Il s’est avéré que son instinct était vraiment pourri.
Après plusieurs minutes à courir à travers les bois, ses chaussettes roses et duveteuses pratiquement recouvertes de terre et de feuilles, Kenzie a ralenti avant de s’arrêter, en essayant désespérément de reprendre son souffle.
Les courses hebdomadaires avec sa famille l’aidaient à rester en forme, mais elle ne pouvait pas courir ainsi indéfiniment.
Elle n’était pas très mince pour une raison, et cette raison était clairement que le cardio était l’une des pires choses pour elle.
Contrairement aux loups dotés de force et d’endurance surnaturelles, le corps de Kenzie était celui d’un être humain banal.
Un être humain qui aimait grignoter et considérait qu’un exercice difficile consistait à lire un livre pendant des heures.
Son physique n’était pas le seul trait humain qu’elle possédait.
Les loups pouvaient potentiellement vivre éternellement, mais Kenzie était destinée à une vie beaucoup plus courte, sauf si elle trouvait son âme sœur... et que ce compagnon était immortel.
Sinon, elle était aussi vulnérable qu’un véritable humain.
Condamnée à mourir aujourd’hui, simplement parce qu’elle était une sorcière.
Elle ne représentait même pas une menace pour l’Alpha fou ! Mais si ce lunatique détestait autant son espèce, comment pouvait-elle raisonnablement imaginer qu’elle pouvait le convaincre de la laisser vivre ?
Pourquoi cela lui avait-il semblé être une bonne idée à un moment donné ?
Kenzie avait envie de hurler dans la nuit alors qu’elle avançait à travers les bois.
Elle voulait lancer une décharge de magie si puissante que celle-ci ferait tomber n’importe quel alpha sur les fesses si elle se sentait menacée, mais cela n’arriverait jamais, et elle devait arrêter de rêver à des choses qui ne se réaliseraient jamais.
Elle ne pourrait rien faire si elle n’arrivait même pas à se concentrer sur sa prochaine action.
En parlant de ça... Elle a regardé autour d’elle, un petit bruit de frustration s’est échappé de ses lèvres.
Elle était presque sûre d’être perdue.
Courir dans la direction opposée de Sam lui avait semblé être une idée intelligente. Cela semblait avoir du sens de courir vers le danger, mais il n’y avait pas de loups autour d’elle, pas de hurlements dans les environs.
Peut-être que Kenzie s’était perdue quelque part sur le chemin. Elle était vraiment nulle en orientation.
Elle a continué à avancer vers la gauche. L’épaisseur des arbres lui rappelait sa prémonition, et elle a frissonné, cherchant autour d’elle un loup caché dans l’ombre.
Elle ne voyait rien. Alors qu’une vague de peur montait en elle, elle s’est rappelé de la raison pour laquelle elle se sacrifiait. C’était pour sa famille, sa meute.
Sa famille, sa meute. Kenzie se répétait cela comme un mantra dans sa tête jusqu’à ce qu’elle trébuche sur une racine et se rattrape de justesse.
Elle était sur le point d’abandonner et de faire demi-tour, lorsqu’il y a eu un changement subtil dans la nature.
Les grillons se sont tus, même la forêt semblait retenir son souffle, la mettant en garde contre un danger. Elle s’est tournée lentement pour faire face à ce qui se trouvait derrière elle.
À quelques mètres de là se tenait un homme trapu, pas beaucoup plus grand qu’elle, mais bâti comme s’il pouvait soulever un bus scolaire sans aucun problème.
Il aurait pu être séduisant, sans l’expression de son regard.
L’homme la regardait comme si elle était un insecte sous un microscope, un insecte qu’il voulait disséquer.
Il était définitivement un loup, et un prédateur.
Il portait un survêtement gris, visiblement sans sous-vêtements, à en juger par la bosse qui grandissait dans son pantalon.
Un rougissement nerveux est apparu sur les joues de Kenzie, et elle a regardé son visage au-dessus de son torse nu, remarquant son sourire cruel et sa tête dégarnie alors que la peur commençait vraiment à s’installer.
Son aura était un mélange de noir et de gris sombre tournant autour de son corps. Elle a fait un pas en arrière malgré elle.
Elle s’est concentrée sur l’absence de cheveux à certains endroits, en espérant que cela la rendrait moins nerveuse, et d’une certaine manière, cela fonctionnait.
Même les loups étaient touchés par la génétique.
L’homme n’a pas bougé pendant quelques secondes, avant de s’avancer lentement vers elle, avec une expression de plus en plus sinistre à chaque pas.
Elle savait que réagir comme une proie était stupide, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de reculer, voulant désespérément créer une distance qu’il était déterminé à réduire.
Kenzie reculait rapidement à chaque pas lent qu’il faisait, jusqu’à ce que son dos heurte un arbre.
Elle s’y est agrippée comme à une bouée de sauvetage, elle espérait que sa faible connexion avec la nature l’aiderait, même si elle savait que c’était désespéré.
« Es-tu Kieran? » a-t-elle demandé doucement, presque effrayée à l’idée d’élever la voix et que cela le pousse à l’attaquer. Même poser la question semblait ridicule. Cet homme n’avait rien à voir avec son loup de rêve.
À ce moment précis, Kenzie s’est promis de se plonger la tête dans un seau d’eau glacée pour éclaircir ses pensées si elle survivait à cette nuit.
Avec un peu de chance, le choc du froid éliminerait les pensées étranges qui l’assaillaient.
L’homme s’est arrêté un instant, en lui souriant d’une manière qui l’a fait trembler de peur. Ses doigts se sont enfoncés dans l’écorce alors que Kenzie contournait le côté de l’arbre.
Son plan de capitulation partait en fumée devant son regard hostile et charnel. Elle ressentait une forte envie de fuir sans se retourner.
Elle devait s’éloigner de lui le plus vite possible.
Ses muscles raides se sont détendus, sa respiration saccadée s’est calmée. Même sa terreur s’estompait sous la sensation de calme qui semblait la submerger.
Le loup s’est approché, son oreille a frémi en percevant le battement régulier de son cœur. Bon sang, il pouvait probablement sentir ses émotions, en y réfléchissant bien.
Kenzie a grimacé, elle ressentait soudain l’envie de lever le bras et de se sentir pour détecter des odeurs désagréables, malgré la situation terrifiante dans laquelle elle se trouvait.
« Tu vas regretter de ne pas être lui quand j’en aurai fini avec toi. »
Ses yeux se sont posés à nouveau sur ceux de l’homme. Son corps s’est tendu en entendant son ton cruel. Il a souri une nouvelle fois, espérant la terrifier comme tout à l’heure.
Quel connard absolu !
En un instant, il a bougé, presque trop vite pour qu’elle puisse agir alors qu’il bondissait dans les airs, ses doigts se transformant en griffes pour la frapper.
Kenzie s’est écartée de l’arbre, ses muscles se sentaient plus vifs en s’éloignant de lui.
Elle ne savait pas comment elle avait puisé sa force dans la nature à ce moment-là, mais elle a envoyé une prière silencieuse de remerciement à l’univers, déterminée à échapper à ce crétin de loup qui la poursuivait.
Un juron a retenti derrière elle, la laissant penser qu’elle l’avait réellement semé, jusqu’à ce que son corps massif percute sa hanche.
Ses griffes ont déchiré son pull, et elle a crié de douleur alors qu’il la jetait sur le côté, la faisant tomber dans la terre.
Kenzie est tombée dans un bruit sourd. Elle était étourdie par le changement de position soudain, ses côtes étaient douloureuses alors que le corps imposant de l’homme tombait sur elle, l’immobilisant contre le sol dur.
Ses griffes se sont enfoncées dans sa taille, il l’a retournée sur le dos alors qu’elle criait. La terreur qu’elle venait de vaincre était de retour.
À califourchon sur elle, l’homme s’est installé plus fermement sur elle jusqu’à ce qu’elle puisse à peine respirer, la position était très similaire à ce que son loup de rêve avait fait, mais cela ressemblait à une agression.
Alors que l’action de son loup de rêve avait ressemblé à une étreinte.
L’homme frottait ses hanches contre son bassin, ses mouvements laissaient clairement entendre qu’il avait l’intention de la violer avant de la tuer. Il n’en était absolument pas question. Non !
En hurlant, Kenzie se débattait sauvagement sous lui jusqu’à ce que son genou heurte son entrejambe. Il est presque tombé sur elle avant qu’elle ne se dégage, son corps se figeant de peur.
Elle voulait courir pour échapper au danger, mais elle restait immobile, en le regardant se tordre sur le sol.
Ses mains se sont crispées sur l’herbe du sous-bois, et elle a ressenti cette étrange sensation de calme tenter de s’infiltrer à nouveau dans son corps.
Ce n’était pas suffisant pour faire disparaître sa peur comme plus tôt, mais c’était juste assez pour que ses membres se réveillent.
Kenzie s’est redressée, utilisant sa peur pour se propulser loin de la menace qui gémissant derrière elle comme une petite fille.
Ses chaussettes se sont accrochées à quelques branches tombées. Elle les a arrachées rapidement, le désespoir rendait ses mouvements maladroits.
Les plantes de ses pieds se sont irritées dans sa précipitation pour fuir, mais elle a continué, refusant de regarder en arrière.
Elle savait que ses instincts et sa prémonition lui disaient quelque chose que son cerveau ne voulait pas comprendre. Elle-même ne pouvait et ne voulait pas comprendre.
Il représentait clairement le danger, et pourtant, elle courait de manière frénétique dans l’espoir qu’il la trouve et la protège du loup qui la traquait.
À quoi pensait-elle ? C’était de la folie. Cela n’avait aucun sens, mais elle faisait confiance à son intuition.
L’Alpha fou avait-il vraiment envoyé l’un de ses loups pour l’agresser avant qu’elle ne soit amenée à lui et tuée ?
Instinctivement, elle savait que la réponse était un non catégorique. Sans savoir pourquoi, elle était absolument certaine que le loup derrière elle agissait en dehors des ordres de son alpha. Elle en était certaine. Elle le sentait.
Peut-être que c’était l’attraction de la lune qui poussait son agresseur à s’accoupler, mais l’influence de sa présence lumineuse aurait dû être suffisamment atténuée pour qu’il agisse de manière rationnelle. Peut-être qu’il était juste un connard.
Kenzie n’avait fait que quelques pas de plus avant d’être brutalement attrapée par-derrière et jetée face contre terre dans la boue.
Sa tête a heurté le sol dans un bruit sourd, ses bras ont été attrapés et bloqués derrière elle par des mains moites.
« Lâche-moi ! »
Elle se débattait de toutes ses forces, ce qui ne valait rien contre un métamorphe, surtout un loup.
Un craquement a retenti lorsque son bras a été tiré en arrière, puis elle a ressenti une douleur vive dans son épaule gauche et un hurlement s’est échappé de ses lèvres.
« Ah ! »
Le salaud lui avait déboîté l’épaule ! Kenzie a gémi de douleur. Le rire sombre de l’homme résonnait entre les arbres.
Les insectes s’étaient tus depuis longtemps pendant leur lutte, rendant la nuit encore plus effrayante qu’avant.
Il riait à nouveau alors qu’elle pleurait de rage contre la terre à cause de ce traitement cruel. Quel enfoiré aimait faire du mal à quelqu’un, surtout de cette manière ?
L’homme continuait de tirer sur ses bras, indifférent à la douleur qu’il causait alors qu’elle gémissait. Il frottait son bassin contre son cul, les hanches de Kenzie s’enfonçaient dans la boue à cause de son mouvement.
Elle a failli vomir à cause de la douleur vive dans son corps et de la soudaine prise de conscience qu’elle n’allait pas s’en sortir.
« Tu vas bientôt crier pour moi, sorcière, et pour une raison complètement différente. » Il a relâché son bras gauche. Le membre s’est mis à pendre inutilement le long de son corps.
« Arrête ! » Elle suppliait en silence une puissance supérieure, quelqu’un, pour l’aider à se libérer, mais il ne se produisait rien. Sa magie était inutile contre cet ennemi.
« Je vais te faire apprécier tout ce que je vais te faire. » Ses genoux se sont pressés de chaque côté de ses hanches, et elle l’a entendu toucher le tissu de son survêtement, se caressant à travers le tissu.
« Mais même si tu n’aimes pas », a-t-il grogné. « Sache simplement que je vais savourer chaque cri sortant de tes jolies lèvres. »
Kenzie a ressenti une nouvelle vague de peur et de la sueur s’accumulait sur son front. Un gémissement s’est échappé de ses lèvres, et cela a été suffisant pour provoquer un autre rire de la part du mâle qui la maintenait au sol.
« Tu apprécies déjà ? Nous n’avons même pas encore commencé. »
Ses doigts ont pincé durement le denim qui recouvrait son cul, laissant sans doute une ecchymose.
La douleur était si vive, associée à la douleur sourde de son épaule, que la peur de Kenzie a enfin pris le pas sur une émotion bien plus compliquée.
La peur s’est rapidement transformée en rage à cause de la situation dans laquelle elle se trouvait, ainsi que de tous les événements qui avaient conduit à ce moment.
Sa tête lui faisait mal, son épaule la faisait terriblement souffrir, et l’homme essayait de la violer.
Kenzie savait que son temps était compté. Allait-elle vraiment se laisser violer par ce misérable mâle ?
Non, elle ne le ferait pas.
Elle était certaine que Kieran Gallagher serait furieux qu’un de ses loups lui vole sa proie, et Kenzie n’avait aucun doute que l’homme chauve comptait la tuer après l’avoir violée.
« Tu as des mots pour moi, jolie fille ? » a-t-il susurré à son oreille, son souffle chaud et fétide provoquant un frisson en elle. Kenzie a failli vomir, puis elle a reçu une gifle sur le côté de la tête.
Secouée, elle a serré les dents alors que son crâne lui faisait mal.
Avait-elle des mots ? Oui, en fait, elle en avait.
En ouvrant la bouche, Kenzie a poussé un cri strident avant de hurler : « KIERAN ! »
Le loup qui la retenait au sol a juré.
Kenzie a crié à nouveau pour alerter Kieran, sa gorge s’est brisée sous la force de son appel.
Sa voix a résonné au loin dans la nuit, comme si le vent lui-même portait sa demande au métamorphe qu’elle redoutait de rencontrer.
Son agresseur a grogné derrière elle, puis elle a reçu un coup sec à l’arrière de la tête. Ensuite, il n’y a eu qu’un trou noir.
