Liée à Vasiliev

INCONNU

William Moore était un homme influent à Chicago depuis belle lurette. Il dirigeait une grande entreprise qui fabriquait des composants informatiques pour l'aviation. Riche et puissant, il était prêt à tout pour maintenir son entreprise au sommet.

Un après-midi, William se trouvait dans son bureau en compagnie de son ami Andrei Vasiliev. Ils avaient un rendez-vous important. William espérait qu'Andrei deviendrait son partenaire commercial.

« Je suis ravi que tu aies pu venir, Andrei, dit William, confortablement installé dans son imposant fauteuil. Il sirota une gorgée de cognac. J'espère que cette proposition marquera le début d'une nouvelle ère. »

William avait une allure imposante. Grand, les cheveux poivre et sel, les yeux bleus et une moustache sombre.

« Andrei, ton appel semblait urgent, alors je suis accouru », répondit le petit homme russe avec un fort accent. Il prit place en face de William.

« Je te garantis, Andrei, que ce sera gagnant-gagnant. Au moins pour un an. » William sourit et but à nouveau. « Nous attendons encore quelqu'un. »

L'assistant de William fit alors entrer un homme en costume élégant. Ce dernier semblait perplexe quant à sa présence ici. Il avait prévu de sortir avec sa petite amie, qui n'aimait guère les retards.

« Eric, assieds-toi à côté d'Andrei. J'ai une proposition que tu ne pourras pas refuser », dit William, désignant le siège libre.

« Monsieur Moore, je dois aller chercher votre fille pour notre rendez-vous. Si je suis en retard, elle sera contrariée », dit Eric, visiblement mal à l'aise. William avait cet effet sur les gens.

Eric García travaillait pour l'entreprise depuis trois ans. Il fréquentait la fille de William, malgré la désapprobation de ce dernier.

Mais aujourd'hui, William y voyait une opportunité d'éloigner Eric de sa fille. « Ça ne sera pas long. J'aimerais que tu transmettes un message à ma fille. »

Eric s'assit, regardant William tout en étant conscient de la présence d'Andrei. Il pressentait que quelque chose de fâcheux allait se produire. Mais il attendit que William poursuive.

« Maintenant que tout le monde est là, je peux vous présenter les offres », dit William, sortant des documents et en tendant un à Eric. Ce dernier parut surpris en lisant l'en-tête.

« Contrat de rupture ? C'est une plaisanterie ? Qu'est-ce que ça signifie ? » demanda-t-il, repoussant les papiers sur le bureau. Il n'appréciait guère ce que William insinuait.

« Tu devrais lire jusqu'au bout. Il y a une somme considérable en jeu. » William se tourna vers Andrei. « Ton fils est toujours célibataire, n'est-ce pas ? »

Andrei acquiesça, intrigué par la question.

« En effet. Mon fils ne veut pas se marier. Ce n'est pas un coureur de jupons, mais il est plutôt bourru. »

William rit et leva son verre, hochant la tête vers Andrei.

Eric avait l'air abattu en parcourant le contrat. Même le montant important ne semblait pas le réjouir.

« Alors, Eric. Qu'en penses-tu ? Serais-tu prêt à briser le cœur de ma fille pour une telle somme ? »

Il rit et jeta les papiers sur le bureau, se levant. « Je ne ferai pas ça à votre fille. Elle compte beaucoup pour moi, et je ne vous laisserai pas me forcer à la quitter. »

« Très bien. » William sortit un dossier noir de son tiroir et le tendit à Eric. Son sourire trahissait sa position de force.

« Voici des photos compromettantes. Si ma fille venait à les voir, je suis certain que tu regretterais de ne pas avoir accepté l'offre. Mieux vaut être détesté pour une rupture que pour une infidélité. »

Les yeux d'Eric s'écarquillèrent en découvrant les photos. Il s'était fait prendre, et malgré sa prudence, William Moore l'avait surpassé.

« Vous ne pouvez pas faire ça, Monsieur Moore. Perdre Gianna me briserait le cœur. »

« Tais-toi, Monsieur García. Ces photos ne témoignent pas de ta fidélité. Alors, soit tu signes le contrat, soit je m'assure que ces photos lui parviennent à l'hôpital. Tu sais qu'elle a du mal à se concentrer quand elle est bouleversée. »

« D'accord, monsieur », dit Eric, vaincu. Il tendit la main vers un stylo. William, sentant sa victoire, lui offrit son meilleur stylo.

Eric hésita un instant avant de finalement apposer sa signature, renonçant à son avenir avec la femme qu'il « aimait ».

« Bien joué, jeune homme », dit Andrei, lisant sa partie du contrat. Un contrat qui n'était pas pour lui, mais pour son fils, qui reprendrait son entreprise.

Eric ne regarda ni l'un ni l'autre en se dirigeant vers la porte. Mais la voix grave de William l'arrêta.

« Assure-toi de dire à ma fille que tu la quittes. Et ne souffle mot de tout ceci. Cette offre de dix millions d'euros ne se représentera pas. »

Sur ce, Eric quitta la pièce, le cœur lourd et anxieux. Comment allait-il annoncer à Gianna qu'ils ne pouvaient plus être ensemble ?

Après le départ d'Eric, William se tourna vers Andrei. Les deux hommes arboraient de larges sourires. Andrei posa le contrat sur le bureau, s'adossa à sa chaise et savoura lentement son cognac.

« Alors, que vas-tu dire à ta fille ? » demanda Andrei, très curieux. William le regarda avec une lueur dans les yeux.

« La même chose que tu diras à ton fils. Il y a un contrat à signer et un mariage à organiser. »