Lorsque Diana, une étudiante en cuisine pleine d'entrain, quitte New York pour s'installer dans la petite ville d'Engleston afin de s'occuper de sa tante malade, elle s'attend simplement à rester discrète et à cuisiner. Mais après une rencontre dangereuse avec un motard local, elle se retrouve plongée au cœur d'un conflit entre clubs de motards rivaux. Alaric, le chef des Wolves MC, lui promet de la protéger... mais pourquoi se sent-elle si attirée par lui ? Pourquoi l'appelle-t-il constamment "bébé", comme s'il la connaissait déjà ? Et pourra-t-elle surmonter sa peur des motards pour lui donner une chance ?
Classement par âge : 18+ (Agression, Tentative de viol, Agression sexuelle/Abus).
Chapitre 1
Adieu NYCChapitre 2
Quelque Chose dans l'AirChapitre 3
Couteau contre PistoletChapitre 4
Coups de feuLivre 1:Diana & Alaric
DIANA
« Je ne comprends pas pourquoi tu n'as pas pu emmener ta tante Peggy en ville avec toi », me dit Meghan au téléphone.
Je cale mon portable entre mon oreille et mon épaule tout en déballant mes affaires. Il faut que je me prépare pour mon premier jour dans mon nouveau boulot à Engleston, qui commence bientôt.
Je m'arrête, une chaussure à la main, et réponds doucement : « Elle a un cancer du poumon, Meghan. Tu crois vraiment que l'air de la ville lui ferait du bien ? »
J'apprécie Meghan. On est amies depuis le début de notre formation de cuisine. Je sais qu'elle est triste que je parte. Mais je ne peux pas l'écouter se lamenter sur le vide que je laisse dans notre chambre.
J'ai dû tout plaquer pour venir m'installer dans ce petit patelin, afin de m'occuper de ma tante malade. C'est la seule famille qu'il me reste, et je veux être à ses côtés pendant son traitement.
Ça veut dire mettre en pause ma dernière année d'école de cuisine et dire au revoir à Meghan et à tout ce que je connais. Mais ça en vaut la peine pour tante Peggy.
Heureusement, Peggy m'a dégoté un job au resto du coin. Comme ça, je peux aider à payer le loyer pendant que sa pension couvre ses frais médicaux.
Faire des burgers, c'est moins excitant que la cuisine raffinée que j'ai apprise à l'école, mais c'est mieux que rien.
Qui sait, peut-être même que bosser comme cuisinière sera un plus sur mon CV quand je finirai mes études et chercherai du boulot en ville plus tard.
« D'accord, je sais qu'on a déjà parlé de pourquoi tu devais partir. C'est juste que ce n'est plus pareil ici sans toi », dit Meghan. Je prends ça comme un compliment. Au moins quelqu'un me regrettera.
Mes parents tenaient un resto, j'ai donc grandi entourée de bonne bouffe et de gens heureux. Mais il y a quelques années, ils ont été tués lors d'un braquage, et le resto a fermé.
Depuis, je me suis repliée sur moi-même pendant mes études. Meghan est l'une des rares personnes dont je me sois rapprochée - uniquement parce qu'elle a fait beaucoup d'efforts pour devenir mon amie.
L'argent de l'assurance-vie de mes parents dort sur mon compte en banque. Il paie mes études et me permet de mettre de côté pour ouvrir mon propre resto un jour.
J'ai proposé d'utiliser cet argent pour payer les frais médicaux de tante Peggy, mais elle a refusé.
« C'est ton argent, pour ta carrière », a-t-elle dit. « Je ne veux pas que tu le gaspilles pour une vieille bique. »
Alors à la place, je suis venue vivre avec elle. Je peux payer le loyer en bossant, elle peut suivre son traitement, et avec un peu de chance, quand elle ira mieux, je pourrai reprendre ma vie.
Ça en vaut la peine. Tante Peggy est têtue comme une mule, mais je l'adore. Tout le temps ou l'argent que je dépense pour elle n'est pas perdu.
« Merci, Megs, dis-je au téléphone, mais il faut que j'y aille. Tante Peggy a besoin de ses médicaments, et je dois manger avant le boulot. »
Je raccroche et pose mon portable sur le lit. Maintenant que j'ai rangé tous mes fringues dans les tiroirs, tout semble plus réel.
Je sais pourquoi je suis ici, mais jamais je n'aurais imaginé débarquer dans un bled pareil.
« Diana Marie, si tu ne viens pas manger tout de suite, je te jure que j'appellerai pour dire que tu es malade le jour de ton premier jour », crie tante Peggy. On ne croirait pas qu'elle est malade vu comme elle peut gueuler.
Elle ne plaisante pas, elle a utilisé mon deuxième prénom. Je file dans la cuisine avant qu'elle ne mette la main sur le téléphone. Appeler pour dire que je suis malade le premier jour, ça ferait mauvais genre.
« J'arrivais déjà. T'en fais pas. » Je rigole en me dirigeant vers le frigo pour prendre l'un des sandwichs que j'ai achetés en chemin.
Je me suis dit que si je vais cuisiner toute la journée, je n'ai pas envie de me prendre la tête avec mon petit-déj en plus, du moins le temps de m'habituer au nouveau boulot.
C'est bizarre d'avoir tante Peggy assise à la table de la cuisine, qui me surveille pour s'assurer que je mange. On dirait que j'ai 13 ans et non 23, vu comme elle se comporte parfois.
Ça m'avait manqué d'avoir quelqu'un qui veille sur moi, mais c'est à moi d'être là pour elle, pas l'inverse.
« Tu as pris tes médicaments ? » je lui demande entre deux bouchées rapides.
Elle ne répond pas, regardant autour de la pièce comme si elle ne m'entendait pas. Je lève les yeux au ciel avant d'avaler correctement ma nourriture cette fois.
« Tes médicaments... tu les as pris ? » je redemande.
« Oh, tu me parlais ? Elle fait semblant d'être surprise. J'espère que non, avec la bouche pleine... mais oui, je les ai pris, Diana.
« Tu sais, j'ai vécu seule pendant trente ans. Je pense savoir comment prendre ces foutus médicaments. » Elle me regarde avec des yeux plissés.
« Et je pense savoir quand me nourrir », je rétorque, mais elle quitte simplement la table et prend mon assiette vide pour la laver dans l'évier.
On ne dirait pas qu'elle est si malade. Mais il y a quelques signes.
La façon prudente dont elle bouge, comme si ses os lui faisaient mal. Sa respiration plus rapide même en marchant juste jusqu'à l'évier. Les cernes sombres sous ses yeux, qu'elle n'a pas encore cachés avec du maquillage.
Mais elle est toujours belle - elle ressemble beaucoup à ma mère, avec ses cheveux roux qui grisonnent aux racines, tombant en vagues jusqu'à sa taille.
Elle n'a pas pu suivre un traitement classique contre le cancer, et j'en suis un peu soulagée. Ça me ferait de la peine si tous ses cheveux tombaient.
Le médecin m'a dit qu'elle devrait se reposer autant que possible, mais je sais que c'est peine perdue de dire à ma tante têtue ce qu'elle doit faire. On se ressemble sur ce point.
« Bon, j'y vais. Fais attention à toi, et à plus tard. » Je me lève et l'embrasse sur la joue avant de partir.
Je stresse pour mon premier jour de boulot. J'ai la boule au ventre, mes mains tremblent, et je n'arrête pas de me mordre la lèvre comme quand j'étais gamine.
C'est comme si mon corps savait quelque chose que mon esprit ignore, mais que pourrait-il y avoir de si terrible ?
J'ai ce genre d'angoisse depuis la mort de mes parents. Sur le chemin du resto, je ne cesse de me rappeler que je ne suis plus en ville... c'est un petit bled, et je suis en sécurité ici. N'est-ce pas ?
***
Après ma première journée de boulot au Engleston Diner, j'ai les pieds tellement gonflés que je ne sais pas comment je vais réussir à enlever mes chaussures en rentrant. Mes cheveux s'échappent de mon chignon et me tombent sur le visage pendant que je nettoie le comptoir pour la nuit.
On dirait que tout le monde en ville a eu vent qu'il y avait une nouvelle cuisinière, parce qu'on n'a pas arrêté de la journée ! Je crois avoir fait une centaine de burgers en une heure, et je suis sûre que je vais puer le burger jusqu'à la fin des temps.
L'autre cuistot qui était censé me filer un coup de main pendant le coup de feu n'a pas été d'une grande aide.
Mais j'ai réussi à nourrir tout le monde au final, et personne n'a renvoyé son plat. Je prends ça pour une victoire.
J'ai aussi bossé pendant huit heures sans me faire de nouvelles coupures ni brûlures, et si j'étais encore en ville, je sais que je fêterais ça avec un verre.
Je n'ai pas envie d'aller dans un bar toute seule, mais je peux me servir du vin que j'ai repéré dans le frigo de tante Peggy.
Tante Peggy ne peut pas picoler à cause de ses médicaments, et ce serait dommage de gâcher ce bon petit rosé, non ?
Quand je sors de la cuisine, je vois deux serveuses encore présentes, en train de compter leurs pourboires et de remplir les bouteilles de ketchup. Elles papotent entre elles - elles semblent toujours papoter entre elles, d'après ce que j'ai vu aujourd'hui.
Je sais que ce n'est pas très poli, mais je ne peux m'empêcher de tendre l'oreille.
« Je ne l'ai jamais vu péter un câble comme ça, dit la blonde à gauche, l'air choquée. Je crois qu'elle s'appelle Whitney, mais je n'en suis pas sûre. Ce n'est pas son genre - c'est le président, il est censé se tenir mieux que ça. »
Ces deux-là n'ont pas été très sympas avec moi aujourd'hui, et je ne pense pas qu'elles parleraient comme ça si elles savaient que j'écoutais.
Elles m'ont regardée de travers quand je suis arrivée avec mes chaussures de boulot ! Je parie qu'elles porteraient les mêmes si elles savaient à quel point une cuisine peut être glissante.
Heureusement, elles ne parlent plus de moi ; elles parlent d'un président ou un truc du genre. Je trouve bizarre qu'elles restent ici pour parler politique alors qu'elles pourraient finir et rentrer chez elles.
« Alaric m'a toujours semblé passionné, dit celle de droite, ses longues boucles d'oreilles tintant alors qu'elle secoue la tête. Je crois que celle-ci s'appelle Jasmine. Il ne le montre pas d'habitude, c'est tout. »
Je ne connais aucun président nommé Alaric, mais apparemment, le gars a pété les plombs. Je me demande si j'en entendrai parler à la radio en rentrant... pas que ça m'intéresse vraiment.
Tout ce que je regarde à la télé ces temps-ci, ce sont des émissions de cuisine ou les shows de Nigella Lawson sur Netflix. Même quand je ne bosse pas, ma vie ne tourne qu'autour de la bouffe, et je suis nulle pour suivre l'actualité.
« Murphy a dû lui demander de partir et tout. Je n'en revenais pas ! On aurait dit qu'il allait tout casser ici ! » dit Whitney plus fort, et je réalise mon erreur en commençant à comprendre.
Murphy est notre patron ici au Engleston Diner, donc elles doivent parler de quelque chose qui s'est passé dans la salle aujourd'hui pendant que j'étais occupée en cuisine. Mais que ferait un président ici ?
Quel genre de président ? Un président de quartier ? C'est comme ça qu'on appelle le maire d'Engleston ? Je ne sais pas, mais si ce Alaric est vraiment aussi cinglé qu'elles le disent, j'aimerais en savoir plus pour pouvoir l'éviter.
« Il n'arrêtait pas de dire que son pote était ici, mais pas avec un faux accent australien ou je ne sais quoi. Je n'ai aucune idée de ce dont il parlait, rigole Jasmine. Et dire que je l'appelais le beau gosse avant. »
Je ne peux m'empêcher de pouffer de rire à ça, mais au lieu de poser une des nombreuses questions qui me trottent dans la tête - et d'admettre que j'écoutais - je file et me dirige vers ma voiture.
On dirait que Murphy a bien géré ce type aujourd'hui. Si un gars qui gueule est la pire chose qui arrive ici pour les faire autant cancaner, eh bien, il semble que je puisse profiter d'une vie peinarde pendant un moment.