L'Esclave du Dragon

Madeline

Parfois, le destin semble vouloir dire endurcis-toi. C’est ce que mon père avait l’habitude de me dire quand son travail l’amenait à partir dans d’autres châteaux et d’autres pays. J’ai toujours pensé que j’étais forte parce que j’avais appris à ne pas pleurer quand papa s’en allait.

J’ai toujours trouvé un moyen de sourire et d’être heureuse, comme d’embêter mon grand frère Mason et de partir à l’aventure avec lui, que nous soyons au château de notre père ou dans celui, beaucoup plus grand, de notre cousine.

Cependant, je n’avais jamais imaginé que je serais kidnappée pour devenir une esclave. Et encore moins l’esclave d’un dragon.

Je pensais que les dragons étaient des animaux de compagnie pour les humains, et j’avais toujours ~pensé que je finirais par mener la vie d’une princesse, comme ma cousine Summer.~

Au lieu de cela, il y a exactement sept jours, j’ai été kidnappée par un grand Seigneur Dragon très colérique ~aux cheveux vert émeraude.~

Un Seigneur Dragon dont même Dane et Goldy ont peur, et ce sont eux qui me protègent des dragons !

Eh bien, qui me protégeaient... et plus maintenant. Mais ce n’est pas le sujet.

Ce que je veux dire, c’est que je n’ai pas peur de Haël ! J’ai affronté la bête et je lui ai donné un coup de pied dans la jambe quand il a menacé mon tout premier dragon familier, Alexa.

Quand je lui ai tenu tête, Haël était tellement en colère qu’il m’a enlevée à mes amis et ma famille. Il a pris sa forme de dragon et m’a ramenée à sa Horde.

Maintenant, je suis toute seule.

J’ai demandé plusieurs fois à Haël de me ramener chez ma cousine, mais ça le faisait juste rire. Tout le monde avait peur de lui, mais moi je refusais d’avoir peur.

Chaque jour, j’ai insisté pour qu’il me ramène chez Summer... mais mes supplications n’ont rien donné.

Finalement, il m’a amenée avec cruauté à une vieille esclave, en disant à cette femme de me trouver une chambre et de m’apprendre à faire le ménage.

Et maintenant... malheureusement... je ne fais que pleurer.

J’ai passé la dernière semaine à apprendre comment me comporter comme une esclave, et je déteste ça. C’est tellement ennuyeux. Ils disent que je suis trop jeune pour faire autre chose que le ménage.

Alors maintenant, une fois de plus, j’en reviens au conseil de mon père.

Endurcis-toi.

Alors, je m’assieds sur mon lit de pierre glacé avec une simple et douce couverture, je replie mes genoux et les serre dans mes bras.

Je fixe la paroi de la grotte de montagne au fond de la chambre dans laquelle je suis enfermée la nuit. Je me sens terriblement seule et tout le monde me manque. C’est Mason qui me manque le plus.

Je commence à prier, mais je me retrouve à chanter à la place. Je commence par fredonner, puis les sons harmonieux finissent par se transformer en mots familiers... et finalement, cela devient une chanson que mon père m’a apprise il y a longtemps.

Je répète la seule partie de la chanson dont je me souviens, et le rythme simple des mots m’aide à me calmer.

Pendant tout ce temps, il y a des oreilles qui écoutent tout autour, même si je ne m’en rends pas compte.

Alors je chante.

Ce simple couplet allait devenir mon mantra pour les dix prochaines années :

Quand je tomberai devant toi

Le brouillard envahira mes yeux

Tes griffes ne m’ouvriront pas entièrement

Je sentirai mes os se réchauffer

Mon regard s’aiguiser

Mon âme s’illuminer

Et alors peut-être m’aideras-tu à grandir