clair.
Ted tint la porte vitrée pendant que Kate entrait lentement. Il la suivit à l'intérieur et ferma la porte derrière lui.
