Mateo était un guide agréable et plutôt beau gosse, une fois que j'ai réussi à passer outre sa timidité qui le faisait rougir.
Il m'a montré les endroits importants pour que je puisse trouver mes cours plus tard. On avait plusieurs cours en commun.
À voir sa tête, ça n'avait pas l'air de l'enchanter.
« Tu manges où d'habitude à midi ? » Je me doutais que ce n'était pas à la cafétéria. De toute façon, j'avais bien l'intention de le suivre.
Pour l'instant, il était le seul à m'avoir adressé la parole. Je me sentais attirée par lui. Comme s'il était une partie de moi qui me manquait, et qu'être près de lui me rendait entière. Bizarre, non ? On venait à peine de se rencontrer.
Ses oreilles virèrent au rose une fois de plus. Il rougissait souvent. C'était mignon. « À la bibliothèque... mais je peux aller à la cafétéria si tu préfères », dit-il.
Je lui souris et glissai mon bras sous le sien. « Pas la peine. On mangera ensemble à la bibliothèque. » J'ignorai son rougissement.
Pendant notre premier cours, je décidai qu'il serait mon premier ami ici, même si je ne savais pas encore quelle créature il était.
Je détaillai sa silhouette robuste. Ça ne me dérangerait pas qu'on soit plus qu'amis. Mais j'irais doucement. On venait de se rencontrer. Les choses prennent du temps.
Il nous guida dans un couloir. Les autres élèves nous regardaient passer. La cafétéria était banale. Même la nourriture était ordinaire. Je m'attendais à quelque chose de plus original.
Je repérai des groupes comme dans les films. À la première table, il y avait de belles filles.
Je les fixai sans gêne. « Ce sont des succubes », chuchota Mateo. « Là-bas, ce sont les loups-garous. » Il désigna une table à côté des succubes.
Il y avait des garçons et des filles bruyants. Je frissonnai. Je vivrais bientôt avec eux. « Les fées. » Une table derrière eux était occupée par des gens lumineux.
Ils étaient encore plus beaux que les succubes. Mais ils étaient trop beaux. On voyait bien qu'ils n'étaient pas humains.
Une se démarquait particulièrement. Une rousse assise sur la table, riant aux éclats. Elle était la plus jolie du lot.
Mateo me montra les vampires, les demi-dieux et les sorcières de l'autre côté. Je me demandais à quel groupe il appartenait.
J'étais très curieuse, mais j'attendrais qu'il se sente prêt à me le dire.
On a pris notre nourriture. J'ai choisi une salade et des pâtes. Il a pris deux hamburgers, des frites et une coupe dorée.
« Pourquoi tu as une coupe ? » demandai-je. Personne d'autre n'en avait. Tout le monde avait des bouteilles.
Il eut l'air gêné. « Ma famille me l'a envoyée. »
« T'es un prince ou un truc du genre ? » Est-ce que je traînais avec la royauté ? Il en avait l'allure.
Il haussa les épaules. « Ou un truc du genre. » Je n'insistai pas. Je pensais que la patience était préférable avec les gars comme lui. Il était clairement timide.
Il faudrait peut-être du temps avant qu'il se sente à l'aise pour se confier.
On se dirigeait vers la sortie. « Hé, Mateo ! T'as trouvé un nouveau trésor ? » lança une fille.
Je regardai la table des succubes, vers une jolie blonde. Elle rejeta ses cheveux en arrière, lui souriant. Son sourire était éblouissant, clairement destiné à l'attirer.
Il ne répondit pas. Il continua d'avancer.
Une fois dans le couloir calme, il parla enfin. « Elle veut coucher avec moi. » Ses joues virèrent au rose. J'ai failli grogner. Je la détestais déjà.
« Pas de bol alors ? » demandai-je lentement, même si j'avais envie d'exiger qu'il dise non. S'il te plaît, dis non. L'idée de lui dans son lit... Je ne peux même pas.
Il jeta un coup d'œil vers la porte de la cafétéria comme s'il sentait encore son regard. « Je suis l'un des rares qu'elle n'a pas eu. » J'ai ri.
Il m'emmena en haut de deux volées d'escaliers jusqu'à la porte de la bibliothèque. La bibliothécaire, une dame âgée, le salua. Il lui rendit un petit sourire.
Assis sur un canapé, il rapprocha une table pour notre nourriture.
On a mangé tranquillement, même si j'avais plein de questions. « Tu sais où sont les dortoirs des loups-garous ? » demandai-je.
Il s'étouffa avec une frite, l'air surpris. « T'es une louve-garou ? »
« C'est ce qu'on me dit », haussai-je les épaules.
« J'aurais cru... » Il me regarda avec curiosité, puis secoua la tête. « Laisse tomber. Oui, je peux te montrer. »
Je l'observai, voyant ses joues virer au rose. Mes yeux se plissèrent. « Tu pensais que j'étais quoi ? »
Il eut l'air coupable. « Une succube », dit-il doucement.
Je ne savais pas si je devais être vexée ou non. D'un côté, il me trouvait clairement jolie.
De l'autre, il pensait aussi que j'étais un démon du sexe. Je décidai de le prendre comme un compliment. « T'es pas mal non plus », le taquinai-je.
On est restés silencieux après ça. Il ne parlait pas beaucoup.
Alors que je le suivais dans l'école, il me montra les autres dortoirs et qui y vivait.
L'extérieur avait plein de chemins, chacun menant à un endroit différent. Les bâtiments étaient de couleurs variées.
Les quelques-uns qu'on a croisés étaient noirs, jaunes, bleus et orange. J'essayais de retenir tout ce qu'il disait, mais franchement, je n'arrivais pas à m'empêcher de mater ses fesses dans ce jean.
Elles étaient parfaitement rondes. Il se retourna et rougit encore, m'ayant sûrement surprise en train de le reluquer.
Au bout de la rue, près du dortoir des sorcières, se trouvaient les loups-garous. Ils vivaient dans un grand bâtiment noir.
Mateo s'arrêta à la porte, frappant doucement. J'étais étonnée qu'il soit encore là. La porte s'entrouvrit, laissant apparaître une grande et jolie brune. « Je peux t'aider ? » demanda-t-elle.
Mateo s'éclaircit la gorge, me regardant. « Elle est une louve-garou », dit-il, puis baissa les yeux vers ses chaussures.
Je souris et me rapprochai de lui, si près que je pouvais sentir sa chaleur. J'aurais voulu la sentir pour toujours.
La fille mit sa main sur sa hanche. « Ah vraiment ? »
Je haussai les épaules. « C'est ce qu'on n'arrête pas de me dire. » Elle me toisa puis recula, me laissant entrer.
J'entrai la tête haute. Je ne me laisserais pas intimider par ces loups. « À demain », lançai-je par-dessus mon épaule à Mateo, mais il était déjà parti.
« Vous sortez ensemble ? » demanda la fille, fermant la porte.
Je m'arrêtai et me tournai vers elle. « Non... pourquoi ? »
Elle haussa les épaules. « Je ne l'ai jamais vu parler à quelqu'un d'autre par choix. Il ne le faisait que pour les projets. » Je souris avec tendresse. Quel intello.
« Où est-ce que je dors ? » Je n'avais pas envie de rester plantée là à parler de lui.
« Suis-moi. Je m'appelle Abigail », dit-elle.
La maison était calme, pas ce à quoi je m'attendais après le déjeuner. Où étaient passés les autres ?
« Catalina », dis-je.
« Si tu te demandes où sont les autres, ils sont aux jeux de guerre. Sauf Lucien, notre alpha. Il rend visite à sa mère. Il reviendra vendredi pour t'accueillir. »
Je levai les yeux au ciel. « M'accueillir ? »
Elle sourit. « L'idée du doyen, pas la nôtre. » Évidemment que c'était la sienne.
Les dortoirs faisaient quatre étages, et j'étais au troisième. « Voici ta chambre, en face de celle de Lucien. »
Elle fit la grimace. « Je te plains. Les murs sont fins. Tu entendras ses galipettes. » Maintenant, c'était à mon tour de faire la grimace. Super. J'étais en face d'un chaud lapin.
« Bon, je vais te laisser t'installer. Appelle-moi si tu as besoin de quoi que ce soit. » Abigail me fit un clin d'œil et descendit le couloir en sautillant.
